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Because I don't trust you. [ft. D. Juliet Brown] (Inachevé)

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Ethan S. Clark


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MessageLun 14 Sep - 20:32



Because I don't trust you.

« It's difficult to calm the distrust when she's awake. »


Retenant un énième soupir -il finirait par perdre définitivement son souffle s'il continuait-, Ethan déposa son plateau face à l'un des cuistots et sortit de la pièce bondée. C'était toujours comme ça en matinée. Les blocards venaient prendre leur ration de nourriture en prévision de la journée de travail à venir. Il était donc parfaitement normal que le réfectoire soit toujours plein à craquer à cette heure... Pourtant, le jeune homme ne parvenait pas à s'habituer à toute cette agitation, même après les nombreux mois passés là ; tout ce bruit lui filait une migraine pas possible. Il ne s'en débarrassait pas de la journée, ressassant toujours les même questions, ravivant ainsi toujours plus son mal de crâne. A croire qu'il était suicidaire.

En fait, ce ne serait pas si étonnant que ça. Cette routine lui pesait bien plus qu'il ne le montrait, ses souvenirs se faisaient de plus en plus précis... Lui qui avait tant espéré ce moment commençait à se demander si connaitre son passé en valait vraiment la peine. D'après ce qu'il comprenait, sa vie d'antan n'avait pas été toute rose... Cette fille qui lui parlait et qu'il entrevoyait dans ses rêves semblait compter beaucoup pour lui, mais également représenter quelque chose de funeste. Il ne parvenait pas exactement à définir ce qui clochait chez elle, mais il y avait quelque chose. Quelque chose de sombre et effrayant la concernant.
L'espoir qu'il conservait si précieusement se faisait petit à petit la malle, le laissant seul et livré à lui-même. Qu'était un jeune homme sans espoir ?

Heureusement, il n'avait pas tout perdu. Ses rares mais précieux amis étaient toujours là pour lui changer les idées, même s'ils n'étaient pas forcément au courant de sa phase pessimiste. Seul Isaac remarquait son changement de comportement -qu'il s'efforçait pourtant de cacher au mieux. Quand il avait la chance de passer un moment avec lui, c'était dans ses bras qu'il s'évadait, oubliant pour un moment ses divers tracas.

Ruminant sans arrêt ses pensées maussades, le trappeur s'arrêta au pied d'un arbre. Tourné face à l'une des immenses portes du Labyrinthe, il se laissa tomber au sol. Sa tête s'appuya sur le tronc tandis qu'il fermait les yeux, savourant du mieux qu'il pouvait la légère brise venant lui caresser les joues. Ses doigts tremblaient, chose considérée comme habituelle désormais. Il avait beau jouer avec, les entremêler les uns aux autres, les tremblements ne cessaient jamais.
Il n'avait plus qu'à attendre que les portes s'ouvrent et que la journée commence. A ce moment-là, il enfilerait ses chaussures et partirait arpenter le dédale maintenant familier. Il s’essoufflerait, trébucherait, soupirerait, râlerait puis rentrerait bredouille. Pour changer.




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MessageMer 16 Sep - 0:29

Ethan ∞ Juliet
Because I don't trust you
Elle soupire. Une expiration brève, discrète, mais nécessaire. La sensation de tout cet air brusquement chassé de ses poumons, traversant sa gorge et la barrière de ses lèvres pour se perdre dans le silence de la nuit, la ramène à la réalité. Elle ne doit pas faiblir. Elle doit s’en tenir à cette seule règle : rester éveillée. Elle cligne des yeux, puis les frotte, chassant toute dernière trace de maquillage, superflu à cette heure. Ses paupières son lourdes. Ses yeux la picotent, finiront par la brûler de l’intérieur. Lasse, elle lève la tête et regarde en direction du ciel. Elle ne sait pas s’il s’agit d’un ciel factice, artificiel. Le doute lui est venu avec le temps. Etre enfermée à l’extérieur lui semble une idée incompréhensible, illogique, absurde. Si elle doit se retrouver enfermée, alors c’est à l’intérieur. Un bâtiment désaffecté, une cave souterraine, un train en marche. N’importe où, mais pas au beau milieu d’une clairière ou d’une forêt. Bien qu’elle ne se souvienne de rien concernant son histoire passée, la jeune femme a toujours eu de l’intuition concernant les notions qui auraient dû lui paraître obscures après une telle amnésie. Le monde extérieur, elle l’a toujours associé à la liberté. Pas à l’enfermement. Alors, si elle est réellement prisonnière du Bloc, gardé par son maudit labyrinthe, c’est qu’il est forcément situé dans un bâtiment ou une salle close. De fait, le ciel ne peut être le même que celui que voient les hommes libres. La noirceur de l’encre dont il est teinté ne peut être identique à celle qui accueille les rêves et les cauchemars des dormeurs à l’extérieur. Les étoiles qui commencent à disparaître, à l’approche du jour, ne peuvent être la source d’inspiration des poètes libres et loin de tout danger. Ses parents étaient-ils des poètes ? Sont-ils des poètes ? Quand viendraient-ils lui indiquer la sortie ? Elle a beau avoir fait sa place au sein du Bloc, elle désire toujours en sortir. Aussi ardemment qu’au premier jour.

Abandonnant ses réflexions déjà maintes fois étudiées, la belle se remet en marche, ne prêtant plus aux craquements des branches sous ses pas. Cette mélodie la maintient tout juste consciente, dans l’obscurité pénétrante de la nuit qui ternit ses cheveux de feu. La fatigue s’est emparée d’elle voilà plusieurs heures. Plusieurs jours. Plusieurs mois. Elle ne se souvient pas avoir passé une seule nuit reposante dans cet enfer. Il y a toujours eu des problèmes, des rondes de nuit, des cris, des morts, des cauchemars. La peur est omniprésente au sein du Bloc. Chacun s’efforce de la dissimuler de son mieux, de la nier. Mais l’incompréhension du passé et l’incertitude quant à l’avenir rendent le présent lourd comme du plomb, maussade comme un ciel de brouillard. Mais il faut bien survivre. Et le désespoir tue. Alors Juliet n’a de cesse de remuer les corps fatigués, de botter les fesses immobiles. Tous les adolescents passent leur journée à remplir les fonctions qui leur ont été assignées. Cette occupation quotidienne, devenue une routine sans réelles surprises, empêche les blocards de trop penser, de déprimer. A ne rien faire, certains deviendraient fous. Juliet est de ceux-là. L’ennui fait naître les idées noires. Sans cesse amenée à courir à droite et à gauche pour remplir son rôle de milicienne, la jeune fille n’a pas le temps de broyer du noir. L’exercice physique et les altercations répétitives rendent son quotidien plus supportable. Les problèmes peuvent être réglés. Les pensées morbides ne s’éliminent pas aussi facilement.

Les cauchemars non plus. Ils n’épargnent personne, pas même ceux qui se donnent des airs de durs à cuire. La nuit est le berceau de toutes les angoisses. Personne ne dort jamais sur ses deux oreilles. Chacun guette le danger au-dehors, ou se réveille trempé de sueur, croyant avec certitude avoir entrevu un morceau du passé. Lasse des assauts répétés des chimères de cauchemar, Juliet a décidé d’exercer ses fonctions la nuit. La journée, elle dort. Après un rêve horrifique, la douceur des rayons du soleil la réconforte immédiatement. Bien plus que l’encre ténébreuse qui coule durant la nuit. Lorsque la lumière s’entache de ténèbres, elle traque. Elle surveille les dormeurs calmes, rassure les agités, chasse les téméraires qui s’amusent à enfreindre le couvre-feu. Certains récidivistes prennent un malin plaisir à la faire tourner en bourrique. Elle pourrait comprendre s’il s’agissait d’enfants morts d’ennui qui cherchent à tuer le temps. Mais certains semblent réellement déterminés à tout faire sauter. Ces agitateurs doivent être privés du peu de liberté de mouvement qu’il leur reste depuis leur arrivée au Bloc. Ceux-là finissent au Gnouf. Et servent accessoirement de cobayes aux miliciennes un peu trop sur les nerfs.

Cette nuit, personne. Aucune ombre ne vient ternir la nuit noire. Aucun son ne vient trahir les promeneurs du soir. Seul le craquement sinistre des branches ponctue la progression de la milicienne. A bout de forces, elle avance lentement, luttant pour garder les yeux ouverts. Le ciel noir se fait moins épais. L’aube poindra bientôt, balayant les cauchemars pour quelques heures de soleil. Mécaniquement, Juliet continue sa route, sans prêter attention à sa direction. Elle sait qu’elle ne croisera personne. Il est trop tard, ou trop tôt. Tout ce qu’elle fait, c’est tuer le temps. Avancer sans s’en rendre compte, pour aller de l’avant. Elle attend le réveil de ses compagnons d’infortune pour se réfugier dans un lit moelleux, qui saura accueillir la raideur de ses muscles et la fraîcheur de son corps affaibli. La lenteur de ses pas l’empêche de trébucher. Les troncs épais des arbres lui permettent de trouver un appui quand son corps veut lâcher prise. Son parcours chaotique prend fin lorsqu’elle aperçoit la lumière du soleil à l’horizon. Le ciel s’est éclairci. Redécouvrant ses sens, jusque-là ankylosés, elle entend un brouhaha confus du côté de la vaste esplanade. Les blocards reprennent vie et s’agitent en direction de la grande cabane. Un bon petit déjeuner les attend, afin que chacun prenne des forces avant d’affronter une nouvelle journée de dur labeur. A cette pensée, l’estomac de la belle rousse se met à grogner. La jeune femme grimace et porte une main à son ventre pour le faire taire. Malheureusement, elle sait que sa longue nuit ne prendra fin qu’une fois que tous les blocards auront repris le travail. Jusque-là, elle doit encore les surveiller, pour éviter tout débordement ou acte de rébellion. Frustrant au plus haut point le démon affamé qui habite son ventre, elle se détourne de l’immense cabane et poursuit sa route solitaire.

Quelques poignées de minutes plus tard, le silence est de nouveau rompu. Les affamés ont déjà terminé leur petit déjeuner et se dirigent vers leur lieu de travail. De petits groupes se forment sur le chemin, et se dispersent aux quatre coins du Bloc. Les sarcleurs rejoignent les cultures, les chercheurs disparaissent dans leur laboratoire, les coureurs se mettent en place à proximité des portes donnant sur le labyrinthe. Elles ne devraient pas tarder à s’ouvrir. Une fois qu’elles s’ouvriront sur un abîme de cauchemars et de dangers mortels, Juliet pourra prendre du repos. Un repos bien mérité, après avoir veillé pendant plus de vingt-quatre heures. A cette pensée, la jeune femme ne peut réprimer un bâillement. Mais des bruits de pas l’interrompent, l’empêchant d’aller au bout de son geste. Elle fronce les sourcils. Une silhouette se pose à proximité, sans la voir, et se laisse choir au pied d’un arbre, à moitié cachée par l’épais tronc. Le nouveau venu ne semble pas là pour répandre le chaos et la terreur. Mais dans le doute, il vaut mieux vérifier. Dans un élan d’enthousiasme et de conscience de soi, la belle rousse se remet en marche pour arriver à la hauteur de l’intrus. Contournant l’arbre pour mieux le distinguer, elle finit par reconnaître le jeune homme assis, les yeux fermés et les doigts tremblants. Ethan, un trappeur. Il ouvre les yeux et sursaute lorsqu’il s’aperçoit de sa présence. N’ayant jamais eu l’intention de se cacher, Juliet se rapproche de lui, l’étudiant silencieusement. Le pauvre garçon n’a pas l’air en forme. Les traits tirés, le teint cireux, les yeux brillant d’un éclat éteint, terne. Soit il n’est pas du matin, soit la fatigue le ronge depuis un moment. En dépit de son épuisement, la jeune femme retrouve sa verve habituelle et se pare d’un sourire moqueur.

- Tu pues le désespoir, tocard, lâche-t-elle en guise de salutation.

Elle voudrait n’écouter que sa fatigue. S’écrouler à son tour, le rejoindre au pied de l’arbre, le voir partir et s’endormir pour ne plus jamais se réveiller. Mais sa fierté l’en empêche. Rester debout, tandis que l’autre est résolument assis sur le sol humide de rosée, c’est affirmer sa force, sa domination. Jouer le jeu, donner le change, en dépit des immenses cernes qui creusent son visage. Elle se contente de s’accouder au tronc, une main sur la hanche, l’autre jouant avec ses cheveux, le visage peint d’un air moqueur qui se veut supérieur.

- J’ai toujours dit que les trappeurs les plus efficaces sont ceux qui sont le plus malheureux, poursuit-elle, son sourire s’effaçant légèrement. Eux, au moins, veulent s’en sortir.

Voilà à quelles conclusions ses longues réflexions l’avaient amenée. La vie au Bloc devient peu à peu une routine pour les adolescents. Chacun s’adapte à ce nouvel environnement, trouve de nouveaux repères, prend ses marques. Bien qu’elle ne soit pas la vie d’avant, la vie au Bloc est une nouvelle vie, un nouveau départ faisant fi du passé. Chacun est libre de trouver un travail qui lui convient et lui donnera la sensation d’être utile. De se faire de nouveaux amis. De forger des liens solides, renforcés davantage par l’horreur du labyrinthe et le danger omniprésent. De, finalement, y trouver son compte. De se sentir heureux. Et, ici même, il n’y a rien de plus dangereux que les gens heureux. Les gens heureux sont satisfaits de leur sort et de leurs conditions de vie, aussi horribles puissent-elles paraître à d’autres. Ils aiment la situation actuelle, y puisent leur joie de vivre. Pour rien au monde ils n’abandonneraient cet enfer qu’ils confondent avec le paradis. Et là repose tout le problème. Depuis leur arrivée, les blocards n’ont eu de cesse de trouver une sortie. Une sortie qui n’existe peut-être que dans leurs espoirs fous. Ce doute a contribué à apaiser les esprits de ceux qui craignent de voir un jour leur confort s’écrouler sous le poids d’une liberté nouvelle. Mais qu’adviendra-t-il le jour où les blocards pourront enfin s’échapper ? L’empire des puissants s’effondrera, et leur domination avec. Accepteront-ils de retourner à une vie normale, de sombrer de nouveau dans l’anonymat ? Ou se battront-ils pour maintenir leurs derniers remparts ?

L’amitié apaise les maux. Mais l’amour tend à rendre heureux. C’est ce que Juliet craint par-dessus tout. Ceux qui parcourent le labyrinthe chaque jour doivent mettre tout leur cœur à la tâche. Mais depuis que ce petit trappeur se donne en spectacle aux côtés de son frisé de coureur, la milicienne craint qu’ils finissent par se laisser aller. Or, si ceux en qui ils placent tous leurs espoirs décident qu’il est préférable d’abandonner et de vivre ici à tout jamais, les ennuis ne font que pointer le bout de leur nez. Le Bloc ne peut se permettre de perdre tout espoir. Les coureurs ne peuvent se permettre de renoncer. Abandonnant tout sourire, se détachant de son pilier d’écorce, la jeune femme se plante résolument devant le trappeur et le fixe d’un regard froid et intense.

- Et toi, tu veux t’en sortir. N’est-ce pas, Ethan ?
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Ethan S. Clark


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MessageVen 2 Oct - 23:30



Because I don't trust you.

« It's difficult to calm the distrust when she's awake. »


Même derrière la fenêtre noire de ses paupières, il voyait encore ces images qui le hantaient autant qu’elles l’intriguaient. Elles allaient de la plus banale à la plus improbable ; le tissu soyeux d’une couverture que l’on tirait vers soi, la flamme vacillante d’une bougie à moitié consumée, le pétillement de malice dans un regard, une feuille morte tombant d’un gigantesque végétal, les tremblements des corps rassemblés contre un mur, la brume d’une matinée ordinaire, les larmes silencieuses traçant un long sillon sur des joues creuses, le bref éclat d’une longue chevelure se balançant au gré du vent. Ces flashs défilaient à un rythme soutenu derrière ses paupières closes, ponctués parfois par l’écho d’un rire, d’un cri ou d’un sanglot. La même succession de souvenirs, encore et encore.
Un vrai film. Une suite d’images et de sons dans un ordre aléatoire. Un déroulement sans début ni fin, sans signification. Comment était-il possible qu’il comprenne la vie dans ces conditions ? Lui-même avait l’impression d’avoir échangé sa place avec celle d’un gamin incapable d’apprendre de ses erreurs et qui ne pouvait pas constater tout ce que le monde avait à lui offrir. Bien évidemment, puisque le monde lui était refusé ; il ne connaissait plus que le Bloc et son immense Labyrinthe, lieu de sa liberté et de ses peurs. Cet endroit qui lui offrait un semblant d’indépendance tout en le terrifiant un peu plus chaque jour.

A se crever le cerveau ainsi, à trop réfléchir, Ethan savait qu’il passait à côté de nombreuses choses. Il manquait de sommeil, passait son temps à se questionner tout en sachant que son espoir de comprendre était vain. Alors pourquoi poursuivait-il ses recherches dans son propre esprit ? Il n’aurait pas su dire. Mais il y avait au moins une chose dont il était certain ; il devait arrêter de s’infliger cette torture inutile.

A ce stade de ses réflexions, il sentit une présence non loin ; ses paupières se soulevèrent en même temps que sa nuque. Lorsqu’il découvrit qu’il n’était plus seul, son corps fut pris d’un bref soubresaut de surprise, ses membres tendus instantanément. La Harpie Rousse se tenait face à lui, dans une posture droite et parfaite.

« Tu pues le désespoir, tocard. »

Vive l’encouragement.
Elle s’appuya au tronc, main sur la hanche. Soupirant d’autant plus fort, Ethan reposa l’arrière de son crâne contre l’écorce. Il était épuisé sans vraiment l’être. Il ne parvenait même pas à distinguer la fatigue physique de la psychologique. Il était certainement victime de ces deux-là de toute manière. En relevant le regard sur son interlocutrice, le brun ne put empêcher un haussement de sourcils las de venir déformer son visage. Juliet avait cet air supérieur et moqueur qu’il détestait tant. Qu’y avait-il de risible dans cette situation, franchement ?

« J’ai toujours dit que les trappeurs les plus efficaces sont ceux qui sont le plus malheureux, poursuivit-elle. Eux, au moins, veulent s’en sortir. »

Alors là, il n’était pas sûr de voir où elle voulait en venir. Certes, elle n’avait pas tord, mais il ne voyait pas vraiment le rapport. Était-il efficace ? Comment pourrait-il le savoir s’il ne parvenait même pas à deviner s’il était heureux ou malheureux ? Il ne vivait pas une vie facile au Bloc ; entre ses courses interminables dans le dédale qui l’était tout autant, les souvenirs morcelés qui apparaissaient, son caractère difficilement discernable –même pour lui– il n’avait pas vraiment le temps de rire ou même esquisser un sourire. Enfin, il n’en avait surtout pas l’occasion. Il était faible ces derniers-temps, fatigué et complètement démotivé. Mais en était-il pour autant à plaindre ? Certains n’étaient-ils pas encore plus tristes que lui ? Question sur laquelle il n’avait aucune envie de débattre.
Sortant peu à peu de ses réflexions au moment où la rouquine changea de place pour se planter fermement face à lui, le trappeur laisse tomber ses bras le long de son corps. Elle lui adressait un regard froid, inexpressif. Un regard qui ne lui plaisait pas du tout. Sans réfléchir, comme par automatisme, Ethan se releva –non sans l’aide des appuis qu’offrait l’arbre– pour lui faire face. Les mains dans les poches du pantalon, il la fixait, les traits de son visage demeurant aussi neutres que possible.

« Et toi, tu veux t’en sortir. N’est-ce pas, Ethan ? »

Même s’il ne ressentait aucune once de joie, il se mit à rire. D’un rire ironique et moqueur, sans rien d'heureux. S’il voulait s’en sortir ? Autant lui demander s’il aimait le chocolat tant qu’à faire.

« Pour qui me prends-tu exactement ? J’ai une tête à vouloir rester cloîtré entre quatre murs toute ma vie ? »

Non parce que s’il avait pour projet de se résoudre à vivre au Bloc, ça se saurait tout de même. Il aurait arrêté de courir dans ce foutu Labyrinthe depuis un moment et se serait trouvé un emploi plus calme, ne nécessitant pas de risquer sa vie chaque jour.

« Dis Juliet, tu penses vraiment qu’il y a une sortie ? reprit-il en imitant la voix d’une gamine pleurnicharde. Non, en fait je m’en fiche ; j’en pense rien moi-même alors… »

Il resta silencieux, se contentant de la défier en gardant ses yeux plantés dans les siens. La défier à quoi exactement ? Excellente question. Lui-même n’en avait aucune idée. Il soutenait son regard, rien de plus. A la longue, même les conversations n’avaient plus aucun sens. Tout cela ne rimait à rien. Pourquoi étaient-ils là ? Pour satisfaire la curiosité de personnes souhaitant les regarder dépérir ? Qui était assez idiot et cruel pour cela ? C’était complètement inutile !

« Personne à jeter au Gnouf cette nuit ? »

Même s’il n’était pas quelqu’un de bavard, Ethan ne pouvait nier qu’il avait besoin de socialisation plus que d’ordinaire ces derniers-temps. Il s’en fichait des activités nocturnes de Juliet en fait. C’était juste histoire d’entretenir une conversation pas trop ennuyante en attendant de commencer sa routine. Et puis, la présence de la Harpie Rousse n’était pas si désagréable que ça. Elle n’était pas du genre à piailler inutilement pendant des heures, ni à se fermer comme une huître à la moindre question on ne peut plus banale. De plus, il fallait avouer qu’elle l’intriguait pas mal ; elle était comme lui sur beaucoup de points, et ça, c’était intéressant. De quoi en apprendre un peu plus sur elle, et sur lui-même également, dans ce cas.




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Dernière édition par Ethan S. Clark le Dim 15 Nov - 12:35, édité 3 fois
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MessageMar 27 Oct - 20:15

Ethan ∞ Juliet
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La surprise passée, le jeune homme se détend. Prisonnier de sa fatigue, perdu dans ses pensées, il semble ne prêter aucune attention aux propos de la belle rouquine. Mais son inertie ne dure pas. La jeune femme a toujours paru distante et sûre d’elle. Pour chasser les mouches qui volent un peu trop près d’elle, elle n’hésite pas à exacerber ces traits naturels de sa personnalité. Il lui est facile de paraître hautaine et cruelle. Deux défauts majeurs qui font fuir les innocents et découragent les téméraires. A force d’arborer ce masque de glace en permanence, les élans de colère et les éclats de voix lui sont devenus plus faciles. Plus naturels. Comme si elle avait toujours agi ainsi. Comme si elle avait toujours été cette princesse de glace, froide, sévère, ses lèvres à jamais figées en une expression lointaine qui ne fondra jamais pour laisser place à un chaleureux sourire. A-t-elle ri autrefois dans sa vie ? Elle n’en sait finalement rien. Mais elle se souvient de ses débuts au Bloc. Etirer ses lèvres en un sourire, même factice, lui était plus aisé. A présent, ses lèvres lui pèsent lourd. Chargées de plomb en permanence, il lui semble impossible de les étirer en direction de ses pommettes. La faute à la fatigue, au stress, à la peur. Au Bloc. Les blocards ne savaient pas grand-chose d’eux-mêmes en arrivant. Et le Bloc a détruit jusqu’aux fantômes de ses habitants. Est-il seulement possible d’être autre chose qu’une ombre au sein de cette prison ?

Aussi, peut-être sa voix s’est-elle faite plus froide qu’elle ne l’aurait désiré. Le jeune homme réagit au quart de tour. Voyant la belle rousse le toiser de haut, drapée dans son arrogance, il serre les poings et se redresse aussitôt. Sa mince silhouette se déploie jusqu’à rejoindre la sienne. Ils discuteront sur un pied d’égalité. L’acte aurait paru plus viril si le pauvre Ethan n’avait pas eu besoin de s’appuyer contre l’épais tronc d’arbre pour retrouver une position verticale. Une fois en position de discuter, ses traits tirés en un masque neutre cachant sa vexation se font plus légers, et le jeune homme part d’un grand éclat de rire. Un rire à donner des frissons. Le rire, symptôme du bonheur, sonne ici creux. Un éclat vide, sans joie aucune. Un simple réflexe peut-être. Une vaine tentative de faire ressurgir d’heureux et paisibles moments, définitivement enterrés dans un passé révolu.

- Pour qui me prends-tu exactement ? répond-il enfin, l’air absolument ironique. J’ai une tête à vouloir rester cloîtré entre quatre murs toute ma vie ?

Son sourire prétentieux se fane immédiatement, laissant place à une moue surjouée d’enfant capricieux et particulièrement enclin aux crises de larmes.

- Dis Juliet, tu penses vraiment qu’il y a une sortie ? reprend-il d’une voix haut perchée très en accord avec le reste de son visage. Non, en fait je m’en fiche ; j’en pense rien moi-même alors…

Sans répondre, son interlocutrice, gardant les bras croisés, promène son regard de haut en bas. Lève un sourcil. Fait la moue. L’ausculte de nouveau. Pas besoin de mots. Le garçon agit comme s’il était fort et en bonne santé. Ses yeux cernés, son teint cireux, ses poings endormis dans ses poches disent tout le contraire. Son corps entier crie sa fatigue, et son esprit vagabonde librement vers le doute. Non, il ne veut pas passer le restant de ses jours emprisonné dans la peur et l’incertitude. Mais peut-il pour autant continuer à prendre une part active aux recherches quant à une hypothétique sortie ? Il n’est pas encore au bout du rouleau, mais qui peut assurer que cet état de fatigue absolue ne l’engloutira pas bientôt ? Ce n’est pas tant l’effort physique qui le terrassera, mais l’insécurité de leur existence. Depuis plus d’un an qu’elle survit ici, Juliet ressent les effets néfastes de la nouvelle vie qu’elle mène. Les nuits blanches, les cauchemars, les rebelles, les monstres, les morts. Et toujours pas d’issue. Elle change. Son corps change, ses humeurs changent, son mental en vient parfois à faire mine de flancher. Alors qu’en sera-t-il de ce jeune homme à l’air confiant, mais plus jeune, plus exposé au danger, à la mort ? Personne ne peut le savoir. Personne ne veut le savoir. Ici, l’avenir est comme tout le reste : un amas de mystères dont on ne veut surtout pas voir les faces obscures. Plus d’ennuis. Plus de dangers. Plus de morts effroyables. Juste du bonheur. Des rires, de l’insouciance, des étincelles de lumière. Et plus jamais de ténèbres.

- Tu ne peux pas ne rien penser, tocard, rétorque la jeune fille, bravant le poids de ses lèvres pour les étirer en un semblant de sourire moqueur. Soit tu penses qu’il y a une sortie, soit tu penses qu’il n’y en a pas. Même si tu me disais qu’il y en avait peut-être une, ç’aurait plus de sens. Mais là, vraiment, tu ne sais plus ce que tu racontes. Je n’ai pas placé beaucoup d’espoir en toi, mais je ne peux pas croire que ta cervelle soit vide à ce point.

Un duel de regards s’ensuit entre les deux adolescents. Le jeune homme cherche-t-il à remettre de l’ordre dans ses pensées ? Doit-il lutter intérieurement pour garder les idées claires ? La folie le menace-t-elle sérieusement ? Il ne manquerait plus que ça. Un fou de plus. Un dépressif qui, las de se battre, succombera au désespoir. Désireux de s’échapper mais cloîtrés entre les quatre gigantesques murs de pierre qui les séparent du labyrinthe, rien d’étonnant à ce que les blocards perdent la raison. Dès que leur esprit est inoccupé, de noires idées naissent dans leurs cœurs esseulés. Non contents de couler, ils voudraient en plus entraîner leurs compagnons dans leur chute. Les attirer dans les épaisses ténèbres qui enserrent leur cœur, les y retenir prisonniers à jamais, à la manière d’un Bloc fait de solitude et d’espoirs déçus. Comment sauver les jeunes esprits d’êtres qui ne sont ni des enfants, ni des adultes ? Et comment réagir lorsque les coureurs et leurs trappeurs, leurs éclaireurs, leur étincelle d’espoir, se laissent envahir par ce brouillard morose, visqueux, toxique ? Comment faire lorsque les seules personnes sur lesquelles tout repose en viennent à douter, puis abandonner ?

La belle rousse fixe longuement son interlocuteur. Soutient son regard sans ciller. Puis un léger poids, comprimant ses poumons, s’échappe, en même temps qu’un discret soupir de soulagement. Les yeux adverses brillent de flammes ardentes, dont l’épuisement n’a pas eu raison. Derrière ce corps endolori, ces muscles contractés par l’appréhension, derrière ce masque fade danse encore une vive lueur d’espoir. La motivation et l’entrain du jeune trappeur ne se sont pas encore évanouis. Ce n’est pas aujourd’hui qu’il lâchera ses compagnons, bien que la journée s’annonce difficile. Pour tout le monde.

- Personne à jeter au Gnouf cette nuit ? demande-t-il, la voix éteinte.

Les traits durs et crispés de la jeune femme se relâchent légèrement. Ses sourcils se font légèrement moins froncés, sa mâchoire, moins contractée. Sans pour autant parvenir à faire fondre la glace, Ethan pique sa curiosité. Sa sympathie, plutôt. Bien protégée sous une épaisse carapace de froideur et un égo surdimensionné, ce sentiment ne remonte presque jamais à la surface. Et lorsqu’il parvient à fendre la coquille qui l’abrite, il se transforme en rire hautain, en moue désabusée, en réplique cinglante. Plutôt mourir que de laisser transparaître la moindre once de gentillesse. La gentillesse, c’est pour les faibles. Et le Bloc ne tolère aucune faiblesse. Il écrase les petites natures, les étouffe silencieusement, les accueille dans un cimetière qui les tiendra à jamais éloignés des souvenirs qu’ils essayaient en vain de retrouver. Les faibles se font dévorer par les plus forts. Et Juliet a décidé de se placer au sommet de la chaîne alimentaire. Elle épie, elle traque, elle punit. La distance qu’elle peut prendre par rapport à ses camarades la tient éloignée de tout sentimentalisme. De tout favoritisme. De toute erreur. Elle n’y a pas le droit. Un pas de travers, et tout s’effondre. Plus rien ne tient réellement debout, en ces temps difficiles. Mais elle fera tout pour tenir bon, jusqu’à la toute fin.

- La nuit a été étrangement calme, vide de rebelles, répond-elle, appuyant ses propos d’un regard mauvais. C’est bizarre. Un peu trop. Ça ne présage rien de bon. Si j’étais toi, je ferais particulièrement attention à mes fesses aujourd’hui. Je sens que les Griffeurs vont s’en donner à cœur joie. Oh, mais j’oubliais, ajoute-t-elle en écartant les bras et esquissant un léger tour sur elle-même, mes fesses à moi ne risquent rien, puisque je vais aller dormir !

Elle n’a qu’une hâte : rejoindre son lit et se couper de l’enfer pour quelques heures, pendant que d’autres y seront enfouis jusqu’au cou. Et pourtant, elle reste plantée là, à attendre l’ouverture des portes avec un type dont elle se fiche. Un type qu’elle ne connaît pas. Un type qu’elle aimerait connaître davantage ? Ou est-ce le labyrinthe qu’elle aimerait découvrir ? Alek, la personne dont elle est le plus proche, est aussi trappeur. Mais leurs discussions tournent rarement autour de ce qu’il vit dans le dédale. Ils parlent d’ailleurs globalement peu, préférant hurler ou laisser parler leurs corps, en fonction de leur humeur. Le beau brun a pourtant forcément exploré le labyrinthe avec minutie, avançant avec précautions, en découvrant chaque fois un peu plus des secrets enfouis entre les parois de pierre. Mais rien qu’il puisse partager avec sa rousse compagne. Presque inconsciemment, la jeune fille détourne le regard pour le poser sur les murs encore résolument clos. Elle les fixe intensément, comme pour voir au travers. Puis, avec grâce et maîtrise de ses mouvements, elle s’assied sur le sol touffu. En tailleur, indiquant qu’elle compte passer un moment dans cette position. Ne supportant pas l’idée d’être en position d’infériorité, elle tapote le sol à côté d’elle, invitant Ethan à économiser son énergie pour plus tard et se joindre à elle. Elle reste encore un moment silencieuse, le regard rivé sur les parois de pierre, aussi immobiles qu’elle. Le silence se fait autour des deux jeunes gens. On n’entend que la clameur lointaine des coureurs qui commencent à se rassembler. Puis la jeune fille se décide à rompre la tranquillité des environs.

- Comment c’est, à l’intérieur ? demande-t-elle sans détourner les yeux du colosse endormi. Je veux dire, au-delà des premiers mètres. Il y a des murs, de la verdure, des Griffeurs. Et après ? J’imagine toujours le cœur du labyrinthe comme un grand désert vide. Tu vois, de l’extérieur, c’est difficile de concevoir que vous puissiez passer autant de temps à chercher sans rien trouver.
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Ethan S. Clark


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Because I don't trust you. [ft. D. Juliet Brown] (Inachevé) Empty
MessageLun 16 Nov - 22:58



Because I don't trust you.

« It's difficult to calm the distrust when she's awake. »


Au Bloc, la diversité n’était pas réellement de mise. Les comportements et agissements de chacun étaient à peu de choses près les mêmes. Sourires las ou factices, isolement volontaire, fausseté dans la joie, tristesse trop apparente… Les personnages qui cohabitaient dans cet endroit étaient tous semblables. Des adolescents amnésiques à qui on avait arraché l’ancienne personnalité. Des humains transformés en figures de désespoir et de malheur. Même les plus optimistes d’entre eux possédaient cette part de noirceur qui les bouffait de l’intérieur.

Depuis de nombreux mois désormais, Ethan se questionnait sur sa personnalité d’antan. Il était prêt à mettre sa main à couper qu’il n’avait pas été ainsi ; si pessimiste, torturé par les cauchemars et l’enfermement. Peut-être même avait-il été joyeux, rieur. Adepte des taquineries en tout genre. C’était plausible. Certains rêves avaient déjà laissé entendre qu’il n’était pas vraiment du genre asocial avant le Bloc. Plutôt déconneur. Ce morceau de sa personnalité avait laissé place à un sarcasme omniprésent, et une ironie protectrice. Il s’enveloppait dans son masque d’insensibilité pour se défendre de ce lieu abominable. Néanmoins, ces derniers-temps, il avait beaucoup de difficultés à chausser ce déguisement qui lui assurait une impression de sécurité. Sa fatigue et sa perte de motivation faisaient ressortir les marques de son visage, trahissant ses sentiments. Et il détestait ça. D’autant plus que Juliet semblait douée pour déceler la moindre de ses expressions.

Toujours adossé à l’arbre, le jeune homme décida alors de s’intéresser particulièrement au comportement de la rouquine. Le visage recouvert cette fois d’une neutralité inébranlable, il la fixait. Elle se tenait droite, fière, semblant complètement hors d’atteinte. Beaucoup ne l’appréciait pas vraiment au Bloc. Il était vrai qu’elle était stricte, froide, parfois cruelle. Peut-être trop directe aussi. Et chez ces jeunes à fleur de peau, la sensibilité était trop exposée. Pourtant, Ethan ne ressentait aucune antipathie particulière envers cette jeune femme. Certes, elle avait tendance à l’agacer avec son ton moqueur ainsi que sa tendance à manier l’ironie et le sarcasme. Parce qu’elle était comme lui sur ces points-là, et qu’il avait du mal à supporter qu’on use de ses propres armes contre lui.

Néanmoins, malgré cette ressemblance irritante, elle l’intriguait. Car il était évident qu’elle jouait un rôle. Comme tous les êtres en apparence insensibles dans cet endroit, elle devait certainement se cacher sous ce masque de fierté. A en juger par ses marques de faiblesse extrêmement rares, elle devait être plus douée que lui dans ce jeu-là. Mais, le trappeur se posait une question en particulier, le genre d’interrogation qui avait l’habitude de s’insinuer dans sa tête ; qui avait été Juliet avant tout cela ? La Harpie Rousse semblable à celle se trouvant devant lui ? Une fille joyeuse et attachante ? Une dépressive torturée ? Une pile électrique insupportable ? Une grande timide mal dans sa peau ? Tant de variantes s’offraient… Et ils n’auraient peut-être jamais la réponse à ces questions existentielles. Certains préféraient tirer un trait sur le passé et vivre au jour le jour.

Mais pas Ethan. Lui, il voulait renouer avec le garçon qu’il était avant. Il voulait se souvenir des personnes, des lieux qu’il avait fréquentés. Des moments heureux de sa vie, comme ceux durant lesquels il avait souffert. Ce qui avait façonné l’humain qu’il avait été. Qu’il était peut-être encore, qui sait ? Mais, par la faute d’il ne savait quoi, il se retrouvait fait comme un rat dans une cage qui menaçait de le rendre fou. Folie qui s’accentuait toujours plus lorsqu’on lui servait des morceaux de souvenirs sur un plateau, sans qu’il n’en comprenne leur signification. Quelle frustration.

Juliet finit par répondre à sa pseudo-question, ses lèvres s’étirant –une nouvelle fois– en un sourire moqueur ;

« Tu ne peux pas ne rien penser, tocard. Soit tu penses qu’il y a une sortie, soit tu penses qu’il n’y en a pas. Même si tu me disais qu’il y en avait peut-être une, ç’aurait plus de sens. Mais là, vraiment, tu ne sais plus ce que tu racontes. Je n’ai pas placé beaucoup d’espoir en toi, mais je ne peux pas croire que ta cervelle soit vide à ce point. »

Donc en fait, elle était juste venue le dévaloriser, c’est ça ? Sympa. Non pas que cela l’affectait réellement, il s’en fichait après tout qu’elle place de l’espoir en lui ou non. Ce n’était pas son problème, il avait l’habitude de se passer de l’avis des autres.

« Eh bien sache que c’est vrai, je n’en pense rien. Je pourrai te dire que, selon moi, il n’y en a pas, auquel cas on l’aurait déjà trouvée. Mais, puisque l’espoir fait vivre, je pourrai également t’assurer qu’il y en a une. Peut-être que les tocards qui nous ont envoyés là estiment tout simplement que nous ne sommes pas prêts à la découvrir, déclara-t-il en réfléchissant à voix haute. Mais tu sais, j’en ai franchement marre de me torturer les méninges pour rien. Les migraines, c’est pas cool. Du coup, j’essaye d’arrêter de penser. »

Même s’il avait déballé sa tirade –mot très inhabituel pour le brun, inutile de le préciser– d’un air détendu en haussant les épaules, il était très sérieux. Tant de questions se bousculaient dans sa tête, entrainant chaque fois d’horribles maux de crâne. Pour palier à cela, il devait faire un tri dans ses questionnements, supprimer ceux qui étaient là depuis trop longtemps.

Sa question à propos du job de la milicienne sembla provoquer un changement au niveau du comportement de la rousse. Sans pour autant perdre complètement son expression hautaine et figée, elle paraissait légèrement plus détendue, comme si un poids s’était soudainement ôté. Pourtant, son regard se faisait toujours dur, mauvais. Pas rassurant pour un sous.

« La nuit a été étrangement calme, vide de rebelles. C’est bizarre. Un peu trop. Ça ne présage rien de bon. Si j’étais toi, je ferais particulièrement attention à mes fesses aujourd’hui. Je sens que les Griffeurs vont s’en donner à cœur joie. Oh, mais j’oubliais, mes fesses à moi ne risquent rien, puisque je vais aller dormir ! »

Elle ponctua son discours par un tour sur elle-même. Cette fois-ci plus apte à adopter son fidèle masque d’indifférence, Ethan n’esquissa pas un geste, un sourire, ou même un changement dans ses traits. Il se contentait de fixer la jeune femme d’un regard vide, coupé du monde. Comme si ses paroles n’avaient pas de sens particulier pour lui. Il avait certes compris qu’elle ne faisait que se moquer et le provoquer, mais rien ne l’atteignait réellement. Il avait juste replongé dans cette étrange léthargie, encore une fois.

Le déplacement de Juliet le sortit momentanément de sa transe inexplicable. Elle s’installa à même le sol, prenant la position qu’il avait encore quelques minutes plus tôt. Après quelques secondes, elle tapota l’herbe à ses côtés, dans le but d’inviter le brun à s’y asseoir. Pendant une fraction de seconde, Ethan songea à rester camper sur ses pieds, obligeant la rouquine à rester assise à ses pieds ou bien à se lever afin de rétablir l’égalité. Mais, ne souhaitant finalement pas se fatiguer à ce petit jeu ridicule, il s’exécuta, prenant place à ses côtés. Et le silence se fit. Au bout d’un moment, il fut tout-de-même coupé par la voix féminine ;

« Comment c’est, à l’intérieur ? Je veux dire, au-delà des premiers mètres. Il y a des murs, de la verdure, des Griffeurs. Et après ? J’imagine toujours le cœur du labyrinthe comme un grand désert vide. Tu vois, de l’extérieur, c’est difficile de concevoir que vous puissiez passer autant de temps à chercher sans rien trouver. »

En temps normal, le garçon aurait certainement levé les yeux au ciel et gardé le silence. Juste pour éviter de se fatiguer à répondre à cette question qui ne trouverait certainement jamais de réponse satisfaisante. Et, plus personnellement, parce qu’il n’aimait pas papoter à propos du monstrueux dédale. Ce qui l’empêcha d’être fidèle avec lui-même ce jour-là fut certainement la présence de Juliet. Parce qu’il devinait qu’elle ne devait pas entretenir une conversation de ce genre tous les jours, tout comme lui. Il la connaissait assez pour dire qu’elle n’était pas du genre à parler pour rien. Il était donc quasiment sûr qu’elle se questionnait vraiment, et ne l’avait pas interrogé pour briser le silence, mais par réelle volonté de comprendre.

« A vrai dire, le Labyrinthe est partout pareil, répondit-il avec un faible soupir. Un dédale de couloirs interminable. Sans issue. Il est divisé en zones, ce qui signifie que chaque compartiment a sa particularité. »

Le trappeur fit une pause, profitant de ce répit pour appuyer son dos au tronc de l’arbre et ainsi être plus confortablement installé.

« C’est principalement ce qui nous aide à nous repérer… Mais le centre n’a rien de bien palpitant. Des couloirs, du lierre, encore des couloirs… »

Peut-être n’était-ce pas une réponse satisfaisante. Peut-être s’en contenterait-elle. Il n’en avait aucune idée. Et il ne comptait pas s’éterniser là-dessus. Sa tactique consistant au changement de sujet allait l’aider, comme toujours.

« Ca doit être cool de bosser dans la milice. T’as le droit à toutes les sorties nocturnes en forêt du coup… Tu ne voudrais pas m’emmener avec toi un de ces quatre ? »

Pour dire vrai, il ne plaisantait qu’à moitié. En fait, sa demande était tout-à-fait sérieuse. La forêt était sa bouteille d’oxygène. La bouée de sauvetage à laquelle il s’accrochait chaque jour. Il n’y avait que là-bas qu’il respirait à peu près convenablement. Et la nuit, après ses cauchemars, il lui arrivait de quitter les dortoirs pour une petite escapade nocturne. Il n’avait encore jamais croisé la route d’un milicien, mais il y avait toujours cette peur de se faire choper et envoyer au gnouf qui l’entravait. S’il parvenait à convaincre Juliet –chose plus facile à dire qu’à faire– de l’accompagner dans ses rondes, sa conscience serait certainement plus tranquille…




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