J’avais terminé tôt ma journée. Etant encore une simple apprentie, j’avais pas mal de temps libre.
Je sortais du dortoir des malades et me dirigeai vers la salle de bains. Je me lavai longuement les mains, en laissant l’eau couler entre mes doigts. J’aimais bien cette sensation. Elle m’était bizarrement… familière.
Je me dirigeai vers le bois et me mis à marcher sans but précis entre les arbres. J’aime bien le bois. C’est calme, paisible et étonnamment fort à la fois. C’est un endroit sombre, je m’y sens bien. Je crois qu’avant d’arriver ici j’aimais beaucoup ça aussi, me balader en forêt, mais que… je n’y allais pas souvent, je crois…
Je grimpai à un arbre proche et me calai entre ses branches. Un oiseau me dévisagea de ses yeux ronds, puis s’envola à tire d’aile. Lui, au moins, il pouvait partir… Il n’était pas prisonnier entre ces murs grisâtres et dangereux, il connaissait sa vie. J’attrapai une feuille et la déchirai distraitement entre mes doigts. Je connaissais un conte, je crois, dans lequel un homme s’était fabriqué des ailes avec de la cire et des plumes de grands oiseaux pour sortir d’un labyrinthe… Un conte, oui. Cela est impossible, pour nous en tout cas.
Des larmes me montèrent aux yeux. J’étais agacée pas cette solution qui ne venait pas, frustrée par ma mémoire bloquée, qui se limitait à ce petit espace. Le souvenir de mes parents, en particulier, me faisait mal. Ils me manquaient terriblement, mais je ne me rappelais même pas d’un visage.
Le soleil commençait à rougir et à enflammer le ciel. Je me laissai glisser de l’arbre, lasse de ma position inconfortable, et allai me rafraîchir au ruisseau. A chaque fois que je me sens flancher, je vais là-bas et m’asperge le visage. Ça me réveille et, si j’ai pleuré, on ne distingue plus mes larmes parmi les gouttes ruisselantes. Aujourd’hui, seules deux ou trois avaient coulé le long de mes joues, mais les autres avaient gonflé et rougi mes yeux.
Je me figeai net en découvrant une personne près de l’eau. C’était une jeune fille un peu plus âgée que moi, avec des cheveux blond cendrés serrés en une queue de cheval. Elle était de dos et avait les yeux fermés. Elle semblait… sereine. Plus sereine que je n’aie jamais pu l’être.
Mon pied se posa sur une brindille, qui fit un craquement sonore à travers le silence de la forêt.
La jeune fille se retourna, et il me sembla alors l’avoir déjà vue à l’infirmerie.
-Qui est là ? demanda-t-elle. Elle avait l’air légèrement inquiet.
Je fermai mes émotions au plus profond de ma tête et m’approchait, l’air aussi sûr de moi que je le pouvais.
Elle sembla se rassurer et me dit tout en souriant :
-Salut ! Moi, c'est Olyver et toi ? Tu es medjack, non ? Il me semble t'avoir vu à l'infirmerie...
J’acquiesçai légèrement de la tête et lui répondis :
-Moi, c’est Rosa. Rosa Lovegood. Qu'est-ce que tu fais là?