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Bel équilibre! [PV Mahree Clarke]

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MessageJeu 11 Déc - 18:17



Bel équilibre!
ft. Mahree & Allya


Enfin sortie de ce foutu labyrinthe! Pas trop tôt! J'ai cru qu'on allait y passer avec ma Trappeuse, Elina. C'est qu'à nous deux on fait une équipe de choc! Non ce n'est pas de l'ironie comme quelques uns pourraient le croire. On est toujours toutes les deux dans le dédale, on se sert les coudes et on ne s'abandonne jamais. On s'entraide, et chacune a une confiance sans limite en l'autre. Même si parfois on est vraiment pas douées...

Enfin à chaque fois on arrive pile quand les portes vont se fermer, alors que toutes les autres personnes sont déjà dehors.

Je me dirige en sautillant vers l'infirmerie du bloc. Heureusement aujourd'hui je n'ai que des petites griffures superficielles au niveau de l'abdomen, donc tant que je n'y penses pas trop, ça ne me fait pas mal et je peux me mouvoir comme je veux. Ils ont tellement l'habitude de me voir! En tant que casse cou professionnelle, j'ai souvent des égratignures ou des petites blessures quoi doivent être désinfectées et soignées là-bas.

- Salut Allya! me lance un Medjack en souriant. Tu as battu le record, tu as tenu une semaine sans venir nous voir!

Je souris avant de lui répondre en me frottant les mains.

- Vous me manquiez trop, c'est pour ça que je suis revenue!

Le Medjack éclate de rire et je fais de même tout en m'asseyant sur une chaise de libre.

- Désolé mais je suis occupé, fait-il en saisissant du désinfectant.

Je hausse les épaules avant de me relever et de faire les cents pas. Mon hyperactivité ne me laisse jamais tranquille: je suis une vraie pile électrique. N'importe où, n'importe quand je ne peux pas m'empêcher de bouger. Il y a des bons côtés: j'ai des très bons réflexes mais parfois j'aimerais vraiment pouvoir arrêter et être calme. Mais non, c'est impossible, alors autant ne plus rêver de ça! Mais plutôt d'une sortie! Et aussi qu'il n'y est plus de tyrannie au bloc!

Et oui, ici on ne peut plus dire ce que l'on pense, ses opinions et à la moindre parole déplacée c'est directement le gnouf! Moi ça m’énerve encore plus! Ils ne sont pas supérieurs à nous à ce que je sache les Miliciens! Ils ont seulement plus de moyens... Je sais que je me répète mais ça me dégoûte tellement!

Je claque des doigts tout en tapant du pied, en rythme. J'ai une musique en tête dont je ne me souviens plus des paroles. Je l'ai eu toute la journée, même dans le labyrinthe je chantonnais l'air de cette chanson.

Je soupire avant de tourner sur moi même de plus en plus rapidement. J'éclate de rire avant de me stopper net. La douleur recommence. Je grimace avant de placer mes mains là où j'ai mal. J'espère que quelqu'un va pouvoir m'aider, car là je commence à en avoir marre d'attendre!  

- Bon est ce que quelqu'un a fini ce qu'il avait à faire là? Parce que si ça continue je vais m'ennuyer ferme ici!



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MessageSam 13 Déc - 7:11

Bel équilibre !
Allya ∞ Mahree


Un tocard riait bruyamment,  la bouche grande ouverte. Ses lèvres grasses encerclaient une cavité buccale dans laquelle s’entremêlaient des restes de nourriture prémâchés. Son visage joufflu et sa barbe dure dans laquelle s’était coincé quelques miettes donnaient une image négligée. Mais ce n’était pas qu’une apparence. Il suintait la négligence et le laisser-aller. Mahree sentait son estomac se retourner. Elle baissa les yeux et décida de retourner à son plat. Il avait presque réussi à la dégoûter de sa ratatouille. Il fallait être fort pour parvenir à un tel exploit. Avec un haut le cœur, elle vida son verre d’eau et lui jeta un dernier coup d’œil. Il passait un ongle noir entre ses dents pour retirer le filament de viande qui s’y été glissé. Mahree attrapa son assiette, ses couverts et son verre et changea de place. Elle ne pouvait pas se permettre de vomir le peu qu’on lui donnait à manger.
Une fois la vision du gros cochon oublié, elle dégusta avec plaisir ce que contenait son assiette. Des légumes succulents avec une cuisse de poulet bien grillé. Un fumet se dégageait délicieusement du plat et donnait à Mahree des envies de dévorer toutes les assiettes du réfectoire. Elle lança un regard plein de convoitise autour d’elle puis elle se raisonna. Elle n’avait même pas fini son assiette qu’elle se concentrait déjà sur les autres avec une avidité malsaine. Elle avait parfois la sensation que le serpent à tête d’homme revenait sur son épaule pour la pousser au péché de gourmandise. Mais il ne fallait pas qu’elle y cède. Mahree dégusta son assiette lentement, silencieusement, religieusement. Quand elle sentait la douce tiédeur des aliments emplir sa bouche, quand l’arôme tantôt pimenté tantôt doux ravissait son palais, elle en éprouvait un plaisir tout particulier. Une sorte de joie intérieure, un petit feu d’artifice. C’était un moment à elle, qu’elle savourait seule la plupart du temps mais qu’elle affectionnait pleinement. Quand quelqu’un venait avec elle, elle ne pouvait pas faire autrement que faire passer ce plaisir au second plan, et c’était là son grand chagrin. Quand elle eut fini son plat et après l’avoir saucé avec son pain, elle se tourna vers sa mousse au chocolat. Elle admirait les efforts fournis par les Cuistots pour contenter gustativement l’ensemble des blocards. Elle appréciait la diversité des plats qu’ils proposaient même si elle en aurait bien voulu triple portion à chaque fois.
Quand elle eut terminé son repas, elle jeta un œil haineux au tocard qui continuait de rire comme un pauvre type. Il ne prenait toujours pas la peine d’avaler sa nourriture avant d’ouvrir la bouche et ne faisait que confirmer la répugnance qu’il inspirait à la jeune femme. Il était Milicien. En sortant de l’infirmerie ce matin, Mahree avait croisé ce pauvre type en train de trainer par terre une jeune fille d’environ quatorze ou quinze ans tandis qu’elle pleurait et se débattait rageusement. Mahree avait eu un haut-le-cœur et s’était arrêtée net face à cette scène. Lentement, précautionneusement, elle s’était approchée du Milicien et lui avait demandé de redresser la blocarde. Il s’était alors tourné vers elle et lui avait lancé un regard rageur.

-Qu’est-ce que tu veux, toi ? Je fais mon travail, passe ton chemin, tocarde.

Mahree s’était trouvée comme une petite fille, totalement consciente qu’elle pouvait se faire écraser comme un ver par ce colosse monumental.  Pourtant, elle ne pouvait pas juste partir comme ça, et se contenta de lui sourire gentiment tout en lui disant :

-Elle saigne, la Medjack pointa un doigt sur un de ses genoux et se baissa au niveau de la blocarde pour définir la profondeur de la blessure, elle a besoin de soin. Si tu es d’accord, il faudrait la relever pour que sa blessure n’empire pas.

Consciente de son visage d’enfant, elle décida d’en jouer. Elle le regarda avec des yeux plein de douceur et de gentillesse. Puis, elle baissa la tête et regarda la blessure de la blocarde qui continuait d’avoir des hauts le cœur. Mahree regarda ses jambes, ses chevilles. Elle avisa ses chaussures de course et sa montre.

-C’est une coureuse, non ? Ce serait bête qu’après sa sanction, elle ne soit pas capable de courir. Plus on a de monde dans le Labyrinthe, plus on a de chance de sortir d’ici, tu ne crois pas ?

-Occupes-toi de ton derrière et arrêtes de m’empêcher de faire mon travail. Un conseil, ne cherche pas la Milice, tocarde.

Il semblait plus que sincère dans ses paroles, mais en tant que Medjack, Mahree ne pouvait pas se dégonfler. Elle se releva, toujours souriante et lui demanda calmement :

-D’accord. Mais si ça te va, je passerai tout à l’heure pour la soigner.

Elle se retourna et s’en alla avant qu’il ne puisse dire quoique ce soit. De toute manière, même si elle essayait de l’adoucir avec son regard plein de bonté, il était si froid qu’il en devenait impénétrable. Le genre de garçon qui ne cherchait que le pouvoir, à dominer autrui. Les écraser. De ceux qui voulait imposer son autorité aux blocards et lécher les bottes de Jonas. S’en devenait presque risible. Malgré tout, lorsqu’elle se retourna et regarda derrière elle, elle se rendit compte qu’il continuait de la traîner par terre, mais un peu moins violemment. Ce n’était pas pour autant un mieux pour Mahree. En fait, c’était plutôt un échec. Elle avait conscience que ce traitement était injuste, et n’avait pas pour autant osé élever la voix. Elle savait très bien que ce gorille aurait pu la casser en deux. Tout comme elle avait conscience du fait que de toute manière, même si elle s’insurgeait, rien ne changerait pour cette pauvre blocarde.

Elle le regardait donc, se goinfrer comme un des porcs enfermé dans les enclos des Sarcleurs. Et elle était dégoûtée. Il lui donnait envie de vomir avec ses cheveux gras et son air suffisant. Un de ceux qu’elle ne supportait pas. Qu’elle ne supportait plus. Son regard de dédain se détourna de lui et elle effaça son image de sa mémoire. Le Bloc était assez triste comme ça, pas la peine d’en rajouter avec des Miliciens mal intentionnés.
A son retour à l’infirmerie, elle fut alpaguée par un Medjack qui semblait ne plus en pouvoir. Il était épuisé, et fit comprendre à Mahree que la file d’attente était longue aujourd’hui. Après avoir acquiescé, elle se dirigea vers  une des tables d’examen et fit signe à un blocarde brune aux cheveux court de venir. Elle semblait mal en point avec sa brûlure sur l’avant-bras.
La journée défila ainsi, vite et lentement à la fois. Mahree était fière d’être une Medjack, elle se sentait heureuse d’évoluer parmi eux, mais elle se demandait aussi parfois à quoi il servait de soigner des gens lorsque des abrutis s’amusaient à empirer les blessures en traînant les blocards par terre. Crispée, énervée, la jeune femme tapa du poing sur la table d’examen. Le blocard qui y était assis la regarda avec des yeux ronds. Il ne devait pas avoir plus de treize ans. Encore un gamin qui n’avait rien à faire dans un endroit pareil.

-Excuse-moi, c’est la fatigue.

Elle lui sourit de façon si sincère que le gamin se calma aussitôt. Il échangea avec elle un petit rire. Puis, lorsqu’elle eut terminé de lui préparer ses médicaments, elle lui fit signe qu’il pouvait s’en aller. Il était tellement mignon ce garçon, qu’elle ne put s’empêcher de lui passer une main dans les cheveux et de lui caresser la joue. Réceptif, il lui fit un sourire rayonnant, puis s’en alla. Parfois, Mahree se faisait la réflexion que la tendresse manquait au Bloc. Ils n’étaient pas seulement des rats de laboratoire ou des Blocards. Ils étaient avant tout des jeunes hommes et femmes qui devaient se construire.
Aux alentours de dix-sept heures trente, Mahree attrapa une trousse de secours et s’en alla vers le Gnouf affublée de sa blouse blanche de Medjack. La blessure de la jeune blocarde qui avait été traînée sur le sol par le Milicien n’était pas grave du tout, mais elle ne voulait pas non plus qu’elle s’infecte. Et puis au moins, elle pourrait apporter un peu de douceur à cette pauvre fille. Une fois près du Milicien de garde, elle montra sa trousse de Medjack et lui dit d’une voix calme :

-Je dois m’occuper d’une blocarde qui a été blessée. Je n’en ai pas pour longtemps, mais est-ce que je peux entrer ?

Le Milicien la regarde de haut en bas, comme si elle cachait une bombe dans la poche de sa blouse. Puis, il se détendit et s’approcha de la porte du Gnouf qu’il ouvrit pour elle.

-Cinq minutes, pas plus.

Le Gnouf était un endroit dénué de toute chaleur humaine, à l’instar des Miliciens qui le gardait. Quand elle y posa le premier orteil, Mahree se sentit presque claustrophobe. L’odeur de sueur, de renfermé était insupportable. Un poids s’abattit dans son estomac au moment même où elle vit la petite blocarde assise, les bras autour des jambes. Consciente qu’elle n’avait que très peu de temps, Mahree s’accroupit près d’elle et lui fit un sourire que l’autre aurait sans doute du mal à distinguer clairement dans cette obscurité morbide.

-Salut. Sympa les gorilles à l’entrée.

Elle discuta avec la blocarde qui semblait contente de voir un visage amical. Mahree lui demanda pour combien de temps elle en avait au Gnouf. L’autre lui montra quatre doigts blancs. La gorge serrée, la jeune Medjack se demanda comment elle allait pouvoir vraiment supporter de rester tant de temps ici. Mahree fit une moue qui signifiait qu’elle comprenait que ce ne serait pas le Paradis et continua de la traiter tout en discutant. A peine eut elle terminé qu’elle sentit une main sur son épaule. Elle se retourna précipitamment et se retrouva nez-à-nez avec le Milicien qui avait traîné la blocarde par terre. Il serra son emprise sur l’épaule de Mahree et lui cracha sans la moindre délicatesse :

-C’est bon, tu veux y passer les vacances ? Du thé et des petits biscuits peut-être ? Retourne dans ta petite infirmerie bien proprette et qu’on ne te revoit plus dans le coin, tocarde.

Mahree sentait ses doigts musclés la serrer de plus en plus fort. Il lui faisait mal et elle poussa sa main rêche tout en lui donnant un petite tape dessus. Il la retira aussitôt, sans doute surpris du geste et se redressa, les traits tirés par la contrariété :

-Dehors, sale tocarde. Tout de suite !

Quand Mahree se redressa pour sortir, elle se retourna vers lui et lui dit d’une voix égale :

-Je reviens demain. Quand une blessure est sérieuse, on ne peut pas l’ignorer.

Puis, comme quelques heures auparavant, elle se retourna sans l’écouter répliquer. La blessure n’avait absolument rien de grave, en fait. Ce n’était qu’une petite écorchure qui semblait bien plus grave qu’elle ne l’était vraiment. Mais elle n’aimait pas trop imaginer que quelqu’un puisse rester toute la journée comme ça, enfermé sans aucun visage amical. Sans aucune chaleur. Et avec pour seule compagnie la présence d’une belle bande de brute.
Quand elle remonta à l’infirmerie, Mahree fut surprise de constater que pendant sa courte absence, la moitié du Bloc semblait avoir élu domicile à l’infirmerie. Les sourcils froncés, Mahree s’approcha, constatant l’état des blessés dans la file d’attente. Ils ne semblaient pas très atteints. En l’absence d’un cas important, elle décida de prendre les gens dans l’ordre. Si la situation l’imposait, elle ferait passer un blocard avant les autres. En s’avançant avec sa trousse de secours, elle entendit quelqu’un rire bruyamment. Mais ce n’était pas le genre de rire qu’avait le Milicien désagréable de cet après-midi. C’était un rire féminin, aérien, communicatif. Mahree n’avait pas l’habitude d’entendre des rires à l’infirmerie, mis à part les instants de folie de Jude.
Soudain, le rire se stoppa. La Medjack qui venait de longer la queue des blocards, regarda la jeune femme qui en était l’auteur. Elle avait les mains sur son ventre, et se plaignait en signifiant qu’elle risquait de s’ennuyer à force d’attendre. Mahree eut un rictus. Les coureurs devaient être rentrés du Labyrinthe, ce qui expliquait l’arrivée soudaine des troupes. Elle comprenait qu’après une course effrénée dans le Labyrinthe, on veuille vite retourner se reposer. Attendre à l’infirmerie que quelqu’un ait deux minutes pour nous quand on souffrait devait être une torture. Elle s’avança donc vers la table qu’elle occupait avant de partir au Gnouf et posa sa trousse. Puis, elle se retourna vers la jeune femme, la détailla et lui dit d’une voix qu’elle voulait chaleureuse :

-Tu seras bien la seule à t’ennuyer. C’est la course les trois quarts du temps ici. Enfin la course… Sans doute moins que dans la Labyrinthe.

La jeune femme était grande, élancée. De grandes boucles se fondaient dans une masse de cheveux brun et épais qui encadraient un visage carré et aux traits féminins. Ses yeux bruns dévoilaient une nuance orangée visible seulement à la lumière crue de l’infirmerie. Cette même lumière qui donnait parfois mal à la tête de la jeune Medjack.

-Tu peux venir, je suis libre comme l’air.

Elle leva les bras de part et d’autre d’elle pour signifier sa solitude. Avec un sourire elle s’appuya contre la table d’examen. Puis, Mahree lança un regard vers le ventre de la blocarde. Son tee-shirt semblait en mauvais état. Et vu son geste trente secondes auparavant, il semblait que la blessure se trouvait dans ce coin-là. Mahree pointa le ventre de la jeune femme du doigt et lui demanda :

-Alors, dis-moi tout, qu’est ce qui s’est passé ?

Vu son physique, Mahree s’attendait à ce qu’elle soit une coureuse ou une trappeuse. Déjà, elle était arrivée à l’heure où la foule qui occupait habituellement le Labyrinthe le jour revenait en sécurité dans le Bloc. Mahree se demanda ce que cela faisait de risquer sa vie tous les jours. De se confronter inlassablement aux mêmes dangers. Puis, elle se raisonna en pensant qu'elle aussi avait des responsabilités dans ce Bloc. Il était temps de les assumer, pas de rêvasser.

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MessageSam 13 Déc - 20:06



Bel équilibre!
ft. Mahree & Allya


Une larme perle aux coins de mes joues. Est-ce la douleur ou les cris qui me font si mal? Peut être les deux. Je ne veux plus rester ici. Je veux partir. Pas seulement de l'infirmerie. Non du bloc. Je veux retrouver ma liberté, mes souvenirs et ma famille. A moins qu'elle ne soit partie elle aussi? Je n'en sais rien. Mais ce n'est pas dans mes habitudes de pleurer. Je préfère agir par instinct. Tiens c'est drôle, je passe du rire aux larmes, du bonheur au désespoir.  Je doit être assez tendue pour que mes émotions changent autant. Ou alors je deviens folle.
Une nouveau sourire apparaît sur mon visage qui s'illumine une nouvelle fois. Puis j'entends une voix. Une voix qui me parle.

-Tu seras bien la seule à t’ennuyer. C’est la course les trois quarts du temps ici. Enfin la course… Sans doute moins que dans la Labyrinthe.

Je ne m'attendais pas à ce que l'on me parle. Je pensais sortir à l'instant ou elle a pris la parole. Je me retourne puis, retrouvant mon air habituel je lance:

- Oh je te comprends! Cela ne doit pas être facile tous les jours ici!

Et c'est vrai. Je le pense vraiment. Passer son temps dans les cris, la sueur et les blessures ne doit pas être joyeux à longueur de journée.  Ne pas entendre de merci, ne pas voir de sourire mais seulement des hurlements incessants...Et cette puanteur qui s'accumule à la crasse! Heureusement ce n'est pas non plus horrible de travailler là: Jude, ça lui plait bien par exemple! Passer son temps à disséquer, faire fuir les patients avec son air de psychopathe...Cela doit être vraiment drôle à regarder. Mais il y a aussi des personnes qu'ils n'ont pas forcément envie de soigner. Les Miliciens par exemple, ou même Jonas. Vous imaginez?

Moi à leur place je les laisserais dans leur état d'origine ou non, au contraire je rendrai leurs blessures encore plus grave! Vu ce qu'ils nous font endurer à longueur de temps, ils méritent bien le mécontentement de tous! Et Loveela, cette douce Loveela, rêveuse et adorable qu'ils ont bannis, tués, sans états d'âmes! Je veux leur faire payer le prix fort pour cela. Je ne veux pas rester passive à ces actes abominables et voir des innocents assassinés. Je ne veux plus entendre ces plaintes, ces pleurs et cette soumission. On a tous droit à la liberté! On a pas à avoir peur de ce que l'on est! On a pas à avoir peur de défendre nos opinions, ce en quoi nous croyons! On a pas à avoir honte de se rebeller contre cette société, cette tyrannie infâme qui nous pourri l'existence depuis notre arrivée au bloc! Déjà que de ne se souvenir seulement de son prénom et de se savoir enfermé, c'est terrifiant alors ça! Je secoue la tête. Même pas la peine d'y penser.

- Tu peux venir, je suis libre comme l’air.

La Medjack me tire brusquement de mes sombres pensées. Je reprends là où j'en étais tout en continuant de grimacer. Ma soigneuse pointe mon ventre du doigt tout en haussant un sourcil. Il lui a fallu un millième de seconde pour comprendre que ma blessure se situe bien sur mon abdomen. Perspicace la jeune fille.

-Alors, dis-moi tout, qu’est ce qui s’est passé ?

Je soupire. Ce qu'il s'est passé? Je cherchais une sortie dans ce foutu labyrinthe lorsque qu'une charmante flaque d'eau est apparue sous mon nez, me faisant glisser et m'étaler de tout mon long. Mais cela aurait été trop bien si l'incident s'était arrêté là. Non il a fallu que je tombe pile à l'endroit où un objet coupant avait décidé d'habiter. Et bien sûr mon ventre a pris cher. Mais je me contente de lui répondre de façon que je veux sympathique:

- Rien de bien grave! Je ne suis pas douée c'est tout! J'étais dans le bloc 5, tu sais la partie la moins fréquentable? Et bien c'est très humide à l'intérieur. Tellement que j'ai glissé sur une magnifique flaque d'eau.

Je soulève mon t-shirt sale est trempé: un mélange de sueur et d'eau, avant d'afficher une tête bizarre. Ma blessure commence à puer un peu. Je commence à penser qu'elle s'est infectée avant d'hausser les épaules et de me remettre à grimacer: je n'aurais pas du faire ça.

Je soulève un sourcil, puis me laisse faire par cette charmante Madjack qui m'a l'air très expérimenté. J'ai envie de discuter avec elle, de savoir ce qu'elle pense, quelles sont ses opinions. En un sens, elle m'intrigue énormément. Mais une question trotte dans ma tête depuis le début de notre conversation:

- Au faite tu t'appelles comment?

Question très pertinente n'est-ce pas? Mais je me dis que la moindre des choses lorsque l'on rencontre quelqu'un au bloc: ou même dans le labyrinthe, c'est de lui demander la seule chose dont il se souvient depuis son arrivée: son prénom.




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MessageLun 15 Déc - 0:07

Bel équilibre !
Allya ∞ Mahree


« Cela ne doit pas être facile tous les jours ici »… Elle n’avait effectivement pas tort. La douleur d’autrui était parfois des plus difficiles à gérer. Les lamentations, les cris et parfois les pleurs. Ce panel non-exhaustif de réactions était épuisant à côtoyer, physiquement et moralement. Mahree prenait toujours le temps d’expliquer la moindre de ses actions car elle savait que l’ignorance était mère d’inquiétude. Pourtant cela ne suffisait pas toujours. Elle n’était arrivée au Bloc que depuis peu mais malgré tout une multitude de souvenirs déplaisants s’étaient insinués en elle au cours de ses journées à l’infirmerie. Elle aimait soulager la douleur, panser les plaies, apporter aux malades la douceur qu’elle estimait trop rare au sein du Bloc. Mais elle se trouvait toujours mal à l’aise face à quelqu’un qui pleurait ou qui perdait toute contenance face à la douleur. Les garçons surtout. Bien que maternelle et pleine de bonnes intentions, Mahree avait du mal à garder une distance face à un grand blocard aux airs robustes qui se mettait soudainement à verser des larmes. Elle se représentait alors la douleur comme étant intolérable, et son pauvre cœur innocent s’en trouvait tiraillé entre le professionnalisme et l’humanité. Mais tout était une question de situation. Chacune était différente, et parfois, bien loin de la fragilité, la douleur réveillait la cruauté. Un jour, sous l’emprise de la douleur, un blocard lui avait même mit une gifle. Mahree se souvenait de cette large main s’abattre sur sa joue et sur son oreille. Elle ressentait encore le tiraillement lui brûler chaque cellule de peau. Et elle se souvenait également de la vague cuisante de haine qui avait déferlé en elle suite à ce geste malheureux.
Et puis il y avait ceux qui ne pipaient pas mot, faisaient de la douleur une contrainte secondaire et ne venaient que parce que leurs mâtons, camarades ou tout simplement leur bonne conscience le leur soufflait. Ces cas-là étaient souvent traités facilement, parce que Mahree n’avait pas à faire à de petites choses fragiles. Pourtant, le contact humain en était en général amenuit et la procédure médicale en devenait moins intéressante. Mais Mahree le savait bien, toutes les classes du Bloc avaient leur points positifs et négatifs. Il suffisait seulement de parvenir à les dompter peu à peu.

-Je crois qu’ici, rien n’est vraiment facile. Surtout depuis quelque temps.

Les horaires rallongés étaient un gros souci pour Mahree, mais elle se rendait bien compte qu’à l’infirmerie elle pouvait se considérer « en sécurité » ou du moins, sa vie n’était pas directement atteinte. Mais avec ces deux heures en plus chaque jour, elle était épuisée. Mais le pire restait les coureurs et les trappeurs. Dans le Labyrinthe, ils mettaient deux fois plus leur vie en danger. Et quand elle les voyait arriver épuisés à l’infirmerie, les jambes tremblantes et le souffle court, elle se sentait impuissante. Deux heures de plus, c’était deux heures de moins pour se sortir d’une situation gênante. C’était mettre la vie des blocards au second plan. C’était de la haine gratuite, une intolérable façon de montrer sa réprobation.

Soupirante, Mahree garda quand même le sourire ; elle ne s’en démembrait que très rarement. C’était une seconde nature chez elle, profondément ancrée. Même le Bloc n’avait pas réussi à changer cette part de sa personnalité. Pourtant, elle était mise à l’épreuve tous les jours. Les blessures ces jours-ci étaient plus nombreuses. Peut-être qu’à cause de la précipitation, les coureurs et les trappeurs devenaient moins prudents ?
La jeune coureuse lui expliqua les circonstances qui l’avaient menée à se blesser. Mahree l’écouta calmement. Elle se demandait comment un coureur ou un trappeur pourrait s’en sortir avec une blessure plus grave à présent. Une cheville foulée, un pied cassé, un genou fracturé. Avec tant de temps en plus dans le Labyrinthe et donc si peu de différence entre la sotie des coureurs et la fermeture des portes, elle ne voyait pas bien comment quiconque si gravement atteint avait la moindre chance de s’en sortir, à moins qu’il ait un coéquipier très vaillant. Mais quand elle évoqua l’humidité du bloc 5, Mahree se rendit à l’évidence : c’était le meilleur moyen de se briser une cheville ou de se casser une jambe. Merci Jonas.

-Ouais je vois. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul…

Elle la vit soulever son tee-shirt pour lui montrer la blessure. Mahree constata les dégâts. Il fallait qu’elle y prête grande attention, car les blessures à l’abdomen, selon leur gravité, pouvaient poser de réels soucis. Elle poursuit ensuite sa réplique précédente :

-…Tu tombes sur une connerie qui te perfore le ventre. Belle journée en somme.

Soupirante, Mahree accorda un sourire à la jeune femme. Coureuse ou trappeuse, elle suscitait en quelque sorte son admiration. Mahree ne serait jamais capable de faire cela. Il était à peu près certain qu’elle serait morte depuis longtemps si tel avait été le cas. Car lorsqu’elle voyait tous ces coureurs et trappeurs vigoureux et costauds arriver à l’infirmerie avec des blessures béantes et qu’elle se rendait surtout compte que ces blessures faisaient parfois la taille de ses cuisses, elle comprenait qu’elle avait sa place partout, sauf dans ce foutu Labyrinthe. Car envers et contre tout, elle voulait tout de même vivre.

-Viens t’allonger s’il te plait.

Elle abattit sa main plusieurs fois sur la table d’examen pour l’inciter à venir s’y étendre. Quand ce fut fait, elle s’éclaircit la gorge, s’approcha de la jeune femme et lui dit d’une voix qu’elle voulait douce mais professionnelle :

-Maintenant, plie tes genoux, je vais te caler les jambes avec cette couverture. Ça va permettre de relâcher les muscles de ton abdomen et donc de diminuer la pression sur ta plaie.

En la regardant allongée comme ça, Mahree commença à se poser des questions sur la jeune femme. Deux minutes auparavant, elle dansait. Avec une blessure à l’abdomen, personne n’aurait fait ça. Mais elle, si. Cela avait quand même quelque chose de drôle, même si professionnellement parlant c’était plutôt un comportement à ne surtout pas encourager. Cette blocarde devait être quelqu’un d’énergique. Et puis de toute façon, pour aller courir dans le Labyrinthe jour après jour, il semblait évident qu’elle ne pouvait pas être une pantouflarde.
Mahree s’éloigna un moment pour aller se laver les mains. Puis, elle enfila des gants et se rapprocha de la patiente. Elle souleva son tee-shirt, et se pencha sur la plaie de la jeune femme. A première vue, rien de bien profond, mais les plaies au ventre étaient réputées pour être plus douloureuses qu’à d’autres endroits où la peau était plus épaisse. La Medjack sentit une odeur désagréable qui était signe d’une infection. Elle scruta les bords de la plaie, plutôt nets, mais rouges et enflés. Cela n’étonna pas Mahree qui s’imaginait bien que le Bloc était farci d’éléments polluants qui étaient parfaits pour accélérer une infection. De plus, une légère sécrétion se dégageait et confirmait le diagnostic :

-Bon, de toute évidence ce n’est pas très grave, la plaie n’est pas profonde, mais tu es tombée dans une flaque particulièrement…crade. Du coup, elle s’est infectée. Les plaies à l’abdomen sont très douloureuses généralement, et l’infection ne fait qu’en rajouter.

Mahree se pencha de nouveau sur le ventre de la blocarde et inspecta à nouveau la plaie. Un fois fait, elle se redressa et lui fit un sourire :

-La bonne nouvelle, c’est que je n’ai pas besoin de te faire des points de suture. Mais il faut quand même te ménager un peu pour que ça guérisse convenablement. Par exemple... évites de danser.

Elle lui fit un sourire pour lui montrer que ce n'était pas une critique mais un conseil. Puis, elle s’absenta une minute pour aller chercher tout ce dont elle avait besoin pour soigner la blocarde. Cela ne lui prit pas plus de quelques minutes, car elle commençait à s’habituer à l’emplacement des médicaments, crèmes et lotions de l’infirmerie. Quand elle arriva près de la blocarde, elle lui dit :

-Bon, je vais déjà nettoyer l’infection pour que la plaie soit propre.

Mahree s’activa et commença par passer un coup sur le ventre de la coureuse. Puis, à l’aide d’un sérum physiologique et de savon neutre elle commença à nettoyer la plaie délicatement. Elle était dans ses pensées, concentrée sur sa tâche quand la jeune femme lui demanda son nom. Mahree se tourna vers elle, étonnée. Il était rare qu’on s’intéresse à elle. En général, c’était plutôt elle qui posait les questions. C’était sa façon de dédramatiser les choses et de s’intéresser aux gens. Du coup, elle fut étonnée mais ravie. Son sourire se raviva et elle lui répondit avec plaisir :

-Je suis Mahree. Ça ne fait pas bien longtemps que je suis là. Et toi ? Je suppose que tu dois être une coureuse ou une trappeuse ? Ça doit être difficile pour vous en ce moment. Courir deux heures de plus, c’est un sacré changement. Heureusement que ta blessure n’est pas trop grave, si elle avait été plus profonde, ça aurait pu être carrément handicapant pour toi dans le Labyrinthe.

Mahree avait tendance à se laisser emporter une fois qu’elle était partie dans une conversation. Mais elle se sentait assez bien avec cette blocarde, et elle réalisait surtout à quel point sa situation devait être compliquée parfois.

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MessageMar 16 Déc - 16:26



Bel équilibre!
ft. Mahree & Allya


Le temps que l'on passe au bloc, on pourrait le passer autre part: près des personnes que l'on aiment par exemple. Je me demande parfois si j'ai une famille. Pas seulement une mère et un père, non des gens qui m'apprécient. Peut être que je leur manque. Ou peut-être ne sont-ils plus de ce monde? Ce ne sont que des suppositions. Le fait de ne rien savoir depuis neuf mois est une douleur de plus à supporter ici. Et ce n'est pas tous les jours la joie. Mais le pire n'est pas de ne pas se souvenir, mais que eux se souviennent de toi, et que toi tu les ai oubliés. En une fraction de seconde il ne reste plus que ton prénom. Les Créateurs ne nous ont même pas laisser notre âge, nous sommes obligés de le deviner en fonction de notre physique. Mais sur certains, il est parfois impossible de dire si il a plus ou moins de vingt ans. Moi, il paraît que je fais environ seize ans: d'abord à cause de ma taille, de ma poitrine puis de mon caractère. Je ne pense pas être la plus immature et c'est aussi parce que mes traits sont un peu plus marqués qu'aux autres, qui font plus petits et enfantins.

Le plus étrange dans tous cela et de se réveiller dans une boîte remplie de vivres, d'armes et d'ustensiles utiles pour survivre. Evidemment tous le monde panique et se pose dix milles questions, mais finit par les oublier au fil du temps. Une forme de routine s'installe alors et une société se crée petit à petit. Des métiers sont faits en fonction de chacun et des lois sont instaurées. Jonas a été le premier à sortir de la boite. C'est lui le chef. Mais il se prend pour plus que cela. C'est un tyran injuste et cruel. Rien que par sa façon de juger les gens osant le contredire, on voit tout de suite sa sauvagerie et son égo surdimensionné. Il possède les pleins pouvoirs depuis quelques semaines, à mon grand regret. Déjà que nous avions tous des problèmes, en voilà un autre s'ajoutant à notre liste qui n'est pas prête d'être terminée. Mais que veut-il finalement?

-Je crois qu’ici, rien n’est vraiment facile. Surtout depuis quelque temps, dit mon interlocutrice.

Je vois bien qu'elle est de mon avis, qu'elle est contre ses règles absurdes et ses bannissements insensés. Alors je me lance, je m'ouvre à cette douce et aimable Medjack.

- Tu as raison. On fonce droit au suicide! Jonas et ses Miliciens n'ont pas le droit de nous faire endurer de telles horreurs! D'abord par nos heures de travail rallongées, les temps de pauses écourtées et les sentences exagérées! Il faut qu'on le stoppe, qu'on l'arrête car si personne ne le fait, je crains que le bloc nous achèvera tous autant que nous sommes. Nous sommes assez pour contre attaquer et si tous le monde s'y met, nous pouvons le battre à coup sûr! Seulement les gens ont peur et un peuple terrorisé signifie aujourd'hui peuple brisé.

Je vois bien les regards pleins de sous entendus, les plaintes silencieuse, les peines et la haine qu'éprouvent tous les blocards jour après jour.  Mais même si ils pourraient tous se rebeller, ils n'en font rien. Et cela m'attriste. Déjà que nous ne sommes pas libres, ne soyons pas en plus des esclaves au service d'un dictateur sans cœur!

Une moue dégoutée s'affiche sur mon visage sale après une journée passé dans le labyrinthe. Je ne dois ressembler à rien, avec la saleté et mon t-shirt tout déchiré. Mais c'est le boulot et on ne peut pas penser à notre petit besoin personnel: non moi je m'aventure dans le dédale tous les jours pour trouver une sortie et je sais qu'un jour on la trouvera. Quand, par contre, je n'en ai aucune idée! Mais il doit bien y avoir une issue quelque part ici! Et je ne cesserai pas de chercher tant que je ne l'aurai pas trouvée. Je ne compte pas me dégonfler en chemin. Si c'est un test alors je veux le réussir coûte que coûte. Et cela prendra le temps qu'il faudra, mais je finirai par la découvrir la réponse à cette énigme.

Mais revenons au présent. Après lui avoir raconter mes mésaventures de coureuse, la Medkack me répondit en soupirant:

- Ouais je vois. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul…Tu tombes sur une connerie qui te perfore le ventre. Belle journée en somme.

Je souris en l'attendant s'exprimer avec ironie. Je n'ai pas le temps de lui rétorquer quoi que se soit qu'elle soulève mon t-shirt pour observer les dégâts. Elle abat ensuite plusieurs fois sa main sur la table avant de m'inciter à m'allonger, ce que je veux fais sans rechigner.  Les Medjacks doivent déjà être épuisés avec tous le monde qui passe chaque jour à l'infirmerie alors autant ne pas jouer les chochottes.

-Maintenant, plie tes genoux, je vais te caler les jambes avec cette couverture. Ça va permettre de relâcher les muscles de ton abdomen et donc de diminuer la pression sur ta plaie.

Je m'exécute tout en essayant de grimacer le moins possible. Je sens la puanteur de ma blessure et je souhaite bonne chance à ma sauveuse pour que cela cesse. Moi à sa place j'aurais déjà saisit un objet pour me boucher le nez, vu comment elle s'y approche. Elle n'est qu'à quelques centimètres de ma plaie. Je la laisse faire, tout en priant pour arrêter de bouger une seconde. Ce n'est pas très pratique d'être hyperactive lorsque l'on est blessé et que l'on doit rester immobile durant un petit moment!

Après avoir méticuleusement observé ma blessure, elle arrive à ses conclusions:

-Bon, de toute évidence ce n’est pas très grave, la plaie n’est pas profonde, mais tu es tombée dans une flaque particulièrement…crade. Du coup, elle s’est infectée. Les plaies à l’abdomen sont très douloureuses généralement, et l’infection ne fait qu’en rajouter.

Je hausse les sourcils avant d'esquisser un petit sourire, montrant que cela ne me dérange aucunement. Elle fait ce qu'elle a à faire, je ne vais pas hurler pour qu'elle cesse!

La jolie Medjack m'annonce ensuite qu'elle n'a pas besoin de faire de points de suture et cette fois je montre mon soulagement. Cela me dérangeait un peu et ça n'aurait pas été pratique dans le labyrinthe j'aurais été obligée de ralentir, et ma trappeuse aurait été du m'attendre.

Elle me demande ensuite de ne pas danser comme je l'ai fait tout à l'heure. J'éclate de rire avant de me rendre compte que cela me fait atrocement mal. Les moments plaisanteries seront dès qu'elle aura terminée, pas tout de suite! Tout d'abord je vais la laisser faire son travail et se concentrer.

-Bon, je vais déjà nettoyer l’infection pour que la plaie soit propre, déclare t elle.  

Je hoche la tête. Elle a raison, c'est très douloureux! Mais je serre les dents, je ne craquerai pas devant elle à cause d'une petite plaie de rien du tout. Sinon je peux tout de suite dire adieu à ma dignité! Et ça, pas question, j'y tiens moi!

Et puis soudain alors que je ne m'y attendais même plus, elle se met à me répondre et à me révéler son prénom.

-Je suis Mahree. Ça ne fait pas bien longtemps que je suis là. Et toi ? Je suppose que tu dois être une coureuse ou une trappeuse ? Ça doit être difficile pour vous en ce moment. Courir deux heures de plus, c’est un sacré changement. Heureusement que ta blessure n’est pas trop grave, si elle avait été plus profonde, ça aurait pu être carrément handicapant pour toi dans le Labyrinthe.

C'est beau Mahree , c'est doux et loin d'être banal. J'aime beaucoup.

- Je m'appelle Allya.  Je suis au bloc depuis neuf mois et je suis coureuse depuis mes premiers jours. Je pars toujours en expédition dans le labyrinthe avec ma trappeuse Elina. Je ne sais pas si tu l'as déjà vue. Elle est blonde et plutôt jolie. Ah et je comprends mieux pourquoi je ne t'avais pas croisé ici avant alors! Depuis quand tu es là exactement?

Je m'arrête quelques secondes le temps qu'elle enregistre toutes les informations avant de continuer de plus belle:

-Et, en effet, tu as raison. Mais encore ca va, il y en qui doivent s'engouffrer dans le labyrinthe avec des blessures au niveau des jambes alors que c'est le plus important!


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MessageVen 26 Déc - 4:26

Bel équilibre !
Allya ∞ Mahree


Mahree ne connaissait pas son passé. Elle était l’ignorante fragile du Bloc. Cet endroit était un attroupement d’ignorants. D’amnésiques qui cherchaient à se construire en tant que personne dans un lieu peu propice à un développement normal.  On sentait souvent, et ce même chez les enfants, la maturité d’un adulte, la sagesse d’un ancien ou la combativité d’un soldat. La naïveté, la douceur, l’inconscience étaient mal vues. Mais comment blâmer ceux qui ne toléraient pas cela ? Dans cet univers vil, dangereux, on ne pouvait pas faire autrement que de grandir. On ne jouait pas. Mahree l’avait compris bien assez vite. Le soir, lorsqu’elle dormait, elle était parfois réveillée par un grognement de Griffeur. Son corps se recouvrait alors de chair de poule, réaction normale causée par une sensation d’effroi permanente. Ses yeux restaient alors ouverts, brillants de l’inquiétude qui était la sienne depuis son arrivée. Elle ne parvenait à se rendormir qu’une fois qu’elle avait réussi à retrouver un rythme cardiaque normal. Cela prenait parfois des heures.
On pouvait bien se créer un avenir, espérer retrouver les traces de son passé, tout cela semblait cependant bien trop vain pour y placer un quelconque espoir. Mahree avait entendu parler de certains blocards qui parvenaient à se souvenir d’une couleur, d’une odeur, d’un visage même. Cela semblait passer souvent par les rêves. Comme s’ils étaient la porte de sortie sur l’extérieur, le seul moment où la mémoire se permettait de revenir par bribe. Mais Mahree n’y avait pas eu droit. Seulement des éléments non-concrets, des sensations de déjà vu, des sentiments incompréhensibles qui resurgissaient sans crier gare. Des choses sensitives et émotionnelles seulement. Que de l’impalpable qui ne laissait que des questions et boudait toujours les réponses. C’était épuisant. Et pourtant, Mahree n’était blocarde que depuis deux mois. Qu’en était-il donc pour ceux qui s’étaient enterrés ici depuis des années ? Elle ne préférait pas le savoir. Etre la faible ignorante était parfois un confort dans lequel elle se complaisait.
Parfois, dans le miroir de l’infirmerie, Mahree se contemplait des pieds à la tête. Elle s’arrêtait, les yeux fixés sur cette silhouette chétive et enfantine. Depuis combien de temps était-elle arrivée sur Terre ? Combien d’années avait-elle vécu ? Encore une incertitude. Elle pouvait évaluer son corps, son visage, scruter son regard doux, interpréter ses formes de femmes, donner une évaluation de ses courbes. Mais tout cela était encore vague. On lui donnait souvent seize ans. Mais elle se sentait plus âgée. Peut-être dix-huit. Pleine de ces questions qui ne semblaient jamais vouloir se détacher de son esprit, elle abandonnait ces interrogations pour revenir à la réalité. A quoi bon chercher des réponses qu’on leur refusait ? On les avait privés de leur identité. C’était comme se perdre soi. Tout reprendre à zéro en commençant par la peur qui naissait dans la boîte. Quelle belle vie on leur offrait là…
Elle la voyait bien, l’inquiétude qui naissait dans les yeux des gens depuis quelques temps. Elle percevait aussi la fatigue déformer les traits des visages. Les blocards trainaient des pieds, souvent en fin de journée. Mais ils continuaient, contraints et forcés par un tocard qui se sentait tout puissant : Jonas. Les épaules étaient lourdes, les muscles endoloris. Parfois, Mahree voyait venir des gens qui étaient si exténués physiquement qu’ils se pensaient malade. Elle ressentait parfois son instinct féminin prendre le dessus, et elle devenait presque maternelle avec ces blocards. C’était spontané, innocent et pure bonté d’âme.
La grande brune semblait l’observer, et interpréter les mots qu’elle avait prononcés pour signifier que rien n’était aisé par les temps qui courraient. Les mots de Mahree représentaient effectivement son état d’esprit, mais ceux de la blocarde en face d’elle étaient emprunts d’une violence révolutionnaire qui réveilla Mahree. La brune évoqua la violence des Milicens, les heures rallongées, les pauses ridiculement courtes et les sanctions bien trop fortes. Elle continua en crachant sa rage de façon un peu trop bruyante pour Mahree qui se paralysa en écoutant la suite. Selon elle, mettre un terme à ce fonctionnement de la terreur était une évidence sous peine de piétiner jusqu’au dernier d’entre eux. Elle insista sur le fait que leur nombre était bien assez important et que la victoire était à portée de main. Seuls les blocards impassibles étaient un problème. Mahree se sentit directement visée, mais l’énergie avec laquelle la blocarde avait parlé la terrorisa et elle se recroquevilla sur sa patiente après avoir jeté un coup d’œil aux autres Medjacks pour s’assurer qu’ils n’avaient pas entendu. La Medjack fit un signe de la main pour l’inciter à se taire et fronça les sourcils.

-Chuuuuuuut !

Elle essayait d’être discrète mais tout le monde aurait pu lire sur son visage qu’elle était inquiète. Sa gorge se serra. Elle espérait que personne d’autre n’avait entendu la blocarde. Elle se redressa et se rapprocha de la blocarde, la tête à quelques centimètres de la brune. Elle se mit à chuchoter en montrant d’un signe de tête certaines personnes présentes dans l’infirmerie.

-Tu vois la fille blonde à l’allure garçonne là-bas ? Elle est Milicienne. Le Medjack avec la démarche claudicante et les sourcils épais qui est en train de recoudre la petite blocarde est pro-Jonas. Sa voisine de table aux cheveux ondulés aussi. Tu ne peux pas parler comme tu veux ici. Ça pourrait nous porter préjudice.

La voix de Mahree était comparable à un murmure. Pourtant, la proximité qu’elle avait avec la brune lui permettrait sans doute de percevoir clairement le moindre de ses mots. La Medjack se redressa et fit quelques pas pour tirer le rideau vétuste qui les sépareraient des autres. Au moins, elles étaient plus tranquilles même si cela n’avait rien d’un mur anti-bruit. Mahree trouvait cette barrière visuelle réconfortante. Elle se retourna vers la blocarde et soupira. Elle comprenait son opinion, son envie de se battre contre ce qu’elle considérait comme un oppresseur. Un système farci d’injustice et de violence. De brutalité. Mais Mahree n’aimait pas la violence. Elle espérait naïvement que le dialogue et la douceur permettrait d’apporter une issue plus favorable. Mais elle ne connaissait pas assez Jonas pour comprendre qu’elle n’arriverait à rien en usant de beaux mots. Elle ne voulait pas non plus que la blocarde comprenne mal ses intentions. Elle était d’accord avec elle, elle voulait juste pondérer les propos qu’elle tenait. La Medjack prit donc une voix calme et posée, un ton plus bas que la normale pour éviter que des oreilles indiscrètes captent ses mots.

-Ne te méprend pas sur mes intentions, je suis d’accord avec toi. Tout ça, ça m’épuise. Tous les jours, les blocards sont mort de fatigue. Ils se blessent plus facilement parce qu’on ne peut pas rester concentré pendant tout ce temps sans flancher. Les horaires sont rallongés mais les portes du Labyrinthe se ferment toujours à la même heure. C’est encore plus difficile pour les coureurs et les trappeurs. Ici, à l’infirmerie, le nombre de patient a beaucoup augmenté. La vie au Bloc n’était déjà pas facile à mon arrivée, mais avec ces changements, c’est presque invivable. Ce n’est rien comparé à vous mais courir dans tous les sens et devoir diagnostiquer et soigner tant de blocards en si peu de temps demande une concentration extrême et parfois beaucoup de self-control.

Mahree savait qu’elle n’était pas dans la classe la plus dangereuse. Mais ils étaient le bout de la chaîne, côtoyaient tous les autres et apprenaient à les connaitre dans les situations les plus défavorables. La jeune femme n’avait pas beaucoup d’expérience en tant que Medjack, mais elle avait  la sensation d’avoir déjà au moins un an derrière elle. La diversité des cas à traiter était importante. Toute la journée, sans cesse, elle côtoyait la souffrance. Mentalement, c’était lourd, bien qu’elle n’ait aucun doute quant au fait qu’elle était faite pour ça. Parce qu’après la souffrance venait le soulagement. C’était sa petite satisfaction à chaque cas.
Mais le pire pour Mahree, au-delà de la fatigue même, c’était la faim. Elle n’en pouvait plus les deux dernières heures, devenait même parfois grognon à cause de cela. Son ventre se tordait dans tous les sens, émettait des plaintes sonores et la mettait dans tous ses états. Elle ne supportait pas de ne pas pouvoir manger. En attendant l’heure du repas, elle buvait donc continuellement, espérant calmer la bête qui la grignotait intérieurement. L’eau la comblait peut-être en partie, ou du moins apaisait le trouble que la faim éveillait en elle, mais ce n’était que momentané. Elle y pensait alors presque continuellement, et perdait parfois sa concentration. Il lui arrivait même de voir des étoiles danser devant ses yeux. Alors, en plus d’être affamée, elle se sentait effrayée car elle refusait que son mal-être se répercute sur un blocard qu’elle devait soigner. La peur de faire une erreur s’ajoutait à la liste de ses inquiétudes. Bien heureusement, pour le moment cela n’était jamais arrivé.
Tandis que Mahree parlait et s’occupait de la blessure de la jeune femme, cette dernière ne bronchait pas. La jeune asiatique tâchait toujours d’agir avec douceur lorsqu’elle faisait les soins, mais quand bien même elle savait que la douleur n’était pas absente. Tantôt neutre tantôt rieuse, la blocarde ne lâchait pas une plainte, pas un soupir de douleur. Mahree trouvait cela courageux bien qu’elle aurait tout à fait compris qu’elle exprime le mal que sa blessure provoquait. Il n’y avait aucune honte à souffrir, à partir du moment où l’on ne se laissait pas submerger par la douleur. La Medjack avait aussi appris que les plus gros gabarits n’étaient pas toujours les plus courageux. Souvent, les jeunes demoiselles parvenaient à maîtriser leurs émotions. C’était tellement improbable que s’en devenait amusant. Mahree aimait voir ces adolescentes briser d’une main de maître des clichés injustifiés. Son esprit féministe se sentait gratifié à chaque silence quand un soin douloureux était prodigué à une blocarde. Parfois, elle avait même envie de les porter en exemple.

-Je suis désolée si ça fait mal. L’abdomen c’est toujours délicat.

Elle voulait la mettre à l’aise. Mahree n’était pas là pour la juger. Elle la trouvait déjà très brave dans son attitude. Cette fille lui inspirait ce qu’elle n’était pas : une battante, fougueuse et révoltée à l’extrême. Bien entendu Mahree était d’accord avec ce qu’elle disait, mais elle voulait juste essayer de ses pondérer les propos pour apaiser son esprit. Elle estimait que les choses pouvaient s’obtenir de façon pacifique et que prendre les armes n’était pas nécessairement une évidence. Il fallait réfléchir calmement avant de se laisser consumer par le feu de l’action.
Après sa présentation et tandis que Mahree continuait de nettoyer la blessure, la jeune  femme prit le relai. Elle était dans cet enfer depuis plus longtemps qu’elle. Bien plus longtemps. Neuf mois. Mahree se demandait comment elle serait au bout de neuf mois ici. Elle était coureuse et lui parla de sa collègue trappeuse. Lorsqu’elle commença à la décrire, il sembla que Mahree ne la connaissait pas. Mais des blondes au Bloc, il y en avait beaucoup. Peut-être l’avait-elle croisée ? Elle la questionna ensuite pour savoir depuis combien de temps elle était là. Mahree marqua une pause dans les soins et regarda la coureuse. Elle avait l’impression qu’elle était là depuis des années.

-Ça fait deux mois.

Sa réponse avait franchi ses lèvres avec une lassitude incroyable. Elle voulait tellement reprendre sa vie d’avant. Connaitre sa famille. Ses amis. Peut-être même son copain ? Elle n’en savait rien, si ce n’était qu’elle ne semblait pas prête de poser un orteil loin de ce foutu Labyrinthe. Et qu’il semblait inutile d’espérer. Elle effaça donc de son esprit ces préoccupations personnelles pour se concentrer sur ce que lui disait la coureuse.

-Les blessures aux jambes sont les pires oui, mais il ne faut jamais sous-estimer l’abdomen. C’est une partie très fragile du corps qui peut créer de vrais problèmes et t’empêcher de bouger. Ta blessure est secondaire et pourtant je sais que tu souffres, même si tu ne le montres pas. Tu peux me croire, si tu été tombée sur une pointe plus longue que ça, tu aurais vraiment eu du mal à conserver un rythme de course soutenu. Et puis de toute manière le saignement t’aurait sans doute fait tomber dans les pommes…

Bien heureusement, la coureuse était à la fois débrouillarde et courageuse. Mais Mahree était à peu près certaine qu’une blessure plus profonde au même endroit l’aurait quasiment paralysée. La jeune Medjack s’éloigna de la blocarde un instant pour prendre une serviette qu’elle humidifia avec de l’eau fraîche. Puis, elle se retourna vers la coureuse. Il était vrai qu’elle semblait fatiguée et son corps tout entier criait l’effort qu’elle avait fourni toute la journée. Mais avant d’être une blocarde, Mahree était une jeune femme. Elle savait ce que c’était que d’être au Bloc, d’oublier sa part de féminité, de se contenter du plus simple. Aussi, si elle revenait d’une course longue de plusieurs heures, Mahree n’attendrait qu’une chose : son repas bien entendu, mais aussi une bonne douche et une dose de sommeil bien méritée. Elle se rapprocha donc, sa serviette à la main, et la tendit à la blocarde avec un sourire.

-Tiens, pour te rafraîchir un peu.

Elle trouvait cette blocarde sympathique et attachante. Respectable aussi. Sa vigueur et son côté passionné était rare au Bloc.

HJ:


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MessageDim 18 Jan - 15:17



Bel équilibre!
ft. Mahree & Allya


Mahree a peur. Je le vois sur son visage, qu'elle est terrifiée. Mais il ne faut pas avoir peur d'exprimer ses opinions d'après moi. Cela peut paraître naïf et stupide mais l'égalité n'a pas à être bafouée de la sorte. Tous comme la liberté. Enfin, un bien grand mot que cela. On est tous enfermés alors je ne parlerais pas de cela dans l'enceinte du bloc ni même dans le labyrinthe car ce n'est qu'une impression, une brume. Non, nous ne sommes pas libres mais je pense qu'on devrait s'entraider et avoir moins de restrictions pour vivre mieux en communauté. Je n'attends que ça, depuis que j'ai posé les pieds sur le sol dur et froid du bloc. Et évidemment, je souhaite mes souvenirs, mon passé et sortir de là, de ce trou. Le bloc est minuscule, parfois je trouve qu'il est ridicule.  Souvent, dans certains flash-back qui me reviennent en mémoire, je me situe dans un grand espace, dans une ...ville. Ce mot ma paraît en même temps familier, en même temps tellement étranger! Comme si il avait perdu toute signification à mes yeux de blocarde. Le labyrinthe non plus n'est pas immense mais au moins c'est ça en plus. Avec toutes les autres bêtes: les griffeurs, les pisteurs ... et même les plantes au venin mortel. Il y a moins d'une semaine, j'étais partie en excursion dans le section cinq du dédale accompagnée de ma Trappeuse Elina. On a rencontré un autre coureur en chemin, du nom de Axel. Et on s'est fait attaqué. C'était un énorme pisteur aux allures féroces et sauvages qui nous faisait face. Je me sentais impuissante face à lui, moi, une pauvre humaine. Je lui avais lancé trois flèches. Sans succès. Cela avait renforcé mon sentiment. Il m'avait sauté dessus, et griffé comme si je n'étais qu'un vulgaire morceau de viande, comme si je n'étais rien. Et ensuite il s'était attaqué aux deux autres. Je me souviens que ma Trappeuse s'était évanoui, mais mes souvenirs ne sont que trop vagues pour le moment et y repenser me fait mal d'une certaine façon. Mais avec le temps, tous me reviendra; pour le moment j'y pense le moins possible. Rien que revoir Elina baigner dans son sang me donne la nausée. Pourtant, je ne suis d'habitude pas affecté par cela, ça me fait en règle général ni chaud ni froid. Mais savoir que c'est le sien, alors là c'est trop.

Mais revenons au moment présent. La jeune asiatique s'approche doucement de mon oreille et chuchote en essayant de rester calme et posée, tout en désignant certaines personnes présentes dans l'infirmerie:

-Tu vois la fille blonde à l’allure garçonne là-bas ? Elle est Milicienne. Le Medjack avec la démarche claudicante et les sourcils épais qui est en train de recoudre la petite blocarde est pro-Jonas. Sa voisine de table aux cheveux ondulés aussi. Tu ne peux pas parler comme tu veux ici. Ça pourrait nous porter préjudice.

Je hausse un sourcil mais avant qu'un mot ne peux franchir mes lèvres, elle reprend:

- Ne te méprend pas sur mes intentions, je suis d’accord avec toi. Tout ça, ça m’épuise. Tous les jours, les blocards sont mort de fatigue. Ils se blessent plus facilement parce qu’on ne peut pas rester concentré pendant tout ce temps sans flancher. Les horaires sont rallongés mais les portes du Labyrinthe se ferment toujours à la même heure. C’est encore plus difficile pour les coureurs et les trappeurs. Ici, à l’infirmerie, le nombre de patient a beaucoup augmenté. La vie au Bloc n’était déjà pas facile à mon arrivée, mais avec ces changements, c’est presque invivable. Ce n’est rien comparé à vous mais courir dans tous les sens et devoir diagnostiquer et soigner tant de blocards en si peu de temps demande une concentration extrême et parfois beaucoup de self-control.

J'esquisse un sourire engageant. Je comprends totalement sa peur, c'est vrai qu'ici beaucoup de personnalités différentes se rencontrent, et d'avis aussi alors je prends le sien en compte. Et il est vrai que je parle assez fort lorsque je parle de révolte et de rébellion contre Jonas alors elle a eu raison de me prévenir. Mais je ne vais pas pour autant arrêter d'en parler avec elle, non, c'est peut être un sujet sensible mais surement pas un sujet tabou.

- Oh, ne t'inquiètes pas! Je vais parler moins fort maintenant. Et ton point de vue est assez interessant je dois dire, je n'avais pas vu les choses comme cela. Mais ils n'ont pas le droit de nous infliger tout ça sous pretexte qu'ils ont de l'importance et du pouvoir au sein du bloc! Tout comme les Miliciens, eux peuvent nous frapper comme ils le souhaitent, mais nous, si nous osons leur donner ne serait-ce qu'un coup de pied, nous nous retrouvons bannies!

La colère s'empare de mon être et je me pince les lèvres pour ne pas hurler ce que je pense. Je suis assez impulsive et lorsque je suis en rage, on ne peut plus m'arrêter. Mais je reste civilisée et j'attends la réponse de Mahree tout en essayant de ne pas trop bouger. Elle s'occupe encore de ma blessure, elle est très méticuleuse et j'apprécie.

-Je suis désolée si ça fait mal. L’abdomen c’est toujours délicat.

Je hoche de la tête l'incitant à continuer son travail et lui montrant que cela m'est égal. Après que j'ai finit de parler des blessures aux jambes que je trouve plus graves que ce que j'ai eu, elle me corrige en tant que Medjack et m'annonce qu'il ne faut jamais sous estimer les blessures de ce genre là et que si la point avait été plus longue, je serais tombée dans les pommes.

Elle m'annonce ensuite qu'elle est ici depuis deux mois. Seulement? D'un certain côté je trouve qu'elle a de la chance, de l'autre, pas trop. Elle en a car elle a pu profiter de l’extérieur et que pendant qu'elle était dehors, j'étais dans le bloc mais en même temps elle n'en a pas car elle est nouvelle et ne connais le bloc et le labyrinthe pas autant que moi. D'ailleurs ses connaissances doivent être plus limités que les miennes. Je la trouve agréable Mahree, elle m'apaise en quelque sorte et puis ça me change des grosses brutes que je côtoie tous les jours!

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MessageDim 15 Fév - 0:44


Bel équilibre !
Allya ∞ Mahree


Quand elle se regardait dans le miroir, la petite asiatique se sentait baigner dans la contradiction. La contradiction de son corps et de son esprit. Elle se sentait plus forte que ce que sa silhouette ne le laissait présager. Ses bras étaient fins, son visage rond, ses épaules osseux et pourtant, pourtant. Dans son esprit, et même si elle était prudente, une nuée de sentiments fougueux s’entremêlaient rageusement, porteurs de messages, de ressentiments dévastateurs qui, si elle ne parvenait pas à les maitriser, auraient pu ronger son coeur et la rendre aigrie et vindicative. Ce n’était pas le cas, bien heureusement. Mais elle souffrait parfois de son apparente sainteté, bien qu’ajourd’hui, face à Allya, elle ne revêtait pas non plus les habits de la révoltée. Elle savait pertinnement que le moteur de tout était le courage, qu’il permettait de s’affirmer en tant que personne, de défendre ses convictions, mais qu’il était aussi parfois dangeureux. Pourtant, elle le sentait. Elle savait au fond d’elle qu’il y avait une battante, une jeune femme qui défendait bec et ongle ses opinion. Mais dans ce genre de situation, au final assez passive, où tout le monde se plaignait dans l’ombre mais ne faisait pas grand chose pour faire effondrer le trône de Jonas, Mahree se sentait trop peu impliquée pour sortir les griffes. Elle le savait, c’était les sensations fortes, les situations précipitées qui réveillerait la battante qui dormait en elle. Sous le coup de l’action sans doute, elle prendrait le taureau par les cornes.
Mais c’était parfois difficile. Elle avait beau tenter de comprendre, elle ne savait pas encore tout d’elle-même. Peut-être que des choses étranges se cachaient encore en elle, prêtes à bondir. Des réactions stupides ou même violentes, des tares qu’elle cherchait à cacher dans son ancienne vie ? Chaque blocard, tôt ou tard, était confronté à la quête profonde de ce qu’il était véritablement. Car chacun faisait face à son ignorance. C’était quand même fou de retourner à cet état de non-connaissance de soi à leurs âges. Enfin, encore un sujet à débattre. 15, 17 ou 19 ans, elle n’en savait rien. Mais après tout, avait-elle réellement besoin de poser des certitudes sur ce genre de futilité ? Qu’est ce que cela pouvait bien changer d’être ou non au courant de son âge ? Ce qui comptait plus que tout, c’était sa façon d’être. Et plus le temps passait, plus elle s’apprivoisait. Et c’était là l’essentiel.

Comme tout le monde au Bloc, certaines expressions, certains mots lui revenait parfois à l’esprit et elle en avait des vagues définitions. Bien entendu, elle espérait de tout son coeur fouler autre chose que le sol du Bloc. Bien sûr, elle braverait le Labyrinthe si elle n’avait pas le choix pour sortir d’ici. Mais elle se demandait si ce monde dehors les accueilleraient à bras ouverts. S’ils seraient bienvenus parmi les non-Blocard. Parce qu’en se creusant bien la tête, personne ne savait réellement pourquoi ils étaient ici. Quelle raison avait été invoqué pour enfermer ainsi de pauvres adolescents ? S’ils tentaient de s’enfuir, s’ils franchissaient la limite qui les séparaient de cette cage qui était la leur, peut-être que leur destin tournerait court. Peut-être qu’au fond, le Bloc était le seul garant de leur survie. Ou peut-être que non. L’incapacité de savoir pouvait rendre fou. Mais non, Mahree voulait garder l’espoir. Elle croyait au destin et n’avait pas peur de la mort car elle croyait que son heure viendrait quand elle viendrait. L’important étant de vivre intensément, de partager tant qu’on le pouvait encore.
Alors oui, Mahree éprouvait une certe forme de crainte vis-à-vis de cette révolte qui grondait. Le fait qu’elle chuchote pour mettre en avant ses opinions, qu’elle se penche ainsi sur Allya pour que personne d’autre n’entende ce qu’elle avait à dire, le rideau qu’elle venait de tirer énergiqement comme pour établir une barrière plus visuelle qu’auditive, tout ça était un signe de peur. Et Allya le sentait, c’était évident. Mahree le voyait dans son regard. Et dans ses mots. Car quand elle lui répondit, Allya baissa le ton mais ne se démembra pas pour autant de ses convictions. Mahree la comprenait tellement bien que s’en était presque risible. Allya posait des mots sur ce que Mahree ressentait mais taisait habituellement. La violence de la plupart des membres de la Milice. La question du pouvoir. L’injutice. Le bannissement.

Personne ne voulait mourir. Et si quelqu’un le voulait, ce n’était pas un problème ici. Il était très simple de se faire bannir, tout le monde savait parfaitement comment s’y prendre. Le bannissement n’était peut-être pas le plus belle façon de mourir, mais s’en était une. Horrible. Inadmissible. Inhumaine dans le coeur de la jeune asiatique. L’idée de se trouver face à des griffeurs, des pisteurs ou toute autre créature mortelle qu’habritait le Labyrinthe laissait un goût amer à Mahree. Elle savait bien que si un jour son sort était bouclé, si elle subissait le bannissement, elle n’aurait jamais aucune chance de s’en sortir. Personne n’y était parvenu depuis des années, pourquoi elle y parviendrait plus qu’un autre ?
Et quand bien même elle parviendrait à échapper à une griffeur, la faim se chergerait bien de l’affaiblir et de finir par la tuer. Mais bien entendu, elle n’avait pas le moindre espoir de mourir de façon si «douce». Et personne, non personne, ne parirait un instant sur sa survie dans le Labyrinthe. Pas même elle.

Elle regarda Allya dans les yeux. Elle se remémorait ce qu’elle avait dit, la façon dont elle l’avait dit. Elle ne la trouvait pas pondérée, ni très sage, mais c’était cette fougue, cette rage qui lui apportait toutes les nuances essentielles à quelqu’un d’appréciable. Mahree se l’imaginait déjà, brandissant les armes face à l’ennemi, guidant les troupes dans une révolte sanguinaire. Mahree la voyait très bien surmonter une révolte. Elle avait les épaules pour, la force et le courage d’avancer et d’aller de l’avant, en mettant de côté les peurs et les doutes, ainsi que son envie de survivre. Parce que dans une révolte, on ne pouvait savoir les conséquences. Telle que Mahree connaissait Jonas, elle entrevoyait un tempérament fort et vindicatif, un être impétueux et fier. Elle ne voulait pas l’aimer, ne pouvait pas l’aimer. Mais pourtant, elle lui trouvait quelques excuses. Elle s’imaginait être à la tête de tous ces Blocards aux coeurs durs et aux bras brûlés par le soleil, et elle en fut presque vacillante. Ce devait être dur de prendre des responsabilités telles, de définir un chemin pour tous. Sans compter qu’il était là depuis le tout début, premier à affronter les terreurs du Labyrinthe, à se plonger à corps perdu dans une réalité difficile à concevoir. Et depuis ces premiers jours, il était toujours là, sans doute frémissant d’envie de partir, de retrouver sa liberté. Mahree pouvait comprendre ces aspects-là. Pas le reste.
Les Blocards étaient des êtres humains, pas des animaux. Même les animaux avaient droit de se reposer, même eux avaient le droit d’obtenir le respect qui incombait à tout être vivant. Mais les Blocards subissaient sans cesse les mauvaises décisions de Jonas. Le mâton-en-chef testait la patience des gens, chatouillait leur capacité à endurer. Mais cela ne durerait pas. Car tout le monde finirait par exploser. Même elle l’avait fait à son arrivée.
Mahree regarda Allya, virulente Allya. Elle s’asseya sur le coin de la table d’examen et lui fit un sourire plein de douceur, comme pour appaiser la virulence des propos de la coureuse. Elle était impressionnée de voir quelqu’un assumer à ce point des opinions pourtant mal vues.

«Je ne sais pas ce qu’il y a dehors. Je ne sais pas davantage qui je suis ni qui je pourrais être à l’avenir. Ce qu’il adviendra de moi, ou ce qu’on fera de moi. C’est peut-être naïf, - sans doute même - mais je pense qu’en chacun il y a une part de bonté. Jonas n’est pas différent des autres, il est juste... plus éprouvé. Etre à la tête de tant de Blocards est une grande responsabilité. Il n’est pas fonciérement mauvais, sans doute est-il lassé de tout, lassé de se battre. Ce n’est peut-être que sa frustration que l’on subit. Peut-être que le dialogue, la méthode pacifiste permettrait de lui redonner cette plénitude d’esprit qu’il a sans doute perdu depuis trop longtemps. Le Bloc éprouve les plus faibles. Lui est là depuis si longtemps que même ses dernières forces doivent décliner.»

Mahree voulait calmer l’esprit d’Allya. Elle ne savait pas ce que la jolie brune comptair faire, à quelles extrêmités elle comptait en venir, mais elle espérait qu’elle ne songeait pas à mettre fin au régne Jonas en le supprimant. Que ce soit elle ou un autre, la personne qui comptait le supprimer n’aurait jamais l’aval de Mahree. Même si elle était pour la chute de Jonas, elle ne comptait pas lui faire du mal. Elle avait trop de choses en elle qui l’empêchait de concevoir l’idée de donner la mort à quelqu’un. Voilà pourquoi elle ne savait pas où se positionner. Bien qu’elle embrassait les idées d’Allya, elle refusait d’aller contre ses propres convictions. On pouvait résoudre les choses de la manière douce, elle en était convaincue.

«J’entend des rumeurs, des gens qui voudraient voir Jonas mort... Peut-être que ce ne sont que des mots en l’air, mais je n’aime pas du tout cette idée. Je n’aime pas penser que quiconque sur terre est le droit de décider de la vie ou de la mort de quelqu’un d’autre. C’est une idée qui me fait frissonner tant elle est horrible à mes yeux.»

Elle regarda Allya et espéra de tout son coeur qu’elle ne défendait pas la mise à mort de Jonas. Elle la voyait avec des yeux plein de bonté et elle n’avait pas envie de gâcher ce beau portait qu’elle se faisait de la coureuse. La Medjack se redressa, comme si elle portait tout le poid du monde sur ses épaules. Ce n’était pas vrai bien entendu, mais elle se sentait ainsi. Lourde des décisions qu’il faudrait sans doute prendre bientôt. Du chemin qui serait le sien. Et même si elle était convaincue de ce qu’elle ferait, de l’issue qui serait la sienne, elle espérait que ça ne perturberait pas ce qu’elle était. Elle ne supporterait pas qu’on la catalogue comme responsable de la mort de quiconque.

«Quant à la Milice... Ah, ça. Je pense qu’en utilisant cette violence, tout ce qu’ils font c’est jouer à Grand Milo. Mais la puissance c’est éphémère. ils l’apprendront à leurs dépens. C’est facile de mettre à mal les autres quand on ne comprend pas que notre propre sécurité n’est jamais garantie.»

Elle revint à la blessure d’Allya et se concentra dessus. Bien que plongée dans un débât qui était plus que prenant, elle ne devait pas oublier de respecter la souffrance physique de sa patiente.

«Allya, tu as l’air d’être une personne bien, mais aussi très énergique. Et je ne voudrais pas te savoir bloquée dans le Labyrinthe à cause de ce type de blessure. Quand je te dis que ça aurait pu être le cas, je suis sérieuse. Tu aurais pu avoir des lésions au foie, à la rate, aux reins ou à l’intestin. Autant te dire que tu n’aurais pas fait deux pas de plus ! Une hémorragie ou une fuite du contenu abdominal et là et c’est fini.»

C’était peut-être stupide, mais pour Mahree, on ne pouvait pas se passer de gens comme Allya. Elle avait un tempérament de leader et le Bloc avait besoin de ces gens-là.

«Tu as une chance incroyable. Aucune hémorragie, pas de signe de péritonite, mais vu l’infection je suis obligée de te garder ici en surveillance. Et tu vas devoir te reposer.»

Mahree se doutait qu’Allya ne prendrait pas la nouvelle avec le sourire. Elle n’était pas du genre à rester bien sagement assise à regarder autour d’elle en faisant des sourires... Bien loin de ça. En fait, Mahree ne pouvait absoument pas la laisser partir car une excursion dans le Labyrinthe était absolument interdite. Et puis, vu l’énergie de la jeune femme, Mahree préférait la garder à portée de vue. Hors de question qu’elle aggrave une blessure qui par chance, ne l’était pas complétement. L’asiatique était du genre à ne pas tenter le destin trop souvent.
Elle s'approcha du ventre de la jeune femme et se pencha sur lui. Après une rapide inspection, elle jeta à la poubelle ce qui avait servit à nettoyer la blessure. On y voyait beaucoup plus net à présent.

«Tu n’as pas de problème pour respirer ? J’ai l’impression que ça va mais je préfère te demander. Si tu sens une gêne quelconque outre la douleur de ta blessure, c’est le moment de me le dire.»

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Bel équilibre! [PV Mahree Clarke]

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