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[Terminé] Lorsque la colère et l'innocence se rencontrent [Pv Alycia]

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Milo Kyte


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MessageJeu 23 Oct - 22:22


     
 

     
Lorsque la colère et l'innocence se rencontrent...

     
« Putain, dégagez ! Mettez-le sur le lit du fond et vous, là-bas, ramenez-moi tout le matos. Et plus vite que ça, on a pas la journée ! Lyra, des compresses. Beaucoup de compresses. Grouille-toi ! Vous deux, avec moi. Les autres, hors de ma vue ! »

Les ordres fusent. Implacables. Et les Medjacks obéissent. Ils ont compris quel était leur rôle. Ils savent ce qu’ils doivent faire et comment ils doivent le faire. C’est le plus important. Ceux qui ne supportent pas la pression ne restent jamais bien longtemps dans mon infirmerie. La pression, ici, c’est sans arrêt. On la subit ou on dégage. Bref. Deux Blocards viennent allonger le blessé sur la banquette que j’ai désignée. Il est vraiment dans un sale état et manque de s’écrouler à tout instant. Lorsque ses deux compères le déposent sur le ventre, je constate avec horreur l’étendue de ses blessures. Son dos est rougeoyant : de profondes lacérations viennent lui entailler sauvagement la peau. Je réprime un hoquet de dégoût. Et de rage aussi. Comment ? Comment a-t-on pu en arriver là ? Je serre les dents pour ne pas hurler. Sans attendre, je m’empare d’un linge qu’on a mis à ma disposition, puis le plonge dans de l’eau relativement froide. Je tente ensuite de soulager les souffrances de mon patient, pendant que deux de mes collègues le maintiennent solidement sur la table d’opération improvisée. La victime beugle comme une vache, avant de finalement perdre connaissance. Parfait. Il commençait à me casser les oreilles. J’éponge le sang du blessé avec délicatesse. Quel désastre. Des lambeaux de chair, aussi longs que ma main toute entière, pendent ici et là, telles des larmes de sang. J’essaie de les repositionner comme il se doit, mais je reste conscient du martyre que va connaître mon patient lorsqu’il se réveillera.

Après une dizaine de minutes, on vient m’apporter des blocs de glace venus tout droit des cuisines. Il était temps ! Je les enveloppe dans des linges, que je place ensuite sur le dos du blessé. Ça devrait faire l’affaire un moment. Je m’empare ensuite d’une seringue de morphine et lui administre le sédatif, histoire d’être bien certain qu’il dormira comme un bébé pendant une heure ou deux. Je préfère ne pas être dans les parages lorsqu’il reviendra à lui. Il ne restera plus qu’à lui bander le dos une fois que la cicatrisation aura commencé. Ça, ils peuvent le faire sans moi. Epuisé par cette nouvelle intervention, je me dirige vers une bassine d’eau afin de m’y laver les mains. Tout ce sang… Il faut le faire disparaître, faire disparaître toutes ces traces qui souillent affreusement ma peau. Des voix parviennent alors jusqu’à moi. Et mes cheveux se dressent aussitôt sur mon crâne : « Pauvre Tom, tout ça parce qu’il aurait regardé un milicien de travers. Le mec y a tout de suite vu une rébellion. Ça devient du grand n’importe quoi dans le coin ». Mon sang ne fait qu’un tour. Furieux, je traverse l’infirmerie avec force et franchit la porte qui me sépare de l’esplanade. Comment Jonas peut-il laisser ces abus impunis ? Il devient complètement marteau ces temps-ci. Que lui est-il arrivé ? Et ces connards de miliciens qui, pour la plupart, se croient tout permis. Non, c’est trop. Ça va beaucoup trop loin. Il faut que j’intervienne. Le tout est de savoir comment.

Mes pas me conduisent malgré moi vers le petit bois. J’ai besoin de réfléchir. Au calme. Les blessés pourront attendre quelques heures, ils ne risquent pas de s’envoler. Et puis, de toute façon, au train où vont les choses, Jonas finira par ne même plus laisser de blessés à soigner. Incompréhensible. Bref. La fraîcheur des arbres me file une bouffée d’oxygène. C’est appréciable. Je déambule un moment dans l’obscurité, à la recherche d’un endroit où me poser, avant d’opter pour le terminus. En fait, je crois qu’il est important que je me souvienne. Que je sache pour quoi on se bat. Pour eux. Pour tous ceux qui sont morts dans ce foutu Labyrinthe. J’aperçois peu à peu les tombes de fortune à travers le feuillage des arbustes. Ainsi qu’une personne à genoux. P’tain, moi qui voulais être tranquille. Au pire, je lui dis de dégager vite fait bien fait. Bizarrement, on a souvent tendance à fuir ma présence ces temps-ci, ce qui n’est pas pour me déplaire. Les mâtons ne sont pas vraiment appréciés par les temps qui courent. Tu m’étonnes. Passer pour un pestiféré ne me dérange pas outre-mesure. Mais je déteste que l’on m’associe à ce qui se passe actuellement dans le Bloc. Je n’ai pas signé pour ça. Peu importe. Je m’approche du tocard à genoux, en espérant que ma simple présence le fasse fuir illico-presto. Et c’est là que je la reconnais. Des cheveux bruns ondulés et un tic mignon qui me fait sourire à chaque fois. Alycia.

« Alycia ? Ca… ça va ? Je ne pensais pas que tu serais dans le coin, j’espère que je ne te dérange pas ».

Tout trace de colère a disparu de mon visage. Car s’il y a bien une personne que je ne pourrai jamais jeter, c’est bien Alycia Ross.

     

     

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Dernière édition par Milo Kyte le Lun 12 Jan - 17:52, édité 3 fois
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MessageVen 24 Oct - 13:09

Le soleil commence à traverser le feuillage des arbres, il va être aux alentours de midi, et la chaleur va commencer à déranger les blocards. Comme tous les jours, comme chaque jour que je passe ici sans Karen, je suis dans le petit bois, devant sa tombe. Je l'osbserve, je la connais par coeur, je connais le moindre petit recoin de cette pierre tombale. Chaque jour, j'enlève les fleurs fannées et les remplace par des nouvelles. J'ai encore dormi avec elle, la nuit dernière. Depuis son départ, je ne parviens plus à dormir seule, cela m'est impossible. On dormait ensembles, avant. Alors je dors à côté de sa tombe, cela me laisse un peu plus proche d'elle.

Je lui parle, souvent. Tout le temps, à vrai dire. Je lui raconte mes jounées, enfin, ce que je fais lorsque je ne suis pas avec elle, c'est-à-dire presque rien. Oui, je passe la plupart de mon temps avec elle, je ne me ferais jamais totalement à son départ, je pense. Je parle, je m'imagine revoir son visage et sa chevelure blonde, son rire si angélique, ses petites mimiques. Je l'imagine me répondre, et parfois, je retrouve le sourire. Le temps d'un instant, je revis comme avant. Je deviens la personne qu'elle aimait que je sois, pour elle, sans me forcer. C'est naturel, mais, malheureusement, éphémère. Elle ne me répond jamais, le voilà le problème. Elle ne peut plus me répondre, elle est morte. Suis-je bête.

Je n'y arrive pas, vraiment, c'est plus fort que moi, je ne parviens pas à me dire que je ne la reverrais jamais. Au fond de moi, une infime partie espère juste qu'elle va revenir. Qu'elle va me répondre et me sourire, me prendre dans ses bras. Que je vais ressentir ce soulagement en la voyant revenir après sa journée au labyrinthe. Je me souviens encore, de nos étreintes, de nos fous rires. Le bon temps.

Je me rappelle de ce jour. Ce jour qui s'est transformé en cauchemar. Karen n'est pas rentrée du labyrinthe, on l'a rammené. J'ai d'abord entendu des cris, des appels à l'aide. J'ai lâché ce que je faisais, et le sourire qui était jusque là collé à mes lèvres s'estompe subitement. Je la vois, en sang, en train de se débattre. Ils l'ammènent à l'infirmerie, et mes cris surpassent les ordres donnés par Milo, qui dirige tout ça. Je tente de m'approcher, je veux être avec elle, près d'elle, je veux voir comment elle va. Je cours, des larmes commencent à apparaitre, des bras me barrent le passage et me retiennent, je me débats, au diable le règlement. C'est ma seule amie ici. Je continue d'hurler, je pense que j'avais autant mal qu'elle. On m'empêche d'aller la voir, je l'entends souffrir le martyre et je continue de me débattre. "Laissez moi passer bordel ! LAISSEZ MOI LA VOIR !", mes appels sont sans effet, on refuse de me laisser la voir. Au bout de quelques minutes, tout se calme. On entend uniquement mes sanglots, et Milo et les autres viennent vers moi, je comprends de suite. Rien qu'en voyant leurs visages. J'ai compris que plus jamais je ne reverrais Karen. Ma Karen.

« Alycia ? Ca… ça va ? Je ne pensais pas que tu serais dans le coin, j’espère que je ne te dérange pas ».

Je me retourne d'un coup, mes cheveux virevoltant au vent. Je le vois. Milo. Le seul qui tente de me parler depuis le départ de Karen et qui ne me calculait pas avant. Je peux voir qu'il devait être en colère, mais ce n'est plus le cas. Soit il se contrôle, soit lorsqu'il me voit, il se calme. Je n'en sais rien. Je me contente de le fixer, c'est un beau garçon, Milo. Karen cherchait toujours à me trouver quelqu'un, folle qu'elle était. Je cligne plusieurs fois des yeux. Il est tellement gentil avec moi, et j'ai l'impression de ne pas lui rendre la pareille. J'entrouvre la bouche et la referme.
Puis je me décide enfin à parler.

« Tu veux venir t'asseoir à côté de moi ? »

J'espérais qu'il allait dire oui, parce que c'est la seule personne à qui j'accorde un tant soit peu d'importance. Je me rends alors compte que je n'ai pas répondu à sa question précédente.
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Milo Kyte


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MessageSam 25 Oct - 23:10


Pendant un instant, je reste convaincu qu’Alycia ne me répondra pas. Elle ne le fait jamais. Pourquoi est-ce-que je continue à m’obstiner ? Parce que c’est à cause de moi si elle se trouve dans cet état. Si j’avais fait mon travail correctement, elle ne serait pas là, à contempler en silence la tombe d’une amie disparue. Au contraire, elle respirerait la vie, comme autrefois, et continuerait de m’exaspérer au plus haut point. Elle serait heureuse, tout simplement. Ou plutôt, moins malheureuse, car on ne peut pas vraiment être heureux au sein de ce foutu labyrinthe. Quoi que, avant, Alycia ne semblait pas vraiment s’en offusquer. Tout a changé, désormais. Par ma faute. Ma faute. Ma faute. Je ressasse cette journée sans arrêt. Si seulement… Bref. Même si tout ce que je ferai ne réparera jamais mon erreur, ne ramènera jamais Karen à la vie, je ne peux m’empêcher de réaliser un pas vers Alycia à chaque fois que je la croise. C’est un peu ma façon de m’assurer qu’elle ne sombre pas à son tour. Le Labyrinthe a déjà emporté bien trop de vies, je ne veux pas qu’ils la prennent elle aussi. Elle a déjà trop souffert. Si seulement je pouvais lui venir en aide… Hélas, d’ordinaire, la jeune fille ne daigne même pas répondre à mes sollicitations. Je sais qu’elle ne le fait pas exprès, qu’elle est encore traumatisée par ce qui lui est arrivé, alors je ne lui en veux pas et je m’éclipse en silence. C’est tout ce que je peux faire. Elle parlera lorsqu’elle se sentira prête. C’est ce que je me suis dit au début. C’est ce que je me suis dit il y a des mois de cela. Aussi, lorsqu’elle me propose de venir m’assoir à ses côtés, je reste un instant totalement abasourdi.

Puis, sans un mot, je m’approche. Et je prends place auprès d’elle. J’aimerais la serrer dans mes bras, lui montrer que je suis là pour la protéger. Mais je ne le fais pas. C’est déjà pas mal qu’elle ait dit un mot, il ne faut pas trop en demander d’un seul coup. La guérison prendra du temps. Son deuil aussi. Si tant est que l’on puisse vraiment se remettre d’un décès. Nous restons immobiles un moment. Un silence pesant s’installe entre nous. Mes yeux se posent sur son visage. Tant de candeur, tant de bienveillance. Mais plus un sourire. Renaîtra-t-il un jour ? Je jette un coup d’œil en arrière pour vérifier que personne ne nous épie. Si d’autres blocards nous voyaient assis l’un contre l’autre, ça jaserait sec dans le coin. Et j’ai vraiment pas besoin de ça. Un mâton se doit de rester fort et solide, en dehors des préoccupations quotidiennes qui animent l’esplanade. Que diraient les autres s’ils m’apercevaient en train de réconforter une déprimée de la vie ? Ils y verraient directement ma faille, ma sensibilité. Cela, je ne peux le supporter. Je n’ai pas fait tous ces efforts pour des clopinettes. Alors je reste distant.


« Tu as encore dormi ici, la nuit dernière, n’est-ce-pas ? » demandé-je avec douceur. « Tu n’étais pas avec les autres dans la cabane… Tu devrais faire attention, les nouvelles règles sont très strictes. Ils t’enfermeront au gnouf s’ils t’aperçoivent ici une fois la nuit tombée. Il ne faut plus que tu le fasses, tu comprends ? » J’essaye d’accrocher son regard : « La nuit est sombre et pleine de terreurs, qui sait ce qu’il pourrait t’arriver. Si tu veux, je peux m’arranger pour que tu dormes à l’infirmerie, tu y seras sans doute plus tranquille. Qu’en dis-tu ? »



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MessageSam 25 Oct - 23:48

Le temps qu'il se décide à bouger ou à répondre me parait interminable. Clairement, j'ai l'impression que chaque seconde passe plus lentement les unes que les autres. Au départ, je me dis qu'il n'a peut-être tout simplement pas entendu ce que je lui ai dit, puis je réalise qu'en fait, c'est la première fois que je lui parle. Enfin que je réponds à un de ses appels. Je me surprends moi-même. C'est vrai, ce n'est pas dans mes habitudes. Je ne comprends pas, je ne me comprends pas. Le pire, c'est que ça s'est fait naturellement, je ne m'en suis même pas rendu compte. Je fronce alors légèrement les sourcils, essayant de creuser au fond de ma petite tête, en vain. Des cellules de mon cerveau ont du déjanter, ça c'est sûr. Après, je ne suis pas scientifique.

Je m'arrête instantanément en le voyant approcher et s'asseoir près de moi. Peut-être un peu trop près, d'ailleurs. Mais cela reste raisonnable. De toute façon, il ne me fera pas de mal. Enfin, j'espère. La brise légère du vent apporte son odeur jusqu'à moi. Au moins, il sent bon. Je tourne alors légèrement ma tête dans sa direction, voulant être discrète. Bon, si je voulais vraiment etre discrète j'aurais juste bougé mes yeux, m'enfin bon, en ce moment j'agis et je réfléchis après, c'est assez illogique et incompréhensible, je ne sais pas trop pourquoi j'agis comme ça, d'ailleurs. De toute manière, tout ce que je fais depuis son départ me parait dérisoire et totalement inutile, je dirais même incensé. Même respirer devient difficile.

Le silence devient assez pesant, je vois qu'il me regarde, et je n'ose pas trop le regarder en retour. Pourquoi est-ce-qu'il ne dit rien ? J'ai répondu, à lui de répondre. C'est la logique, non ? Peut-être qu'il ne sait pas quoi dire, lui non plus. Je soupire légèrement et très discrètement cette fois-ci. Au fond, je ne veux pas me l'avouer, mais je suis heureuse qu'il soit venu s'asseoir. C'est alors, qu'enfin, il brise le silence.

« Tu as encore dormi ici, la nuit dernière, n’est-ce-pas ? » me demande-t-il avec douceur. « Tu n’étais pas avec les autres dans la cabane… Tu devrais faire attention, les nouvelles règles sont très strictes. Ils t’enfermeront au gnouf s’ils t’aperçoivent ici une fois la nuit tombée. Il ne faut plus que tu le fasses, tu comprends ? » Je sens ses yeux essayer de percer les miens : « La nuit est sombre et pleine de terreurs, qui sait ce qu’il pourrait t’arriver. Si tu veux, je peux m’arranger pour que tu dormes à l’infirmerie, tu y seras sans doute plus tranquille. Qu’en dis-tu ? »

Je l'avais écouté, silencieusement. A la fin de sa prise de parole, j'ai arraché une touffe d'herbe qui dépassait trop du sol à mon goût et j'ai laissé l'herbe s'éparpiller grâce au vent qui l'emporta dans l'au-delà. Je me demande parfois si Karen voit ce que je fais, ou si elle touchera, de là où elle est, ces petits brins d'herbe que je viens de lâcher. C'est impossible, je le sais bien, on le sait tous, mais, me le demander parfois me fait me sentir mieux.
Ce que me dit Milo n'est pas surprenant, je m'y attendais. Mais je n'avais pas réellement fait attention aux règles, cependant. Le gnouf, de toute façon, ça ne changera rien, je n'ai plus aucune relation sociale depuis...bref vous avez compris. Ce qui me poserait problème, c'est de ne plus pouvoir aller voir Karen, ça par contre, je ne le supporterais pas. Je pose enfin mon regard sur le visage de Milo, et mes yeux croisent les siens. Son regard est bleu comme l'océan. Je ne sais pas comment je le sais, mais l'océan est bleu.
Je ne me sens pas encore prête à lui énumérer mes -nombreuses- faiblesses, également le fait que je ne parviens pas à dormir seule, alors je vais essayer de lui répondre sincèrement sans en dire trop. Il mérite au moins ça, il s'acharne depuis des mois.

« Oui, j'ai dormi ici, je n'arrive pas à trouver le sommeil sinon. Le gnouf, ça ne changera pas grand-chose, juste le fait que je ne pourrais plus venir ici, ce qui serait problématique. Merci d'avoir proposé l'infirmerie, mais comme je viens de te le dire, je peux dormir uniquement quand je suis auprès d'elle. »
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Milo Kyte


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MessageLun 27 Oct - 11:44


   
Alycia ne me répond pas. Cela ne m’étonne guère. Elle se contente d’arracher une touffe d’herbe et de la laisser s’éparpiller au vent. J’observe les quelques brins virevolter un instant à travers le feuillage des arbres et arbustes des alentours. Puis, après plusieurs secondes, ils finissent par disparaître. Tout finit par disparaître avec le temps. Les feuilles, les pierres, les gens. Surtout les gens. Seulement,  à la différence des brins d’herbes qui repousseront au printemps prochain ou des pierres qui seront de nouveau façonnées par l’homme, les gens, eux, ne reviendront pas. Une fois qu’ils sont partis, ils le sont pour de bon. Dans le Bloc, en tout cas. J’ignore à quoi ressemble le monde extérieur. J’ignore même s’il existe encore. Mais ce que je sais, en revanche, c’est qu’ici, des connards nous observent mourir un par un et qu’ils ne font rien pour nous venir en aide. Rien du tout. Nous sommes leurs pantins, condamnés à crever les uns après les autres. Je les déteste pour cela. Mes yeux s’attardent sur la série de tombes qui nous fait face. La plupart des mecs qui y sont ensevelis sont décédés à l’infirmerie. Je revois leurs visages inondés de larmes au moment où ils passent de vie à trépas. Je revois leur étincelle d’espoir s’éteindre dans leurs regards. Trop jeunes, bien trop jeunes. Comment peut-on laisser faire une chose pareille ? La plupart des tocards qui vivent dans ce Bloc ne sont même pas majeurs, comment peut-on les envoyer au sein de cet enfer en sachant pertinemment que très peu en ressortiront un jour ? Je serre les dents, une nouvelle fois. Un jour viendra où ils paieront pour leurs crimes. Pour tous ceux qui sont morts.

En attendant, je reporte mon attention sur Alycia. Je ressens son âme meurtrie, son cœur à l’agonie. Malgré tous mes efforts, je demeure impuissant. Que peut un Medjack face à la perte d’un être cher ? Pas grand-chose. La jeune fille est victime du Labyrinthe sans y avoir mis les pieds. Les Créateurs ont brisé sa vie et tant d’autres. Une rage amère s’empare de moi. Oh que oui, ils paieront. J’y veillerai personnellement. Contre toute attente, Alycia se met à parler. Elle m’explique ne pas trouver le sommeil lorsqu’elle n’est pas auprès de la tombe de son amie. Je peux le comprendre. Mais elle doit cesser cette folie, sans quoi les miliciens risqueront de s’en prendre à elle. Et je ne supporterais pas de la voir martyriser par ces enfoirés. J’essaie de lui faire entendre raison :


« Je sais que c’est dur pour toi, commencé-je d’un ton conciliant. Karen était vraiment une personne exceptionnelle, une fille extrêmement courageuse. Ta fidélité est louable, mais je doute qu’elle aurait voulu que tu te mettes en danger pour elle. Elle ne supporterait pas te voir enfermée au gnouf ou fouettée par la Milice. Si tu ne le fais pas pour toi, fais-le au moins pour elle. Lorsqu’elle s’est aventurée dans le Labyrinthe, Karen n’avait qu’une seule idée en tête : nous faire sortir d’ici. Te faire sortir d’ici. Ne rends pas son sacrifice inutile en mettant ta vie en danger. Elle ne le mérite pas, et toi non plus. Alycia, promets-moi que tu ne le feras plus, je t’en prie… »

Je m’accroupis face à elle et lui saisis les mains avec douceur. Il est important qu’elle comprenne que ce n’est pas un jeu. Jonas est devenu complètement marteau, elle ne doit pas le provoquer inutilement en enfreignant ses règles. Et la milice… N’en parlons pas, de vraies brutes armées de couteaux et d’épieux. Je fixe ardemment la jeune fille qui me fait face. Je ne la lâcherai pas tant qu’elle ne m’aura pas rassuré. Et si elle refuse, alors j’emploierai la force et je la ferai mettre au gnouf. Elle m'en voudra, mais je n'en ai rien à carrer. Je préfère qu’elle finisse enfermée quelques temps plutôt que battue à mort. Et je préfère de loin aller lui rendre visite derrière des barreaux plutôt que de m'accroupir devant sa tombe. Je n’hésiterai pas une seule seconde si cette initiative peut lui sauver la vie. La balle est dans son camp.


   
   

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MessageLun 27 Oct - 12:30

Il doit me trouver folle, ou assez dérangée. C’est vrai quoi, ce sont les dépressifs qui arrachent l’herbe et la regardent s’envoler en trouvant cela splendide. Je dois sûrement l’être, dépressive. Je n’en connais pas tellement les symptômes, mais je me doute bien que passer son temps à se morfondre et ne plus avoir de relation sociale n’est pas une attitude naturelle, et encore moins normale. M’enfin, je ne veux pas chercher à comprendre, de toute façon, réfléchir me demande des efforts et je n’ai pas envie d’en faire.  Et puis, savoir que je suis potentiellement dépressive ne m’avancera à rien, à part à en être quasiment sûr, super, quelle découverte.

« Je sais que c’est dur pour toi. Karen était vraiment une personne exceptionnelle, une fille extrêmement courageuse. Ta fidélité est louable, mais je doute qu’elle aurait voulu que tu te mettes en danger pour elle. Elle ne supporterait pas te voir enfermée au gnouf ou fouettée par la Milice. Si tu ne le fais pas pour toi, fais-le au moins pour elle. Lorsqu’elle s’est aventurée dans le Labyrinthe, Karen n’avait qu’une seule idée en tête : nous faire sortir d’ici. Te faire sortir d’ici. Ne rends pas son sacrifice inutile en mettant ta vie en danger. Elle ne le mérite pas, et toi non plus. Alycia, promets-moi que tu ne le feras plus, je t’en prie… »

Avant que je ne puisse réagir, je le vois se décaler pour s’accroupir face à moi, cela me surprend assez, qu’il ose faire cela. Son geste me surprend d’autant plus  lorsqu’il prend mes mains dans les siennes doucement. Je me raidis, pas parce que je ne veux pas qu’il m’approche ou parce que cela me gêne, non rien de tout ça, mais surtout parce que, depuis Karen, personne ne m’avait touché, si je puis dire. Le contact me fait frissonner, cela ne m’étonne pas, ça doit faire 6 mois que je n’avais pas eu de contact avec un autre humain. Mes mains tremblent légèrement, et pour le coup, ça me gêne assez, mais je le cache assez bien.  Je me rends alors compte qu’il est encore plus proche de moi que tout à l’heure, il doit être à une quinzaine de centimètres de mon visage.

J’essaie d’ordonner à mon cerveau d’arrêter de faire trembler mes mains, en vain. Elles tremblent légèrement, heureusement, et j’espère au plus haut point que Milo ne le remarquera pas. Je vois bien que tant que je ne répondrais pas, il ne lâchera pas mes mains. Je l’ai compris, il est déterminé, et il n’a pas l’air d’être du genre à se laisser abattre, contrairement à moi. Je trouve son geste adorable, vraiment. Et puis, il fait cela avec tellement de douceur que je n’ai pas envie d’être méchante.
Son acharnement à vouloir me protéger me soulage légèrement, au fond de moi, je suis heureuse que quelqu’un se soucie de mon bien-être, même si je sais que plus jamais je ne serais comme avant.

Je vois qu’il est sincère, et il a raison. Vraiment, il a raison. Ce n’est pas ce qu’aurait voulu Karen. Et puis, je n’ai pas forcément envie de me faire battre, je pense avoir suffisamment souffert.
Karen est morte en essayant de tous nous sauver, alors il ne faut pas que j’abandonne. Un jour, on sortira d’ici, je l’espère, je l’espère au plus profond de moi. Mais, j’ai encore du mal à l’intérioriser. Il va falloir que je trouve une solution, je ne vais plus pouvoir dormir avec elle, dehors.
A l’infirmerie, je serais au chaud, et puis, seule. Cela pourrait peut-être le faire, qui sait. Je me rends alors compte que Milo tient toujours mes mains, et, l’espèce d’une seconde, j’ai envie de sourire. Mais je n’y arrive pas, pas encore. Je soupire intérieurement, et je me décide enfin à prendre la parole. Je parle doucement, comme si j’avais peur que quelqu’un nous écoute.

« Je te le promets », sans m’en rendre compte, j’ai serré ses mains dans les miennes, ayant juste besoin de me dire que je tiendrais cette promesse, « et tu as raison, elle ne doit pas être partie pour rien », je ne parviens pas encore à dire qu’elle est..morte, c’est trop dur et trop frais. « Je te remercie. », je marque une pause et mordille ma lèvre intérieure. « Je tenais à m’excuser, aussi. »
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MessageMar 28 Oct - 17:56


   
Les secondes semblent des heures. Je suis sur le point de passer au plan B lorsque la jeune fille finit enfin par me le promettre. Une vague de soulagement s’immisce alors dans toutes les veines de mon corps. J’aurais vraiment eu le cœur en peine s’il avait fallu faire enfermer la sarcleuse pendant quelques jours. L’enfermement l’aurait brisée tout en la maintenant en vie. Et là, c’est clair, elle ne me l’aurait pas pardonné. Compréhensible, d’ailleurs. Tant pis. En tant que mâtons, c’est à nous que reviennent les grandes décisions, les choix douloureux que personne ne veut prendre. Nous sommes comme les piliers de cette mini-société, même s’il est vrai qu’actuellement, notre côte est au plus bas. Si nous n’agissons pas pour le bien du Bloc et de ceux qui y vivent, qui le fera ? Donc oui, j’aurais fait ce que j’avais à faire. Comme toujours. Et j’aurais assumé ses conséquences. Comme toujours. Soulagé de ne pas en arriver là, je ne remarque pas tout de suite la légère pression qu’Alycia exerce sur mes doigts. Je fais mine de n’avoir rien ressenti. Elle ne l’a sans doute pas remarqué elle-même, de toute façon. La chaleur de son étreinte me ramène des années en arrière. C’est comme si cette sensation m’était familière, autrefois. C’est très étrange.

La jeune fille me remercie et s’excuse par la même occasion. Je reste un instant perplexe. Pourquoi me présente-t-elle ses excuses ? C’est plutôt moi qui devrais implorer son pardon, pas l’inverse. Je m’apprête à lui en faire la remarque lorsque, tout à coup, un grondement sonore retentit tout autour de nous. Les portes du labyrinthe. Ça y est, elles se referment. J’espère que tous les Coureurs sont rentrés, c’est vraiment pas le moment de perdre de nouveaux blocards. Le brouhaha s’éternise plusieurs minutes, nous empêchant de prononcer un seul mot. J’ai mis du temps à m’habituer à ce rituel quotidien. Au départ, cela m’oppressait de voir ces portes se clôturer pour la nuit. J’avais l’impression qu’elles ne s’ouvriraient plus jamais et que nous resterions bloqués indéfiniment dans cet endroit. Lorsqu’elles s’ouvraient de nouveau au lever du jour, je n’en étais pas beaucoup plus rassuré : j’étais terrifié à l’idée que des créatures surgissent dans le Bloc et viennent nous dévorer. Comme j’étais candide à l’époque… Depuis, j’en ai vécu des choses. Je ne suis plus du tout celui que j’étais lorsque j’ai débarqué dans cet enfer. Nous changeons tous aux abords du Labyrinthe. Rarement pour le meilleur, souvent pour le pire. Alycia en est la preuve vivante.

Enfin, le grondement s’estompe et disparaît. Quel calme ! Je me redresse devant la sarcleuse, étirant mes muscles tétanisés par ma position accroupie. Je fais craquer mes os sans m’en rendre compte. Puis, je retourne m’assoir aux côtés de la jeune fille :


« Je déteste ce bruit. C’est comme si une épée de Damoclès trônait sans arrêt au-dessus de nos têtes. Nos vies entières dépendant de ces grandes portes de pierre. Si seulement… » Ma phrase se perd dans le souffle du vent. A quoi bon ? Inutile de tergiverser davantage. Je reporte mon attention sur ma voisine que j’avais un peu laissée de côté : « Bref, tu n’as pas besoin de t’excuser. C’est moi qui devrais le faire, tous les jours, même. Je sais ce que tu as vécu. Nous sommes plusieurs à avoir perdu des êtres chers… ». Non, je ne veux pas repenser à Alec. C’est trop frais. Je ne veux pas y penser. Non. « Tout le monde ne gère pas ses deuils de la même façon, c’est tout. Un jour, tu te sentiras mieux. Et je serai là si tu as besoin ».



   
   

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MessageMer 29 Oct - 22:57

Le silence qui était jusque-là reposant se transforme en énorme brouhaha. D’abord un grondement, comme le tonnerre, puis le bruit de la pierre géante glissant contre le sol. Mon corps frissonne, comme à chaque fois que les portes se referment. Comme chaque soir, quand elles se ferment, et chaque matin, quand elles s’ouvrent. Avant aussi, je frissonnais, de peur que Karen ne rentre pas ou de peur que ce soit la dernière fois que je voie ma meilleure amie en la laissant partir tôt le matin avec les autres coureurs.  

Après un temps qui me semble interminable, le grondement s’estompe. Enfin. Je soupire légèrement de soulagement, surtout que ce bruit me rappelle à chaque fois le retour de Karen blessée. Je ferme les yeux quelques secondes de plus que d’habitude et me remémore sans le vouloir ces souvenirs si horrifiants. Je voyais ses yeux, qui d’habitude étaient si joyeux et plein de vie, désormais ils paraissaient totalement appeurés, des larmes coulaient, il y avait comme un mélange de haine, colère et douleur. Je ne la reconnaissais plus, clairement. Je rouvre mes yeux, me rendant compte qu’ils sont fermés depuis trop longtemps, et que ma respiration est trop saccadée.
Mon regard se pose sur Milo, qui se redresse et s’étire, faisant craquer ses os. Un nouveau frisson parcourt mon corps, j’ai peut-être l’allure d’un coureur, mais au fond, je suis peureuse et sensible comme une petite fille. J’ai beaucoup été affaiblie depuis le départ de Karen, aussi. Il s’assoit à côté de moi et me dit.

« Je déteste ce bruit. C’est comme si une épée de Damoclès trônait sans arrêt au-dessus de nos têtes. Nos vies entières dépendant de ces grandes portes de pierre. Si seulement… »  Il s’arrête, il ne finit pas sa phrase. « Bref, tu n’as pas besoin de t’excuser. C’est moi qui devrais le faire, tous les jours, même. Je sais ce que tu as vécu. Nous sommes plusieurs à avoir perdu des êtres chers… ». Il marque une pause, et je me demande pourquoi. « Tout le monde ne gère pas ses deuils de la même façon, c’est tout. Un jour, tu te sentiras mieux. Et je serai là si tu as besoin ».

Je l’avais écouté attentivement, mon regard planté dans le sien. On dirait presque qu’il a lu dans mes pensées. Sauf pour la fin, il ne peut pas prétendre savoir ce que je ressens, pas entièrement du moins. C’était ma seule amie, la seule personne avec qui je passais mon temps, mes journées, ma vie, la seule à laquelle je me confiais, la seule à laquelle je parlais. C’était ma moitié, mon modèle.
Un jour, moi, aller mieux ? C’est inconçevable, cela n’arrivera pas. Non, je ne pourrais jamais aller mieux, surtout si je reste pourrir dans ce labyrinthe. Un léger soupir s’échappe de mes lèvres.

« Moi aussi, je déteste ce bruit. » Je m’arrête, prenant soin de réfléchir avant de parler et de dire des bêtises. « Tu n’y es pour rien, tu ne pouvais rien faire. Personne ne pouvait rien faire. », je ne prends pas la peine de répondre à la fin de sa prise de parole, ne voulant pas le vexer ou autre. Je mordille alors légèrement ma lèvre. « Pourquoi tu t’acharnes autant à me parler ? Si je me souviens bien, avant tu ne pouvais pas me voir, non ? »
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Milo Kyte


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MessageJeu 30 Oct - 21:32


Lorsqu’Alycia m’indique clairement que je ne pouvais rien faire pour son amie, je me remets à penser à ce jour-là, à tout ce qui s’en est suivi. Des flashs me reviennent. Sanglants. Terrifiants. Je revois la jeune femme surgir dans l’infirmerie, soutenue par deux autres blocards qui gueulaient comme des putois. Je la revois en sang, l’ensemble de son corps lacéré par d’horribles griffures. A peine a-t-elle franchi la porte qu’elle s’est évanouie dans les bras de ceux qui la tenaient. Elle ne s’est plus jamais relevée. Tout s’est passé si vite. Trop vite. Ses porteurs l’ont installée sur un petit lit et les opérations ont aussitôt commencé. Il ne fallait pas perdre une seule seconde. Hélas, il n’y avait plus grand-chose à faire : Karen avait déjà perdu beaucoup trop de sang. Nous étions dépassés par l’ampleur des blessures. Il y en avait tellement… Et de si importantes… Je savais, en les observant avec attention, que c’était foutu. Il était trop tard. Elle était pratiquement morte avant d’arriver jusqu’à nous. Mais je n’ai pas abandonné. J’ai essayé, vraiment essayé. Un peu plus loin, Alycia, l’insupportable gamine qui officiait chez les sarcleurs, hurlait. Elle voulait aider son amie, d’accord. Mais devait-elle, pour cela, nous briser les tympans ? Je l’aurais étranglé si j’en avais eu l’occasion. Ca criait, ça s’agitait. L’horreur. Karen est décédée dans les minutes qui ont suivi sa venue à l’infirmerie. Lorsque son cœur a lâché, j’ai essayé de la réanimer. Longuement. En vain. Je ne pouvais plus rien faire. Alycia a fondu en larmes, mes collègues sont restés hébétés. Nul ne savait comment réagir. La jeune fille nous avait quittés pour de bon.

La nouvelle question d’Alycia me tire de mes pensées. Je mets un instant avant d’en comprendre toute la portée. Venant de quelqu’un d’autre, ça pourrait vouloir dire « Pourquoi tu me casses les couilles ? ». De la part de la jeune fille, je ne suis pas sûr que cela ait ce sens-là. J’espère, tout du moins. Avant, effectivement, je ne pouvais pas me la sentir. Les filles exubérantes qui trouvent que la vie, c’est joli, c’est rose, c’est beau, très peu pour moi. Elle était tout ce que je n’étais pas et tout ce que je ne serai jamais. Puis, elle a changé. Radicalement changé. Elle a perdu sa joie de vivre, son sourire, sa bonne humeur, pour devenir cette enveloppe vide à laquelle je fais face. Elle ne ressent plus rien et perd même l’envie de survivre. Un cocon vide. J’ai alors réalisé que je la préférais comme autrefois. Nous avons besoin que certaines personnes nous montrent que la vie vaut la peine d’être vécue et ce, même si l’on se retrouve au sein de cet enfer. Quelques rires, quelques sourires, c’est tout ce dont nous avons besoin. Alycia pourrait faire cela. Mais elle est brisée. Totalement brisée. Alors pourquoi je lui parle ? Pour lui réapprendre à vivre, tout simplement. Nous avons tous besoin d’elle.


« Tu sais, la semaine dernière, j’ai perdu ce qui se rapprochait pour moi le plus d’un ami. Ce mec, Alec Davis il s’appelait, c’était un sacré phénomène. Il se prenait pas la tête, il profitait de la vie comme elle venait et ce, même si elle était vraiment une connasse avec lui. Il était insupportable, vraiment insupportable. Mais, au fond, je l’aimais bien. Il me rappelait que j’étais vivant et qu’il fallait que j’arrête de me morfondre dans mon coin, pour essayer plutôt de savourer le peu de moments heureux auxquels on a droit dans ce foutu labyrinthe. C’est en partie à cause de lui que je suis devenu Medjack. Il m’amusait, me faisait rire très souvent. Et cela m’a fait relativiser. » Je me tais un instant. Parler d’Alec me rend triste. Mais Alycia a besoin d’une réponse. J’entreprends de le la lui donner : « Tu me demandes pourquoi je te parle… Je veux que tu redécouvres la vie. Je sais que ta perte est irremplaçable et loin de moi l’idée de te faire oublier Karen. C’est impossible. On ne peut pas oublier. Mais je veux te faire sourire. Je veux que tu sois heureuse. Je veux faire ce qu’Alec a fait pour moi : te faire sentir vivante ».






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MessageDim 14 Déc - 22:50

Je le vois réfléchir, et je me demande qu'est-ce-qui le pousse à être aussi long. Ce n'est pas possible, il doit écrire un roman dans sa tête. Je soupire intérieurement, n'ayant plus aucune patience. La patience, j'en avais avant. J'étais patiente, ouverte, attentionnée. Mais je l'ai perdu, ça aussi. Si on y réfléchit bien, je suis l'opposé total de ce que j'étais avant. Je ne vis plus qu'en respirant, parfois -trop souvent je dirais- j'ai envie que mon coeur lâche. J'ai envie de mourir pour quitter ce monde puéril et infâme, qui m'a détruite, au sens figuré comme au sens propre. Pourquoi résister, pourquoi me battre ? Je veux juste la rejoindre, c'est mon seul voeu. L'unique. Revenant doucement à moi, j'attends la réponse de Milo, qui se fait longuement attendre. J'entends les petits bruits insignifiants de la forêt : les feuilles qui s'entrechoquent, les oiseaux qui chantonnent, les écureuils qui mangent leurs noix..et puis j'entends mon coeur. Enfin, les battements de mon coeur. Je ferme les yeux, écoutant le sang faire le tour de mon corps à chaque seconde.

Et ça fait tilt. Mes dernières paroles, il est possible qu'il les comprenne dans un autre sens que celui que je souhaite donner. Lorsque je lui ai demandé pourquoi il s'acharnait, il pourrait comprendre qu'il m'énerve et que je ne veux plus entendre parler de lui. Félicitations Alycia, c'est de mieux en mieux, maintenant tu ne sais plus te faire comprendre. Je me maudis, et j'ai peur. Peur qu'il puisse penser ça. C'est le seul qui tente encore de me parler, qui persévère, alors je ne veux pas tout gâcher.

« Tu sais, la semaine dernière, j’ai perdu ce qui se rapprochait pour moi le plus d’un ami. Ce mec, Alec Davis il s’appelait, c’était un sacré phénomène. Il se prenait pas la tête, il profitait de la vie comme elle venait et ce, même si elle était vraiment une connasse avec lui. Il était insupportable, vraiment insupportable. Mais, au fond, je l’aimais bien. Il me rappelait que j’étais vivant et qu’il fallait que j’arrête de me morfondre dans mon coin, pour essayer plutôt de savourer le peu de moments heureux auxquels on a droit dans ce foutu labyrinthe. C’est en partie à cause de lui que je suis devenu Medjack. Il m’amusait, me faisait rire très souvent. Et cela m’a fait relativiser. Tu me demandes pourquoi je te parle… Je veux que tu redécouvres la vie. Je sais que ta perte est irremplaçable et loin de moi l’idée de te faire oublier Karen. C’est impossible. On ne peut pas oublier. Mais je veux te faire sourire. Je veux que tu sois heureuse. Je veux faire ce qu’Alec a fait pour moi : te faire sentir vivante ».

J'avais relevé la tête et je l'avais écouté attentivement. Je continuais de jouer avec mes doigts, mais j'observais ses yeux, essayant de déceler le fond de sa pensée. Waouh, c'est la première fois que je crois presque à ce que quelqu'un me dit depuis..bref. Cela me touche, moi, Alycia Ross, je suis touchée par ce qu'il me dit. Le fait qu'il se confie, cela ne m'est pas indifférent. Alors je peux encore ressentir des choses à l'intérieur de mon corps, des émotions ? Je ne suis peut-être pas totalement morte, finalement.
Et sans m'en rendre compte, un léger rictus se forme à la comissure de mes lèvres. Léger, presque  imperçevable. J'ai souri, enfin, ce n'était pas un sourire, mais ça y ressemblait.
Je plante mon regard dans le sien, mon visage est adouci. Je me lève et le regarde, espérant qu'il va se lever aussi.

« Tu viens, on va marcher ? Je préfère parler en marchant, tu ne trouves pas que c'est mieux ? »
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Milo Kyte


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MessageSam 20 Déc - 11:06


J’attends. Une réaction, une réponse, n’importe quoi. Quelque chose qui me fasse me dire que je ne me suis pas confié pour rien, que je ne me suis pas ouvert pour des prunes. Je détesterais ça. C’est tellement rare que je me révèle de la sorte. A quoi bon, de toute manière ? On a tous nos problèmes, tous nos motivations et nos secrets. Pourquoi les partager et en accabler les autres ? C’est une perte de temps considérable. Je n’en vois pas l’intérêt. A force de me refermer comme une huître, j’en suis venu à tout garder pour moi. Certains diront que c’est dommage. Moi, je pense que c’est nécessaire. Si nos faiblesses transparaissent aux yeux des autres, ceux-ci peuvent décider de s’en servir contre nous. Et là, c’est la fin. Alors pourquoi, cette fois-ci, je me suis laissé aller à de telles confidences ? Je ne sais pas trop… Pour la mettre en confiance, peut-être ? Pour rendre hommage à un ami qui a tant compté pour moi ? Ou bien parce que j’en avais moi-même besoin ? Sans doute pour toutes ces raisons à la fois. Mon cœur s’est presque arrêté de battre tant j’ai besoin qu’Alycia réagisse. Finalement, un sourire se dessine peu à peu sur son visage. Ce n’est pas encore un hurlement de rire, mais c’est déjà un bon début. Je souris à mon tour. Voilà bien longtemps qu’elle n’avait pas manifesté une telle émotion. C’est agréable. J’avais presque oublié à quel point ses sourires étaient ravissants. Elle n’a pas le droit d’en priver le Bloc.

« Je suis content de te voir sourire, même si cela ne dure que quelques secondes. Tu es bien plus jolie lorsque tu es pleine de joie de vivre, vraiment. Le Bloc a besoin de cela, nous avons tous besoin de cela. Un peu d’espoir, tu peux le leur apporter ».

Alycia se lève et me propose de marcher un moment. Hum, pourquoi pas ? De toute façon, il va bientôt falloir que je retourne travailler. Mes Medjacks ont tendance à partir un peu en vrille quand je ne suis pas là. Bon, à part Leah qui sait gérer les situations les plus délicates, les autres, on ne peut pas dire qu’ils soient des plus autonomes. Puis, avec Jude qu’il faut surveiller autant que les blessés… Plus les jours passent et plus je me demande si son cas peut être soigné ou pas. Je commence à en douter sérieusement, le mec semble complètement fêlé du bocal. Faudra que je songe à intervenir avant qu’il ne s’en prenne à quelqu’un. Bref. Je me lève donc et fais quelques pas aux côtés de la jeune demoiselle. Ce genre de choses, elle ne me l’avait encore jamais proposé auparavant. Serait-elle en train de changer ? Je n’ose y croire.

Un léger silence s’installe entre nous. Loin au-dessus de nos têtes, le soleil achève lentement sa course quotidienne, nimbant dès lors l’horizon de mille couleurs orangées. Quelques sombres nuages épars flottent ici et là, mais ils sont encore loin de m’inquiéter. C’est très rare qu’il pleuve dans le Bloc, j’ignore pourquoi d’ailleurs. Quoi que, les Créateurs doivent sans doute y être pour quelque chose. Comme toujours, en fait. Soupir. Alycia et moi nous promenons à travers les buissons et les arbres. Quelques cris nous parviennent de l’esplanade, faibles et inaudibles. Je n’ai vraiment pas envie d’y retourner. Je suis bien, là, en sa compagnie. J’oublie ces responsabilités qui m’enchaînent sans arrêt. Tout serait tellement plus simple si je n’avais pas à m’occuper de tous ces crétins. Je chasse rapidement cette idée de ma tête : sans moi, Jonas mettrait l’un de ses partisans à la tête des Medjacks et là, ça serait encore une autre affaire.

Au bout d’un moment sans discussion, je me tourne de nouveau vers Alycia :


« Que comptes-tu faire, désormais ? Je pense que ton mâton va finir par te taper sur les doigts si tu ne participes pas aux tâches collectives. Surtout en ce moment où la répression est plutôt rude. Je n’ai pas envie de discuter avec toi à travers les barreaux du gnouf, vraiment ».
Je l’observe d’un œil compatissant. Elle est vraiment jolie.







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MessageDim 21 Déc - 20:01

Lorsque je souris, il sourit. Comme si cela était dû. On aurait presque dit un jeu de théâtre. Vous savez, les actions qui s’enchainent de manière logique. Eh bien voilà, on aurait dit que mon sourire lui avait décoché le sien. Et c’est à ce moment précis que je me dis qu’il faudrait que je sourie plus souvent. Parce que son sourire est indescriptible. Vous savez, lorsque vous avez froid, et que vous réchauffez vos mains près d’un feu, c’est exactement cette sensation que procure son sourire. Il réchauffe les cœurs. Et cela me touche, encore une fois. Je me surprends à le fixer depuis trop longtemps, alors je reporte immédiatement mon attention sur les feuilles étalées autour de moi.

« Je suis content de te voir sourire, même si cela ne dure que quelques secondes. Tu es bien plus jolie lorsque tu es pleine de joie de vivre, vraiment. Le Bloc a besoin de cela, nous avons tous besoin de cela. Un peu d’espoir, tu peux le leur apporter ».

Je me lève alors et lui propose de marcher. Il se lève aussi, et je souris, intérieurement cette fois-ci, il ne faut pas abuser non plus. Je me sens moins seule, et je me serais trouvée sotte s’il était resté assis. Nous marchons calmement, dans le silence, qui n’est pas pesant, du moins pas de mon ressenti. J’écoute le bruit des feuilles qui s’écrasent sous mes pas ainsi que les siens et je reste attentive aux autres bruits de la forêt. Mon regard se lève doucement au-dessus des arbres, et je l’aperçois, le soleil. Il va bientôt se coucher, et il fera nuit quelques minutes après.
Des cris viennent troubler l’humeur paisible de la forêt, et je soupire intérieurement, ne voulant vraiment pas savoir pourquoi, ni de qui ils proviennent. Puis, un flashback. Ces cris me la rappellent. Je ferme les yeux, espérant plus que tout chasser cette image de ma tête, en vain. Je la revois, Karen, qui crie à gorge déployée. Pas de panique Alycia, tout va bien se passer, n’y pense pas. Les battements de mon cœur s’accélèrent. Heureusement Milo n’a visiblement rien remarqué. L’image s’estompe peu à peu, et heureusement, puisque Milo brise le silence.

« Que comptes-tu faire, désormais ? Je pense que ton mâton va finir par te taper sur les doigts si tu ne participes pas aux tâches collectives. Surtout en ce moment où la répression est plutôt rude. Je n’ai pas envie de discuter avec toi à travers les barreaux du gnouf, vraiment ».

Il avait dit cela en me fixant, chose qui me déstabilise assez. Parce que son regard me détaillait. Je trouve cela angoissant, des gens qui vous fixent en souriant. On ne sait pas vraiment ce qu’ils pensent. Alors, je me suis lancée, et je lui ai posé la plus idiote des questions, sachant qu’il est probable qu’il ne me fixait même pas et que j’ai complètement rêvé.

« Pourquoi tu me fixes ? »

Je laisse échapper un léger rire, plus gêné qu’autre chose, en essayant de trouver la réponse dans ses yeux. J’étais totalement gênée, et cette gêne n’était due qu’à moi-même. Mon rire avait dû paraitre idiot. Je ne savais pas si dans ma vie antérieure j’étais à l’aise avec les garçons, mais en tout cas, ici ce n’est pas le cas. On dirait une sainte nitouche qui ne connait rien à la vie. Je me dégoûte de jour en jour, vraiment.

Pour revenir à son affirmation, il n’a pas tort. Je ne peux pas rester éternellement dans cette situation, dans cet état. Ils ne peuvent pas m’enfermer, je suis déjà enfermée. Qu’ils m’enferment, je m’en contrefiche. Ce qui me poserait problème, c’est de ne plus pouvoir aller la voir. Parce que ça, ça m’est vital. Et si je suis enfermée, je ne sortirais pas de mon trou. Je pèse le pour et le contre. Et, bien entendu, je me trouve encore des excuses. Je ne peux pas, je ne veux pas. Pourquoi me donner la peine de travailler pour eux, pour ces créateurs, pour ces monstres, qui me l’ont prise. Non, j’ai toujours été généreuse et attentionnée dans ma vie, c’est terminé. Stop. La colère qui résidait en moi se retrouve expulsée d’une manière que je n’ai pas contrôlée. Je me suis arrêtée. J’ai arrêté de marcher. Je viens de repenser à ce qu’il m’a dit sur l’espoir.

« Milo, comment puis-je donner de l’espoir si je n’y crois plus moi-même ? », je marque une pause et le regarde, voulant lui faire comprendre qu’en aucun cas je ne voulais me montrer agressive ou autre. « Et comment pourrais-je travailler alors que je n’ai même plus envie de me nourrir ? Qu’ils m’enferment, je suis déjà en prison, de toute façon. On est tous en prison. »

Je ne bouge toujours pas, me contentant de le regarder, tout simplement. J’ai parlé d’une voix
calme, posée, sans vulgarité dissuadée et sans reproche. J’espère qu’il ne le prendra pas mal, je sais qu’il s’est confié tout à l’heure, et je sais que cela demande du courage, et surtout, de la confiance.
J’y repense alors et je relève mes yeux vers lui, détaillant son visage comme il le faisait auparavant.

« Et au fait, merci…de t’être confié. Je sais que ce n’est pas facile. Si jamais un jour tu as besoin de parler, je serais là, du moins j’essaierais. »
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MessageJeu 25 Déc - 11:10


J’éclate d’un léger rire lorsqu’Alycia me demande, gênée, pourquoi je la fixe. Moi-même, je l’ignore. D’ailleurs, je ne m’étais pas rendu compte que mon regard demeurait aussi insistant. Je crois que je me suis égaré un moment. La fatigue, sans doute. Les heures de dingue que j’me tape commencent à se faire ressentir et je ne serais pas contre une bonne nuit de sommeil. Fin bon, le sommeil, ça fait un bail qu’il a décidé de me fuir. Bref. Pour qui Alycia doit-elle me prendre, du coup ? Je n’ose imaginer la piètre image qu’elle a de moi. Et puis, que lui répondre, de toute façon ? Excuse-moi, j’étais en train de te mater sans m’en apercevoir ? Très classe. Je me contente de hausser les sourcils et de laisser s’étioler mon sourire quelques instants. J’aime garder ce petit air mystérieux, qu’elle l’interprète comme elle l’entend. Certaines de mes conquêtes m’ont avoué que cela leur plaisait plutôt pas mal. Je me souviens de cette charmante sarcleuse… Alycia succombera-t-elle également à mon charme ravageur ? Je ris au fond de moi. Ce n’est guère le moment de penser à ce genre de choses. La petite est brisée, comment puis-je songer à de telles dispositions ? Navrant. Je détourne les yeux pour ne plus qu’elle me grille et je continue de marcher en silence. Puis, sans crier gare, la jeune fille s’arrête, comme frappée d’une révélation divine.

Les propos qu’elle tient ne m’étonnent guère. Y a plus grand monde qui y croit de toute manière, moi le premier. Je ne peux pas lui en vouloir d’éprouver les mêmes ressentis que moi sur la question et je serais bien hypocrite de le lui reprocher. Je lâche un ricanement ironique :


« Si même les plus optimistes laissent tomber, c’est qu’on est vraiment dans la merde. RIP nous. Mais tu as raison, nous sommes déjà tous prisonniers de ce fichu bloc. Nous plaindre ne nous aidera pas avancer, cependant. Ça fait un bon moment que je dis qu’il faut se remuer. Si les Coureurs partageaient déjà leurs expériences au sein du Labyrinthe… Tous ensemble, nous pourrions y parvenir, j’en suis convaincu. Ce système de castes est vraiment une belle connerie ».

Je réfrène une envie de cracher par terre. Devant une demoiselle, ce serait vraiment un manque de goût considérable. Je me contente d’observer négligemment mes chaussures dans l’espoir que cela fera passer la colère qui m’envahit peu à peu. Passons là ce chapitre, il n’est pas heure de revenir sur ces sujets sensibles. Je pense avoir largement épuisé le répertoire et je doute qu’Alycia soit ravie de m’entendre déblatérer sur les problèmes du Bloc. Elle a déjà assez de soucis comme ça pour ne pas que j’en rajoute en lui affirmant que tout va au plus mal dans notre petite communauté. Lorsque je relève la tête, je croise une nouvelle fois son regard. Elle me remercie de m’être confié. Pendant un millième de seconde, je me demande de quoi elle parle. Ça finit rapidement par me revenir. J’éprouve un léger malaise. Je n’aurais pas dû dire toutes ces choses, ça m’a échappé.

« Oh tu sais, c’est pas très important » expliqué-je en me grattant le cou d’un air désabusé. « D’ailleurs, si toi aussi t’as b’soin de parler, n’hésite pas, j’suis jamais bien loin ma belle ». Je lève les yeux au ciel. Oh oh, va falloir que je retourne gérer l’infirmerie, ça doit être la débandade. Soupir. Je me tourne vers Alycia : « Bon, moi, faut que je retourne à l’infirmerie. Les fins de journée sont les plus délicates à gérer, je voudrais pas qu’ils fassent exploser le bâtiment. Ca m’a fait plaisir de te parler. Viens me voir quand tu veux, d'accord ? ».

Je lui fais un petit sourire avant de tourner les talons. La soirée ne fait que commencer.








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