Un soir, une rencontre, un parking, notre début Kathleen Brian et Alexander Dickens
Un an auparavant …
Marcher. Sans jamais s’arrêter. Encore et encore. La chaleur m’étouffait à travers mon pull mais c’était contradictoire à mon passé que de le retirer. Je tirais donc sur les manches et continuais d’avancer. Ne sachant où aller, n’ayant absolument aucun but précis. J’étais seul et n’avais décidément besoin de personne pour continuer mon chemin. Cela fonctionnait pour le moment, et plutôt bien. J’étais en vie mais surtout entier. Le soleil tapait au dessus de moi, chauffant chaque centimètre carré de ma peau. Rien ne m’arrêterait. Enfin, rien, était un bien grand mot et je m’en rendrai compte bien trop vite. Dans quelques instants sûrement. Je remis correctement mon sac sur mes épaules puis lâcha un long soupir rauque. Je toussais légèrement avant de me reprendre rapidement. Comment pouvait-on être malade par ce temps ? Incroyable. Même en Australie les chaleurs n’étaient pas aussi impressionnantes. Je regardais autour de moi avant de descendre dans un parking, espérant ne serais ce qu’un minimum d’air frais. Un courant d’air, vraiment n’importe quoi ! Je savais qu’y pénétrer n’était pas très intelligent. Le lieu grouillait d’infecté qui trafiquait ici et là entre les vielles voitures, les vieux poteaux, dans ce vieux parking quoi !
Ainsi, lorsque je toussais pour la deuxième fois, je sentis des yeux se lever vers moi. Repérer. Ma fois, quand on était au fond, on l’était jusqu’au bout. Je cherchais dans ma tête ce que je pouvais bien trouver pour me défendre. Dans mon sac ? Ah oui, c’est vrai, absolument rien. Nada de chez nada ! Bon, option suivante, combat à mains nus ? Ce n’est pas que je n’avais pas trop envie de les toucher mais…bon ok, ils répugnent tout de même beaucoup, puis combien était-il ? Beaucoup ? Je n’en savais rien. Il faisait sombre. Puis, attraper la maladie ? Oula, hors de question ! Je serrais les dents, la braise ne touchera pas à un centième de mon corps. Je suis assez radin là-dessus. J’optais pour la dernière : fuir. C’était pas mal. Je me retournais ainsi, choisissant pour une fois de me défiler plutôt que d’aller au devant de la scène et fit un pas avant de voir mon sourire s’effacer. Bon,…j’étais encerclé. M’enfuir ne serais pas possible pour le moment.
Date d'inscription : 07/07/2016 Age : 25 Messages : 99 Points : 15 Localisation : Toujours au bloc, généralement enfermée dans ce laboratoire à tenter de comprendre le labyrinthe Emploi : Chercheuse à mi-temps, pile électrique à plein-temps
Je ne savais pas où j'allais. A vrai dire, j'ignorais même si j'allais à autre chose que la mort. Je n'avais pas d'endroits où aller, personne pour m'accompagner et pour seule motivation, l'espoir de trouver un lieu où je pourrais couler des jours heureux. Sans Braise. Sans infectés. Avec des chamallows. Beaucoup de chamallows. Et d'autres gens. Non parce que la solitude, ça va deux secondes, mais je sais pas si vous savez à quel point c'est vite pesant. Et bien sûr si je pouvais trouver cet endroit avant de mourir rongée par la folie, ce serait cool vous me mettrez un thé avec du sucre avec ça (j’évite la caféine, ça fait pas super bon ménage avec l'hyperactivité). Je laissais ma main tapoter contre le volant, m'efforçant de me calmer. Ça faisait six heures que je roulais.Un véritable record pour moi et mon corps me le faisait bien comprendre. Je commençais à sentir comme des milliers de fourmis grouillantes sous ma peau. J'avais besoin de bouger, de me dégourdir les jambes. Au fil des années entre Braise, les infectés, la société et l'économie qui s'écroulaient, j'avais apprit à faire sans mon médicament contre l'hyperactivité. Et heureusement que ne nous n'étions qu'au début de ce qui allait devenir un cataclysme mondial. Je sais pas si j'aurais aussi bien gérer la désintox seule et a une époque comme celle-ci. Surtout quand on sait que j'étais plutôt du genre à prendre plus que la dose prescrite que l'inverse. Je tentais d'inspirer calmement, voulant à tout prix éviter un éparpillement de pensées inutile. Ce serait contre-productif. Je jetais un coup d’œil à la batte sur les sièges arrières. Je détestais m'en servir. Déjà, j'aime pas la violence, ensuite, je sais presque pas m'en servir. Mais c'était ma chère Sixteen qui avait insisté. Comme pour ce 4x4... Ce truc est vraiment une épave. Vitres brisées, des impacts plein la carrosserie, la peinture de cette dernière n'est plus qu'un vieux souvenir, les ceintures attentent plus à la vie des passagers qu'elles ne les protègent et le moteur commence à faire un bruit alarmant, mais elle roule encore. Attends quoi ?! Comment ça le moteur va rendre l'âme ?! Oui, c'est peut-être un raccourci très simpliste mais je suis dans la merde jusqu'au cou là alors tant pis pour la logique ! J'ai aucune notion en mécanique et si cette voiture me lâche, je suis seule dans un monde apocalyptique, quasiment incapable de me défendre et a pied. Autant dire, déjà morte.
Je me décidais à descendre dans un parking. Ça peut sembler suicidaire. Ça l'est sans doute. Mais j'ai trop peur là-haut. Fallait faire ça vite et bien. Je descends de la voiture, j'ouvre le capot, je vérifies juste si le moteur est pas en train de prendre feu ou un truc du genre et je repars. Simple, rapide, efficace. J’espère vraiment que ça va se passer comme ça. Mais vu ce que j'aperçois en entrant dans le parking, ça va être un peu plus compliqué que ça je pense. Tandis que je ressers mes mains sur le volant, j’analyse la situation au plus vite. Sept infectés en cercle, au centre un jeune homme. Je ne repères pas chez lui les signes de Braise ou alors il les cachent bien. Ok, j'ai vu Sixteen le faire des centaines de fois, c'est pas dur. C'est totalement impossible que je sorte de là vivante oui ! Pourtant mon pied est déjà sur la pédale d’accélérateur. Je vais mourir, je vais mourir, je vais mourir... Je fermes les yeux dans un réflexe stupides et fonce dans le tas. Je m'arrêtes et... Chance je suis pas loin du gars. Je le fixe et dit dans un état proche de celui de la mort cérébrale à cause de l'adrénaline :
Un soir, une rencontre, un parking, notre début Kathleen Brian et Alexander Dickens
Ok ok, ne pas paniquer. Surtout ne pas le faire. Puis je me rappelais que non, je n’avais pas peur. Il ne fallait pas et cela n’arriverait pas. Un sourire en coin se forma sur mon visage tandis qu’une lueur de défi apparut à l’intérieur de mes yeux. Se battre. Spécialité made in Alexander. Je fis craquer mon dos sans spécialement bouger. De toute façon, je ne pouvais pas. Je comptais, un, deux, trois, …, six, sept. Sept infectés qui m’encerclaient désormais. J’étais fichu, qu’est ce que je foutais encore ici au lieu de détaler comme un lapin ? Ils étaient rapide et …Je pris mon sac et le balança dans la tête de celui qui arrivait derrière moi. Idée mitigée. Son regard me le fit comprendre. Ils avançaient tous en même temps, ne me laissant aucune chance de m’enfuir à toutes jambes. Belles jambes pourtant. Avec quelques cicatrices aussi. Je lâchais un soupir tout en m’armant de mon sac, à nouveau, lorsque l’entre d’eux me balançait qu’il voulait juste récupérer quelques unes de mes dents. Hum…effectivement, il ne lui en restait plus beaucoup. C’était…dégoutant, pas au point de vomir mais presque. Allons Alexander, un peu de retenue. J’allais redonner un coup de sac mais ne le fit qu’après que tous s’étaient retourné en entendant un bruit. Je ne le remarquais qu’après, un bruit de moteur. Ici ? Ah non, je n’allais tout de même pas devoir me coltiner un fou du volant en plus de cela ? J’avais trop de choses afin d’en arriver là pour mourir ici et maintenant. Hors de question. Pourtant, la voiture accéléra et écrasa les premiers malades qui succombèrent, au sol. Celle-ci s’arrêta près de moi. Une longue chevelure rousse ressortait contre la vielle carcasse de la bagnole. Comment tenait-elle encore en vie d’ailleurs ? Les vitres étaient brisées et l’on voyait des dizaines d’impacts recouvrir la carrosserie qui n’avait même plus de peinture tellement elle était abimée. Quant à ce bruit, puissant mais très étrange. Anormal même. Elle ne tarderait pas à mourir pour de bon. Je reportais mon attention sur la conductrice. Elle n’avait pas l’air malade. Pas le moins du monde. Elle me regardait, sans que je sache où elle voulait en venir. Jusqu’à ce que j’entende sa voix. Monter ? Bonne ou mauvaise idée ? J’avais eu ma dose pour aujourd’hui. Pourtant, mon choix se fit rapidement. Premièrement, elle n’avait pas l’air malade. Deuxièmement, elle venait d’écraser la moitié de mes assaillants. Troisièmement, elle était en voiture et dernièrement, j’avais plus de chance avec elle qu’avec les autres. Je balançais ainsi mon sac en tout sens afin de pouvoir la rejoindre rapidement. C’était ma seule arme et elle était suffisante pour m’éloigner d’eux et de la maladie le plus possible. La portière s’ouvrit sans difficulté et je me jetais presque sur le siège avant de m’empresser de refermer. Les trois malades se jetèrent sur la voiture, la secouant de toute part, essayant eux aussi d’y rentrer. Je me tournais vers la rousse.
- Deux options : soit tu les finis une bonne fois pour toute et tu t’arrêtes ensuite pour regarder ce moteur qui va bientôt rendre l’âme en vue du bruit, ce qui serait pas mal si tu devais le remplacer vu que tu as d’autres voitures dans ce parking qui en aurait, par miracle, un en état de fonctionner. Soit, tu recommences à rouler en marche arrière pour sortir en priant avec moi pour qu’ils partent, et ce rapidement avant de casser la vitre avant.
Je repris enfin ma respiration après avoir terminé mes phrases. Le choix s’offrait à elle. La rousse connaissait mon point de vue. Les coups sur la vitre se firent de plus en plus forts, elle allait céder si elle ne se dépêchait pas. Je lui fis un regard afin qu’elle comprenne qu’on était pressés. Je serrais les dents et jeta un regard noir aux infectés bien que cela ne changeait rien pour eux, et qu’ils s’en fichaient ouvertement. Pourquoi étions nous dans cette galère ?
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Je soupirais de soulagement lorsqu'il montait enfin dans la voiture. Avant de frôler la crise cardiaque un quart de seconde plus tard lorsque les trois infectés encore en vie (ou encore en état d'en vouloir à notre derrière... Ou a toutes autres parties de nos corps) se jetèrent sur la voiture J'écoutais le brun à mes côtés, redémarrant déjà. Première étape, se débarrasser de ces monstres. Ensuite, je verrais pour changer le moteur (en espérant que je pètes pas toute la voiture au passage... Et qu'on retombe pas sur une autre bande d'infectés). Peut-être que le jeune homme à mes côtés aurait préféré se retrouver à l'air libre au plus vite mais je ne pouvais pas continuer sans voiture. Plus longtemps j'aurais une voiture en état de marche, plus longtemps j'aurais des chances de survie à niveau haut. Plus haut en tout cas que si j'étais à pied. J'écrasais enfin la pédale d'accélérateur. Quand je pense que j'ai jamais eu mon permis... Je suis un putain de danger public dès qu'il s'agit de ne plus rouler en ligne droite. Mais j'ai fini par apprendre un minimum, notamment à tuer des infectés avec une voiture (même si j'ai rarement eu à le faire... Avant c'était Sixteen qui s'en occupait). Je me rapprochais donc d'un mur, un infecté accroché à ma portière, tentant de passer par cette foutue fenêtre brisée. Faites moi penser à y mettre du scotch ou autre un de ces jours ! En admettant que je trouve du scotch. Sans hésiter, je raflais le mur avec la voiture, y ajoutant rayures et abimant un peu plus la voiture. Néanmoins cela porta ses fruits puisque l'infecté finit par lâcher prise. Alors, sans hésiter, je roulais dessus sans réfléchir. Quoi ?! Dans ce genre de situation vaut mieux être sûr. Je savais que j'allais culpabiliser à mort plus tard, mais pour l'instant, mon cerveau était saturé par l'adrénaline et l'instinct de survie avait prit le relais.
Je n'eus même pas le temps de savoir, ni même de comprendre réellement ce que je faisais que je me débarrassais de celui qui s'accrochait à la portière de mon passager inattendu de la même façon. Cependant, je me retrouvais bien vite face à un problème quelque peu paniquant. On se débarrasse comment de celui qui s'accroche au pare-brise comme une moule à son rocher ?! C'est un miracle que la plaque de verre soit encore en place quand on voit comment on a bousillé tout le reste mais ça reste une protection en plus, ce qui n'est pas du luxe. Et si possible j'aimerais bien la garder encore un peu ! C'est dans ce genre de situation mortelle qu'on voit que ça peut-être éventuellement utile en te séparant d'une mort certaine, ce qui est plutôt cool vous admettrez. Du coup si je peux garder la barrière entre moi et la mort certaine (ou du moins l'infection certaine qui mènera à la folie inévitable puis à la mort vraisemblablement... Ou alors ça sera la mort tout de suite parce qu'il nous bouffera, ou nous arrachera les membres ou autre. Ça m'étonnerait pas vu la tronche des infectés et leurs comportements. Donc oui, on peut raccourcir par plus de pare-brise = mort). Je fixais mon invité surprise (oui le mec à côté de moi, pas celui qui s'est invité sur ma vitre avant) et demandais d'une voix paniquée :
"-Et lui, on s'en débarrasse comment ? Non parce que je vais avoir du mal à l'écraser contre un mur si tu vois ce que je veux dire !"
Je continuais à rouler, enchaînant les virages, espérant qu'il finirait par se détacher. Tant pis pour la nausée que commence à avoir, c'est la survie là ! Burp...
Un soir, une rencontre, un parking, notre début Kathleen Brian et Alexander Dickens
Mais bon sang comment allions nous nous en sortir ? Aucune …ah si l’idée que j’avais supposé et annoncé à haute voix ! Les ratatiner ou partir. Elle préféra la deuxième option. Tant mieux car moi aussi c’était ma préférée. Elle ne tarda d’ailleurs pas à l’exécuter. En effet, dans un mouvement de voiture assez étrange, elle tapa le premier infecté qui était solidement accroché à sa portière et l’écrasa contre le mur. Un grognement rauque se fit entendre et elle le ré écrasa une deuxième fois lorsque le malade s’effondra contre le sol. Au moins, nous étions sûrs et certains du résultat. Je soupirais de soulagement avant de sursauter lorsqu’un deuxième sortit de nulle part et s’agrippa à ma portière, je laissais aller un léger saut de surprise. Je ne l’avais pas vu venir celui-ci ! Qu’est ce qu’il voulait encore ? J’écoutais ses grognements presque inhumains et en déduit qu’il voulait encore et toujours mes dents. Ok, mon sourire était à tomber mais...pas mes dents, elles me servaient encore. Je lui adressais donc un sourire du coin des lèvres (légèrement pour me moquer) vu que je voyais le mur se rapprocher de son dos et …BAM ! Le choc. Encore un bruit absolument étrange qui me fit froncer les sourcils et il termina comme son cher camarade. Au moins, il ne serait pas tout seul ! Je regardais de nouveau le pare brise où le dernier individu s’accrochait comme un dingue. On pouvait croire que c’était la femme de sa vie. Ou l’homme, vu que c’est UN pare brise. Peu importe ! Il restait là à donner des coups en nous dévisageant. Je n’avais pas envie d’être son prochain festin. En parlant de festin, j’avais faim et un léger bruit s’échappa de mon ventre. Je grognais légèrement en rougissant à peine puis aperçu que la rousse me regardait. Que voulait-elle ? Se débarrasser de notre nouvel ami. Pas de soucis. Mes neurones fonctionnaient vitesse grand V. Je leurs fis passer la cinquième et m’activa encore plus. Une idée. Vite. Vite. Vite.
L’ampoule s’alluma au dessus de ma tête et je fis passer mes jambes au dessus de la jeune fille. Elles étaient grandes et atteignaient les pédales même de cette façon. Je pris aussi le volant en posant mes mains sur les siennes et lui indiqua de me laisser totalement faire et que je m’excusais premièrement pour la voiture, deuxièmement pour ces gestes et troisièmement pour l’idée stupide. Puis, je la mis à exécution.
Je regardais derrière moi et reculais la voiture au maximum grâce..à la marche arrière ! Il était encore là. Mon sourire s’élargit et j’accélérais à fond espérant que rien ne barrait la route. Aller tout droit. Vite. Très vite. Freiner. Un grand coup ! La voiture pila et s’arrêta dans un bruit atroce tandis que le malade fut projeté bien plus loin. Je ne tardais pas à réagir et lui roula dessus comme elle l’avait fait auparavant. Sauf que contrairement à elle, je savais qu’aucun remord ne m’attendrait. Je m’en fichais. Qu’il crève et c’était mieux pour le bien de l’humanité. Qu’il ne me rende pas malade et c’était tout. Je fis une autre fois marche arrière. Il faut vraiment être sûr, vous comprenez ! Puis, je lui rendis les pédales et le volant comme si de rien n’était.
- Je pense que nous ne sommes plus que deux.
Je me rassis dans le fond du siège et examinais les dégâts sur les vitres et sur la voiture toute entière en fait. Elle était…mal en point. Encore pire que mon cerveau en totale ébullition ! J’avais chaud ! Ce sport ma fois fort divertissant devenait habituel mais était totalement épuisant ! Ce n’est tout de même pas tous les jours que l’on tuait un groupe de fondu avec un 4x4 ! Il fallait profiter. Oula, ça faisait limite psychopathe là ! Je ne l’étais pas. Je voulais juste être en vie. Et je l’étais.
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Je fus étonnée lorsqu'il prit le contrôle du volant et des pédales. Mais bon, si il avait une idée pour nous sortir de là, j'étais plus que preneuse moi ! Je le laissais donc faire. Néanmoins, je grimaçais lorsque j'entendis le crissement du frein lorsqu'il roula à plusieurs reprises sur le malade. Bon sang, cette voiture ne va pas survivre à tout ce bordel très longtemps. Heureusement, cela semblait être le dernier, ce que le brun à mes côtés me confirma en se retirant et en déclarant qu'il ne devait plus rester que nous deux. Bon. Ben avant de repartir, j'ai un truc à vérifier quand même moi. Je déclarais en ouvrant ma portière : "-Bon, alors histoire de vérifier qu'on explose pas en pleine route, je vais quand même aller jeter un œil au moteur."
Assez peu probable je vous l’accorde. Mais bon. C'est histoire de dire. J'espère qu'elle va tenir au moins jusqu'à ce que je m'arrête. Là, je pourrais peut-être faire quelque chose. Mais pour l'instant, je veux juste pas rester trop longtemps ici. Je regardais la voiture en grimaçant légèrement hallucinée. A vrai dire, je me doutais pas qu'on pouvait faire encore pire que son état avant que je rentre dans le parking. Mais... Si. Les deux rencontres avec les murs avaient ajoutés des rayures à la voiture et des traces de sang ornaient désormais les portières. Ça mets tout de suite à l'aise ! Je soupirais. A notre époque, trouver une voiture en état de marche est compliqué. Très compliqué. Parce que, même si ce n'est pas une garantie de survie, ça aide pas mal quand même. Et j'ai vraiment mais vraiment, pas envie d'en chercher une autre. Parce que je pourrais bien chercher pendant des mois, je suis même pas sûre de trouver. Avec un soupir, je me hâtais d'ouvrir le capot. Je plissais le nez devant la forte odeur de brûlé qui s'échappa des entrailles de la voiture. Bon, qu'est ce que tu me fais là cocotte ! Ça fait quasiment un an et demi que tu tiens, tu vas pas me lâcher maintenant quand même. Je voulus écarter un fil pour mieux apercevoir le reste, mais je me brûlais le bout des doigts en effleurant le moteur. Bon ok, ça va, j'ai compris. Je touche avec les yeux. Pas la peine de me brûler au second degré pour me le dire (j’exagère à peine). Je regardais attentivement la mécanique du véhicule à laquelle je n'avais jamais rien compris. Il n'y avait rien de visible qui semblait plus grave que d'habitude. Si c'est le moteur qui surchauffe, j'ai aucune putain d'idée de ce qu'il faut faire moi ! Je m'apercevais qu'un des liquide était à un niveau plus bas que d'habitude, cependant je ne savais pas si cette information pouvait m'aider. Un bruit sourd qui venait d'au-dessus me força à prendre une décision rapide : je verrais ça plus tard, j'ai pas envie qu'un infecté et sa clique revienne dés maintenant. Je refermais le capot le plus silencieusement possible et remontait côté conducteur bien vite. Les fourmis s'étaient quelques peu apaisés, mais je savais qu'il ne faudrait pas longtemps avant qu'elles ne reviennent. Je déclarais en démarrant : "-On s'en va, c'est trop risqué. Je te déposes quelque part ?"
Je ressortais rapidement à l'air libre et nous éloignais de ce parking de malheur. Intérieurement, j’espérais vraiment qu'il n'allait pas me demander de le déposer. Comprenez-moi ! Je n'aime pas la solitude et ça fait bien un mois que je suis toute seule. J'en ai marre, j'aimerais vraiment avoir un compagnon de route, cependant, je ne comptais pas l'obliger à rester, si il a à faire ailleurs, tant pis. Mais bon, moi je suis pas contre rester avec lui encore un peu.
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Nous étions tranquilles. Du moins, pour le moment. J’étais certain qu’une autre charmante personne ne tarderait pas à pointer le bout de son nez (s’il en avait encore un) ou bien même tout simplement leurs corps en entier. Ce n’était pas que leurs présences me dérangeaient mais tout de même un peu beaucoup. Rien que l’odeur était horripilante et puis je préférais largement me regarder dans un miroir. Même si je ne l’avais plus déjà fait depuis longtemps. Je laissais la rouquine à côté de moi se lever afin d’observer l’état du moteur qui ne tarderait d’ailleurs pas à lâcher. Je la vis grimacer et je me mis à supposer que cela devait être pour la voiture. Je comprenais sans l’avoir vu de mes propres yeux. Qu’est ce qu’il pouvait bien y avoir ? Des traces de sang, peut être quelques morceaux de peau, des griffures et tout le tralala. Appétissant quand on y pense. Je levais les yeux au ciel et me redressais correctement sur mon siège pour la voir faire. C’était sa voiture alors à elle de s’en occuper. Je n’étais pas égoïste. Ni faignant. Juste soucieux qu’elle sache faire pour la suite. Bon d’accord, ça je n’en avais rien à faire. Mais si elle pouvait se débrouiller toute seule et bien tant mieux pour elle et comme ça je n’avais pas besoin de bouger pour le moment. Voilà, comme ça, tout le monde est content. Je crois. La jeune femme ouvrit le capot et regarda à l’intérieur. Fin ça, je le suppose parce que du coup je ne voyais plus rien à travers la vitre avant, que ce soit ses réactions, ce qu’il y a autour ou bien même ce qu’il a comme problème. Donc pour le moment, pour moi, il n’y en avait pas. A part la légère odeur de brûlée mais on pouvait bien faire abstraction dessus non ? Je n’en savais rien. Je n’avais jamais été penché mécanique même par les temps qui couraient. Au grand damne de mon père d’ailleurs qui m’expliquait des tas de choses encore et encore. Sauf que je ne comprenais jamais rien. Il n’avait qu’à mieux formuler ces propos. C’était de sa faute à lui. Lui seul. Après des minutes qui me parurent une éternité et quelques bruits de fond, la miss et sa chevelure de feu refirent surface et revinrent à mes côtés. Elle démarra et reprit la parole brisant une énième fois le silence qui avait déjà terminé de faire son apparition. Me déposer quelque part ? Oula, je n’avais aucun lieu précis dans ma petite tête. Il faut dire que j’étais juste descendu bêtement dans ce sous-sol sans trop savoir pourquoi. Ou alors je ne m’en rappelais déjà plus. Peu importe. Je ne savais pas où aller. J’haussais les épaules tout en remuant chaque neurone de mon cerveau posant le pour et le contre de chaque endroit. Evidemment, lorsqu’on est seul, il y a toujours beaucoup plus de contre que de pour. Stupide apocalypse. Stupides fondus. Stupide tout ce que je pouvais trouver. Tout était stupide. Je soupirais doucement. Je ne savais pas. Il me fallait une brillante idée et ce dans l’instant qui vienne. Je la regardais remonter à la surface toujours en attente d’une réponse. J’allais répliquer que mon geste en était une avant de me rappeler que lorsque tu conduis, tu ne regardes pas la personne tes côtés. Même si c’est moi. Qu’est ce qu’il me prenait ce soir ? Aucune idée. Je formulais enfin mes mots à haute et intelligible voix tout en lui proposant de descendre dès qu’elle pourrait me laisser sans qu’elle ne m’envoie à la guillotine. Ce n’était pas parce que j’étais tout seul que je ne tenais pas à ma vie. Au contraire. C’est ce que j’ai de plus précieux. Alors, j’y tiens.
Date d'inscription : 07/07/2016 Age : 25 Messages : 99 Points : 15 Localisation : Toujours au bloc, généralement enfermée dans ce laboratoire à tenter de comprendre le labyrinthe Emploi : Chercheuse à mi-temps, pile électrique à plein-temps
Je ne pus empêcher un léger rire désabusé de passer mes lèvres. Un lieu où il serait en sécurité ? Ici ? Dans ce monde je n'en connaissais pas. Je doutais même qu'il existe un seul endroit où la "sécurité" était encore de mise de nos jours. A part dans la mort, sinon je ne voyais pas. La mort... Oh par Odin. Qu'est ce que j'avais fait ? J'avais tué six hommes. Des infectés, des humains condamnés à la folie et la haine... Mais des êtres humains tout de même. Et moi, je leur avait ôté toutes chances de survie, si le remède finissait par exister un jour, jamais ils ne pourraient en bénéficier. Par ma faute. Je sentis la bile me remontait dans la gorge à cette pensée ainsi qu'une rancœur et une haine contre moi-même. Je suis un monstre... Un de ces hommes auraient parfaitement pu être Sixteen... J'ai tué six hommes et dû réduire les espoirs de plusieurs personnes à néant... L'espoir de voir leurs proches guérir un jour... "Si ces personnes n'ont pas été tués par Braise ou par des monstres tels que toi.", me susurra ma conscience, venimeuse. Pour la peine, j'aurais pas dû me retrouver dans la voiture mais devant. C'est tout ce que je mérite pour ce que je viens de faire. Je revois leurs airs de fous furieux lorsqu'ils tentaient de nous attraper le brun à mes côtés et moi. Par Odin, mais qu'est ce que j'ai fais... J'ai agis sans réfléchir, par instinct de survie. Et maintenant, je me dis que cet instinct de survie c'est de la grosse merde, même si ça m'a sûrement sauvé la vie aujourd'hui, ça a déclenché la mort d'autres personnes. J'aurais dût me poser trois secondes, analyser la situation rapidement, réfléchir comme je sais si bien le faire d'habitude. Mais non. Moi qui suis une pacifiste, j'ai usé de la violence sans hésiter, sans réfléchir et maintenant, les remords m’empoissonnent le cerveau. Mais je le mérite, je trouve même que c'est une bien maigre punition par rapport à mes crimes. On sera encore dans un monde normal, je serais déjà en prison pour purger une peine bien longue suite à mes actes. Mais dans un monde "normal" il ne me serait jamais venu à l'idée de faire ça, je n'aurais eu aucune raison de le faire... Seulement aujourd'hui la normalité, c'est ça. La terreur, la mort qui rôde dans tout les coins, la folie... Ce n'est pas pour autant que ça me donne le droit de vie et de mort sur quelqu'un parce que je suis encore saine d'esprit, bien au contraire. Au lieu de rajouter encore une couche de violence par dessus celle qui existe déjà je devrais plutôt tenter de l'endiguer... Putain, c'est pas moi ça ! Je donnais un coup rageur dans le volant en me mordant la lèvre. Je ne pouvais pas croire à ce que je venais de faire... Je finis par répondre à sa parole précédente, ne voulant pas lui faire part de ce que je ressentais : "-Si tu connais un endroit sécurisé, je t'écoutes parce que là, je vois pas où je pourrais te déposer sans que tu sois en danger. Au fait, je m'appelle Kathleen."
Futile conversation pour tenter de m'empêcher de penser. Pitoyable tentative pour essayer d'oublier la culpabilité. Je suis pathétique. Celle que j'étais aurait honte de celle que je suis devenu. Et elle aurait bien raison.
Un soir, une rencontre, un parking, notre début Kathleen Brian et Alexander Dickens
Ok, je savais que ma requête était exagérée. Mais que pouvais-je bien dire de plus ? Je n’en avais strictement aucune idée. Et puis de toute manière, je n’avais pas que de bonnes idées en ce moment ! Effectivement, je ne sais toujours pas pourquoi je m’étais retrouvé dans ce parking. Pourquoi, j’étais désormais avec une jeune fille, dans un 4x4 ? Bonne question ! Mais qu’est ce que je fous là bordel ? Je me retiens de soupirer, toussant encore un peu. J’avais oublié que j’étais bêtement tombé malade. Cela passerait. C’était la chaleur qui faisait cela. La chaleur. De toute façon, cela n’avait rien à voir avec les symptômes de la Braise, j’étais tranquille. Et je compte bien le rester un moment encore.
Je détaillais d’un simple regard celle qui m’avait autorisé son espace. Kathleen donc. Plutôt joli le prénom. C’était rare pourtant que je fasse des compliments. Enfin, plutôt que je ne les pense parce qu’il était hors de question que je ne fasse la moindre remarque à haute voix. Qu’est ce que ça changeait de toute façon que je connaisse son prénom ? Elle voulait quoi encore ? Que je fasse la discussion ? Qu’on devienne amis ? Il ne manquerait plus que ça ! Je soupirais une énième fois, plus que par habitude que par ennui. Puis, je répondis, je lui devais bien ça après tout, je pense que sans elle, je ne serais plus en vie à cet instant précis. Je serais étendu, dans un coin, sans qu’aucun son ne sorte plus jamais d’entre mes lèvres.
- Alexander. Ne raccourcis pas mon prénom, c’est pas parce que tu m’as sauvé la vie qu’on est devenus subitement intimes.
Qu’on ne me juge pas, on ne m’avait jamais appris à être poli ou bien à tenir la discussion. De toute façon, elle ne m’avait rien demandé de plus alors elle se contenterait bien de cela. Si elle voulait plus, je suis désolé d’avance, mais je ne pense pas qu’elle l’obtiendra un jour. D’ailleurs, il faudrait bien que je descende de ce véhicule au bout d’un moment.
- Attends encore un peu qu’on soit éloignés de ce maudit parking et tu pourras me déposer sur le bas-côté. Je commence à connaitre le chemin de toute manière, à force d’y passer mon temps.
Qu’est-ce qu’il me prenait de venir raconter ma vie là comme ça ? N’importe quoi ! Bientôt, j’irais jusqu’à devenir amis avec des fondus en stade terminal, puis je me laisserais aller au gré du vent. Hors de question. Je n’avais pas passé ma vie à me lamenter et à faire n’importe quoi pour renoncer quelques années après ! Je ne pouvais pas ! Je ne pouvais pas ! Je ne pouvais pas ! Je ne pouvais pas !
STOP.
Je pensais trop. Mes pensées s’entremêlaient. C’était un joli flou artistique qui se déroulait à cet instant précis à l’intérieur de ma tête. Je devais en sortir, et vite. Je pinçais mes lèvres entre elles, mordant jusqu’au sang ma lèvre inférieure, que je m’empressais de lécher pour le retirer de manière la plus correcte possible pour moi. Bon, ne pas faire de crise de panique. Je n’étais pas faible. Je ne le suis pas. Et encore moins devant cette jolie rousse. Je toussais une autre fois avant de reporter mon regard au loin. Combien il y avait-il eu de minutes depuis que j’avais répondu ? J’avais l’impression qu’une éternité s’était passée. Ce n’était pas le cas. Et je le savais très bien.
Date d'inscription : 07/07/2016 Age : 25 Messages : 99 Points : 15 Localisation : Toujours au bloc, généralement enfermée dans ce laboratoire à tenter de comprendre le labyrinthe Emploi : Chercheuse à mi-temps, pile électrique à plein-temps
Au moins, sa réponse claire et limite abrupte a le don de me sortir de mes idées noires comme un seau d'eau glacée sort un rêveur de son doux sommeil. Non mais oh il se prend pour qui l'enfariné de service avec sa dégaine de bad boy du siècle dernier ? J'aurais très bien pu le laisser tout seul au milieu des marcheurs qui semblaient vouloir lui faire un gros câlin (et lui voler ses dents au passage. Et lui grignoter un morceau de fesses aussi. Sans doute.). Enfin non, j'aurais pas pu parce que je suis une fille gentille MOI ! Et aussi car je n'ai pas croisé âme qui vive depuis longtemps. Enfin âme qui vive sans grognements ni dégaine de zombie pas frais. Depuis la fuite de Sixteen en fait. Je nous oblige, moi et mon cerveau, à diriger mes pensées autre part, ne voulant pas me mettre à sangloter avec la morve au nez telle une gamine de cinq ans. Encore moins devant un mec que je viens de ramasser dans un parking. Alors, pour reprendre contenance, je l'interroge avec un sarcasme tout sixtinien :
« -C’est un truc de mec de se montrer bien plus sympa avec une fille quand elle vient de sauver son cul pour ensuite se comporter en Ragnard ou c’est spécifique à toi Alexander ? ».
J’appuie son prénom pour l’embêter. Quoi ? Je taquine c’est tout ! Je me concentre à nouveau sur l’inexistante route qui se profile devant nous. Attendez, vous allez voir le paysage est incroyable. Un ciel bleu, sans défauts, pas même un vague nuage qui se promène dans le coin, rien niet nada que pouic. Et autour de nous cet espèce de quartier défraîchi que j’avais pas envie de découvrir, mais pas envie du tout. Les marcheurs semblaient pulluler dans le coin, ce qui n’était pas du tout pour me plaire. J’écrasais un peu plus la pédale d’accélérateur pour nous éloigner au plus vite de cet endroit qui ne m’inspirait absolument pas confiance. Pour une fois, j’avais envie de retrouver ces étendues désertiques que je haïssais il n’y a pas deux jours. Ces immenses plaines composées de beaucoup de sable. Beaucoup trop. Mais au loin, là-bas, on voyait venir le danger de très loin. Et depuis le début de la longue décadence de ce monde, j’avais l’impression d’être devenue claustro. J’avais aussi l’impression d’être victime d’agoraphobie. En fait j’étais juste devenue une angoissée qui craignait pour sa survie à chaque instant. Plus que jamais, j’aimerais avoir mon chocolat chaud avec des guimauves là. Il s’adresse de nouveau à moi et je le regarde hallucinée. Attendez, il est sérieux le coco là ?! Je réponds sans même tenter de retenir mon flot de paroles (il faut bien que mon hyperactivité se manifeste d’une manière ou d’une autre !) :
« -Écoutes moi bien Alexander, Alex, Jean-Eudes, Machin ou peu importe ton nom. Petit un, je ne m’arrête pas avant de m’être éloigné très loin de cette ville de fous-furieux, alors c’est à toi de voir. Soit tu patientes, soit tu te jettes de la voiture en marche, mais je te déposes nul part pour l’instant. Petit deux, mais t’es pas un peu malade toi ?! T’as été fini avec l’eau des pâtes ou c’est quoi le concept ? C’est déjà un miracle que t’ai survécu jusque là tout seul, tu croises une fille avec une voiture, une batte et t’essaies même pas de rester avec ? T’étais en retard le jour de la distribution de matière grise ?! »
Non je ne suis pas méchante, juste sarcastique et réaliste, c’est pas ma faute, ça arrive des fois quand je panique ok ? Mais sérieusement, je serais dans sa situation, je croiserais des gens mais je m’y accrocherais comme une moule à son rocher ! D’ailleurs, même dans la mienne je m’attacherais à eux à la manière d’un poulpe. J’ai jamais apprécié la solitude. Et même s’il est, visiblement, pas très sympathique, sa présence vaut mieux qu’un silence total dans ce petit habitacle.
Un soir, une rencontre, un parking, notre début Kathleen Brian et Alexander Dickens
Je reviens immédiatement à moi lorsqu’elle prit la parole. Elle se prenait pour qui à parler comme ça ? On ne l’avait pas éduqué c’était certain ou alors elle n’avait rien retenu de ce qu’on lui avait appris. Une peste. Voilà tout ce qu’elle était ! Une sacrée peste mais qui m’avait quand même sauvé la vie. Ah bon sang, sa voix m’agaçait déjà. Elle parlait beaucoup trop. Le silence était d’or avec moi et rien que sa respiration m’agaçait au plus haut point. On était perdu au milieu de nulle part dans une voiture tout bonnement fichue et elle n’arrêtait pas de faire du bruit ! Tais-toi au lieu de te prendre pour plus ce que tu n’es déjà ! Forcément, c’est bien plus facile de parler quand on a les moyens de sauver son postérieur ! Qu’est ce que vous vouliez que je fasse avec un pauvre sac à dos quasiment vide ? Elle n’avait pas non plus de quoi se féliciter ! Puis, elle aurait eu du mal aussi à ne pas s’en sortir sans moi ! Elle n’avait qu’à pas aller dans ce satané parking ! Bien fait pour elle, j’avais décidé que je ne lui devais strictement rien.
- Et c’est spécifique de ta part de parler pour ne rien dire ? Non pas que c’est dérangeant bien qu’un peu tout de même, mais sache que c’est quand même beaucoup plus agréable de ne rien entendre ! Tu ne t’attends quand même pas à ce que je te remercie ? Il manquerait plus que ça ! Tu as eu de la chance, c’est tout ! Tu n’es qu’une gamine qui doit sûrement essayer de combler le silence pour ne pas que sa pauvre petite conscience ne lui dise qu’elle vient de faire des actes tout bonnement horribles ! Une catastrophe, n’est-ce pas ? Tu m’agaces !
La voiture continuait tranquillement son périple. Sincèrement, comment pouvait-elle tenir aussi longtemps ? C’est presque techniquement impossible ! J’étais persuadé qu’au moindre prochain coup, elle tomberait en ruine devant nos yeux. Et si elle pouvait le faire un peu plus loin de mon côté, cela m’arrangerait. J’avais beau être complètement stupide parfois, j’avais écouté attentivement les paroles de la jeune fille. Il fallait que je me calme. Réfléchir. Je savais que je faisais une énorme erreur pour ma survie. Mais…je n’appréciais pas la compagnie. Je détestais ça. Je détestais les gens. Je la détestais. Peut-être que j’exagérais ? Oui, très certainement et je le savais très bien au fond de moi. Seulement, je n’étais pas encore assez faible pour lui demander de l’aide. J’avais réussi à être seul, je pouvais sûrement encore le rester.
- T’es en manque de compagnie pour me parler comme ça ou quoi ? Tu crois sincèrement que j’ai envie de rester avec une imbé…avec une fille aussi excentrique pour toi ? T’es trop fatigante ma pauvre fille. Je préférais presque retourner dans ce parking vois-tu !
Bien évidemment que je mentais ! Retourner là-bas ? Et puis quoi encore ? Ok, elle était agaçante mais s’il me fallait supporter ça quelques heures, ou bien même quelques jours pour rester en vie, je le ferais sans hésiter ! Je lui jetais un regard en coin pour voir sa réaction. Si je la trouvais épuisante, qu’est ce que je devais être pour elle ? Bien pire encore ! Elle doit même presque regretter de m’avoir récupéré là-bas. Ainsi, je grognais légèrement sans m’en rendre compte, et me remit comme je le pouvais sur mon siège. Ce n’étais pas forcément confortable d’ailleurs….Satané voiture ! J’étais sûrement fatigué pour râler autant ce jour-là ! Enfin…non, ok je suis comme ça depuis le début de l’apocalypse ! Mais en même temps, je n’avais que ça à faire pour faire passer le temps ! Je n’avais pas d’excuses. Je n’aimais de toute façon pas les excuses. Ce n’était qu’une perte de temps. Et dans un monde tel que le nôtre, nous n’avions plus le temps. C’était devenu une chose bien trop précieuse pour le perdre bêtement.
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Bien sûr que c’est mon truc de beaucoup parler pour ne rien dire ! Et le pauvre chou allait devoir supporter ça pour encore quelques heures. Je gère l’hyperactivité comme je peux et si ça ne lui convient pas, il peut bien sauter de la voiture en marche, je ne compte pas me contenir pour ses beaux yeux ! Ses paroles me rappellent celles des autres enfants à l’époque où il y avait encore des écoles debout et peuplées. Autant dire que je m’en fiche, je me prends ce genre de remarque depuis toujours, ce n’est pas ça qui va me toucher et encore moins venant d’un inconnu. Je m’apprêtais à lui répondre lorsque la voiture cahota un peu plus violemment pendant quelques instants. Je tapotais le volant en signe de soutien. Nous lâche pas maintenant s’il te plaît titine, je veux pas supporter cette imbécile à grosse tête toute seule, tu vas pas me faire ça hein ? Je laissais le silence se dérouler quelques secondes avant de répondre à sa demande absolument stupide. Et sa réplique ne tarda pas à se faire entendre. Non mais ça suffit là ! Il commence à me taper sur les nerfs celui-là ! Oui je vous l’accorde, c’est un comble. Kathleen Brian qui ose se plaindre que quelqu’un l’énerve alors qu’elle même passe son temps à embêter les autres, mais scoop, je m’en fiche ! En fait, je crois qu’on s’agace mutuellement. Et malheureusement pour lui, c’est loin d’être fini. Car malgré tout, je n’ai pas forcément envie de le voir partir, peu importe combien il peut être désagréable, cela fait bien trop longtemps que je n’ai pas eu de compagnie.
Je commence à sentir mes pensées s’éparpiller sérieusement et je m’efforce de les classer une à une, de les retenir comme je peux. Mes doigts se mettent à tapoter contre le volant en un geste nerveux et irrépressible. C’est le désavantage de la voiture : dans un si petit espace, mon hyperactivité doit se contenir par tous les moyens possibles. Et finit souvent par s’exprimer par la parole quand je me met à discuter avec moi-même ou à chanter de vielles chansons, très fort et très mal surtout. Et cette fois-ci ne fit pas exception :
« -Si tu préfères, je peux retourner au parking et te laisser là-bas, je suis sûre que les marcheurs seront tellement contents de te revoir qu’ils viendront te faire un énorme bisou ! Et saches que je préfère encore entendre le son de ma voix plutôt que de tirer une tronche de six pieds de long et bouder dans mon coin comme un certain Monsieur Désagréable que je ne citerais pas ! Non mais sérieusement, ça t’arrive de sourire ? Tu dois avoir les zygomatiques profondément endormis à ce stade. Et pour ta gouverne, toi aussi tu m’agaces ! »
J’aurais bien assorti ma réplique d’un tirage de langue bien senti (oui je suis une enfant) mais sachant qu’il m’a qualifié de gamine et que je haïrais le fait de lui donner raison, je préfère garder ma langue bien au chaud dans ma cavité buccale. Il est hors de question que je le laisse gagner cette joute verbale, je passe pour quoi moi derrière ? Puis au moins c’est distrayant. Désagréable mais distrayant. Il faut dire que je n’ai pas choisi de sauver la personne la plus sympathique du monde. Enfin, la question ne s’est pas posée à ce moment-là et ne se pose toujours pas. Je sais que ce n’est pas forcément la philosophie des autres êtres de mon espèce, mais je pense qu’entre survivants, c’est l’entraide qui doit primer avant tout. Nous sommes si démunis face à l’épidémie qui se répand, comment pourrais-je décider d’ajouter encore un peu plus de violence et d’égoïsme à ce monde ?
Un soir, une rencontre, un parking, notre début Kathleen Brian et Alexander Dickens
Ne pas s'énerver. Surtout, ne pas s'énerver. Ne gâche pas ta chance Alexander. Profite de sa présence et si elle ne sert vraiment à rien, tu t'en débarrasses comme il le faut, tu récupères toutes ses affaires, sa voiture qui fait de plus en plus de bruits étranges puis, tu t'en vas comme si de rien n'était ! De toute façon, ce n'est pas comme si tu tenais à elle : elle est agaçante. Ensuite, elle ne sait probablement pas se battre alors elle ne doit pas servir à grand chose. En plus, tout le monde se fiche bien de savoir qui est devenu un assassin ou bien qui est encore pacifiste. Ces personnes n'existent même plus, c'est tout bonnement devenu impossible ! Tout le monde est obligé de tuer pour survivre. C'est chacun pour soi de toute façon et on est tous à égalité. Nous avons tous le droit de vie, ou le droit de mort sur les personnes que nous croisons. Et enfin, ce n'est pas comme si je n'avais jamais tué personne. Bien au contraire, le sang j'adore ça. Me battre, l'adrénaline, et puis juste...le sang. Oui, ok, je sais, j'ai un sérieux problème depuis toujours avec ça. Mais vous savez quoi ? J'en ai strictement rien à faire. C'est pas comme si c'était une passion ou je ne sais quoi. Je suis juste captivé par la vue du sang et par...Bref! Alexander, tu cesses !
La jeune fille venait de reprendre la parole et je lui jetais un agréable regard noir lui signalant que ses mots (surtout sa voix) me faisaient saigner les oreilles. Peste. Choléra. Qu'elle se taise bon sang ! Qu'elle se calme, j'en sais rien mais que quelqu'un fasse quelque chose avant que je ne la jettes en dehors de son véhicule.
- Et bien je préfère largement que ce soit eux qui me le donnent ! Et bien crois moi que je préfère être accordé avec ce qui m'entoure et être un minimum discret pour pouvoir rester en vie et pas mourir bêtement en parlant tout seul ! Vous êtes combien dans ta tête ? Toute une armée vu ce que tu racontes. Parce que crois moi que quand des fondus se seront attaqués à ton si joli visage, là, tes zygomatiques fonctionneront beaucoup moins bien.
Je pense que ce petit voyage s'annonce bien sympathique. Non plus sérieusement, si nous n'étions pas sur le point de mourir à chaque instant, j'aurais attendu plus que tout au monde qu'elle s'arrête pour que je puisses ENFIN descendre de ce véhicule. Quoi que...j'aurais été capable d'en sauter en marche à ce stade là. Mais, je ne le ferais pas. Du moins, je vais essayer de prendre le plus possible sur moi parce que le jeu en vaut la chandelle. Et puis de toute façon, la voiture tomberait au sol avant que je ne le fasse moi-même. C'est d'ailleurs pile à ce moment-là qu'elle se remit à faire un bruit beaucoup trop étrange pour que cela soit normal.
- Tu sais même pas t'occuper correctement d'une voiture ! Clairement, je sais pas comment t'as fais pour être encore en vie, parce que la survie ça doit pas être ton truc à toi !
Je soupirais une énième fois avant de tirer encore une fois, par réflexe sur les manches de mon pull. Honnêtement, je n'avais aucune idée de comment j'arrivais à tenir aussi habillé par cette chaleur ! Je jure devant tout le monde, et même mes parents, que je supportais beaucoup mieux la chaleur en Australie. L'Australie...Tiens, je me demande bien ce qu'est devenu ce petit bout de terre que j'ai si longtemps connu. Existe-t-il toujours au moins ? Qu'est-il devenu du pays de mon enfance ? C'était une très bonne question. Question que je me posais pour la première fois depuis le début de l'apocalypse.
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Pfff… A-t-on déjà vu plus puéril s’il vous plaît ? Et celui qui s’apprête à me rappeler que je voulais lui tirer la langue il y a quelques instants peut déjà la fermer. Je ne comprends pas ce genre de personne. Ok la survie c’est juste ultra-important (et pas forcément super simple pour une asthmatique atteinte de TDAH… Mais je m’égare). Mais si c’est pour passer le temps qu’il nous reste avant le trépas à souffrir, à être vide de l’intérieur et à ne pas essayer de profiter un peu de la vie, malgré la situation catastrophique de notre monde, alors je ne vois pas l’intérêt. A ce compte-là, il est plus rapide et moins cruel de se coller directement une balle dans la tempe. Appeler ça un optimisme indécrottable, mais je suis persuadée qu’une terre saine existe quelque part, un Eden où construire un avenir est possible. Je veux y croire. Et je n’aurais de cesse de le chercher. Si ma vie devait n’avoir qu’un seul but, ça serait celui-ci. Trouver un endroit vierge de Braise. Un endroit où l’on pourrait apprendre à vivre et non plus à survivre, un endroit où l’on pourrait sourire en songeant au lendemain, sans craindre l’avenir, sans avoir le ventre noué à l’idée de s’endormir de peur de ce qui pourrait se dérouler durant notre sommeil. Mais ça, il est hors de question que je le raconte à l’homme assit à mes côtés. Cet endroit n’est peut-être qu’une utopie, une chimère qui se désintégrera à l’instant où son idée passera mes lèvres. Je ne veux pas qu’il la salisse avec les idées bien sombres qui semblent hanter le dessous de sa boîte crânienne. Je veux continuer à croire comme je croyais, étant petite, aux vielles histoires de Grand Isaac que me racontait ma grand-mère. Alors à la place je réplique :
« -Bien les accusations de schizophrénie, t’as rien trouvé de mieux dans ton espèce de caboche toute vide ? Non parce que là on reste quand même au ras des pâquerettes niveau provocation ! Et pour ta gouverne, on est pas tous ainsi ! Certains préfèrent essayer d’apporter un peu de joie dans ce monde de brutes mais je doute qu’un espèce d’obtus comme toi puisse comprendre le concept de vivre plutôt que survivre hein genius ? »
Je le foudroie du regard à mon tour sans le moindre remord. Il m’énerve, il m’énerve je vais finir par le pendre par les pieds, où je sais pas encore, comment encore moins mais je vais le pendre par les pieds, peut-être que ça lui remettra l’esprit en place à cet ostrogo ! J’arrondis les yeux devant les bruits produits par la voiture. Si elle explose et nous avec, je tiens à me dédouaner de toute responsabilité, c’est pas ma faute ! Tout ce qu’on a fait avec Sixteen c’est trouver la voiture dans une ruelle sombre avec les clés dans une mare de sang un peu plus loin ! On n’a pas touché à la mécanique, j’y suis pour rien dans ce qui se passe là ! Et l’autre là, il est vraiment obligé d’en rajouter ? Quel imbécile celui-là ! Je ne fais même pas l’effort de retenir ma voix qui crie presque pour l’engueuler un bon coup :
« -Et toi alors, je te vois pas faire grand-chose à part critiquer depuis que t’as posé ton auguste fessier sur ce siège ! Alors à moins que tu t’y connaisses plus que moi, ce qui a franchement pas l’air, tu la fermes et tu me laisses réfléchir j’ai pas besoin de tes remarques à deux sous, tu peux te les garder merci ! »
On reste quelques secondes dans le silence après mon coup d’éclat tandis que mon cerveau carbure à toute vitesse pour tenter de trouver une solution, ce qui nous pendait au nez finit par arriver. La voiture s’arrêta… Pour ne plus redémarrer malgré mes nombreuses tentatives. Je murmurais en fixant le volant, comme assommée :
Un soir, une rencontre, un parking, notre début Kathleen Brian et Alexander Dickens
Je ne savais absolument pas comment une quelconque personne avait pu supporter Kathleen jusqu’ici ! Même ses parents ! Pourquoi ne l’avaient-ils pas abandonné dès sa plus tendre enfance ? Elle en serait décédée, elle n’aurait pas vécu toute l’apocalypse dans son ensemble, et à cet instant précis, je ne serais pas obligé de rester avec cette fille qui me donnait des migraines avec son optimisme à deux balles. Deux balles que je lui mettrais bien dans la tête croyez-moi…Mais passons ! Comment faisait-elle pour croire autant à quelque chose de positif ? J’en étais incapable, et je l’aurais presque admiré rien que pour cela. Je n’avais jamais réussi à penser de cette façon, et ce, largement avant le début de cet enfer. Je n’avais jamais cru en rien, jamais eu quelqu’un à suivre, jamais eu un quelconque but…Je n’avais pas eu grand-chose. En fait, je ne savais pas très bien pourquoi j’étais encore en vie et pourquoi je ne m’étais pas tiré une balle dans la tête avant tout cela ! J’aurais très bien pu le faire, croyez-moi. Les marques présentes un peu partout sur mon corps en sont la preuve formelle. Mais, je n’ai jamais passé le pas. Et je me demandais désormais : pourquoi ? Pourquoi n’avoir jamais rien fait ? Pourtant, ce n’est pas comme si quelque chose me retenait. Je n’aime personne. Personne ne me supporte. Même ma propre famille n’a jamais cherché à me comprendre. Enfin…c’est ce que j’ai toujours supposé. De mon côté de toute façon, je ne veux plus rien à voir avec eux. Ils n’existent plus pour moi et je les considère comme déjà morts. Ils le sont sûrement déjà.
- Et toi si t’es si intelligente que tu essaies de le faire croire, t’as toujours pas compris ton espoir là, il sert à rien ? Tu t’attends à quoi ? Tu penses que quelqu’un va miraculeusement trouver un remède un jour ? Foutaise ! Personne n’en à rien à faire de ce que l’on devient ici ! Et tu sais quoi ? Tu vas forcément mourir d’une façon ou d’autre, la seule chose que tu fais c’est repousser ta date de péremption ! Si tu ne deviens pas victime de la Braise, tu seras forcément abattue par quelqu’un un jour ou l’autre ! Tout le monde devient fou et semble égoïste, ce n’est pas avec ton pacifisme et ton air de sainte nitouche que tu vas arriver à grand-chose. Et si tu l’as pas encore compris, désormais, c’est tuer ou être tué. Alors, les fondus sur lesquels t’as roulé tout à l’heure, et bien ça ne sera pas les derniers, et tu pourras même pas en faire une liste au risque quelle soit bien trop remplie.
Je soupirais doucement. J’avais failli prononcer quelques mots en plus pour lui dire de ne pas s’en faire, que la mort ça faisait sûrement pas si mal que ça ou une autre connerie du genre. Mais depuis quand en avais-je une quelconque envie ? Je ne devais pas et je ne le ferais pas. Parole de Dickens ! Et de toute façon, cette envie partit très rapidement lorsque j’entendis la rousse à mes côtés hausser la voix. Pour qui se prenait-elle pour me crier dessus comme ça ? Si elle ne recevait pas un quelconque coup de ma part avant qu’on ne se sépare, cela sera un miracle. Véritablement.
- Parce que les tiennes sont plus utiles peut-être ? Excusez moi madame, mais la situation, vous n’avez pas franchement l’air de la gérer plus que moi ! Alors question survie, je suis désolé, mais je m’en sers quand même mieux, alors si ta voiture ne redémarre pas, bonne chance pour rester en vie parce que c’est pas moi qui vais avoir envie de t’apprendre !
Je soupirais grandement avant de donner un violent coup dans le tableau de bord. Voiture deux balles ! Incapable ! Je…Putain ! Merde ! Des tas d’insultes me venaient à l’esprit et ce n’était pourtant pas le bon moment pour faire sortir tout cela. Ainsi, je sortis du véhicule dans un énième geste rageur et soupira une fois de plus en voyant toute la fumée qui sortait du capot ! Ok…c’était véritablement un miracle si nous avions réussi à faire tout ce chemin avec ce tas de ferraille !
- Ok, super ! Et toi qui parle tant, t’as encore des choses à dire sur ce sujet ou une brillante idée puisque tu es si intelligente que ça ?
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Kathleen eut soudainement l’envie irrépressible d’éclater en sanglots nerveux, de se recroqueviller dans un coin sombre et noir où on ne la retrouverait pas et de se faire oublier. Ça faisait beaucoup à encaisser en l’espace de moins de deux heures. Le parking, la rencontre avec l’autre imbécile désagréable, la boucherie de marcheurs, l’engueulade qui l’avait suivit et maintenant la voiture qui les abandonnaient en plein désert… Oui Kathleen avait vraiment envie de pleurer un bon coup là. Mais ce n’était absolument pas l’endroit ni le moment. Elle ne répondit pas à la tirade d’Alexander sur ses maigres capacités dans le domaine de la survie. De toute façon, elle n’avait pas la force de se concentrer, de trouver une réplique digne de ce nom pour la balancer à l’autre tâche. Elle n’en avait pas l’envie non plus. Elle s’obligea à fermer les yeux et à réfléchir. Que faire maintenant ? Elle survivait tant bien que mal depuis qu’elle était enfant, comme la plupart des jeunes de son âge. Il faut dire que Sixteen était bien plus douée qu’elle pour ça. Elle n’aurait pas eu le moindre remord à s’occuper des marcheurs, elle aurait sût réparer la voiture et envoyer Alexander sur les roses. Pourquoi avait-il fallu qu’elle s’en aille ? La rousse retint avec difficulté les sanglots nerveux qui lui étreignaient la poitrine et s’efforça de faire dégrossir la boule qui avait prit place dans sa gorge. Bon sang, elle avait toujours eut un optimisme a toute épreuve, il était temps de le prouver non ? Sauf que là, la jeune fille se sentait assez désemparée. De toute façon, il n’y avait pas dix mille solutions, il fallait qu’elle imite Alexander et qu’elle sorte de cette voiture. Elle entendit la nouvelle pique du jeune homme et ne fit même pas l’effort d’imaginer une réponse cinglante. Elle aurait bien le temps de trouver quoi répliquer à sa question ironique et acide en marchant. Elle quitta enfin sa position et se retourna pour saisir son sac à dos et sa batte de baseball sur la banquette arrière. Puis elle quitta la voiture. Et visiblement il était temps ! Elle put apercevoir une épaisse fumée noire s’élevant du capot pourtant fermé. Bon. Là, même avec des compétences en mécanique, elle n’aurait pas pu la réparer cette voiture, alors sans ? C’était illusoire. Elle remit sa veste correctement malgré la chaleur. Ça vaudrait toujours mieux que de la transporter à la main, puis elle n’avait plus de place dans son barda. Enfin, elle enfila son sac en déclarant d’une voix neutre sans regarder Alexander : « -Qu’est ce que tu veux qu’on fasse de toute façon ? Y a rien à faire. On marche en espérant tomber sur quelque chose et pas crever au passage. Ça vaut toujours mieux que de rester ici à la regarder se décomposer. »
D’accord ce n’était pas empreint de son légendaire espoir. Mais au moins c’était quelque chose. Une direction. Une indication. Vague, mais elle ne pouvait pas faire mieux. Et surtout, ils n’avaient rien de plus à faire. Elle saisit sa batte et la coinça dans les anses de son sac de manière à ce qu’elle ne la gêne pas pour marcher. Oui il n’y avait rien d’autre à faire. Elle espérait surtout qu’Alexander viendrait avec elle. Au vu de son comportement depuis qu’ils s’étaient rencontrés, c’était presque illusoire. Il était peut-être désagréable, râleur et un imbécile de premier choix mais c’était quelqu’un. Et il avait visé juste en supposant que Kathleen n’était qu’une gamine qui n’en pouvait plus de la solitude. Néanmoins, elle ne perdait rien à essayer. Elle le regarda sans trop savoir comment aborder le sujet sans se prendre un non immédiat et irrémédiable.
« -Tu m’accompagnes oui ou non ? Et pour information, si j’ai envie d’espérer c’est moi que ça regarde. Je mène ma vie comme je l’entends jusqu’à ma mort. »
Finalement, elle avait retenu ses reproches et avait fini par y répondre. Elle se tourna vers l’horizon, dos à la voiture. Qu’Alexander l’accompagne ou pas, il était temps d’avancer. Puis le cadavre de cette voiture était bien trop effrayant à regarder car ce qu’elle signifiait était très mauvais pour elle. Elle ferma les yeux et inspira un grand coup. L’avenir s’annonçait bien plus sombres que vingt quatre heures en arrière. Elle frissonna violemment malgré la chaleur, son stress s’exprimant comme il pouvait.
Un soir, une rencontre, un parking, notre début Kathleen Brian et Alexander Dickens
Je remis mon propre sac sur mes deux épaules après en avoir sorti ce dont j’en avais besoin. J’avais hésité à la suivre. J’avais auparavant pensé partir dans une autre direction et s’éloigner le plus possible de cette fille et de son satané espoir qui lui pesait sur la conscience. Cependant, sans trop savoir pourquoi, je m’étais retrouvé à marcher à ses côtés. Elle faisait ce qu’elle voulait, c’était certain. Mais, seule, elle ne tiendrait pas longtemps. Tout comme moi de toute façon, et bien que j’ai toujours préféré la solitude, je ne pouvais pas laisser passer la première personne avec un minimum d’humanité que je croisais. Surtout que la jeune femme m’avais aidé, je lui devais un minimum, et cette dette restait ancrée dans ma mémoire. Je lui lançais un espèce de foulard avant de reprendre la parole.
- Mets ça devant ta bouche, pour éviter de respirer n’importe quoi, et ça t’évitera d’avoir les lèvres complètement desséchées avec la chaleur. Et si ce n’est pas déjà fait, attache tes foutus cheveux. On va encore marcher un moment avant de tomber sur quelque chose si ce n’est des fondus. On est en plein dedans-là, et ce n’est pas parce que tu te fais passer pour l’un d’entre eux qu’ils vont pas venir t’arracher les dents, alors si on en croise, tu seras gentille, tu la fermeras, et tu essaieras d’utiliser la jolie petite batte que tu as en ta possession. Et dès que possible, on se casse des environs.
Je mettais moi-même un deuxième foulard sur mon visage avant de regarder autour de moi, en silence. J’écoutais le moindre bruit, et préférais être à découvert comme nous l’étions à cet instant précis. Simplement car aucun infecté ne pouvait se cacher quelque part, nous pouvions voir le danger arriver et cela me convenait plutôt bien.
Je ne savais pas combien de temps je lui accorderais ma présence, ou combien de temps Kathleen supporterait la mienne. Plus ou moins longtemps sûrement. Mais peut-être qu’elle parviendrait à me donner un minimum d’espoir. Je l’avais perdu il y a tellement longtemps, étais-ce même encore possible ? Je verrais avec le temps. J’essayais de me dire que je n’étais pas une cause perdue, que j’avais encore deux trois choses à faire dans ce monde. Quoi que..Je ne savais plus exactement ce que je pensais, j’étais perdu dans un tourbillon de maux. Mais peu importait, à cet instant précis. Je regardais droit devant. La chaleur m’étouffait déjà. Quelle idée de porter des vêtements aussi longs en même temps ! Je soupirais grandement avant de passer une main dans mes cheveux que j’essayais de remettre correctement à cause du vent.
A vrai dire, je crois que j’avais peur. J’étais incroyablement terrifié à la perspective d’un quelconque avenir. J’avais peur de terminer mes jours seul et abandonné. Je ne voulais pas m’être battu après tout cela, pour mourir dans un coin sans que personne ne s’en rende compte. Je ne voulais pas non plus devenir fou, c’est ce qui me terrifiait le plus, je crois. Lorsque je croisais des infectés, cette lueur dans leurs yeux que je voyais, cette folie qui les prenait jusqu’au plus profond de leurs entrailles mais aussi le fait qu’ils veulent absolument rester en vie. Rester en vie avec l’espoir d’être sauvé un jour…ou bien même de ralentir la maladie grâce au bliss. A quoi cela servait de repousser l’échéance ? Ces infectés allaient mourir de toute façon, d’une manière plus ou moins rapide, c’était tout. Je sortis alors de mes pensées pour observer la jeune femme à mes côtés. Quel âge avait-elle ? Nous paraissions tous plus vieux que nous l’étions véritablement. Qui était-elle auparavant toutes ses catastrophes naturelles ? Et moi, qui étais-je avant ? Etais-je à ce moment-là déjà si horripilant ? Je me sentais presque envahi par un sentiment de nostalgie, cependant, celui-ci disparu encore plus vite qu’il n’était apparu et un léger sourire traversa mon visage. Je resterais en vie encore un bon moment. C’était la seule chose sur lequel je n’avais pas de doute.