Quand on peut user de violence, il n'est nul besoin de procès.
Rassemblement
ϟ Les perdants ont été enfermés, les blessés soignés, la guerre à peine pensée est déjà terminée. La victoire est revenue aux rebelles, et la couronne de Jonas est brisée. Tous les blocards sont à présent au courant de ce qu'il s'est passé, et tous se sont donné rendez-vous aujourd'hui, deux jours après cette sanglante nuit dans les bois, près de la boîte. Les sentiments se mêlent, appréhension, joie, soulagement, colère, peur... Car il s'agit ici de choisir entre la vie et la mort de camarades. Quelle sera la sanction ? Le soleil se lève sur le bloc. Personne n'est entré dans le labyrinthe aujourd'hui. Un rassemblement se fait lentement autour de la boite fermée, juste après le petit déjeuner. Il y a des sourires, des faibles rires, et des visages fermés. L'attente ne sera plus très longue. Le verdict va tomber. Et vous serez les acteurs de ce procès. La justice ne trainera pas, car vous serez avocat et juge à la fois.
Règle du jeu
Tous les blocards sont appelés à participer. Jonas, Pearl, Lucas et tous les miliciens ayant participé au massacre ont été arrêtés puis enfermé dans le gnouf pendant ces deux derniers jours. Tous sont amenés devant les blocards, les mains liées. Vous n'avez pas la permission de les PNJiser. Pearl, Lucas, votre intervention est très attendue dès que le débat commencera. Je compte sur vous pour vous défendre comme il se doit. Le tempo sera donné par les admins lorsque suffisamment de participants auront posté une première fois. Un minimum de respect concernant les tours de jeu est demandé. Si vous n'avez pas besoin d'attendre que votre VDD poste pour répondre, nous vous demandons aussi de ne pas poster tous les deux messages Nous espérons que vous serez aussi réactif et motivé que pendant le rassemblement de la rébellion, aussi, privilégiez des posts courts sans aller en dessous du minimum autorisé et tout en sachant que les longues réponses seront aussi appréciées ! Bon jeu à tous !
Aujourd'hui, c'était le grand jour. Vous vous demandez sans doute si j'avais le trac ? Même si je ne le montrais pas... je l'avais. Mais je ne ferais pas le plaisir à mes bourreaux de me voir en état de faiblesse. On nous avait attachés les mains. Les liens étaient serrés, par chance... Ils ne me coupaient pas la circulation. Je baissais les yeux vers ces dernières, avant de me tourner vers les autres. Mes crimes étaient moins graves selon moi, j'avais tué et attaqué personne, mais pour certains, ce que j'avais fait était la pire des félonies. On m'extirpa du gnouf, et le soleil me brûla la rétine, me forçant à mettre les mains devant les yeux. Tout ça... C'était trop éblouissant pour moi... J'avais passé deux jours entiers dans l'ombre. Je m'arrêtais un instant, ressentant la caresse du vent sur ma joue, mes cheveux qui m'effleuraient la joue par son seul geste. Le temps était venu. J'allais être jugé pour mes actes. Vu la carne que j'étais... Je me demandais pas si le plus grand de mes crimes était d'avoir vu le jour. Mon petit doigt me disait que la traitrise n'était pas le pire truc que j'avais fait... Non, j'avais eu une vie avant. J'avais sans doute fait des trucs impardonnables. Mais a quoi bon se poser la question ? J'étais, à cet instant précis, un funambule, soit je tombais côté pile, soit côté face. Je m'avançais encore et encore, marchant, dressé, droit, fixant ces gens hostiles. Je croisais ainsi quelques regards, mais la plupart détournaient les yeux dès que les miens ne faisait que les effleurer. Alors on se permet d'accuser quelqu'un, de le menacer de mort, mais regarder le condamné en question était en dessous de vos forces ? Les gens étaient tout bonnement incompréhensibles. Je m'arrêtais devant ce tribunal de fortune. Bon ça allait être simple, pas d'avocat pour plaider les causes du diables, juste un jugement. Bien peu de gens seraient de notre côté. Enfin... Nôtre... Je ne nous avais jamais considéré comme un groupe. Soyons franc... Je n'avais rien à voir avec ce groupe là. Je baladais mon regard sur tout ce beau monde. Mes yeux happaient tout ce qu'ils pouvaient voir... C'était peut être la dernière fois, tout comme pour les sons, pour les odeurs, alors je tâchais de graver au fin fond de mon cerveau de graver toutes ces sensations. Pourquoi renoncer à tout ça faisait si mal ? Pourquoi cette boule se formait dans ma gorge ? Je ne faillis pas. Un sourire se grava alors sur mes lèvres, le même sourire un brin insolent, mutin, sans jamais être mesquin.
« Dites donc... Tout ce monde là juste pour une poignée de clampins... ça c'est impressionnant. »
M’emmitoufler dans l'humour, dans le cynisme et l'ironie, je l'avais toujours fait. Pour cacher ce que je ressentais. Tous se demandent pourquoi j'ai fais ça. Pourquoi j'ai choisis de les trahir. Ils oublient, pour la plupart, que avant la victoire des rebelles, ils étaient neutres, et n'avaient aucun avis. D'autres se demanderont si je regrette. Mais vivre dans le regret, c'est pas moi. Vivre avec le poids de la culpabilité, c'est pas mon truc. Mon dos est trop chargé, pour ne pas ployer sous un poids supplémentaire, alors j'avais décidé de cacher tout ça,je le laisser s'envoler et de ne plus y prêter attention. Culpabilité, voilà un mot inconnu. Pourtant... Ces regards brûlants de haines avaient un impacte sur moi. Ça faisait, dans un certain sens mal. C'était le jour J, le jour du jugement. Le jour où mon avenir allait peut être m'être arraché, comme les ailes d'un oiseau qu'on s'amuse à tordre. Les plumes étaient comme des espoirs, éparpillés aux quatre vents. Au grès des tempêtes. J'aurais pus m'agenouiller, demander pardon en chialant, mais je savais que je n'en étais pas capable. Même en dernier recours. Alors je restais là. Une voix douce s'échappa de mes lèvres, laissant s'envoler quelques mots.
« Aujourd'hui, c'est un jour qui va rentrer dans l'histoire. On va devenir célèbre... C'est pas ce que certains voulaient? »
On pouvait entendre une sorte de raillerie dans ma voix. Mon mutisme m'écorchais les oreilles, mais... Comment pouvait-il en être différent ?
Date d'inscription : 13/12/2014 Age : 26 Messages : 984 Points : 117 Localisation : Quelque part caché dans les ténèbres du labyrinthe... Emploi : Maton des coureurs
(A. de Guevara) ▽ Ce qui chez les humbles s'appelle rage, chez les seigneurs s'appelle superbe ; et ce qui chez les petits est châtiment, chez les grands s'appelle vengeance.
L'appel à la justice m'appelait. Il était temps. Temps de faire payer Jonas, temps de le condamner pour ses crimes, temps d'être tous rois face à lui ! Aujourd'hui ce n'était pas le tyran qui allait décider de notre sort mais, nous et seulement nous les blocards, tous ensemble ! La vérité finissait toujours par tomber pour triompher ! Il fallait qu'il confesse ses crimes, nous voulions l'entendre avouer cette vérité haut et fort ! Nous avions déjà gagné en nous trouvant cette fois-ci de l'autre côté mais, nous le désirions encore ! La nature de l'être humain finit tous par nous contrôler un jour ou l'autre. Plus de pouvoir lui est offert et plus il a envie de le conquérir. Ceci se transforme au fil du temps en volonté puis en un désir totalement incontrôlable, le cas de Jonas. Volonté, désir... Bien des mots pour qualifier un être.
J'étais debout et je me préparais déjà à ce que j'allais dire. Fermant la porte des dortoirs derrière moi, je me dirigeai vers l'esplanade. Je rejoignis les autres, près d'un lieu que nous connaissions tous, la boite. Tous, nous avions débuté ici, en sortant de ce petit carré de ferraille bien inconfortable. La boite m'avait donné le tournis, elle avait nourri ma peur et ma terreur mais, maintenant, l'excitement avait pris place. Jonas avait lui aussi vécu cette expérience, aucun traitement de faveur. La Terreur avait commencé comme nous dans cette caisse et pas autrement. Nous étions tous égaux mais, le sort en avait décidé autrement en optant pour une hiérarchie. Des règles et des chefs ! Oui, si nous voulions vivre en paix nous devions installer des limites sinon le désordre aurait été maître. Mais alors, que faire ? Fallait-il un chef ? Ici, nous en avions vu les conséquences. Terribles. La plupart d'entre nous, comme les miliciens avaient montré une part néfaste d'eux, une partie qu'ils avaient jusque-là dissimulé. Je me postai face aux autres, le regard dur et froid. Les coupables furent relâchés du gnouf. Deux jours dans l'ombre totale. Ils sortirent, soudainement ébloui par le soleil, certains évitèrent leurs regards, moi, je les fixais droit dans les yeux. Je voulais voir leurs regrets et leur souffrance ! Les têtes ignobles et exténuées des prisonniers me procuraient une vague de plaisir.
Au loin, j'aperçus Lucas. Lucas ce sale traître ! Comment avait-il pu nous trahir ? Rien que de penser à un acte aussi horrible, j'en avais la nausée. Comment une personne qui s'était toujours montrée digne pouvait-elle se retrouver du mauvais côté alors que personne ne s'y attendait ? Mystères. Lorsque j'avais vu le blond sur le champ de bataille aux côtés de Jonas, je n'avais pas réalisé mais, là, mon cœur semblait faire des bonds irréguliers dans ma poitrine. Trahison. Qu'est qu'il lui était passé par la tête ? Avais-je envie de pardonner ? Une partie de moi disait oui, que tout le monde avait droit à une autre chance, mais l'autre clamait un énorme non. Les traîtres ne méritaient pas de pitié et encore moins la Terreur ! Le moment que j'avais tant attendu depuis deux jours entiers était enfin arrivé. La nuit, j'en avais même rêvé. Juste avant de venir ici, j'avais encore fixé le plafond, me demandant comment cela allait se passer. Je m'étais énormément interrogé sur le pardon qui pouvait être considéré ou pas comme une solution. Non. Hors de question. Je rejetais tout actes qui me paraissaient aussi contre-nature. Le calme régnait mais, je pouvais me douter que ce n'était plus pour longtemps. J'étais prêt.
C’est un grand jour. Un jour que la majorité des Blocards attendaient avec impatience. Le jour où Jonas va payer pour tout ce qu’il nous a fait subir. Il est temps que la dictature cesse. Qu’il paye pour tout, et que ses Miliciens payent aussi. C’est avec un sentiment d’excitation que je me réveille ce matin. De plus, aujourd’hui personne ne va courir. C’est un grand soulagement de ce dire que l’on va pouvoir rester tranquillement au Bloc et que l’Oppresseur va enfin payer. Je me prépare assez rapidement, m’attache les cheveux, enfile un gilet, met mes chaussures et sors.
Je marche lentement en direction de la Boîte, profitant de l’air frais du matin. Mais mes pensées sont tournées vers ce qu’il va se passer pour Jonas. Comme tout le monde j’imagine, je pensais à le bannir, ou le tuer d’une autre façon. Mais ça reviendrai à agir comme lui. Ce serai pas un peu lâche ? Mais si on ne le tue pas, que va-t-on faire de lui ? Le laisser vivre comme tout le monde ? Et si il décidait de se rebeller avec le peu de Miliciens qui lui serait encore fidèles ? Même si on serai plus fort en nombre, ça pourrait partir en « mini guerre » dans le Bloc. Et puis ça reviendrai au même, les bannir. Et puis je ne supporterai pas voir sa gueule en train de travailler au milieu des autres Blocards qu’il a maltraités. Vois sa gueule au réveille. Voir sa gueule en rentrant du Labyrinthe. Voir sa gueule tout court. Mais le tuer serait vraiment trop lâche. Alors faire quoi ? Le torturer ? Ca reviendrai au même, faire comme lui. Tout reviendra à faire comme lui. Mais on aura pas le choix. Le tuer serait sans doute la meilleure des solutions. Mais l’idée de faire comme lui me laisse un goût amer dans la bouche. Mais lui faire subir tout ce qu’il nous a fait subir n’est pas le meilleur moyen de lui faire comprendre ? Bien sûr que si. Cette histoire m’embrouille. Il doit payer de toute façon. On devrait même pas à avoir à réfléchir à ça. Après tout on est déjà dans une merde bien noire depuis l’instant où on a été placé dans la boîte. Et la Milice ? On s’en débarrassera de la même façon où on sera plus gentil ? Et Lucas, ce sale traitre, on en fait quoi ? Heureusement que l’on va en parler tous ensemble, seule je m’en serai pas sorti. Et après qui viendra à la tête du Bloc ? Il nous faut bien un chef ! Et si il devenait comme Jonas ? Et si il devenait pire ? Faut que j’arrête de me poser des questions. Vraiment.
J’arrive enfin devant la Boîte. Il n’y a pas encore grand monde, je dois être l’une des premières. Je lance un regard plein de haine à tous ces salopards qui nous ont fait vivre des mois affreux . Et j’attends que le débat sur leur sort commence.
Dette de sang, dette de coeur, dette de mort, dette a payer. Procès. Payer, payer, payer. Rembourser, rembourser, rembourser. Sourire, grimacer, s'amuser. Procès, procès, procès. Haine, hâte, haine, amusement. Tout m'entoure. J'ai une dette de sang envers Nyrah et Isaac. Pas de dette de cœur. Sauf si l'on parle de cœurs pervertis. Dette de mort, dans un coin de ma tête. Je me revois en train de tuer le meurtrier de ma mère. Payer. Je dois payer mes dettes. Je dois payer pour mes actes. Je vais le payer a mes ennemis. Je dois rembourser mes dettes. Mes fautes. Ah ! Je ne les reconnais même pas. Sourire ? Oui. Ceux qui ne m'aiment pas sourient. Grimacer. Comme la plupart des gens présents. Amusement. Qui règne dans les rangs des rebelles. Haine entre nous et eux. Hâte pour les rebelles qui veulent un procès. Hâte pour nous qui voulons voir tout ça se terminer. Mélange. Je me demande ce que doivent penser les Créateurs. Qu'on est cinglés. Procès. Jugement. Ce qui va arriver dans quelques minutes. Je vais être jugée. Avec Jonas. Avec Lucas. Avec ces miliciens. Mais c'est inutile. Je risque de perdre mon poste de mâtonne. De perdre mon fouet. Mon honneur. Mon poste de matonne ? Jamais ! Mon fouet ? PLUTÔT MOURIR ! Mon honneur ? ... M'en fous, j'en ai pas. C'est de perdre la face que je crains.
~
On nous amène pour le procès. Pfff. Je n'ai pas besoin d'aide. Je repousse les bras qui me poussent d'un coup d'épaule et continue d'avancer sans aide. Ils vont bien voir, tous ces blocards, quand je les croiserai un par un. Rien que d'y penser j'en ai l'eau à la bouche. Puis une voix me tire de mes pensées tandis que je marche.
« Dites donc... Tout ce monde là juste pour une poignée de clampins... ça c'est impressionnant. »
Un rien l'impressionne, à cet idiot là. Je lui adresse un regard méprisant. Je toise ceux que je croise, ignorant les regards furieux, haussant un sourcil face aux regards joyeux. J'éclate de rire quand l'un d'eux s'énerve et je garde mon sourire face aux impatients. Il veulent nous juger ? Moi, je sais comment me défendre. De toute façon je suis complètement folle. Et je ne suis plus avec Jonas, je suis avec moi - même, et si je dois l'accabler encore plus pour m'en sortir, je le ferais sans hésitation. Je suis avec celui ou celle qui m'apporte le plus. Quand il étais au pouvoir, Jonas m'apportait l'autorisation de frapper et torturer. Maintenant que nous sommes vaincus, il ne m’apporterais que la mort. Et je ne veux pas mourir. Alors je vais tourner ma face, devenir "rebelle", me battre contre les "Jonassiens", si cela m'apporte le fait de rester en vie et de pouvoir me battre. Parce que j'aime me battre. Et sil leur faut un assassin pour tuer Jonas ... Je n'aurais aucun remords à le faire moi - même, tant qu'il crie ! Je suis reine au dessus d'eux, et bien que cette fois ci c'est moi qui suis enchaînée et eux qui me regardent de haut, je sais que mon esprit est plus libre que le leur, car je peux faire ce que je veux, quand je veux, sans remords. Il peuvent tuer mais ils le regretteront. Je tuerai mais je ne le regretterai pas, j'adorerais ça ! Je recommencerai. J'aimerai les voir tous ramper à mes pieds. J'aimerai qu'ils m'obéissent ! Mes Miliciens m'ont déjà compris pour la plupart. Ils se contentent de m'obéir quand je leur ordonne des trucs. Je m'en fous qu'ils me critiquent ou qu'ils m'insultent dans mon dos, cela ne me dérange pas plus que ça. Si ils le font devant moi, deux coups de fouet et il ne le feront plus. Je sais que ce procès va m'amuser plus qu'autre chose. Je prépare déjà mes arguments dans ma tête. Et puis je vais lâcher une phrase. Une bombe. Après, c'est sur, ou presque, que je m'en sortirai. Il faut juste qu'ils me mettent assez en colère pour que je puisse parler sans forcer sur ma gorge et ma volonté. Quand je suis en colère, je n'ai plus de mal à parler, les mots sortent tous seuls ! Bref, je promène mon regard sur les blocards amassés en leur adressant de grand sourires. J'aperçois Isaac, je lui fais un sourire cynique, ironique. Puis Allya. Là, je souris "psychopatiquement", c'est à dire "normalement", pour moi. Puis Esther. Je laisse mon sourire. Pffff. Quelle bande de bras cassés.
Voilà, le jour J était arrivé. Depuis cette folle soirée dans les bois où elle avait bien cru ne pas s'en sortir, ils avaient fini par triompher. De base, elle n'étais pas censée s'en meler, mais les évènements et le destin en avait décidé autrement, et beaucoup plu de gens que prévu s'étaient retrouvé impliqué dans cette histoire. Comme Lucas par exemple. Ce coquard à l’œil ne disait rien qui vaille à la mâtonne, et malgré les airs de conquérant fier que Lucas se donnait, Esther n'était pas dupe. Cette marque moitié estompée était trop vieille pour être dûe la bagarre, et elle tâcherais de découvrir aujourd'hui le fin mot de l'histoire. Les raisons qui l'avait poussé à vendre les blocards à Jonas, ses motivations. Qu'est ce que lui pouvait bien avoir à y gagner, dans l'optique où Jonas aurait remporté la mise ? Des questions a élucider.
Esther était déjà sur place depuis un bon moment, elle avait supervisé l'arrivée des prisonnier, dont Jonas, la tête haute et le regard haineux. Pearl aussi était là, et elle ne savait pas quoi penser d'elle. Cette fille était folle à lier, et personne ne la croirait si elle se defendait en plaidant qu'on l'avait obligée à faire ce qu'elle avait fait. Lucas representait, pour Esther, le plus gros mystère. Elle lui reprochait beaucoup, et elle le pensait proche d'elle, comme une sorte d'ami. Tout cela dépassait, il fallait vite tirer tout au clair. La tripoté de miliciens qui les avaient accompagné avaient un casier, si l'on peux dire. Ils avaient mutilé et envoyé au gnouf sans lourdes raisons bon nombres de spectateurs présents ici. Mais un milicien ne pouvait decemment pas se rebeller contre Jonas, sous peine d'être directement '' cramé '' sur son allégence. Leurs cas serait plus difficile à juger. Devait-on les penser maîtres de leurs mouvements et de leurs actes, ou pardonné pour avoir simlement -et stupidement- suivis les ordres qu'on leur avait donné.
Bref, la journée risquait d'être longue, et elle s'inscrirait dans l'histoire du bloc. Juger les coupables, et réorienter la direction du bloc d'une autre manière. Deux tâches considérable. Pas de labyrinthe aujourd'hui, les principaux intéressés, qui avait donné leurs bras pour la rébellion étaient en train d'arriver, ainsi que les curieux qui avait tout entendus par le bouche a oreilles, les rumeurs confirmées comme exagérées. Tout le bloc se rassemblait, et faiblement la voix de Lucas retentit. Non, il devait se taire, l'idiot. De la provocation, rien que pour mettre les spectateurs de mauvaise humeur, décidément, il avait le don pour aggraver son cas celui-là. Avec Jonas, c'est lui qui risquait le plus, même si d'un coté il n'avait pas touché à un cheveu de personne. D'un coup d'oeil, elle regarda les arrivants. On lisait sur le visage d'Isaac une rage certaine et une demande de sang. Il était facile de voir qu'il voulait payer le sang par le sang. Pour Esther, il était hors de question de tuer qui que ce soit, sinon, autant remettre Jonas sur le trône, et rien n'aurait changer. De la faiblesse, peut-être, ou de la sagesse ? Entre les deux il n'y avait qu'un pas. Elle nota l'absence de Milo et d'Ellen, pas encore arrivé. Il était impensable qu'elle commence le débat elle-même en leurs absence, mais si ils ne se dépéchaient pas a montrer le bout de leurs nez, le reste de l'assemblée commencerait à gronder ....
Je n’ai pas assisté à la réunion « secrète » - qui comme tout bon secret est connue de tous, qui s'est vite transformée en rébellion en belle et due forme. Mais ses conséquences sont nombreuses, et le procès qui en découle s’ouvre aujourd’hui. Autant le dire, il n’est pas dans mon intention de le rater. Comme tous ici, j’ai subi la politique délirante de Jonas. Je n’étais pourtant pas profondément contre au départ – le respect des règles et l’organisation, c’est ce qui permet de survivre dans ce bloc. Mais c’était aller bien trop loin, punir injustement, tuer, rien ne justifier tout ça. J’espère que ce procès va remettre les choses en ordre, redessiner les limites. Mais sans cruauté inutile, parce qu’il ne faudrait pas se mettre au niveau de nos bourreaux.
Je m’approche du groupe qui a commencé à se former. Les incriminés étaient déjà présents, les poings liés. Ils ont des attitudes bien différentes, Jonas qui est toujours aussi sur de lui, Lucas, moqueur et cynique, Pearl, fidèle à son délire habituel (je ne vois même pas comment on a pu nommer une folle pareille matonne). Et d’autres miliciens. Est-ce que tous les miliciens vont être jugés ? Je ne les connais pas, en tant que Medjack, je suis bien plus amené à côtoyer les coureurs et les trappeurs, et les petits maladroits, toutes classes confondues. Je n’ai qu’une vague idée de ce qu’on leur reproche. Et il me parait surprenant que tous soient impliqués, cela me fait réaliser que je ne sais pas grand-chose de ce qu’on va juger ce soir. Je connais les conséquences, la fatigue, les blessés que j’ai soignés, mais pas les responsables. Cela ne m’empêchera pas d’y assister en spectatrice, ainsi, je saurai.
Esther semble avoir pris les choses en main. Je l’admire de loin, tout en prestance, gérer l’organisation. Cela me fait penser que si on juge Jonas, il nous faudra un nouveau chef. Et si on doit l’élire, je sais déjà qui je soutiendrais. Enfin, ne nous emballons pas, je vais me contenter d’observer pour l’instant. Je me dirige vers elle pour la saluer. Bien que cela fasse sept mois maintenant, je la considère toujours comme mon mentor. Je lui adresse un sympathique « Salut Esther. Bon, on attend quoi ? ». A la réflexion, elle doit être pas mal occupée. « Si tu as besoin de moi pour quelque chose, n’hésite pas ».
Il y avait eu une rebellion. Et j'avais pas été là. Parce que je m'étais fais mal la cheville et que j'étais occupée à faire les yeux doux à Milo. Même si cela décuplait une jalousie chez Théo. Trop de choses en tête et que je devais éclairer sois dit en passant. Tout ça pour rappeler que je n'avais pas pu participer donc à cette rebellion et cela m'avait déçu profondément. J'avais voulu retourner le roi Jonas moi aussi. J'aurais voulu taper sur ses petits chiens de garde qui ce trouvait à présent au Gnouf. Un calme plat régnait à présent au bloc, un calme reposant. Ca faisait du bien de ne pas être pousser par la milice. Je m'attendais à ce que les régles changent pour de bon. Ce lever à 6h du matin était vraiment dur. Et le soir avec ce foutu couvre feu, impossible de faire ce que l'on voulait. Ma cheville ce portait mieux, de sorte que je pouvais marcher convenablement même si les Medjacks voulaient pas que je force trop encore. Peu importe, aujourd'hui ce tenait le procès et je voulais y être. Je voulais voir la sale tronche de Jonas partir en décomposition quand la sentence sera levée. Allonger sur le lit, les yeux rivée vers le plafond, je décidais de me lever. Il était temps. Ca allait faire un bien fou à tout le monde, et ce serait cool qu'il soit tuer. Voir bannis dans le labyrinthe.
Quoi que, le bannissement était une sentence trop douce. Il méritait de souffrir tout comme ils nous avaient fait souffrir nous. La plupart des Medjack n'était plus là, déjà partis au centre du bloc. Je m'étais fabriquée pendant ma longue période de repos, une espèce d’atèle. Je m’ennuyais énormément, de toute façon tout le monde savait que je n'étais pas faite pour rester au bloc. Alors je m'étais occupée dans quelque chose qui allait me servir. Et.. Tadaaa ! Une espèce d'atèle en bois que je fixais sur ma cheville à l'aide de liane. Je mis mon pied sur le sol et me levais du lit. Je sentais une certaine lourdeur qui me serrait avec ténacité au niveau de ma cheville. Mais cela ne m'empêchais pas de me lever. J'avançais vers la sortis de l'infirmerie, tout en essayant de marcher convenablement avec l'atèle. Boitant, clopin clopant. Au milieu de la boite ce trouvais déjà beaucoup de monde. Il n'y avait personne qui allait dans le Labyrinthe aujourd'hui. C'était comme un jour de repos pour les autres. Cependant je décidais de passer chercher quelque chose à déjeuner avant de rejoindre les autres.
La moitié des cuistots avaient aussi disparu. Le réfectoire était désert, tout le monde ce trouvais déjà sur le lieux de la sentence. J'avalais rapidement le contenu de mon assiette avant de ressortir de nouveau dehors. Je me dirigeais à présent vers le petit beau monde, debout, attendant que le procès commence. Me dépêchant, je trottinais plus qu'autre chose malgrès mon atèle. J'espérais croiser Yuki, ou bien Alex. Un de mes meilleurs amis dans tout les cas. Au pire, je me faufilerais prêt de Milo ou de Théo. Bien qu'avec Théo c'était un peu compliquer ces derniers temps et je ne souhaitais pas offrir une scène dramatique face au autres. Je repérais déjà Esther, la mâton des Coureurs. Il y avait Isaac, avec une tête dur, rageuse. Je le comprenais. J'avais pas pu m'empêcher d'adapter cette air là aussi à l'instant ou la boite fut plus proche. Il y avait Elina, mais mon regard s'attarde très vite sur les deux asticots de Jonas. Avec en prime, le roi des mécréants au centre et ses sujets. J'approchais d'Esther et de Isaac. Mon regard passait de Lucas à Pearl. Je pris un malin plaisir à les fusillers du regard. Je sentais de la colère bouillonner, une haine intense s'installer au fond de moi. La provocation de Pearl me fit lever les yeux au ciel. Ils commençait déjà à paniquer. Cachant leur profonde peur du verdict en arme cynique. C'était évident. Je me plantais prêt d'Esther, Isaac, Elina. Personne ne parlais. Sauf Lucas et Pearl, qui tentait d'affronter la foule en colère avec brio.
C’était la comédie du malheur. Leurs visages tenaient lieu d’allégorie de ce qu’ils auraient voulu être. Un pâle négatif d’un cliché attendu. Les victorieux vainqueurs, leur air vindicatif, ébloui par leur victoire naissante, ne devinant pas la rançon de la gloire qui les guettaient. Le roi déchu, égal à lui-même, peut-être s’imaginait-il qu’un coup de sort allait le sauver d’une justice qui se dessinait aussi sauvage que la sienne. Le parjure cynique, emmitouflé dans son sarcasme, adoptant une attitude fanfaronne, fier dans son malheur. L’hallucinée qui n’a pas compris qu’elle était finie, ses éclats de rire la rendent plus folle encore. Le bloc était un théâtre et les blocards en étaient les piètres comédiens.
Georges s’était approché du lieu de rassemblement avec une certaine curiosité et passait en revue silencieusement les acteurs principaux du procès qui allait avoir lieu. C’était un instant parfait pour étudier la psychologie humaine, pour observer la dérive humaine. Il jeta un coup d’œil aux vainqueurs, il avait déjà l’impression de voir apparaitre sur leurs visages la fierté arrogante avec laquelle ils allaient mener leur vengeance, le pouvoir qui allait les égarer, la sentence qu’ils allaient prononcer contre les détenus serait sans aucun doute aussi arbitraire que le régime de Jonas. Pas de pitié, pas de pardon, juste la haine aveugle. Ils fanfaronnaient tous à leur manière, ils oubliaient ce qu’ils n’étaient pas, des adultes responsables, capable de discernement. Dans ce bloc, ils n’y avaient que des adolescents, des hommes et des femmes à peine sortie de l’enfance, sous l’influence destructrice des hormones, de l’adrénaline, de la vengeance, de la folie, de l’enfermement. Aucun ne lui paraissait capable de mener un raisonnement censé et équitable.
Son regard dériva lentement sur Esther et il se demanda vaguement si elle serait capable de gérer ça, si elle réussissait à se sortir de ce foutue guêpier avec son intégrité intact, il lui tirerait son chapeau bas, mais cette fois-ci, même sur elle, il n’était pas prêt à parier. Puis son attention se porta sur Pearl, la milicienne profondément dérangée, jusqu’ici il l’avait vaguement soupçonné d’être mentalement déficiente, maintenant, il n’avait plus aucun doute. Cette folle avait-elle encore suffisamment confiance en elle pour s’imaginer qu’aujourd’hui elle serait capable d’aligner suffisamment de mots pour former une phrase de défense qui ne soit pas ridicule ? C’était de la scyzophrènie.
Il se mêla à la foule avec un air clairement désapprobateur sur le visage. Une rébellion avait eu lieux, lui n’y avait pas participé et il s’en félicita silencieusement. Si c’était à rejouer, il n’y participerait pas non plus. Il soupira et croisa les bras sur sa poitrine. Que s’imaginaient-ils tous ? La révolution n’amène jamais la paix, elle emporte avec elle la justice et laissé place au chaos. Il pouvait déjà les imaginer, fiers coqs en train de se disputer le pouvoir.
Le fruit de la révolution était sous leurs yeux. Malgré la situation les accusés tenaient ce regard hautains, fiers du poison qu'ils avaient déversé. Ils semblaient venus d'une autre dimension, comment avaient-ils pu causer tant de dégâts ? Jonas les avait infecté avec sa monarchie déchue. Abigail était l'une des rares personnes qui s'était tenue à l'écart de cette rébellion, toute cette histoire n'était qu'une bombe à retardement, prête à exploser au visage de quiconque. Elle avançait comme beaucoup d'autres blocards vers la pitoyable scène, soucieuse. Invisible et discrète, elle se faufilait entre ces inconnus pour s'enfoncer dans la foule. Peu nombreux mais bien présents, ils étaient là meurtriers, tueurs et autres sortes de criminels. La jeune femme aperçut Lucas en première ligne ce qui lui provoqua un léger pincement au cœur. C'était assez troublant de le voir de l'autre côté de la barrière, elle avait toujours cru en lui mais au final ce n'était qu'un traître. Difficile à avaler, pourtant c'était bien ça, la sévère réalité. Elle lui jeta un regard suspicieux avec une once de compassion avant de regarder ailleurs. Pearl non loin, riait de bon cœur, sa folie venait à en effrayer certains. Jonas, la source du malheur se tenait droit, la plupart des rebelles le voulaient mort mais n'était-ce pas un répit, une sentence trop juste ? L'agonie lui devait être réservée. La mort faisait partie du jeu, mais elle ne lui était pas destinée. Tous ces noms qu'on avait dûrayer, l'adolescente n'en connaissait quasi-aucun mais perdre tant de vies alors que certains se démenaient à les sauver ça faisait toujours quelque chose.
La vérité, c'est ce que tout le monde attendait. La justice devait être rendue, trop de sang avait coulé. Avec un regard de méfiance, elle attendait comme beaucoup que quelqu'un prenne la parole. D'ailleurs après cet épisode qu'est-ce qui se passerait ? Qui dirigerait ? Jonas et son armée avaient semé le chaos, le bloc devenait vulnérable à n'importe quel danger sans que personne ne s'en rende compte. Mais peu à peu, cette prison renaîtrait de ses propres cendres, effaçant ses blessures. La jeune blonde était mal à l'aise des quelques regards qui la balayait, cela faisait longtemps qu'elle n'était pas sortie. Elle gardait pour autant le cap. Le bloc entier s'était donné rendez-vous, ici aurait lieu la vengeance à laquelle on s'attendait. Inspirant une grande bouffée d'air, Abi était certaine d'une chose : c'était le début d'une nouvelle aire.
[HJ : Tout d'abord, je tiens à m'excuser pour ce fort ralentissement. J'ai été – et je suis toujours, d'ailleurs – surchargé de travail, si bien que le forum est passé après. Néanmoins, je me suis aperçu que l'intrigue était arrêtée. Alors voilà une réponse qui devrait faire avancer les choses.]
Deux jours se sont écoulés depuis que le règne de Jonas a pris fin. Un règne de terreur, de sang et de mort. Plusieurs mois de nonchalance ont laissé place à une véritable dictature qu'il nous a fallu résorbée. Même si je m'étais juré de ne pas intervenir dans leur guerre à la con, force est de constater que cela n'a pu être le cas. A un moment, et quoi qu'on en dise, on ne peut rester spectateur. A un moment, il faut agir. Malgré moi, je me suis retrouvé au centre de leur conflit et j'ai dû choisir mon camp. La tyrannie ou la liberté. L'hésitation n'a pas été de mise et c'est tout naturellement que je me suis tourné vers Esther et sa « rébellion ». Cette nuit-là, beaucoup de choses ont changé. Plus que je n'aurais voulu l'admettre, d'ailleurs. Mais voilà, c'est fait. Nulle rédemption n'est désormais possible et maintenant, il faut avancer. Enfin, il faut que eux avancent. Moi, j'ai autre chose en tête. Clairement. D'un pas déterminé, je me dirige vers le lieu où tout se terminera, mes pensées vagabondant vers cette fameuse nuit. Je revois Jonas se faire maîtriser par Esther, ses soldats déposer les armes en exprimant, pour la plupart, leur soulagement. Je revois même ces quelques récalcitrants, qui n'ont pas apprécié de voir voler leur précieux empire en éclats, se faire emprisonner à leurs tours. J'esquisse un léger sourire. Moment jouissif.
Au loin, j'aperçois un attroupement autour de la Boîte. Chouette, il va y avoir un sacré public. Tous sont venus assister à la déchéance de leur chef suprême. Certains avec jubilation, d'autres avec appréhension. Normal. Une respiration se fait entendre à mes côtés. Ellen. Je lui souris. « Prête pour le grand spectacle ? »,ironisé-je en continuant d'avancer. La jeune fille hausse les épaules. Nous franchissons rapidement les quelques mètres qui nous séparent de la populace. Les conversations s'amenuisent puis finissent par s'estomper. J'ignorais que notre seule présence pouvait faire taire les foules. Mes yeux se posent sur Esther, qui est déjà présente, ainsi que sur les quelques mâtons restants. Triste compagnie. J'éprouve un léger pincement au cœur en repensant à la mort de Wendy. Je l'appréciais bien, cette petite. Bref. Dans tous les cas, il n'y a plus beaucoup de mâtons dans le Bloc et c'est aussi l'enjeu de cette réunion improvisée : remettre les pendules à l'heure et organiser un nouveau système plus juste et plus équitable. Voilà ma mission. Celle que l'on m'a confiée une fois le règne de Jonas terminé. Je vais devoir prendre la parole alors que je déteste ça. M'ériger de cette façon en émissaire n'est pas vraiment le rôle que je souhaitais. Je m'avance lentement devant la foule. Esther, Ellen, Coré et Théo me rejoignent. Plus aucun bruit.
« Hum, bonjour tout le monde », m'exclamé-je assez fort pour que chacun puisse m'entendre. « On m'a désigné comme porte-parole de notre communauté et on m'a confié la tâche d'introduire ce rassemblement. Ça me saoule autant que vous, mais on va faire avec. Bref. Vous savez tous pourquoi nous sommes réunis aujourd'hui. Inutile de le rappeler. Le Bloc a subi de profonds bouleversements ces derniers temps et il nous appartient de remettre les choses en ordre le plus rapidement possible. Cela passe par un nouveau système de justice, plus équitable et plus fonctionnel. » Je me tais un instant, histoire d'être sûr d'avoir l'attention de tout le monde. C'est le cas. J'éprouve un vif sentiment de satisfaction.« Par conséquent, un remodelage du système de mâtons a été proposé. Des remplacements ont été effectués. Hestia devient désormais mâton des trappeurs, remplaçant de ce fait Aleksei. Pour ma part, je reprends le poste des mâtons des Medjacks, sauf si quelqu'un le souhaite, bien entendu. Le cas de Pearl et celui de Lucas seront débattus lors de notre assemblée. Nous déciderons tous ensemble de la marche à suivre les concernant. Enfin, dernière chose, mais non des moindres... »
Je me tourne vers mes camarades mâtons. L'acquiescement d'Esther me pousse à continuer. Nous en avons mûrement discuté et nous pensons qu'il s'agit là de la meilleure solution. Prions pour que l'annonce ne provoque pas des étincelles car je n'ai vraiment pas envie de me battre une nouvelle fois. Je prends une grande inspiration et me lance :
« Nous avons fait l'erreur de confier le pouvoir à un seul homme, commencé-je en regardant tour à tour tous ceux qui me font face. Nous en avons vu le triste résultat. Le pouvoir corrompt. C'est un poison insidieux. Désormais, nous pensons qu'il est plus judicieux de partager la direction du bloc en plusieurs instances. » Je sens les regards peser sur moi. J'arrive à la partie délicate de l'annonce. « Voilà, jusqu'à présent, vos mâtons ne vous ont jamais déçu. Certains ont trahi mais il en est des bons qui ont su rester justes et droits. Nous avons essayé de l'être. Pour vous. Pour notre communauté. Vous pouvez nous faire confiance pour la suite. Aussi, nous pensons que nous devrions conserver le système des mâtons, tout en y intégrant une nouvelle variable. A partir de maintenant, les mâtons formeront le conseil du bloc. Ils vous représenteront, chacun d'entre vous, et prendront les décisions qui s'imposent. Les formalités seront énoncées plus tard quant au déroulement des conseils. Si nous proposons cette solution, ce n'est pas pour nous conférer une importance non légitime. Mais plutôt pour faire régner l'ordre de la manière la plus juste et la plus équitable possible. A vous de voir si vous préférez l'anarchie ou la république. » Je laisse mon discours se diluer dans les esprits. Ils y réfléchissent. Certains murmurent. Personne ne semble hurler. C'est bon signe.
Date d'inscription : 13/12/2014 Age : 26 Messages : 984 Points : 117 Localisation : Quelque part caché dans les ténèbres du labyrinthe... Emploi : Maton des coureurs
(A. de Guevara) ▽ Ce qui chez les humbles s'appelle rage, chez les seigneurs s'appelle superbe ; et ce qui chez les petits est châtiment, chez les grands s'appelle vengeance.
Les gens arrivèrent en silence, tous nous nous regardions dans le blanc des yeux sans trop vraiment savoir quoi dire. Je pouvais y lire de la haine dans le regard des uns tandis que j'y déchiffrai également de l'inquiétude dans les prunelles des autres. Les coupables, tous ensemble avaient bien mauvaise mine. C'était cela de passer quelques temps dans le gnouf ! Ces petits toutous et cette sale ordure n'avaient jamais eu ce plaisir eux puisque c'était toujours nous qui subissions ce qui les faisait jubiler ! Et bien là maintenant c'était à nous de prendre du plaisir ! Voyant tout ce calme, mes pieds me démangèrent, hyperactif que j'étais j'avais besoin de bouger ! Mais pourquoi tout le monde restait planté là ? L'on avait dit une heure pile, pas une heure plus cinq minutes bon sang ! Je me mordis la lèvre, il fallait vraiment que je me calme le plus possible. J'attendais ce procès depuis bien longtemps et il était enfin arrivé ! Tout ce que je voulais c'était revenir à avant où tout nos matons géraient notre bloc avec la plus grande justice et la plus grande gentillesse ! Jamais eux ne s'étaient senti puissant et dans l'obligeance de faire de nous leur serpillière ! Ce Jonas, cet être était devenu si infecte, si tyrannique que je ne parvenais même plus à le voir comme un être humain. Pourtant, ici tout sale et l'air épuisé, pour la première fois de ma vie j'arrivais à y mettre un visage d'homme et non de je ne sais pas quoi.
Alors que le silence légèrement troublé par des murmures à droite et à gauche continuait, le calme complet arriva enfin. Pourquoi ? Je tournai la tête et je vis ma réponse. Ellen et Milo s'étaient joint à nous. Je ne pus m'empêcher de sourire. Lors de la nuit de la rébellion Milo m'avait bien fait rire avec sa branche et la belle Ellen avait eu un courage que je n'étais pas prêt d'oublier. Il venait de soi que ces deux-là étaient de la fête aujourd'hui. Je remarquai les petites expressions de l'ancien maton des medjacks. Il avait l'air mal assez mal à l'aise ce qui était compréhensible. Presque aussitôt, Coré et Théo, deux autres matons se joignirent à Ellen et Milo. Rassemblement des chefs apparemment. Puis, il nous salua et tout le monde fut bercé par ses paroles. Concentré sur ses mots, j'étais attentif et pour la première fois depuis le début j'avais enfin arrêté de gesticuler dans tous les sens. Comme moi, comme nous tous j'espérais, il voulait retrouver un système plus équitable et plus fonctionnel. J'avais déjà une petite idée de ce qu'il allait proposer vu que je pensais que cette solution était en effet la meilleure. J'eus raison, comme pas mal de fois d'ailleurs. De ce fait il annonça des nouveaux changements. Le premier me surpris. Hestia devenait maton des trappeurs à la place d'Aleksei. Mais pourquoi ? Probablement avait-il désiré laisser sa place. Cela arrivait assez peu souvent mais, à chaque fois c'était pour cette raison-là. Par la même occasion il reprit également sa place en tant que chef des medjacks mais, le fait qu'il demande ensuite si quelqu'un était tenté me fit une drôle de sensation presque inconnue que je n'avais pas eu l'occasion de ressentir depuis maintenant des lustres. Le début d'une nouvelle démocratie où personne ne prenait le pouvoir par la force. Cela était agréable.
Tout à coup, il s'arrêta de parler et jeta un léger coup d’œil à Esther qui acquiesça aussitôt. Je compris que le moment délicat de ce que j'avais deviné venait d'arriver. Il recommença de nouveau avec une voix légèrement plus tendue comme s'il redoutait de se faire huer et expliqua les dangers de confier le pouvoir à un seul homme. Il avait raison. ''Poison'' avait-il dit. Oh que oui. Un terrible poison qui contribuait à rendre l'homme totalement dépendant de cette drogue. Même un homme bon qui petit à petit apprenait à ne plus s'en défaire pouvait devenir totalement maléfique. L'homme n'avait jamais été de nature prédéterminée non, au contraire, l'homme n'était que la somme de ses actes et seul lui pouvait vraiment décider de ce qu'il allait faire de lui-même. Par la suite l'on pouvait toujours voir sa mauvaise foi ressortir, car ce dernier par pure fierté s'inventait des excuses. Il avait juste été tenté par le pouvoir, non il ne fallait pas lui en vouloir s'il était si influençable que ça ! Hérésie ! Il avait toujours le choix. Dire ne jamais l'avoir eu était faux. L'homme possédait toujours une échappatoire entre ses doigts, seules les circonstances rendaient la situation plus difficile, c'était tout. S'il y avait bien quelqu'un que l'on pouvait blâmer c'était l'homme en lui-même. Jonas était responsable, influencé ou pas. J'allai garder ces belles pensées pour tout à l'heure. Nous allions donner chacun notre avis sur lui et j'étais prêt à ressortir tout ce qui venait de me passer par l'esprit à ce moment-là : la vérité.
Cependant à un moment je frissonnai. Un mot venait d'augmenter sans le vouloir mon rythme cardiaque '' variable''. Étais-je fou ou avais-je bien entendu ? Non non j'avais bien saisi le mot. Il m'était familier. J'étais certain de l'avoir déjà entendu quelque part, peut-être dans mon sommeil ou bien... dans mes souvenirs. Je soupirai. Bon après tout c'était sans doute une coïncidence, comme nous allions dire bonjour comme les gens de mes souvenirs aussi. Il n'y avait pas de soucis à se faire. Mais, pourquoi mon inconscient avait-il réagi pile à ce mot-là ? Non, je réfléchissais trop. D'ailleurs ici les gens passaient leur temps à me le dire. Ils avaient sans doute raison. Mais depuis quand les gens avaient-ils raison plutôt que moi ? N'étais-je pas le grand égoïste qui n'écoutait que lui ? Bon, ici c'était différent. Milo était incapable de faire de mal à une mouche. De plus, il était irréprochable et à ce qu'on disait était un medjack en or.
Il arriva à la fin de sa proposition. L'anarchie ou la république ? Les matons étaient en train de nous demander si nous étions d'accord sur le fait qu'ils gouvernent. Un énorme silence se réinstalla maintenant qu'il avait terminé. Les gens réfléchissaient. Ils réfléchissaient oui mais bien trop longuement. Personne ne se manifestait. N'avaient-ils pas un minimum de jugement pour remplir cette tâche pendant que Milo parlait ? Apparemment non mais, je ne pouvais en vouloir à personne. La situation était délicate et il fallait tout manier avec des pincettes. Puis, décidé à parler -comme d'habitude il fallait toujours que je dise mon avis- je m'avançais d'un pas, puis d'un autre en voyant que les regards s'étaient à présent posés sur moi. Je ne pris pas la peine de m'éclaircir la gorge. Je ne voulais pas que l'on y voie une quelconque appréhension. Je me lançai aussitôt d'une voix forte, de manière que tout le monde puisse m'entendre.
- Pour ma part, je suis d'accord avec le gouvernement par la république avec nos matons. Depuis le début ils ont su nous montrer comment vivre en s'organisant et vivre en paix. Je suis ici depuis pas mal de temps déjà et je me souviens parfaitement du temps où nous vivions sans la moindre tyra,nie. Nous étions soudés. Puis lorsque le pouvoir a été contrôlé par un seul d'entre nous, tout a commencé à dégénérer. Quant à la question de l'anarchie ? Regardons nous ? Vivre sans règles basiques ne rimerait à rien, tout ne serait que foire. Comment voulez-vous que l'on trouve une solution à nos problèmes si chacun fait bon ce qui lui semble. Nos matons savaient très bien fixer des règles sans qu'elles deviennent excessives. Ce qu'il nous faut est un juste équilibre. Une démocratie et non une dictature. Elle apprend à nos chefs à s'organiser, à se mettre d'accord et à nous demander notre avis. Tout cela s'appelle la communication par les mots et non la communication par la force. Je ne sais pas d'où je sors cela, mais j'ai le souvenir que l'on m'a toujours appris que le pouvoir des mots est bien plus important que le pouvoir de la force. Je pense que l'on a assez vu assez de sang couler mais, il ne faut pas néanmoins oublier l'origine de toute cette tyrannie. Un homme qu'il soit influencé ou non possède toujours le choix. Il n'est pas né méchant, mais il devient méchant et ce sont ses actions qui le rendent méchant et non ce qu'il est. C'est lui qui à choisi ce chemin et seul l'homme en est responsable. Responsable de massacres, responsable de la dictature, responsable de lui-même. Responsable de sa culpabilité. Or la culpabilité ne doit pas laisser indifférente. La culpabilité, même en démocratie possède un prix qu'elle doit payer.
Je me tue. J'avais formulé ce que je pensais dans le plus grand calme possible. Je remarquai que j'étais formulé tout cela de manière ferme mais, à la fois posée. Le ton parfait que pour une fois j'avais bien réussi à gérer. Le débat pour notre futur pouvait alors commencer.
Le procès met trop de temps à commencer à mon goût et je ne peux m’empêcher de m’engager dans une longue conversation avec une autre Blocarde . Mais bizarrement on ne parle pas du tout du procès. Ni de la rébellion. Ni du Labyrinthe. Rien de tout ça. On fait juste les commères. Puis tout à coup, un silence s’installe dans le Bloc. Je me tourne alors pour voir ce qui capte l’attention de tout le monde. Ils regardent tous Milo, l’ancien Mâton des Medjacks. A ses côtés se trouvent Esther, Ellen, Coré et Théo. La troupe des Mâtons au complet. Milo s’éclaircit la gorge puis nous lâche un discours. Tout le monde semble l’écouter attentivement. Il annonce en premier un changement au niveau des Mâtons. Je me tourne alors vers Hestia qui est la nouvelle Mâton des Trappeurs, donc ma nouvelle Mâton. Ensuite, Milo annonce qu’il reprendra le poste de Mâton des Medjacks, et à ma grande surprise demande si quelqu’un d’autre voudrait le prendre à sa place. Ensuite il marque un temps de pause où il lance un regard à ses coéquipiers et je comprends que le débat va enfin commencé.
Il explique en premier temps qu’on a fait l’erreur d’offrir le pouvoir à un seul homme. Je fronce les sourcils en attendant la suite. Je bois la totalité de ses paroles, le cerveau en ébullition. Je ne peux m’empêcher de débattre avec moi-même sur tout ce qu’il dit, hochant la tête par moment et murmurant des commentaires uniquement destinés à moi-même. Il arrive enfin au sujet le plus intéressant : comment l’on va procéder pour diriger le Bloc. Propose que l’équipe des Mâtons dirige le Bloc. J’avoue que j’appréhendais ce qu’il allait dire. Mais une vague de soulagement s’empare de moi. C’est une excellente idée.
Des murmures parcours la foule, mais personne ne prend la parole. Puis enfin, Isaac, s’avance légèrement histoire de capter l’attention, et nous fait part de ce qu’il en pense. Il annonce d’abord qu’il est d’accord avec l’idée que les Mâtons gouvernent. Il reprend ce qu’a dit Milo par rapport au fait que donner le pouvoir à un seul homme n’a pas été la meilleure des solutions. Enfin, il achève son monologue en disant que malgré le fait que l’homme soit influençable, il peut toujours faire ses propres choix et qu’il sera toujours responsable de ses actes. Puis il ne dit plus rien. Et personne d’autre ne prend la parole. Donc je décide que c’est à mon tour de m’exprimer.
J’avance d’un pas pour capter l’attention des Blocards. Je réfléchie un instant à ce que je vais dire et essaye de parler surement. Je n’aime pas beaucoup m’exprimer seule en publique, je trouve ça oppressant tous ces regards braqués sur moi. Mais il faut bien que quelqu’un se décide à parler.
- Hum… Alors déjà, je tenais à dire félicitation à Héstia pour être devenue Mâton et à toi Milo pour avoir récupérer le post de celui des Madjacks.
Je leur adresse un petit sourire et m’empresse de reprendre la parole.
- Et sinon, je suis entièrement d’accord quant au fait que les Mâtons soit aux commandes du Bloc. Car seul, on a plus de limite, personne pour nous faire descendre d’un étage. On écoute que nous, on prend vite de l’assurance en se disant que tout le monde devra se plier à nos moindres désirs. Et malgré le fait que ça face longtemps qu’on soit là, on ne se connait pas assez pour savoir lequel d’entre nous est le plus sage et le plus réfléchi pour prendre le pouvoir. Donc je suis à fond dans cette idée. Par contre je pense que… qu’on devrait établir de nouvelles règles, des règles de bases. Et… je pense que ce serait mieux que ce soit nous, les simples Blocards, qui les proposons. Et après vous pourriez sélectionner celles qui vous semble les plus justes et les appliquer… Enfin, je ne fais que proposer bien sûr.
Enfin je m’arrête de parler et baisse les yeux, comme si j’allais me faire engueler, et j’attends tranquillement les réactions.
« J’étais devant la Boîte, comme tous les Blocards. J’avais quitté mes cuisines pour assister à un « procès ». Certains Blocards discutaient, mais je ne les écoutais pas ; je regardais calmement ce qui m’entourait, tentais d’oublier tous les autres. Je savais ce qu’il se passait : le pouvoir était monté à la tête de Jonas, il y eut des Rebelles, et ils réussirent à vaincre notre Mâton. Si l’on peut encore l’appeler comme cela. Je connaissais les grandes lignes de l’histoire, rien d’autre. Pour tout dire, cela ne m’intéressait pas vraiment. J’aurais préféré rester dans mon coin, plutôt que de voir ces gamins se disputer entre la mort et la torture. Quoi qu’il se passe, je me suis juré d’être silencieux, pour être sûr de ne pas m’attirer de problèmes. Je ne voulais pas participer à ce procès. Malgré tout, je sentais qu’il y aurait des votes entre la mort, la rédemption et… Rien d’autre. Que pourrais-je dire ? Serais-je pour le trépas ou le rachat ?
J’observais les autres, essayais de connaître leur avis sans pour autant leur parler. Je pu voir dans certains regards une haine immense. C’en était effrayant. D’autres hésitaient, ne savaient pas quoi faire. La majorité était pour la mort de Jonas et ses sbires, j’en étais certain. En parlant du loup, on en voit la queue. Je voyais – comme tous les autres – Lucas, Pearl et Jonas. Avec eux, quelques Miliciens. Certains croisaient le regard de Lucas, et le détournait aussitôt ; pourquoi ? Qu’aurait-il pu faire attaché, hm ? Lucas murmura une bêtise, ce qui n’allait pas l’aider. Sa phrase me fit légèrement sourire ; il n’avait pas tort. Après tout, pourquoi tous les Blocards avaient cessés leur activité pour… ce petit groupe ? Je ne comprenais pas. Pourquoi devions-nous décider du sort de Jonas, Lucas, Pearl et tous les autres Miliciens ? Ce n’était pas aux Mâtons de faire cela, comme ils l’avaient toujours fait ? Tellement de questions, et si peu de réponses. Pearl avançait seule, essayait sûrement d’être fière. Elle me faisait penser à un paon, en train de se pavaner devant nous. Je rigolais intérieurement en m’entendant penser. J’étais désespérant. Mon regard se posa sur Esther. Esther, la jolie rousse qui semblait perdue et déterminée à la fois. Je ne savais pas quoi penser d’elle ; elle m’intriguait. Malgré tout, je décidais de m’occuper d’elle plus tard. De toute façon, elle allait parler, c’était évident.
Je levais la tête vers le ciel et plissais les yeux. Il faisait chaud. Je passais une main dans mes cheveux, me demandant combien de temps allais-je encore attendre avant que ce mensonge ne commence. Puis tout le monde se tut. Je fronçais légèrement les sourcils et regardais de nouveau droit devant moi. Milo et Ellen arrivaient. Intérieurement, j’étais mort de rire : il suffisait de voir arriver le Medjack et la Coureuse pour faire régner le silence. Je les suivais tous deux du regard en pinçant les lèvres ; l’envie de rire était trop forte. Mais ne serait-ce pas malpoli de rire en public, et de briser le silence ? De passer pour un fou aux yeux des autres ? Peu importe. Il fallait que je me calme.
Milo commença à parler, et tout le monde buvait ses paroles, même moi. L’idée de le saluer à son tour me vint à l’esprit, mais je ne dis rien, attendant qu’il continue. Je pouvais voir du coin de l’œil quelques Blocards réfléchir. S’ils réfléchissaient maintenant, ils risquaient de ne rien comprendre. Tant pis pour eux. Plus Milo parlait, plus j’écoutais. Lui, porte-parole ? Oui, ils ont eu raison : Milo était parfait pour ce rôle. Hestia, Mâton des Trappeurs ? Très bien, qu’il en soit ainsi. Je me demandais tout de même pourquoi Aleksei avait été remplacé ; peut-être souhaitait-il ne plus endosser ce rôle. Aux dernières nouvelles, il était toujours en vie. Notre nouveau porte-parole reprenait son rôle de Mâton ? Tant mieux, je n’aurais plus peur d’aller à l’infirmerie, au moins. Je savais que je pouvais faire confiance à Milo, même si je ne le connaissais pas vraiment. C’était cela, le pouvoir de Milo : on pouvait lui faire confiance, sans même le connaître. Il commença à parler de Jonas. La partie la plus intéressante, selon moi. Partager le Bloc ? Je mordillais ma lèvre inférieure en réfléchissant ; bien sûr, c’était une bonne idée. Une très bonne idée, même ! Mais je ne pouvais m’empêcher de chercher les risques. La dernière phrase de Milo m’arracha à mes pensées, et je hochais doucement la tête. Qui préférait l’anarchie à la république ? Personne.
Le silence régnait. Après quelques minutes, une personne s’avança. Je tournais la tête vers l’individu, qui s’avéra être Isaac. Je ne le connaissais pas vraiment, mais j’avais entendu parler de lui. Je l’écoutais parler, réfléchissais. Il finit de parler, et je sentais que les autres réfléchissaient. Je lâchais un soupir et croisais les bras, ne sachant que dire. De toute façon, hors de question que je parle. Quelqu’un d’autre s’avança. Une fille blonde, Elina. Elle donna son avis après avoir félicité Milo et Hestia. Ce qu’elle proposait était intelligent. Des nouvelles règles nous feraient le plus grand bien, j’en étais certain.
Je réfléchissais. La pauvre semblait gênée, et peut-être pourrais-je l’aider à se sentir mieux en approuvant son idée. Malgré tout, je ne pouvais pas seulement dire que j’étais d’accord. Il me fallait aussi proposer quelque chose ! Non ?
« Tout d’abord, commençais-je sans m’avancer, je trouve que ton idée est très bonne, Elina. Des nouvelles règles sont nécessaires, selon moi. (Je me tourne vers Isaac.) Quant à toi, Isaac, tes arguments aussi sont très bons. Il nous faut une république, c’est évident. Et concernant Jonas, continuais-je, quel serait le prix à payer ? Je ne suis pas sûr de te suivre ; est-ce que tu envisages la mort ? »
Je me tais quelques instants, soupirant, avant de continuer et d’avancer d’un pas. Chaque mot me retournait l’estomac : je ne voulais pas parler.
« En tuant Jonas, nous devenons comme lui. Nous faisons de nos mains des armes. Je conçois qu’en le laissant se repentir, il y a un énorme risque. Tu l’as dis toi-même : les mots sont plus forts que les coups. Alors, peut-être que cette idée est débile, et désolé de m’éloigner du sujet, mais il fallait bien qu’on en parle : pourquoi ne pas l’isoler ? Ou encore l’ignorer, je ne sais pas ! Le laisser devenir fou dans son coin, même s’il l’est peut-être déjà. C’est peut-être de la torture, mais je ne vois rien d’autre. »
Je me recule aussitôt, sentant le rouge me monter aux joues. J’avais parlé pour soutenir Elina, puis pour comprendre Isaac. Je m’éloignais peut-être du sujet, mais peu importe. J’avais parlé, et je ne le referais pas de ci-tôt. »
Ethan laissa un long soupir las s'échapper de ses lèvres. Les mains croisées derrière sa nuque, il fixait le plafond. Deux heures ou peut-être trois, c'était le nombre d'heures de sommeil qu'il était parvenu à obtenir cette nuit. Étrangement, il ne se sentait pas fatigué. Juste lassé. Tout son corps éprouvait une forte sensation d'ennui. Sept mois qu'il vivait ainsi, se contentant simplement de quelques heures de sommeil par nuit et de quelques rapides siestes en fin de journée, à son retour du Labyrinthe. Et l'espoir, la seule chose qui lui restait, s'amenuisait de jours en jours. Sa motivation s'éteignait petit à petit, ne laissant place qu'aux questions sans réponses qui l'exaspéraient toujours plus.
Aujourd'hui avait lieu le procès tant attendu depuis des jours. La soirée de massacre qui avait eu lieu plus tôt, Ethan n'y avait pas participé. Il avait légèrement entendu le vacarme, de sa place au dortoir. Mais il ne s'était pas levé. Parce que cela n'aurait servi franchement à rien. Les autres se débrouilleraient très bien sans lui. Et il avait bien fait de rester sagement à sa place, puisque, d'après ce qu'il avait appris le lendemain, la bataille avait été sanglante. Et Jonas, les miliciens et Lucas -le traître- avaient finalement été enfermés au Gnouf. Comme quoi, personne n'avait eu besoin de son aide. Tant mieux.
Les autres Blocards se levaient. La plupart étaient déjà partis. Quand il ne resta plus qu'une dizaine de personnes, Ethan se décida enfin à bouger. Même s'il n'était pas plus motivé qu'une branche morte qui va aller danser (d'accord, la comparaison est vraiment bizarre...), il ne pouvait tout simplement pas rater ce procès. Parce que même s'il se fichait complètement du sort de la majorité des personnes occupant le Bloc, il se devait de connaitre tout de même ce qui allait en être de sa communauté. En tout cas, il se promit de ne pas ouvrir la bouche. Ce qui n'allait pas être très difficile étant donné que parler était une des choses qu'il faisait le moins souvent. Personne ne voudrait connaitre son avis et lui, ne voulait tout simplement pas le donner. Tout le monde allait être content, donc.
Après s'être levé à contrecœur et avoir enfilé ses vêtements, le trappeur traversa l'esplanade pour se poster près de la boîte, où étaient réunis tous les Blocards. Comme à chaque fois qu'il s'approchait de la source de son arrivée ici, sa mâchoire se crispa, et il détourna le regard. Regard qui se posa sur tous les détenus qui s'avançaient, une main en visière ou les yeux plissés à cause du soleil. Les bras croisés, Ethan les fixait tour à tour d'un air neutre. Il se demandait encore ce qu'il fichait là étant donné qu'il n'avait pas l'intention de s'exprimer sur quoi que ce soit. Mais puisqu'il le fallait...
Après une interminable attente, Milo et Ellen finirent par arriver. Tous les regards se tournèrent vers eux et le silence se fit. Silence à peine troublé par un soupir discret de la part du brun. Il s'ennuyait déjà.
Ce fut d'abord le maton des Medjacks qui prit la parole, exposant les nouveautés. Tout d'abord, il reprenait son poste de maton. Hestia, qu'Ethan ne connaissait que de vue et par le biais de son job, prenait celui des trappeurs, remplaçant Aleksei. Écoutant d'une oreille, Ethan s'amusait à promener son regard sur chacune des personnes présentes, comme s'il comptait passer chacun des Blocards à la sonde. Puis, une autre voix s'éleva. Ethan tourna la tête dans cette direction pour constater que c'était Isaac qui avait parlé. Celui-ci s'embarqua dans une longue tirade tout en restant calme. Et le jeune trappeur ne pouvait qu'être d'accord avec lui. Mais il n'allait-+ pas prendre la parole pour balancer un simple "Ouais". Ce serait... stupide et complètement ridicule. Elina prit la relève. Suivie ensuite de Victor. De Victor ? Ethan fronça légèrement les sourcils; il ne l'avait même pas aperçu en arrivant. Ses dernières paroles l’interpelèrent. Alors, en faisant bien attention de ne pas attirer l'attention sur lui, le jeune trappeur alla se placer aux côtés de son ami après l'avoir salué d'un signe de tête. Malgré sa propre promesse de rester silencieux afin de s'éviter les problèmes, il se sentit obligé de rebondir sur les dires du garçon.
« L'isolement total me parait être la meilleure des solutions. Cela ne fera pas de nous des meurtriers, et il n'aura eu que ce qu'il mérite. »
C'était bref et très concis, mais il s'en fichait pas mal. Il avait dit clairement ce qu'il pensait, sans s'attarder. A l'origine, il n'avait même pas l'intention de parler, alors il estimait avoir déjà fait beaucoup. De toute manière, il n'avait pas besoin de s'étaler sur les propositions de gouvernement faites précédemment puisque d'autres se chargeraient de le faire, et qu'il était d'accord avec ce qui avait déjà été dit de toute façon.
Si nous tuons des meurtriers, ne devenons-nous pas nous-même des meurtriers?
Je regardais calmement le plafond, sans laisser quoique ce soit me déranger. Je respire calmement, couchée sur ce qui me sert de lit. Ça faisait deux jours que la rébellion avait commencée. Et avait finie. En fait, je n’y avais pas vraiment prêté attention, puisque je n’avais pas participé non plus. Je ne vois pas pourquoi j’y serais allé… Pourquoi une Cuistot à moitié sourde seulement armée d’un couteau de cuisine serait allé se mettre en plein milieu d’une rébellion dans laquelle elle n’avait pas vraiment d’avis à propos de ça. Aujourd’hui, c’est le jugement de Jonas et des autres. Dont Lucas. Il y avait quelque chose qui n’allait pas quant au fait que Lucas soit le traitre. Était-il vraiment un traitre ?
Je me relève sur mon couchage et je passe une main dans mes cheveux, essayant avec plus ou moins de mal de démêler ma chevelure, en baillant derrière mon autre main. Je devrais bel et bien au niveau de la Boîte et d’assister au jugement. Je parlerais peut-être ou peut-être pas. On verra bien de ce qu’il se dit, avant et après. Difficilement, je me lève et j’enfile mon haut trop grand, ainsi que mettant mes chaussures. Et avant de partir des dortoirs, je frotte doucement mes yeux, lâchant un nouveau bâillement.
Une fois dehors, je mets une main en visière avant de rejoindre le regroupement au niveau de la Boîte, là où tout a commencé pour nous tous. Je me fonds dans la masse, me cachant le plus possible avant de voir Victor plus loin dans la foule. Je me faufile jusqu’à lui et lui tapote un peu l’épaule droite pour lui signifier que je suis là. En fait, c’est l’une des seules personnes que je connais un peu ici, puisqu’on se retrouve tout les jours que tout les deux dans les cuisines. Je remets mes mains dans mon dos et je pose mon regard sur les personnes qui arrive, fuyant le regard de Pearl mais regardant l’œil de Lucas. Le bleu semblait plus vieux que simplement deux jours. Mes pensées furent vite stoppées par le silence amené par Milo et Ellen, mon regard les suivant avec attention.
Je regarde les différents matons se mettre en place devant nous et je regarde Milo nous parler, nous expliquant le nouveau fonctionnement du Bloc. J’hoche la tête, regardant mes pieds. Après tout je n’ai rien à dire en opposition, alors je ne vois pas pourquoi je parlerais… Peut-être que je n’aurais pas à parler finalement… Un faible soupir m’échappe jusqu’à ce que j’entende quelqu’un parler. Je relève le nez et le regarde longuement, cherchant son nom. Je crois que c’est Isaac… J’entends souvent parler de lui, pas forcément en bien… Après ça c’est Elina qui s’avance pour parler… Elle est jolie Elina. En plus elle a de bonnes idées. Tout ça, je trouve ça trop long. Je n’aime pas être au milieu de cette foule de Blocards. Victor me fait sursauter quand je l’entends parler et je le regarde avant de baisser les yeux. Victor et moi, on ne se connait pas vraiment en plus. A part ça, je suis d’accord avec lui… Et bien sûr, je sursaute une nouvelle fois quand quelqu’un parle à côté de moi. Sauf que je ne sais pas qui c’est. N’entendant personne parler je me racle doucement la gorge.
- H-Hum… Excusez-moi… Je suis pour l’isolement aussi car si on tue des meurtriers, nous devenons aussi des meurtriers… J-Je suis pour établie de nouvelles règles, ça nous fera repartir sur de bonnes bases. M-Mais j’ai une question (je me sens devenir rouge écarlate, et je m’humecte les lèvres, relevant un peu les yeux pour regarder le groupe de maton) P-Pour les groupes comme les Cuistots, nous n’avons malheureusement plus de matons…. Comment on va décider qui va être le maton ?
Je deviens de plus en plus rouge et je me mords la lèvre à sang, baissant la tête pour garder les yeux fixés sur mes pieds. Ils doivent sans doute être en train de se moquer de moi et de mon manque d’assurance certain… Mais ils ont raison, je dois être ridicule, en plus je prends la parole pour ne rien dire d’intéressant…
C'était aujourd'hui, le jour J. Tout ça allait enfin prendre fin. Jonas, son règne, ils allaient enfin payer. Mais à quel prix ? C'était ce que nous allions décider aujourd'hui.
J'étais encore à l'infirmerie lors qu'à eu lieu la révolte. Je n'y avais pas participé. Alors pourquoi allais je y aller ? Je ne sais pas. Je ne voulais pas. Je n'aurais servi à rien. La petite Isaline qui ne s'est pas se battre n'aurait pu aider. Non. Alors, je l'ai fais après. J'ai soigné les nombreuses blessures de chacun comme tous les Medjacks. C'était déjà ça. Je ne pouvais faire mieux.
A ce moment, j'étais encore sur mon lieu de travail. Il fallait que je me dépêche afin d'arriver à temps. J'enlevais donc ma bouse blanche et la déposais sur une chaise. Je sortis de l'infirmerie rapidement et pressais le pas afin de rejoindre le petit attroupement que je voyais déjà au loin. Cela avait déjà commencé, je voyais du monde bouger et je pouvais entendre chacun discuter entre eux. Je sentis quelque chose me râper la jambe et je m'arrêtais donc pour regarder avant de lever les yeux au ciel. Bon bah bravo Isaline, encore une pierre que je n'avais pas vu. Je me désespérais de moi même. Allez encore un effort, tu y es.
Le temps que je m'arrête Milo commençait déjà à parler. Il reprenait le poste qui lui était destiné. Maton des medjacks. Je savais que cela serait beaucoup mieux qu'avant et je serai heureuse de l'avoir comme maton. Je souris donc comme à mon habitude. Après son tour vient Elina une jeune fille plutôt jolie avec lequel je n'avais jamais parlé puis Isaac. Toujours le même Isaac plein d'assurance. S’enchaine ainsi plusieurs blocards qui donnaient tous leur avis avant de laisser un silence de quelques secondes s'installer. J'étais sur le côté à 1 ou 2 mètres des autres. Je regardais donc les blocards chacun leur tour puis je rougis légèrement et pris enfin la parole :
- Tout d'abord, je voulais dire que je suis heureuse que Milo prenne ce poste tout comme pour Helia. Mais ne nous attardons pas sur le sujet, ce n'est pas le plus important pour le moment. Il faut pas se laisser égarer de notre principal objectif : les sanctionner de tout ce qu'ils nous ont faits subir. Par contre, il faudrait se mettre d'accord sur ce que nous allons faire. La vengeance n'est pas toujours la meilleure solution. De plus, je ne pense pas que chacun devrait avoir la même. Ils ont tous fais des choses horribles mais certaines plus que d'autres. Celui en bas de l'échelle ne devrait pas, selon moi, avoir la même punition que celle de celui qui est au plus haut. Ensuite, je tiens quand même à donner mon avis donc bon... Je ne pense que le bannissement soit la meilleure solution. Je veux dire, on es tous ici dans la même galère et je trouve qu'au lieu d'être ennemi les uns des autres nous devrions avoir notre ennemi commun. Ceux qui nous ont envoyés ici. Vous ne croyez pas que moins nous sommes au bloc plus ils seront heureux de le savoir ? Si nous voulons sortir ce n'est pas en nous éliminant les uns les autres que nous y arriveront. Il faut se battre, ensemble. Tous ensemble contre eux et pas contre nous mêmes. Comment allons nous sortir d'ici si nous ne sommes que quelques uns ? Bien sûr, il faut une sanction sévère mais le bannissement rendrait les choses trop plaisantes. On doit tous donner notre avis, vote ou je ne sais pas. Que les choses avancent au lieu de répéter la même chose depuis le début. C'est pas ainsi que nous trouveront notre solution. Comment dire...évitons le bannissement et donnons leurs des jours et des jours au gnouf suivi de punition plus embarrassantes les unes que les autres. Au fond, tout le monde à un peu près raison et il faut donc se décider mais ... je me tournais alors vers Milo toujours aussi rouge afin de m'adresser à lui. Avant de décider, il faudrait peut être savoir qui décide. Chacun d'entre nous ou les matons eux mêmes ? Ayant enfin finis ma tirade je souris à chacun comme à mon habitude. Ce que j'avais voulu dire ne rimait peut être à rien mais c'est vrai que nous devrions plutôt nous battre contre une seule personne.
Date d'inscription : 13/12/2014 Age : 26 Messages : 984 Points : 117 Localisation : Quelque part caché dans les ténèbres du labyrinthe... Emploi : Maton des coureurs
(A. de Guevara) ▽ Ce qui chez les humbles s'appelle rage, chez les seigneurs s'appelle superbe ; et ce qui chez les petits est châtiment, chez les grands s'appelle vengeance.
J'avais lancé les avis. Après mon tour se fut Elina, Ethan, Victor et Lily qui prirent la parole. Je fus étonnement surpris de les voir parler, d'ordinaire si timides. Mais il y avait un départ à tout et j'étais très heureux de voir les gens qui s'investissaient. Tous ne voulait pas le bannissement, car cela reviendrait à être pire qu'eux. Croisant les bras, j'écoutais le plus attentivement possible. C'était la première fois dans le bloc que nous étions complet de cette manière-là. J'en avais presque des frissons. L'on ne pouvait pas résoudre les crimes par un autre. Certes, ils avaient tué, Jonas n'avait pas hésité à en faire bannir mais, au fond j'étais certain que les traites s'attendaient à ça, il fallait donc les surprendre, ils ne s'en tireraient pas comme ça ! Ils avaient raison. Je me rendis compte que je ne voulais pas les voir souffrir seulement une nuit dans le labyrinthe, mais tous les jours à des tâches horribles. Puis ce fut Isaline la medjack qui m'avait sauvé la vie. Ses mots sonnèrent aussi juste à mes oreilles. Elle paraissait avoir gagné de la confiance depuis notre dernière rencontre. J'esquissais un petit sourire. Elle confirmait ce qui se disait en exprimant son accord et apporta aussi une touche d'énergie à la situation. Les gens ne faisaient que se répéter, ce qui était normal, car l'on avait demandé des avis. Néanmoins, une phrase à la fin attira mon attention. Ce n'était pas grand-chose, mais si je réfléchissais bien, c'était comme ça que le pouvoir de Jonas avait dû commencer. Je n'étais pas d'accord avec ce qu'elle dit à la fin. Certes j'étais pour le pouvoir partagé des matons, car je savais à quel point ils étaient dignes, mais comme je le savais, je n'en faisais pas parti et égoïste comme j'étais je voulais avoir mon mot à dire. J'exprimais toujours le besoin d'avoir une voix pour m'exprimer. S'il y avait bien une chose que je détestais c'était recevoir des ordres et que les autres décident à ma place. Ce n'était pas à moi de décider pour eux non plus d'ailleurs. Ce qu'il fallait, c'était quelque chose d'égal et d'équitable. Décroisant les bras, je me ravançai à pas lents après que le silence se soit installé et dit :
- Je pense que le bannissement comme vous l'avez dit n'est pas le bon moyen. Une souffrance trop rapide. Me concernant je veux les voir payer chaque jour, voir leurs pauvres petites têtes malheureuse et leurs petites paroles implorer la pitié, ouais je veux voir tout ça ! Ce serait plus juste que de les bannir et hop c'est fini, on a tout oublié. Au contraire, vous ne pensez pas que les voir travailler devant notre nez comme nous nous le faisons depuis bien longtemps nous rappellerait constamment que le pouvoir n'est qu'un poison qui malheureusement est très tentant. De plus, je pense comme l'on ne veut plus de dictature, c'est pourquoi nous sommes tous ici d'ailleurs. C'est à chacun d'entre nous de décider et non pas que les matons ! Nous sommes tous égaux. Je ne veux pas faire offense aux matons, car ils se sont montrés dignes de confiance et comme je l'ai dit précédemment le pouvoir partagé entre-eux est une bonne idée. Mais, ils restent nos représentants donc porteurs de nos paroles, porteurs de nos opinions et du vote de chacun. Que pensez-vous comme disait Isaline justement de la mise en place d'un vote, une voix pour chacun d'entre nous et pas une de plus. Ce serait plus équitable. L'union fait la force. Vous en pensez quoi ?.
Je me tue. Cette fois-ci j'avais essayé de ne pas trop parlé. Il fallait être clair et précis.
Bien des choses étaient en train de se passer aujourd'hui, bien des enjeux se jouaient. Il fallait cependant regler tout cela au plus vite, arreter de tourner autour du pot et agir. Oui, mais comment ? Beaucoup de blocards étaient arrivés, les condamnés n'étaient pas en plus grande forme, et les blocards commençaient à chuchoter entre eux, des sourcils se fronçaient, et des remarques trop hautes fusaient sans qu'il soit possible d'identifier l'auteur dans la foule. Une blocarde m'avait abordée, mais elle s'était eclipsée, et avait disparue de la foule. Je n'avais pas pu lui répondre à temps. Milo arriva, entouré, c'est alors que je me plaçais près de lui, faisant face à l'assemblée, et le silence se fit. Il introduit notre assemblée, posant les bases, et, après un coup d'oeil encourageant vers lui, il poursuivit sur sa lancée, afin de proposer le nouveau système de gouvernement dont nous avions parlé. Cependant, la question concernant les accusés n'était pas encore arrivée.
Et le débat se lança, tout d'abord un brouhaha puis tout le monde y alla de son petit speech, de son petit commentaire. La fougueuse rousse les écouaient tous avec attention, et ils avaient l'air de se mettre d'accord pour un vote. A premiere vue, le plan de Milo leur plaisait, jusqu'a ce que l'un d'entre eux émette un MAIS, et les autres suivirent. Les mâtons au pouvoir ne faisaient pas l'unaniminté, et une remarque utile fut apporté lorsqu'on dit que toutes les classes ne possédaient pas de mâton fixe, et que donc le conseil ne regrouperaient pas tous les points de vue. C'était totalement juste. Ils avaient subit tant de pertes dernierement, avant, le conseil était au complet, mais desormais ... c'était loin d'être le cas. Enfin, il ne fallait pas se laisser aller au regret.
Donc, le débat pour le prochain gouvernement semblait se rassembler autour d'un vote collectif. Les mots république furent prononcés. Mais alors, fallait-ils faire voter l'ensemble du bloc pour chaque décision, ou le bloc devait-il organiser une campagne et élire ses propres représentants, sans tenir compte de l'ancienneté ? Ce serait une première dans l'histoire.
Le regard assuré et la voix qui ne tremblait pas, elle se campa sur ses pieds et prit une posture qui reflétait son assurance. Elle se racla la gorge et entama, avec un petit coup d’œil dégoutté vers un Jonas silencieux, lorsque Isaac se tut :
< Bon, ne nous affolons pas. Je vois que vous êtes tous très motivés pour faire bouger les choses. Pour le nouveau gouvernement, vous êtes plusieurs a mentionner des votes et une république. Aimeriez vous un président, élu par vous et entouré des mâtons, en qui vous faites totalement confiance, et qui n'a pas été choisis pour son ancienneté ? Ou bien prefereriez vous voter pour chaque décision ? De mon avis personnel, un vote total pour chaque décision nous ferais perdre beaucoup de temps, et demanderais une organisation vraiment lourde, mais au moins, chaque personne indiquerait exactement ce qu'elle pense. A vous de décider. Un vote total sera effectué de toute manière pour le choix. Entre un management uniquement réalisé par les mâtons, pour ou contre un président, ou bien pour des référendums à répétition. Elle fit une petite pause, des murmures parcouraient la foules pour évaluer ce qu'elle venait de dire. Peut être que quelques avis seraient entendus. Puis, elle reprit, en s'approchant de Milo inconsciemment, elle avait besoin de son soutient, malgré son assurance.
< Nous devons cependant réfléchir à autre chose. Que faire d'eux. Vous voulez les tuez, mais nous devons, comme vous l'avez dit, juger les actes avant tout, donc les punitions devront être différentes. Si nous bannissons Jonas, nous ne valons pas mieux que lui. Nous ne sommes pas ici pour nous entre tuer.
Il faut débattre du cas de Lucas, de Pearl et de Jonas séparement, et il est dur de savoir par où commencer. Sans tenir compte de mes liens avec l'accusé Lucas, son cas est compliqué. Il nous a tous trahit, mais il n'as levé la main sur personne. Il n'as pas participé aux combats, contrairement à Pearl qui, elle, à envoyé beaucoup de blocards à l'infirmerie, ce qui a pas mal épuisé nos ressources et l'energie de nos medjacks. Jonas étant la tête de tout cela, il s'est, comme vous le savez, rarement salis les mains, mais il est l'investigateur principal, il doit donc recevoir la punition la plus exemplaire. De toute manière, il n'y a pas 36 solutions, si nous ne les tuons pas, ils devrons aidés le bien commun, plus ou moins péniblement pendant plus ou moins longtemps. A nous de nous decider sur les tâches et la longueur de la punition. Elle se tut enfin, elle avait le sentiment d'avoir monopolisé la parole un peu trp longtemp, mais il fallait faire avancer le débat, elle espérait avoir aidé en ce sens. Lucas avait, à ce moment, une chance de parler pour se défendre.