J'étais heureuse. J'étais persuadée que Isaac allait passer me voir ce matin. J'avais souri toute la matinée alors que d'habitude, je tirai la tronche comme disent les blocards. Une chanson tournait dans ma tête en boucle. " Enough To make my systems blow. It's a révolution I suppose. This is it, the apocalypse, whoa. Welcome To the new âge, To the new âge. " Cette chanson était sublime, je l'aimais beaucoup. Elle me reflétait, c'était mon miroir. Tout allait bien dans le Bloc, la routine commençait à s'installer. Cela faisait 3 mois que j'étais dans le bloc et je m'étais fait des amis. Je vous rassure, un ou deux, c'est tout. ILS ont peur de moi, ILS croient que je suis l'une dès leurs... Dès leurs ? Heu... N'y pensez plus, ce n'est rien. Juste une histoire entre... Bref. Maintenant, je vais vous parler de mes craintes... Une voix dans ma tête me répète sans cesse " Tu es une gagnante. " Pourquoi moi ? Je ne suis pas une gagnante, je suis une perdante. Je suppose que dans n'importe quelle situation étrange, à la fin y aura un combat. Et je sais d'avance qui va la perdre. Moi. J'attendais tranquillement Isaac mais il ne venait pas. Je décidais d'aller me balader. Je marchais tranquillement et lentement. Quand je fus loin de tout regards, je dansais. J'entrais dans les bois et m'asseyais. Des oiseaux chantaient. Je remarquais qu'un papier était accroché à l'un d'eux... " Petit oiseau... Viens me voir ! " dis-je.Un oiseau n'est pas domestiqué... donc je devais l'attraper ou pire encore, le tuer.Je partisse chercher une cage et mirent dedans quelques graines. L'oiseau y entra mais la cage se renferma quand l'oiseau avait la moitié à l'intérieur. Il était coupé en deux. Heurk. Je pris l'avant d'oiseau et arrachai de son coup le papier. Je lisais. Il y avait écrit :" tu es une bombe à retardement, tu vas exploser. " J'étais horrifiée par ce message, sans faire exprès, j'oiseau glissa de mes mains et tacha mes vêtements de sang puis atterris par terre.
Je courrais vers l'esplanade et attendis Isaac en essayant de ne pas faire paraître mon air peureux. Si c'était une mauvaise nouvelle, j'allais exploser. Sûr et certain.
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Encore hier, elle m'avait suivi. Une chose était certaine dans mon esprit : cette fille-là m'énervait. Comment pouvait-elle s'imaginer toutes sortes de trucs avec moi ? Non. Il fallait qu'elle arrête, car ses petits fantasmes me pesaient. Ici, je n'aimais qu'une seule personne d'un amour véritable. Ethan. Mais personne ne le savait à part lui et moi. À chaque fois que je le voyais tout ce que je ressentais s'amplifiait. L'estomac noué et le cœur qui bat à la chamade, oui ça c'était agréable. Sans compter ce qu'il s'était passé dans les dortoirs... Bref, là n'était pas la question. C'était un secret. En attendant de pouvoir m'évader dans le paradis, j'avais quelque chose d'urgent à régler avec quelqu'un. Autumn. Nous nous étions croisé quelque fois au bloc, et apparemment je lui avais tout de suite plu. C'était le genre de fille qui aimait attirer l'attention et d'après ce que j'avais bien saisi elle était capable de tout et n'importe quoi pour parvenir à ses fins. Elle était comme moi quoi. Aussi têtue ? Mon dieu, sûrement que oui et cela n'allait pas le faire. Je n'avais pas envie de lui donner satisfaction en allant à sa rencontre, mais ce cirque ne pouvait plus durer. Je lui avais déjà fait comprendre gentiment que c'était juste une blocarde comme les autres et que ça s'arrêtait là, mais la jeune fille n'avait toujours pas saisi. Je ne devais probablement pas bien parler anglais ou bien elle était complètement débile et aveugle.
Je décidai donc d'aller marcher un petit peu. J'allais finir par la trouver non ? La situation m'énervait tellement que je ne parvenais même pas à tenir en place. Mes pieds tapaient contre le sol et mes pas s'accéléraient toujours de plus en plus rapidement. Si seulement Ethan était là pour me dire que tout allait bien...
Sans regarder vraiment où j'allais, j'errais ici et là... Je croisai quelque personne qui me dévisageaient avec des regards interrogateurs et comme si la chance me souriait j'aperçus la personne que je cherchais. Elle était de dos près de l'esplanade. Le destin voulait-il que je règle cette affaire sur-le-champ ? Oui probablement vu que je l'avais trouvé sans aucune peine.. En même temps, cette fille était partout. Lorsque je désirais croiser ardemment quelqu'un, j'avais l'opportunité de la croiser qu'une seule fois pas jour ou pas du tout, mais lorsque cela s'avérait être l'inverse j'avais bien souvent le malheur de la voir apparaître dans ma vision à chaque coin du bloc ! J'accélérai, bien décidé. Que faisait-elle ici toute seule ?
- Hey toi !, m'exclamais-je pour attirer son attention. Faut que je te parle là !
Je m'avançai encore plus vers elle et me retrouvai en face d'elle. Je soupirai. Je préférais mille fois mieux être ailleurs plutôt que de bavarder avec cette idiote. J'allais donc être direct. Avec elle j'avais perdu patience. Après lui avoir répété dix fois la même chose, j'avais juste envie de la frapper pour faire imprimer l'information dans sa petite caboche.
- T'as pas fini ton cirque là ? Il se passe rien entre nous, strictement rien alors tu vas arrêter de te faire des films, Isaac par-ci Isaac par-là, tu me soûles c'est clair ? Tu m'as fait perdre patience Autum ! Pour la énième fois, laisse- moi tranquille.
N'y étais-je pas allé trop fort ? Tant pis pour elle, pensais-je. La patience n'était pas ma plus grande vertu, ça tout le monde le savait ici.
Je chantais quand Isaac s'approcha de moi, je souris pensant que c'était une bonne nouvelle : - Hey toi !, m'exclama-t-il pour attirer mon attention. Faut que je te parle là ! Je le regardais avec un air de défi, qu'allait-il me sortir ? - Tu n'as pas fini ton cirque là . Il se passe rien entre nous, strictement rien alors tu vas arrêter de te faire des films, Isaac par-ci Isaac par-là, tu me soûles c'est clair . Tu m'as fait perdre patience Autumn ! Pour la énième fois, laisse- moi tranquille. C'était un déchirement dans mon coeur, je pensais que j'allais faire une crise cardiaque ou tomber dans les pommes. Tout le monde nous observait, j'aurais voulu disparaître sous terre mais malheureusement, ce ne fut pas le cas. J'étais anéantie, je sentais que j'allais craquer ! " Retiens-toi, Autumn... Calme-toi. Jettes-toi sur lui ! " Il fallait croire que je ne pouvais pas m'en empêcher. Je prenais la chose la plus proche de moi, en l'occurrence une pierre. Je me jetais sur lui et le frappais vivement avec la pierre. Un coup, deux coups, trois coups, quatre coups etc. - Espèce d'allumeur ! hurlais-je, hors de moi. Je le frappais encore plus, un filet de sang coulait près de sa tête, je ricanais. Je savais mieux me battre que lui, enfin je savais ses faiblesses, je l'avais regardé tellement de fois s'entraîner. Je lâchais la pierre et décidais de défouler mes poings. Une droite, deux droites, trois droites... - Pauvre type ! Je m'arrêtais enfin, je n'en pouvais plus. Je m'approchais de lui, trempaient mes mains dans son sang et tachaient ses vêtements et son visage si pur. Doigt d'honneur puis un sourire force puis encore un doigt d'honneur. J'avais changé, je n'étais plus la même. Je ne serai plus jamais gentille, la méchanceté fera partie de moi. Aimer, Souffrir. Plus jamais ! Plus jamais, je ne pourrais aimer. Je pris une dague et mis la pointe sur son coup. - Qui est l'élu(e) de ton coeur, Isaac ? dis-je.
La torture, quelle bonne idée ! J'étais sadique donc cela m'arrangeais. Je l'observais vu comment il se comportait, il aimait un homme, enfin je n'en étais pas sûre.
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Lorsque j'eus fini de parler, je vis son expression changer aussitôt. J'allais morfler c'était sûr. L'on m'avait dit que cette fille était pas mal folle sur les bords. Je crus qu'elle allait exploser. Tout dans ses membres me disait qu'elle allait se jeter sur moi et c'est ce qu'elle fit, mais elle attrapa au passage une pierre du sol et elle me frappa avec. Avec une pierre ? Sérieux ? Une vraie sauvage !
- Espèce d'allumeur !, cria-elle.
Même si l'arme se révélait être totalement absurde, elle ne m'avait pas loupé. Le coup résonna près des tempes et déjà je sentis un liquide dévaler mon visage : du sang. Ah la saleté ! Comment osait-elle agresser un coureur ? Avant que j'eus le temps de réagir elle me foutu des poings, mais je riais tellement car cette fille ne frappait pas fort. Je décidai donc de la laisser faire jusqu'où elle pouvait aller, cela pouvait être drôle, même très drôle.
- Pauvre type !
Oui c'est ça oui. Pauvre folle toi ! Déjà épuisée de taper elle s'arrêta. Même pas endurante ! Une combattante ouais c'est ça ! Idiote ! Elle me fit un doigt d'honneur et se mit à rire comme fière de m'avoir battue. Elle était pathétique.
- Qui est l'élue de ton cœur Isaac ?, demanda-elle.
Elle s'empara de sa dague et la mit à mon cou. Je n'avais pas bougé toujours décidé à me laisser faire. J'avais envie de m'amuser un peu après tout. Elle se sentait puissante c'était sûr. Le froid de la dague qui m'était devenu familier à force d'être menacé de cette manière-là et de m'être entraîné ne me faisait presque plus aucun effet. Puis, tout à coup alors que je m'étais fait le plus mou possible sous son étreinte, je bougeai rapidement pour lui faire une clé de bras ce qui lui fit lâcher automatiquement sa pauvre dague. Je connaissais ce geste par cœur à force ! J'en profitai pour lui attraper le poignet et lui mettre les deux mains dans le dos pour la plaquer au sol. Avec l'aide de mes genoux, je l'immobilisai encore plus en les lui mettant sur son dos. Là, la petite gamine ne bougerait plus !
- Tu joues à quoi là idiote ? Agresser un coureur non mais tu te prends pour qui toi là ?
Je resserrai mon emprise sur elle en fronçant sur ses poignets. En même temps je sentis que le sang coulait toujours un petit peu. Elle n'avait pas vraiment frappé au mauvais endroit : près de la tempe. Je pris une inspiration pour ignorer le sang et le léger vertige qui me prenait ce qui me redonna de la force pour la maîtriser.
- L'élue de mon cœur concernant la haine, c'est bien toi, félicitations !, fis-je presque en criant.
Codage (c) AuRel
Dernière édition par Isaac Welligton le Dim 31 Mai - 12:54, édité 2 fois
Pour une fois qu'il courait avec quelqu'un de complètement silencieux, il n'allait vraiment pas se plaindre. Franchement, après s'être tapé une fille exaspérante qui piaillait tout le temps, quoi de mieux que de bénéficier d'une journée de silence ? Le coureur à ses côtés n'avait pas lâché un seul mot depuis leur départ ce matin-là. Le jeune homme se contentait de fixer un point invisible devant lui en exerçant des foulées régulières. C'était parfait. Vraiment. Ethan pouvait ainsi dialoguer avec son cerveau sans être dérangé. Et il avait beaucoup à dire.
Néanmoins, contrairement à d'habitude, ce n'était pas des morceaux de souvenirs qu'il essayait de mettre en place qui occupaient son esprit. Non, une personne en occupait désormais la totalité. Un beau coureur qui avait le don de le mettre dans tous ses états. Il ne parvenait pas à sortir son visage de sa tête. Il revoyait sans cesse son sourire éclatant, entendait sa voix grave, son rire clair. Parfois, il en oubliait presque qu'il était coincé au Bloc depuis sept mois, et qu'il n'y avait toujours pas l'ombre d'une sortie en vue. Presque. Parce qu'à chaque détour d'un mur, les immenses couloirs du Labyrinthe le lui rappelaient.
Le muet s'était tordu la cheville. Ethan avait attendu qu'il s'en remette, prêt à repartir à la seconde où il se relèverait. Sauf qu'il avait l'air vraiment blessé. Il grimaçait et peinait à se redresser. A croire que son expédition labyrinthique était terminée pour aujourd'hui. Après l'avoir soutenu tout le long du trajet du retour, le trappeur laissa son camarade aux mains des Medjacks. Il était trop tard pour qu'on lui assigne un autre coureur et qu'il reparte. Ce qui signifiait qu'il avait le reste de la journée de libre. Ce qui n'était pas forcément une bonne chose. Au moins, dans le Labyrinthe, il ne s'ennuyait pas. Au Bloc, c'était une autre histoire.
C'est donc les mains dans les poches et le nez en l'air qu'Ethan traversait l'esplanade. Il comptait se rendre dans les bois, comme toujours. Son lieu favori pour s'embrouiller avec son cerveau. Sauf que ses projets furent modifiés à l'instant où il vit qu'une petite foule s'était formée près du centre. Il allait juste voir ce qu'il se passait, puis repartirait tranquillement en laissant les autres se débrouiller. Tandis qu'il se rapprochait de plus en plus de la petite troupe, il distingua deux personnes au sol. Il se mit sur la pointe des pieds afin de voir au dessus de l'épaule de ses congénères. Une fille frappait un garçon avec une pierre. C'était franchement une mauvaise idée de s'attaquer à un autre blocard au beau milieu de l'esplanade. Ethan allait repartir. Ce n'était pas ses histoires. Pourtant, il ne fit pas demi-tour. A la place, il poussa les tocards qui se trouvaient là pour arriver au centre. Il ne pouvait pas partir car c'était Isaac qui était au sol.
Plus il approchait, plus Ethan voyait de sang. Principalement sur la tempe du coureur et sur les mains de l'autre fille. Qui était une trappeuse d'ailleurs, il avait fini par la reconnaitre. Elle traita Isaac d'allumeur en continuant de taper la pierre contre son front. Ethan ne savait pas ce que le garçon avait fait pour la mettre dans cet état, et n'était même pas sûr d'avoir envie de connaitre toute l'histoire. Ce qui l'importait, c'était que cette tocarde était en train de tabasser un autre blocard, et que personne n'esquissait un geste. Où était donc la milice ? Bon, le plus important était que ce blocard était Isaac bien sûr, mais ça, il ne le dirait jamais.
La fille finit par sortir une dague et la pointer sur la gorge d'Isaac. Mais c'était quoi son problème à la fin ? Et lui, pourquoi il ne faisait rien ? Il ne savait plus se défendre ? La jeune femme prit alors la parole;
« Qui est l'élue de ton coeur, Isaac ? »
Hein ? Mais qu'est-ce qu'elle racontait bon sang ? Ethan parvint enfin devant tous les spectateurs, entrant dans le cercle qui s'était formé autour des deux jeunes. Il s'apprêtait à foutre un poing en pleine face à la cinglée, mais il fut devancé par Isaac. Celui-ci lui fit une clé de bras, lui faisant lâcher la dague. Puis il l'immobilisa sous ses genoux.
« Tu joues à quoi là idiote ? Agresser un coureur non mais tu te prends pour qui toi là ? »
En effet, elle n'était vraiment pas maligne. Même s'il ne savait pas du tout ce qui avait poussé la brune à faire ça, Ethan était sûr d'une chose; il n'en serait pas venu aux mains. Parce que, malgré ses sept mois au Bloc, il n'y avait jamais eu recourt. C'était complètement inutile. Souvent, les mots faisaient bien plus mal que les poings. Il était bien placé pour le savoir. Isaac cria à nouveau quelque chose, et Ethan s'approcha d'eux. Même s'il n'avait rien à faire là, il s'agenouilla et posa sa main sur l'épaule du jeune homme. Il aurait voulu enlever toute trace de douceur dans son geste, parce qu'ils étaient entourés de nombreuses personnes, et que ça n'était vraiment pas le moment. Mais il n'avait pu s'empêcher de se montrer doux. Il retira donc sa main et les fit tous les deux se relever en gardant bien à l’œil la fille qui avait l'air toujours aussi déchaînée.
« Non mais c'est quoi ce bordel là ? » lança-t-il en fronçant les sourcils.
Il se tourna vers les blocards qui jouaient aux spectateurs en leur lançant un regard noir. Le genre de regards qui disait clairement "Dégagez de là, tocards". Puis, il reporta son attention sur la trappeuse dont il avait complètement oublié le nom.
« C'est quoi ton problème à toi ? Tu connais pas les règles ? Si t'as besoin de te défouler un bon coup, tu vas dans la zone réservée et tu tues des mannequins si tu veux. Mais tu laisses les autres vivre, OK ? »
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La jeune fille se croyait au sommet de tout le monde, je le voyais. Derrière son petit air de maligne elle ne baissa pas les yeux. Elle n'était pas du genre à abandonner facilement. Elle aimait jouer et faire du mal, c'était une perverse de nature. Dans mon regard, elle semblait deviner toutes sortes de choses, elle me déchiffrait comme un livre qu'il y aurait de posé devant ses yeux. Mais alors que je continuais à pester contre elle, je vis quelqu'un s'approcher de nous. Je le reconnus aussitôt. Ethan le trappeur. Avait-il tout entendu ? Croyait-il qu'il se passait quelque chose entre moi et cette fille vu qu'elle avait parlé ''élue de mon cœur'' ? Élu de mon cœur n'importe quoi cette fille. Alors que je sentis Autumn se débattre en vain sous mon étreinte, une main douce se posa sur mon épaule. Le trappeur voulait me calmer. Je percevais sa tendresse à travers ses gestes. Il voulait m'empêcher de faire une bêtise envers cette petite peste et je le remerciais d'être là. Elle m'avait énervé et sous la colère, je faisais souvent n'importe quoi. Sa voix pour demander ce qui se passait résonna à mes oreilles et j'espérais qu'elle fasse peur à la jeune dingue.
- Maintenant tu bouges plus, t'as pigé ?
Ethan poursuivit sa morale en la réprimant car elle avait agressé un coureur. Il avait parfaitement raison. Elle allait aller au gnouf, c'était clair. Personne n'avait le droit de nous agresser surtout sans raison. En tant que coureurs nous avions en rang plus élevé que les autres à part avec les matons. Et dire qu'elle avait voulu être maton ! Une grosse blague ! Personne des blocards n'aurait désiré d'une maton qui martyrisait les autres. Ce que le trappeur dit par la suite me fit échapper un grand rire. Si elle voulait de l'énergie à dépenser elle n'avait qu'à aller dans la zone d'entraînement lancer des dagues en pleine tête des mannequins.
- Ouais c'est clair ! J'suis pas ton mannequin ! Et puis si t'as une revanche personnelle c'est avec calme qu'on en parle pas en jetant des pierres. Gamine.
Mes mains serrèrent encore ses poignets avec force. Il était impossible pour elle de s'échapper et je guettais bien ses pieds, car je savais qu'elle était capable même à genoux et m'en mettre un.
- Donc maintenant, tu m'expliques et tu t'excuses, compris ?
Je sentis ma voix monter, je m'énervais et je m'impatientais. Je voulais qu'elle s'excuse. De toute manière n'importe qui qui me connaissait savait que je ne lâcherais pas l'affaire. Je n'étais pas le genre de mec qui cédait, bien au contraire, une vraie tête de mule. Je regardai de nouveau Ethan. Je ne pouvais pas m'empêcher de l'observer avec une grande attention. Mon cœur se mit à battre un peu plus fort et mes joues se mirent à rosir sous son beau regard. Je baissai les yeux aussitôt de peur qu'il ne le remarque et je reportai mon attention sur ma prisonnière. J'avais très envie qu'un grand maton tel que Aleksei ou bien .. - Ou bien ? Je ne savais pas vraiment qui d'autre, car je ne voyais qu'Aleksei de vraiment imposant – arrive à notre rescousse. Mais, nous étions deux, nous avions bien l'avantage. J'aurais tellement désiré l'emmener au gnouf moi-même, j'aurais voulu avoir ce pouvoir et cette satisfaction, mais malheureusement, je n'étais pas maton... Sinon elle l'aurait payé encore plus cher, c'était clair. En attendant, je scrutais les horizons pour voir 'il y avait pas un maton dans le coin, mais personne...
Les gestes d'Ethan parurent calmer un minimum le coureur. Les spectateurs s'étaient, pour la plupart, dispersés. Seuls quelques téméraires demeuraient campés sur leurs pieds, attendant patiemment la suite des événements. Le trappeur les ignora du mieux qu'il put et reporta son attention sur les deux rivaux.
« Ouais c'est clair ! J'suis pas ton mannequin ! Et puis si t'as une revanche personnelle c'est avec calme qu'on en parle pas en jetant des pierres. Gamine. »
Voilà. Même si son visage restait de marbre, Ethan ne put s'empêcher de se questionner -comme toujours ; qu'est-ce qui avait poussé la jeune femme à réagir ainsi ? L'avait-il insultée ? Ou bien avait-elle besoin d'une revanche ? Si oui, pourquoi ? Une part de lui émit la possibilité d'un ancien couple. Même s'il fronça les sourcils à cette idée, il dut bien reconnaître que c'était plausible.
« Donc maintenant, tu m'expliques et tu t'excuses, compris ? » reprit Isaac.
Tu m'expliques... Cela signifiait qu'il ignorait également la cause de la réaction de la trappeuse... C'était de plus en plus étrange.
La voix du coureur avait monté d'un ton, gagnant en intensité. Sa colère momentanément envolée refaisait surface. Sans se poser mille-et-une questions, Ethan effleura sa main dans un geste apaisant.
Il songea à instant qu'il n'avait vraiment rien à faire là. Personne n'avait esquissé un mouvement pour stopper la confrontation. Sauf lui. Son intervention était obligatoirement suspecte. Son inquiétude ne dura que quelques secondes ; il s'en fichait pas mal de ce que pouvaient penser les autres.
« Et puis tu lâches ta dague, » compléta-t-il en désignant l'arme.
Il croisa le regard d'Isaac et sentit alors ses joues s'enflammer. Il mordit sa lèvre en observant le coureur qui baissait les yeux. Toute son attention était concentrée sur son visage, admirant ses traits fins. Il finit par détourner lui aussi le regard, sentant son pouls s'accélérer dangereusement.
« Quand tu veux... » ajouta-t-il sans pouvoir s'en empêcher.
Non parce que si elle demeurait murée dans son mutisme, il allait finir par la secouer comme un prunier pour qu'elle parle. Ou alors emmener Isaac loin de cette folle furieuse, tout simplement.
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Petite marionnette. Voilà en quoi j'allais finir par me transformer si je ne m'en allais pas de là. Je n'appréciais pas du tout d'être mis en scène de cette manière-là. Je pouvais déjà sentir le regard des autres blocards posés sur moi. Ils attendaient quelque chose de ma part. J'étais là, près de cette demoiselle à la maîtriser. Ethan avait insisté pour qu'elle lâche la dague et je lui avais pris des mains au même moment. La jeune Autumn était à présent désarmée face à deux blocards.
Tic tac. Les secondes filaient et je pouvais sentir mon coeur battre de plus en plus vite. Oui, j'aimais que les gens me regardent, j'aimais la sensation que j'avais lorsque leurs regards étaient posés sur le grand et imposant coureur que j'étais, mais cette fois-ci, c'était différent. J'étais en train de passer pour un bel idiot. Le grand imbécile qui avait dû blesser cette fille pour qu'elle se décide à me lancer des pierres. Sauf que je n'avais rien fait, rien du tout. La voix d'Ethan résonnait encore un peu dans ma tête. Si belle sa voix... J'avais bien envie d'être seul avec lui d'ailleurs. Je voulais partir de là et m'enfuir pour aller à l'autre bout du monde avec lui. Il avait rougit lui aussi en me regardant et s'était mordu la lèvre. Nerveux face à moi ? Mon estomac était en train de faire des bonds mais je devais maîtriser la situation et mes sentiments. Je relevai doucement la jeune fille par le col en prenant bien soin de bien la tenir tout de même et je la regardai droit dans les yeux.
- Je vais prendre ça comme un malentendu compris ? Ou bien la fatigue. Ou bien le fait que tu sois totalement folle. Je ne m'excuserais pas pour quelque chose dont je n'ai pas fait si c'était pour ça que tu voulais me voir. Et puis tu sais quoi ? Je m'en fiche, j'ai d'autres choses à faire que de jouer au psy avec des gamines.
Encore une tirade. Je voulais juste fuir, déguerpir de ce moment plus que gênant. Les autres avaient attendu que j'agisse et bien, c'était Isaac qui était en train de la faire. Je lançai un petit regard à Ethan pour lui faire signe que j'en avais fini avec elle et après un dernier regard victorieux vers la demoiselle, je fis un pas en avant.
- À une prochaine fois peut-être quand tu seras calmée la demoiselle !
Ces mots... Qu'est-ce que j''aimais contrôler comme cela... Tandis que je marchais suivi d'Ethan, je ne pouvais m'empêcher de penser à cette fille. Que s'était-il donc passé dans sa tête pour qu'elle se jette sur moi de cette manière-là ? Je me revoyais déjà la nuit avec mes cauchemars en train de lutter contre la folie. Ici, c'était ce qu'il avait dû se passer. Elle n'avait pas pu contrôler ses gestes.. Moi, je comptais les secondes contre le mur et la douleur pouvait me faire remonter à la surface, mais elle.. ici... qu'aurais-je du faire de plus ou de moins ? Je n'avais, hélas, pas de réponse à ma question. Isaac sans voix ? Et bien oui et c'était une première.
Je me rapprochais près de mon trappeur et discrètement, je le regardai dans les yeux, peiné et en colère en même temps. Je voulais m'évader.. Oui m'évader avec lui et ne plus penser à rien... Rien du tout. Le bonheur. Voilà ce que je cherchais. Avec lui j'allais le trouver. En passant en plein milieu de la foule, je ne baissai pas les yeux. Peu importe si l'on me dévisageait ou non. Je savais très bien ce qu'ils pensaient. Je les connaissais par cœur. La plupart pensaient que j'avais fait ce qu'il fallait, car c'était inadmissible d'attaquer un coureur de la sorte tandis que certains en pensaient bien du mal. Ici, c'était simple. Tout était pile ou face. Si beaucoup m'appréciaient, beaucoup me détestaient aussi. Isaac la grande gueule. Isaac le prétentieux. Mais pour mes proches, j'étais aussi Isaac le précieux. En pensant à cela, je souris.
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