La boite remonte aujourd'hui encore dans le bruit assourdissant de l'alarme. Les premiers blocards s'en approchent et l'ouvrent pour y découvrir des cartons emplis de provisions. Aucun nouveau ne se trouve à l'intérieur, cette fois. Seulement des cartons, tous marqués du mot "Wicked". Mais personne n'y prête plus attention. Un blocard saute dans la boîte pour passer les provisions aux autres. Telle une fourmilière, le bloc s'organise. Les premières fournitures commencent à être rangées : la nourriture, le matériel médical et de laboratoire, ainsi que quelques rares vêtements sont transportés là où ils doivent être disposés. Mais alors que la boîte se vide rapidement, un carton attire l'attention d'un blocard. A l'intérieur, ni aliment, ni arme, ni produit d'hygiène.
Dans ce carton se trouve tout un tas d'objets anciens, abîmés, apparemment inutiles. Photos brûlées, bijoux cassés, morceaux déchirés de tissus brodés, peluches arrachées, ce bric-à-brac semble bon à jeter. Mais bientôt, une première blocarde découvre un objet qui a de l'importance à ses yeux. Les autres commencent alors à fouiller ce vieux carton, et chacun y découvre un objet symbolique, qui n'a de valeur qu'à leurs propres yeux. Souvenir du bloc pour la plupart, souvenir d'avant pour de rares autres, qui ne connaissent pas la signification de cet objet, mais savent parfaitement qu'il leur est destiné.
Personne ne sait pourquoi les créateurs ont envoyés ces cadeaux, et rien ne laissait présager un tel épisode. Tout ce que vous savez, c'est que les sourires et les larmes des blocards offrent une infime pause bien méritée aux événements actuels du bloc. Mais ne vous y méprenez pas, la colère, la frustration et la haine planent toujours dans l'air et ne vous laisseront que très peu de répit.
Précision
Pour recevoir votre cadeau symbolique, il vous suffit de poster un RP à la suite de ce message, en précisant, bien sûr, le cadeau que vous recevez. Le Staff se garde le droit de refuser un cadeau s'il juge celui-ci non adapté à l'idée qu'il se fait d'un cadeau "symbolique". Aucun item disponible à l'achat ne sera accepté, ni aucune arme en générale. Ce cadeau doit rester une petite chose sans aucune valeur autre que sentimentale.
Nous espérons que ce mini-évent vous fera plaisir et que vous trouverez de bonnes idées pour ce petit présent de la part des créateurs à l'occasion du Nouvel An
Date d'inscription : 13/12/2014 Age : 26 Messages : 984 Points : 117 Localisation : Quelque part caché dans les ténèbres du labyrinthe... Emploi : Maton des coureurs
Tout le monde se bousculait autour de moi, les gens n'hésitaient pas à pousser les autres. J'étais là, à attendre comme un idiot, pour espérer que la tempête passerait et que je pourrais aller voir avec un peu plus de calme. J'entendis des rires, des cris et des pleurs dans tous les sens. Des objets, juste de simples objets, je ne saisissais pas. La curiosité l'emporta. Je décidai de m'avancer vers ce carton, pour y jeter un coup d’œil. Que tout un tas de vieux trucs sans aucune importance pour le bloc.. Pourquoi les créateurs nous envoyaient-ils cela ? Il devait bien y avoir un sens. Je m'accroupis près de carton et je me mis à chercher. Je ne cherchais pas au-dessus, mais au fond. Pourquoi au fond ? Je n'en avais aucune idée. Des livres déchirés, des bibelots tout usés et des peluches toutes décousues s'étalaient. Aucun ne me paraissaient familier. Je ne ressentais strictement rien du tout.
Alors que je m'apprêtais à me relever, déçu ne n'avoir pas été plus surpris que cela, quelque chose de brillant attira mes yeux. Des reflets. Était-ce le soleil ? Non, cette fois-ci c'était bien différent. Je me penchai de nouveau vers le carton et écartai encore quelques objets.. Rien. Rien du tout jusqu'au moment où je trouvais l'origine de ce reflet. Une petite chaîne dorée. Elle m'intriguait, elle était coincée entre deux gros objets. Elle brillait presque de milles feux, seule la rouille gâchait l'effet. Pourquoi avais-je envie de la toucher ? Ce n'était qu'une simple chaîne presque à moitié rouillée et abîmée ! Mais, ce fut plus fort que moi, sans même m'en rendre compte mes doigts se dirigeaient doucement vers elle. Je n'avais pas envie de l’abîmer. La chaîne était dans mes mains à présent, je restais ébahi, sans voix. Il était difficile d'analyser ce que je ressentais à cet instant présent. Les émotions s'emmêlaient dans mon esprit.
Je la retournai, pour y découvrir cinq petites lettres gravées dessus. La lecture restait plutôt difficile, car les lettres avaient presque disparues, mais je pouvais quand même y deviner les I-S-A-A-C. Isaac. C'était mon prénom. Je ne m'étais donc pas trompé. Elle m'était destiné. Avions-nous chacun quelque chose ? Non seulement elle avait su m'attirer, sans même que je me sois aperçu que mon nom était dessus et à présent que je le voyais, mon cœur se serrait. De la tristesse mêlée à de la joie remontait tout à coup, trop vite, bien trop vite. Mes émotions me submergeaient à l'improviste. J'étais juste incapable de les contrôler. Mes mains se mirent à trembler. C'était un cadeau. Mais de qui ? De ma mère peut-être ? Qui d'autre pouvait bien m’offrir cela ? J'eus juste à fermer les yeux pour le savoir, je le percevais. Une chaleur intense émanait de l'objet. De l'amour. En tout les cas c'était ce que j'avais envie de ressentir. Un amour tout à fait pur. Je ne voulais pas rouvrir les yeux, je me laissais bercer par ce doux souvenir. Une douce mélodie me revenait en tête. Elle devait me la chanter quand j'étais petit. De l'eau... de l'eau tombait sur la chaîne. Des larmes. C'étaient mes larmes. Je pleurais. La douleur, l'amertume, la joie et le bonheur se battaient, c'était trop fort que j'eus l'impression de tomber à terre. J'étais à genoux, mais je me rappelai soudainement que je l'étais depuis le début, heureusement, sinon je me serais effondré violemment sur la terre. Tout tremblant, je tentai de l'accrocher à mon poignet gauche. J'eus la surprise de voir qu'il me seyait à la perfection, comme si il avait été fait pour moi. Le bijou me procurait une immense sensation de chaleur même si l'or n'était pas plus chaud que cela. Pourquoi l'avais-je reçu ? Est que les gens que j'aimais était encore en vie ? Était-ce un message ? Je n'en avais pas la moindre idée.
Mon cœur cognait si fort dans ma poitrine, les frissons qui parcouraient tout mon corps ne faisait qu'augmenter, les souvenirs et l'imagination frappaient dans ma tête, j'avais envie de hurler. Je voulais des réponses. Je pensais à elle, à elle qui m'embrassait, qui me prenait dans ses bras lorsque j'étais petit, à elle qui avait toujours été là pour moi. Je ne pouvais pas bouger, pourtant d'autres voulait voir encore ce qu'il y avait dans la boite. Je me levai et me dirigeai aussitôt un petit peu plus loin, vers les arbres, vers le calme, loin de toute cette folie. Ce jour était unique, jamais je ne me serais attendu à ce qu'une telle chose se produise, j'étais comblé. Trop comblé pour rire extérieurement. Dans mon esprit, c'était différent, voir complètement l'inverse. J'étais heureux, il n'y avait aucun doute, mais le choc m'empêchait de m'exprimer ouvertement autre que par les pleurs.. Je sus à ce moment-là que plus jamais je ne pourrais quitter cette chaîne rouillée. Elle représentait tout pour moi. C'était comme si une part de moi-même m'avait été redonnée. Depuis si longtemps je ne m'étais pas senti tout entier, mais à présent je l'étais.
Mes larmes redoublèrent sans que je les contrôle, je les laissai couler sur mes joues. Je tombai sur l'herbe et je continuai de pleurer de plus belle, encore et encore. Je ne voulais pas m'arrêter, cela me faisait du bien. Toute la douleur semblait s'évaporer, comme si le bijou avait le pouvoir de guérir cette peine inexplicable qui m'avait rongé pendant des mois. Cette venue d'objets me donnait de l'espoir. Allait-on nous renvoyer chez nous à notre ancienne vie ? N'étais ce que le début de la fin ? « Isaac... » . Tandis que mes doigts effleuraient l'or, une voix féminine m'appelait dans ma tête. Elle était douce, si douce... Je me laissai bercer dans une immensité de bonheur, cet instant était unique, je me décidais enfin à en profiter car, il n'arriverait probablement qu'une seule fois. Je laissai soudainement toute la joie m'envahir, je tressautai tellement elle s'accumulait avec fougue. Un petit sourire se mêlait à mon visage humide et se dessinait sur mes lèvres, je laissai même échapper un rire si longtemps refoulé. J'étais au paradis.
Le cadeau reçu : Une vieille chaîne un peu rouillée avec mon prénom gravé.
Esther avait été l'une des première a atteindre le carton. Elle avait participer à vider la boite cette fois ci et lorsqu'un mystérieux carton fut amené, elle fut aux premières loges pour y découvrir des bibelots. Là dedans, c'était un vraie brocante. Des photos usées, des vieux bijoux, des objets insolites et non identifiable était tout ce qu'il y avait. Aucune valeur marchande d'après elle. Tout était usé, comme si tout avait vieillis dans un coin. Esther se demandait bien si quelque chose lui était déstiné. Malgré l'espoir en elle, au fur et mesure des semaines, elle ne savait même plus si elle avait vraiment eu une vie en dehors du bloc. Si elle avait vraiment des proches, autre part, qui l'attendait ou qui étaient morts même. Elle ne savait rien de sa vie d'avant, et contrairement à quelques chanceux, très très peu de souvenirs lui étaient revenus. La cicatrice derrière sa jambe avait toujours été le plus grand mystère de son amnésie. Que lui était-il arrivé ? Seule trace lui rapellant qu'avant, elle avait aussi vécu ... Et surement pas que des bons souvenirs ...
Quelques regards curieux étaient avec elle, autour de ce carton, et bientot un vrai cercle de blocards se formaient autour de la boite. Ce qui attirait encore plus l'attention. Dans le coin droit, tout au fond du carton, se trouvait quelque chose qui attira l'attention d'Esther. Un cube aux couleurs ternes de la taille d'une paume. Déja de nombreux bras passaient dans le champ de vision d'Esther, l'empechant de voir l'objet inconnus qui avait capter le regard de la rousse. Personne ne pouvait blamer les blocards d'être exité. De pareils evenements n'arrivaient pas souvent. Enfin, elle fit glisser son bras sous celui d'un autre, puis chercha du bout des doigts le cube. D'un geste rapide et controlé, elle extirpa son bras de la dessous. Comment savait-elle que ce petit objet était pour elle, aucune idée, mais l'instinct était fort. Rien d'autre la dedans ne semblait interessant. Elle detourna son regard des blocards amassé autours du cartons, et se retira plus loin d'un pas rapide, pour chercher un peu de solitude et examiner en détails son trésor.
Ses doigts faisaient tourner les facettes colorées depuis maintenant une heure et demie. Une détente absolue et une concentration maximale habitaient la jeune femme, adossée contre son lit. Ses yeux suivaient ses mouvements rapide et on entendait rien sinon le clic clic clic. Esther ne savait absolument pas comment elle connaissait les algorithmes, mais la résolution du problème s'imposait à elle constemment lorsque son subconscient parlait. Elle le faisait, le mélangeait, le refaisait et le remélangeait. Comme une routine parfaite. Elle avait du en faire beaucoup par le passé. Peut-être avait-elle developpé sa rapidité d'esprit grâce à cela d'un coté ? Pas uniquement, mais ce vieux Rubik's cube y avait surement participé. Sur un case rouge, un E.E était gravé dans le plastique. Elle sentit que ces deux E ne pouvaient qu'être ses initiales, et ce deuxième E signifiait une seule chose. Un nom de famille. Donc une famille, non ? Une identité, tout du moins. Esther voyait son nouveau casse tête comme un objet extremement important et magnifique. Mais de l'exterieur, il coulissait mal, et les couleurs étaient très ternes. Un angle était félé, et certaines faces étaient rayées. Cet objet avait été utilisé à maintes reprises, c'était certain. Et surement par elle.
Elle passa la nuit à jouer. Mais pour les records de vitesse, ce n'était pas ça... Ce Rubik's cube méritait un peu d'huile.
Les nouveaux couteaux étaient arrivés, ainsi que les différents récipients qu'elle avait demandé. Il y avait aussi un carton de nouveaux ingrédients : sucre, chocolat, sel, huile ... La Maton supervisait le rangement, entourés de quelques blocarts curieux. En effet, point de Bleu cette fois-ci, c'était la première fois depuis l'arrivée de l'aveugle que la Boite ne ramenait pas de nouveau. Mais elle s'était contentée de hausser des épaules et de ranger les affaires destinées à la cuisine.
Tout les cartons avaient été trié et Wendy s’apprêta à partir lorsqu'on lui dit qu'il restait encore une boite. Elle tâtonna cette boite qu'un blocart lui apporta, curieuse. Elle n'avait rien demandé de plus et les autres blocarts semblaient avoir déjà pris ce dont ils avaient besoin. En ouvrant la caisse, celle ci émit un bruit étrangement familier et claire aux oreilles de la Maton. Elle tâta le contenu, entourée par quelques curieux. Directement, elle tomba sur une petite boite en bois qui semblait être la cause du bruit émit un peu plus tôt. Elle la sorti et tenta de l'ouvrir. En appuyant sur un relief, le couvercle se redressa et une douce mélodie se mit à retentir. Le son était cristallin et extrêmement familier. Comme une caresse sur ses cheveux, comme une comptine chantée le soir avant de s'endormir, comme un souffle venant du passé, un gout doux d'amour associée à une tristesse amère.
Wendy sentit une larme perler au coin de son œil droit, puis s'éloigna du carton qui commençait à être assaillit par des blocarts emplit d'espoir. La Maton s'assit dans un coin, et continua d'écouter la mélodie, sentant son cœur se déchirer a chacune des notes qui lui rappelaient qu'elle avait eu une famille. D'une main tremblante, elle touchait avec une douceur infinie le petit mécanisme de la boite. Mécanisme qui la fascinait. Au touché, la boite était toute rugueuse, et écaillée. Mais même si Wendy ne la voyait pas, elle se souvenait maintenant avec précision de sa magnifique couleur d’antan : Bleue.
Les larmes coulèrent de plus belle. Et la jeune femme ne savait pas si c'était des larmes de joie ou bien de désespoir. Elle se souvenait de la couleur. Elle se souvenait avoir vu.
[Cadeau reçu : une vielle boite à musique.]
Emi Burton
Dernière édition par Wendy Rheon le Lun 12 Jan - 17:29, édité 1 fois
Des chiots. Des chiots blessés qui gémissaient, mais de façon profondément humaine. Ce qui défilait devant ses yeux était une profusion d’émotions dignes de tout être humain. Il y avait ceux qui pleuraient de joie et parfois de peine, ceux qui riaient aux éclats, qui souriaient, et enfin ceux qui se muraient dans un silence réfléchit, plein de questions. La jeune asiatique avait suivit le mouvement des autres Blocards, mouton parmi les autres et ne s’était pas attendue à se retrouver face à un tel tableau. Elle trouvait ce portrait du Bloc parfaitement irréel car trop bon, trop humain. Les gens ici se terraient souvent dans leurs émotions. Ils se nourrissaient de la rancœur qui leur dévorait le cœur pour la transformer en force… et vivre. Aussi douloureux que cela puisse paraitre, vivre avec ce pincement au cœur, les lèvres tremblantes. Car personne ici n’était responsable des douleurs des autres. Ils n’étaient que les pantins des Créateurs, rien de plus. Ils avaient été forcés de jouer dans cette pièce, sur une scène inconnue. Ils improvisaient peu à peu, apprenaient le jeu d’acteur. Parce que c’est ce qu’ils étaient, des acteurs. On cachait ses émotions, on faisait en sorte d’être fort et digne face aux autres. Mais était-ce vain ? Ces efforts fournis, ces guerres contre soi-même, ces courses effrénées dans le Labyrinthe ? Certains – pour ne pas dire la plupart – doutaient de pouvoir un jour fouler un sol neuf. Et comment les en blâmer ? Trois ans de recherches sans aucun résultat. Trois ans d’espoirs et de faux espoirs. Trois ans d’attente. Mahree n’était là que depuis peu, et Dieu seul savait à quel point cette attente était déjà insupportable. Imaginer les idées noires qui avaient pu mûrir dans la tête de certains en trois longues années n’était donc pas difficile pour elle. Depuis qu’elle vivait ici, elle cherchait les racines de son identité. Elle apprenait peu à peu à se connaitre et une chose s’assimilait à une évidence : elle n’était pas patiente. De la patience résultait la frustration. Et elle n’aimait pas beaucoup se prendre en plein visage toute l’étendue de son ignorance. Pourquoi pleuraient-ils ? Quel était la source de ces élans émotionnels ? Elle s’approcha lentement, cherchant à se frayer un chemin entre les corps fatigués de ses camarades. Ce n’était d’ailleurs pas bien dur vu son petit gabarit. Mais plus elle avançait, plus elle s’imprégnait des sentiments des autres. Elle reporta son regard sur sa gauche et fut déstabilisé par les larmes d’un grand blond aux traits durs. Il était par terre, tenant du bout des doigts une vieille peluche tâché que n’importe qui aurait jeté sans éprouver le moindre regret. Et pourtant, l’émotion semblait lui enserrer la gorge et ses sanglots brisés mettait Mahree mal à l’aise. Si un tel sentiment pouvait naître en lui à cause d’un objet si incroyablement banal, qu’en serait-il d’elle, pauvre poupée au coeur fragile ? Ce devait être l’atmosphère. Les corps qui se précipitent, ceux qui sont secoués par les larmes. Ce pouvait aussi être l’influence et l’ampleur de la colère qui grondait au Bloc. La fatigue. La peur. La faim. Ce pouvait être tout, mais en réalité ce n’était rien. Ou du moins, rien de tout cela. Mahree était incapable de mettre des mots sur ce qu’elle ressentait. Elle avait éprouvé une curiosité toute naturelle en voyant les gens s’enfouir dans une vague émotionnelle si peu commune en ce lieu qui exigeait force et sens du devoir. Depuis qu’elle était là, elle n’avait que très peu pleuré. Une ou deux fois peut-être, lorsque le clair de lune l’avait plongée dans la mélancolie. Mais elle s’étonnait de voir ces Blocards aux larges épaules s’écrouler sous le poids des larmes. Tous les jours, ils supportaient l’injustice. L’enfermement était un fardeau qu’ils portaient tous ensemble, parce que c’était la seule façon de retrouver une raison de vivre. D’avancer. Jusqu’au jour où ils trouveraient la sortie… S’il y en avait une. La plupart des Blocards s’étaient efforcés d’acquérir une force mentale pour faire face aux conditions qui étaient les leurs. L'endroit était devenu routinier aux yeux de Mahree et c’était en cela que cette situation différait. Jamais elle n’avait vu tant d’humanité en ces Blocards. Elle en était complètement bouche bée.
Un pas après l’autre, elle se rendait compte que ses camarades près de la boîte étaient tous fascinés par un objet. Un objet ? L’asiatique s’arrêta une seconde, les yeux braqués vers le carton qui contenait tant de mystère. Le monde semblait s’être arrêté et pourtant, le cerveau de Mahree tournait à plein régime. Devait-elle y aller ? Succomber à la curiosité était-elle une bonne chose ? Plus elle voyait les larmes s’installer dans les yeux des Blocards plus elle remettait son désir d’y aller en question. Avait-elle réellement envie de savoir ? Serait-elle du côté des souriants ou des tourmentés ? Elle ne préférait pas le savoir, car elle sentait bien que déjà, son coeur battait un peu plus fort, ses mains tremblaient un peu plus et sa mâchoire se serrait davantage. Elle ne voulait pas céder à l’émotion. Alors elle se contenta de tourner les talons et de partir. C’était sans doute la meilleure chose à faire. Ce n’était pas le moment de s’auto perturber. Le Bloc s’en chargait déjà très bien tout seul.
Elle alla s’asseoir un peu plus loin, à l’orée des arbres et encercla de ses frêles bras ses jambes nues, puis posa son menton sur ses genoux. De là où elle était, elle avait une vue d’ensemble de la scène. Elle avait conscience de sa propre fragilité, mais elle ouvrait aujourd’hui les yeux sur celle des autres. C’était difficile de se rendre compte à quel point elle avait été naïve. Après tout, personne n’avait choisi de venir ici. Personne n’avait voulu devenir le prisonnier des Créateurs. Dehors, la vie devait être tellement plus simple. Et Mahree ne comprenait pas pourquoi personne n’avait tenté de leur venir en aide. Ils n’étaient que des enfants. Que des adolescents qui luttaient pour conserver un équilibre instable, pour affirmer la notion de groupe. ils n’avaient qu’eux sur qui compter. Que des Blocards. Mais surtout, que des êtres humains. Parce que c’était ce qu’ils étaient avant tout. Et ce pauvre carton le démontrait avec justesse. Les yeux fixés sur ses camarades, elle n’avait même pas remarqué le scaralame à quelques mètres d’elle. Lorsqu’elle tourna le visage vers lui, elle eut un sourire imperceptible. Pour l’instant, le petit espion métallique ne bougeait pas, mais elle savait bien qu’au moindre mouvement qu’elle amorcerait il s’éloignerait d’elle. Elle le regarda, les yeux brillants et pensa à tout ce qu’elle avait vécu depuis qu’elle était ici. Son arrivée dans la boîte, sa rencontre déstabilisante avec Jude, son acceptation chez les Medjacks, sa belle Ellen, la jolie Clare, l’impétueuse Allya. Elle revoyait les yeux sombres de Jonas, les fouets de la Milice. Les coureurs qui partaient tous les matins et ne revenaient que bien plus tard le soir. Et les blessés qui défilaient à l’infirmerie, couverts de sang et de blessures plus ou moins graves. Elle revoyait tout ça avec des yeux neufs, et elle se mit à penser que le Bloc était devenu un petit monde, leur monde avec ses qualités et ses défauts. Mais ils avaient dessiné cette unité tous ensemble et ils pouvaient en être fiers. Elle se tourna vers l’insecte métallique et entrouvrit les lèvres pour lui cracher sa haine :
« Vous avez gagné de nombreuses batailles, mais la guerre n’est pas finie. Je ne sais pas pourquoi nous sommes là, mais je n’oublierai jamais ce que vous nous avez fait. »
Elle repensa à ses amis du Bloc, ces gens qui avaient su lui montrer qu’elle n’était pas arrivée dans un lieu froid. Elle revoyait le sourire de la douce Ellen, les coups d’éclats de Clare. Même les boucles de Jude lui réchauffait le coeur. Et elle se sentit mieux. Moins seule.
« Nous allons nous battre pour trouver la sortie. Et quand nous la trouverons, préparez-vous à notre venue. »
C’est ce en quoi elle décida de croire. Peu importait combien de temps cela prendrait, elle décida de garder cet espoir au fond d’elle, aussi illusoire soit-il. Elle s’écroulerait sans but, et elle le savait bien. Mais il était impensable de laisser les Créateurs gagner. Immobile depuis le début, elle rompit ce calme apparent pour saisir un caillou près d’elle et le jeter avec vigueur sur le scaralame qui s’éloigna aussitôt. Bien entendu, le caillou s’écrasa avec brutalité sur la terre vierge de toute créature métallique. Mais elle s’en fichait. Son message était passé. Elle était encore trop fraîchement arrivée pour se mettre à vivre sans bouillonner de colère. Sans penser constamment à l’injustice dont elle était la victime. Certains souriaient. elle ne les avaient jamais vu sourire. Et puis, elle se demanda si Jonas pouvait sourire lui aussi. Si un objet pouvait le pousser à devenir plus humain que dictateur. Si sa nature profonde était aussi fragile que celle de Mahree. Que celle de tous ceux qui pleuraient ou qui riaient en ce moment-même. Et puis elle pensa qu’il ne pouvait pas être foncièrement mauvais. Juste maladroit, pénétré par ce qu’il estimait être sa mission de chef. Quitte à outrepasser ses droits et à surestimer ses devoirs. Après tout, il n’était qu’un enfant parmi les autres, un enfant à qui on avait donné des responsabilités trop grandes pour ses frêles épaules. C’était peut-être un défaut de voir en chacun un semblant de bonté, mais Mahree croyait en cela plus fort qu’en n’importe quoi d’autre. Elle ne connaissait pas le monde extérieur, ne savait même pas d’où elle venait, mais elle persistait à affirmer cette opinion. Cette référence à son passé l’emmena à se poser de nouvelles questions, des questions qui revenaient à chaque fois, cercle vicieux dans lequel son esprit se perdait de plus en plus. Elle sentait que son histoire n’était ni toute rose, ni toute noire. Elle avait la sensation d’être banale, mais cela ne l’empêchait pas de vouloir savoir. Et si quelque chose l’attendait dans la boîte, alors peut-être devait-elle faire un pas de plus vers son passé pour reconstruire les fondations de sa propre histoire ? Peut-être faisait-elle une erreur en restant là, assise, à regarder les autres se réjouir ou pleurer. Mahree n’avait pas honte de pleurer, mais elle voulait rester forte face aux autres. Elle voulait combattre son image de petite demoiselle fragile et devenir aussi forte que les autres filles du Bloc. Elle voulait avoir de l’importance, être utile aux yeux des autres. Mais elle voulait aussi savoir qui elle était. Elle voulait un indice sur ce qui l’avait construite en tant que personne. C’était tout naturel. Et à en juger par la foule qui s’animait autour du carton, elle n’était pas la seule. Elle ne réalisa même pas qu’elle avait parcouru les quelques mètres qui la séparait du carton en question. De cette boîte à souvenirs, de ce méli-mélo de réminiscences. Ce devait être drôle pour les Créateurs de les voir dans cet état. Mais tant pis. Qu’ils s’amusent de cette situation cruelle si tel était leur souhait. Elle ne pouvait pas rester dans le doute. Elle se pencha sur la boîte et commença à fouiller dedans. Des lunettes sans verres, des carnets à moitié brûlés, des peluches amputées, des bijoux rouillés… Il n’y avait presque que de ça. il aurait été difficile de vendre quoique ce soit qui provienne de ce carton. Mahree cherchait, cherchait vainement, sans rien trouver. Après quelques minutes sans résultat, elle s’avachit par terre en soupirant. Elle était déçue. Profondément. Elle avait espéré dépoussiérer sa mémoire grâce à un objet, quel qu’il soit. Elle avait prit le plus grand soin de ne pas abîmer davantage ces reliques si précieuses pour les autres, car elle comprenait à présent l’espoir que l’on pouvait placer en elles. Un espoir déçu pour sa part. Elle posa ses mains devant elle pour se relever et se redressa sans trop de difficulté. Lorsqu’elle fut debout, elle jeta un dernier regard à la boîte, et s’apprêta à s’en aller… Sauf que… Un grand garçon à côté d’elle était en train de fouiller dans le carton, le genou sur un bout de tissu blanc brodé. Mahree fronça les sourcils, se jeta à nouveau sur les genoux et se pencha sur le tissu. Elle essaya de tirer dessus pour qu’il vienne à elle mais n’osa pas tirer davantage de peur de le déchirer. après tout, ce garçon devait bien faire deux fois son poids… Alors elle se redressa un peu, s’approcha de lui et lui demanda gentiment :
« Excuse-moi, peux-tu relever ton genou, il y a quelque chose en dessous que je voudrais récupérer… »
Aucune réponse, pas le moindre mouvement, comme si elle parlait au vent. Prise d’une certaine impatience, elle tenta pourtant de rester polie et répéta avec douceur ce qu’elle venait de dire. Toujours rien. Les sourcils de l’asiatique dessinèrent un V et sa bouche un rictus. Elle recommença, plus férocement cette fois-ci :
« Hého, le sourd, tu peux bouger ton derrière deux minutes que je récupère ça ?! »
Elle accompagna sa réplique d’une main sur l’épaule du garçon pour le secouer un peu. Tant pis si elle l’énervait, elle savait parfaitement jouer à la victime. Et de toute manière, personne ne pourrait la blâmer pour si peu. Et pourtant, toujours aucune réponse, mis à part un geste obscène qui vint chatouiller la jeune fille. Automatiquement, elle fut prise d’une rage intense qu’elle consuma en le poussant de toute ses forces pour qu’il bouge. Elle n’arriva même pas à le faire tomber, juste à le déstabiliser. Mais c’était bien assez pour récupérer le mouchoir froissé. D’un geste brusque elle s’en empara et se releva. Le garçon se redressa et la fixa rageusement du regard en l’insultant. Mahree releva le menton et le regarda de haut avant de se retourner et de lui désigner son postérieur. Quel crétin. Mais rien ne pourrait la préoccuper davantage en cet instant que le bout de tissu qu'elle tenait dans ses mains. Elle alla se mettre un peu à l'écart, loin des autres Blocards, préférant s'octroyer un espace d'intimité que d'exposer ses émotions à la vue de tous et toutes. Une fois retournée à l'orée des arbres, elle ramena devant ses yeux le tissu qui semblait lui appartenir. Elle détailla l'objet avec précaution, comme pour graver dans sa mémoire la moindre broderie. C'était un tissu fin, doux, un peu jauni par le temps et sans grande valeur si ce n'était celle du coeur. Elle ne savait pas pourquoi, elle ne savait pas comment, mais elle avait la sensation que ce mouchoir blanc faisait partie de son histoire. Elle le fixa longtemps, si émue de chaque fibre de tissu, si touchée par ces broderies maladroites et appliquées à la fois. Dans son coin inférieur gauche, elle put lire le mot "pardon" brodé en fil bleu foncé. C'était un simple mot, mais il déchaîna en elle une foule d'émotions. Elle ferma le poing, froissant ainsi un peu plus le tissu et s'affala contre le tronc dur d'un arbre qui avait vu bien des choses. Elle se sentit si mal, si profondément triste qu'elle ne parvint même pas à pleurer. C'était un témoignage de vie trop fort, parce qu'elle percevait l'importance de ce vieux mouchoir sans pour autant en comprendre le sens. "pardon". C'était ironique. Un mouchoir pour essuyer les larmes. Ces mêmes larmes qui finirent par couler en vagues incontrôlables. La gorge de la jeune fille se serra et elle s'écroula lourdement sur le sol, à bout de force. Elle sentit ses genoux s'érafler mais elle n'y prêta aucune attention. Ce mouchoir était un cadeau empoisonné. Elle se sentait si vide, démunie de tout ce qui la raccrochait à son passé, et elle s'en voulut profondément d'être incapable de poser les bases de son identité, d'avoir dénigré son passé au point de l'oublier. Elle savait bien qu'elle n'était pas la coupable, qu'elle était juste victime des Créateurs. Mais après tout... Peut-être n'avait-elle pas assez de volonté pour faire remonter des choses, même futiles. Seul ce mouchoir lui criait qu'elle avait eut une vie avant le Bloc. Et ce sentiment n'était pas heureux. Elle le sentait bien. Les évènements qui se reliaient à ce mouchoir étaient tristes et lourds à porter. L'excuse brodée en était la preuve. Elle sentit qu'elle n'avait pas brodé ce mouchoir. Elle en avait hérité. Un cadeau qui lui avait fait beaucoup de mal, et en même temps, qui l'avait soulagée. Comme si, avant de le recevoir, elle avait été inondée d'une quantité indicible de questions. Des questions douloureuses qui n'avaient qu'à moitié trouvé les réponses. Et elle se retrouvait là, loin de tout. Loin d’être capable d’établir des liens pour savoir. Elle se rendit compte qu’elle devait être aussi démunie ici que dehors. C’était un sentiment profond de solitude qui l’animait. Ce qui expliquait peut-être qu’elle s’attache tant à certains Blocards. Elle essuya ses yeux mais c’était vain. A chaque seconde, de nouvelles larmes coulaient pour humidifier un peu plus son visage. Et comme à chaque fois qu’elle se sentait mal, elle posa la tête sur ses genoux écorchés et enroula ses bras autour de ses jambes. Comme un foetus. Comme une enfant perdue, qui ne comprend plus. Elle approcha le mouchoir de son visage et tenta de le sentir. Aucune odeur rassurante, aucun parfum qu'il soit agréable ou non. Ce n'était que le visuel, que les broderies de ces petites fleurs qui éveillaient quelque chose en elle. Et ce pardon. Ces excuses. Que lui avait-on fait pour qu'elle mérite des excuses ? Avait-elle accordé son pardon ? Quelque chose lui disait que non. Que ce n'était pas si évident. Mahree passa le reste de sa pause contre cet arbre, las et tourmentée par ce mouchoir auquel elle tenait pourtant plus que tout au monde. Lorsqu'elle se releva difficilement, ce ne fut que guidée par ses obligations de Medjack. Les yeux gonflés, rouges, des larmes silencieuses continuaient de couler à intervalle régulier sur ses joues. Elle n'essaya même plus de les cacher. Son visage évoquait de lui-même la profonde tristesse qu'était la sienne. La journée passa lentement, mais elle ne quitta pas le mouchoir. Elle ne le quitterait plus. Quand bien même il avait été si facile de vivre sans connaitre son existence...
Cadeau :
Code by Silver Lungs
Dernière édition par Mahree Clarke le Lun 12 Jan - 19:44, édité 1 fois
Six mois. La notion du temps était difficile à envisager, dans un endroit où l'ont avait pour seul repère que sa mémoire qui avait tendance à ne pas être un indicateur très fiable. Elle avait compté, chaque jours passants, avec une détermination étrange. Comme si elle avait peur d'oublier ce qu'elle vivait désormais. Car elle ignorait tout de ce qu'elle avait pu vivre, qui l'avait plongée dans une amnésie totale de la sorte. Uniquement un prénom, pour seul souvenir palpable. Eden. Tout le reste n'était que vague impression, bribe de souvenir. Une musique, familière, une voix, dont l'intonation douce lui rappelait quelque chose d'agréable. Sinon rien, le néant le plus parfait. Juste du silence, comme réponse de la part de ses souvenirs, comme s'ils s'amusaient à la narguer, silencieusement.
Les jours s'enchainaient, semblables et pour autant tellement différents. La vie au bloc était relativement simple, en soit. Les sarcleurs s'occupaient des champs, les coureurs tentaient de cartographier le labyrinthe, les medjack soignaient les petits bobos. Et Eden tentait vainement de se faire une place au sein de cette organisation millimétrée. Et tandis qu'elle observait autour d'elle en cette journée semblable aux autres, l'alarme de la boite qui remontait lui laissait présager que quelque chose de différent allait peut-être arriver.
En règle générale, elle avait tendance à ne pas s'approcher de la boîte quand celle-ci remontait. L'angoisse qui se lisait sur les visages de ces jeunes hommes et de ces jeunes femmes, parfois même de ces enfants, lui tordait les tripes d'une sensation désagréable. Elle ne se revoyait que trop bien, au fond de cette boîte, tentant de s'habituer à la lueur du soleil qui lui brûlait les yeux, après son ascension interminable.
Mais cette fois, les choses semblaient différentes. Les voix des blocards qui s'élevaient autour de la boîte lui firent rapidement comprendre que personne ne s'y trouvait cette fois. Voyant les cartons de provisions défiler, elle reste à distance un bref instant et se contente d'observer le tout en silence avant de ne tendre l'oreille et froncer les sourcils en entendant une voix s'élever, plus forte que les autres.
- C'est à moi ça !
Comment pouvait-il affirmer une telle chose ? Cette fois, s'en était trop pour la curiosité d'Eden. Foulant la terre, elle s'approchait à présent suffisamment pour voir quelle était la raison de cette agitation. Et elle était bien moins impressionnante que ce à quoi s'attendait la jeune femme. C'était un carton. Un simple carton dans lequel s'enchevêtrait un tas d'affaire en mauvais état, parfois incrusté de crasse. Sourcils froncés, elle s'approcha sans un mot, jouant des coudes pour se faufiler entre la masse compacte de blocards qui s'était alors formée devant elle et resta un instant silencieuse. Toutes ces mains qui se glissaient dans le carton pour en brasser son contenu, ça lui donnait le tournis. Elle ne pouvait décrocher son regard des morceaux de photos brûlées qui remontaient au gré des mouvements de main. Mais elle fut bien rapidement tirée de ses rêveries. Se glaçant jusqu'à la moelle, elle se pencha sans même adresser un regard à qui que ce soit et saisit un collier, à peine plus gros qu'une pièce.
C'était un flocon, sans doute en argent, puisqu'il ne présentait aucune trace d'oxydation. Il était net, régulier, sans accroc, sans doute de bonne manufacture. Et il réveillait en Eden une sensation qu'elle ne pouvait décrire; il lui appartenait. Elle en était sûre.
C'était une excitation sans pareille au bloc aujourd'hui. Ça avait commencé par l'alarme habituelle. Trop forte pour mes pauvres oreilles. Je poussais un soupir, me décidant de sortir du labo (de mon antre... Tant qu'à faire) et d'avancer jusqu'à l'endroit où l'effervescence était palpable. Et comme tout bon mouton curieux qui se respecte (Non pas que ça me plaise, mais c'était sans aucun doute la vérité, sinon pourquoi me pressais-je contre ces gens ?) Je m'approchais à pas de loup, me collant à cette foule informe, et m'intégrant à cette dernière. Quelque chose me disait que je devais me trouver ici, parmi ces gens... Cette même chose me poussais à me frayer un chemin parmi eux, pour finalement arriver devant cette caisse. C'était une caisse comme toutes celles que nous avions reçu jusqu'à présent. Elle venait tout juste d'être sortie de la boîte. Quand ils l'ouvrirent, on y découvrit un tas de bric à brac poussiéreux. Des photos, des peluches, et d'autres choses que je ne reconnaissais pas vraiment. Je fus noyé sous les tumultes, et relayé au second plan, d'autres avaient été plus rapide que moi. Du coup j'attendais tranquillement qu'ils s'écartent. Prenant tout mon temps. Au fond de moi... J'étais intimement convaincu qu'il y avait quelque chose à moi là dedans. Déjà parce que tous les blocards que je voyais revenais avec quelque chose en main, et aussi parce que c'était quelque chose que je n'expliquais pas... Un pressentiment, un truc qui te tiens aux tripes et qui ne te quittes pas avant que tu ais fait ce que tu souhaitais. Je me balançais d'un pied à l'autre, mâchouillant ma lèvre inférieur. Elle était tellement bouffée celle là... Que je m'étonnais encore qu'elle soit encore présente. Soudain, un petit pique de douleur, et un goût métallique caractéristique explosant dans ma bouche. Mais qu'importait ! J'en avais assez, j'avais assez fait le pieds de grue devant. Je me faufilais à coup de coude, tant pis si je devais faire face aux soupires, et aux grognements, j'y répondais par un sourire (factice) et un pardon, marmonné d'une voix douce. J'étais vraiment un as... J'aurais pus être une star dans une autre vie ! J'arrivais finalement devant la caisse. M'agenouillant pour farfouiller. Que des vieux trucs, des objets pas totalement fonctionnels, mais qui, je fis bien vite le rapprochement, avait du nous appartenir. Mes yeux s'accrochèrent à quelque chose. Ça capta alors mon intention. Une petite boîte en bois, de mauvaise qualité, assez usée. Cette étrange impression de « déjà vu »... Comme si je la connaissais bien. Comme si c'était à moi. Un pincement au cœur se fit sentir, ainsi que les éternels nœud au ventre, et boule dans la gorge. Bien vite, quelques larmes traîtresses s'échapèrent de mes yeux, me rappelant bien durement que je n'étais pas ici en vacance, mais parce que j'avais eu un jour une vie, et que j'y avais été arraché. J'avais peut être des parents, peut être même des frères et sœurs. Mais il n'y avait, dans ma tête, aucune trace de ces souvenirs. Je sentais presque la douleur au niveau de mon cœur. J'agrippais mon haut d'une main crispée par l'émotion. Avant de faire comme je faisais toujours. J'enfermais tous ces sentiments dans une boîte, à double tour au fond de moi, j'enfouissais cette douleur sous une émotion bien plus simple à vivre que la tristesse, et sa comparse, la nostalgie. Le mal du pays n'était pas bien loin. Mais bon, je pense qu'il n'était pas encore en vue, puisque je n'avais, jusqu'à présent, aucune terre à pleurer. C'est vrai... Je savais même pas d'où j'étais venu. J’attrapais cette boîte, la fourrant dans une poche de ma blouse, avant de m'éloigner de la foule, les yeux sur mes chaussures, mes cheveux cachant une partie de mon visage, pour que personne ne puisse voir mon trouble. Je m'éloignais, toujours plus loin de tous ces gens. Je pense que... C'était pour fuir leur douleur et leur mélancolie à eux. J'arrivais déjà pas à me dépatouiller de la mienne, alors servir de tampon pour celle des autres... Non merci, c'était déjà bien assez dur...
Ainsi, assis sur l'herbe verte, je voyais les autres s'agiter au loin. Je soufflais, le temps de me redonner consistance, et de laisser ce masque d'assurance se couler sur mon visage, chassant les larmes de mes yeux d'un mouvement un peu brusque. Ce seul mouvement devait m'avoir grillé, sur la colère qui m'habitais. Ainsi que sur cette incompréhension concernant mes sentiments. Une fois cet éternel sourire moqueur sur le visage, mon expression à moi de neutralité, je sortais de ma poche cette petite boîte en bois. La caressant doucement. Peu importe ce à quoi je pensais, je ne pouvais pas me rappeler de ce qu'elle contenait, je savais seulement que c'était à moi, j'en étais intimement persuadé. Je faisais coulisser la planche, dévoilant un jeu de carte. Mais ce n'était pas n'importe quel jeu de carte... Je ne me souvenais plus du nom... Je mis un moment à mettre le doigt dessus. C'était un tarot. Les cartes étaient jaunies, et je savais déjà, rien qu'en les comptants qu'il en manquais certaines. Comme un vieux réflexe retrouvé, je battais les cartes. Et cela me détendit. Féru de science comme j'étais, il était étrange de voir que ce type d'objet avait pu être en ma possession... C'était un truc de voyante ça, tirer les cartes, lire l'avenir. Or je n'y avais jamais cru... Soudain la réponse s'installa avec netteté, au fur et à mesure que je battais les cartes. Je m'arrêtais un instant. Si j'avais ce jeu, c'était justement parce que je ne croyais, et n'avais jamais cru en son pouvoir, sans doute. C'était alors pour « tester ». J'imagine que comme aujourd'hui, hier, j'étais le genre de personne à ne pas croire au destin. Mon corps se souvenait, lui, de comment se servir de ce jeu. Et je dois avouer que cela me fit peur... Je tremblais, les yeux posés sur mes mains qui s'activaient seules, avec tant d'assurance. Puis autre chose m'occupa alors. Je regardais toutes les images des cartes. Il en manquait, ça je le savais, mais je n'aurais sans doute pas pus dire lesquels manquaient au bataillon. Ce jeu était très vieux, les cartes étaient jaunies par le temps, certaines étaient cornées. Je rangeais précautionneusement le paquet de carte dans sa boîte, la refermant ensuite pour la glisser sans un mot ni un regard dans ma poche. Ce truc me détendais, et c'était, malgré tout, un souvenir... Et les souvenirs sont, par ici, une monnaie bien précieuse, encore plus que la prunelle de vos propres yeux. Les souvenirs, c'était une fenêtre entrouverte, une fissure dans ce mur qui nous entouraient tous qu’était l'oubli. Un premier pas, un pas de souris, certes, mais une avancée, quelque chose à quoi se raccrocher, une nouvelle bûche pour ce feu mourant qu'était notre espoir.
Spoiler:
Pour Lucas il a reçu un jeu de tarrot où il manque des cartes dans une petite boite Voilà !
Encore une journée à me remettre de ma transformation, mais pour une fois je ne me plains pas de devoir rester dans le Bloc toute la journée, même si je ne peux pas rester à seulement m’entraîner. J’aide qui je peux, je soulève des caisses de médicaments pour les Medjacks, je porte des caisses de terre au milieu des champs pour aider les Sarcleurs. En clair, j’aide toute les personnes qui ont besoin de moi. Et de l’aide, on en a encore plus besoin quand les provisions débarquent. Je suis aux premières loges quand on ouvre la Boîte et je me jette dedans pour passer les cartons et les caisses, sans vraiment regarder ce qu’il y a dedans.
Je relève la tête quand j’entends des sanglots éclater au-dessus de ma tête. Mes yeux se baladent sur les différents visages larmoyants. Pourquoi pleure-t-ils ? Je ne comprends pas… Je prends appuie sur l’une des caisses et sort de la Boîte en prenant appuie sur mes mains à plats. Une fois hissée, je me faufile entre les gens pour voir le vieux carton. Je me souviens l’avoir passé aux autres, il a failli se casser entre mes doigts. Mon regard glisse sur les objets déglingués dedans. Oui bon, rien d’intéressant.
Ensuite, je comprends, quand je me retourne enfin. Ce n’est pas parce qu’ils sont moches qu’ils n’ont pas de valeurs… Ce sont des souvenirs, de nous, de notre enfance. Je ne veux pas me souvenir, je ne veux pas être déçue. De toute façon, personne ne m’attend et je le sens, dans cette vieille boîte, il n’y a rien pour moi. Mais, et si j’avais tort ? Si j’avais un chez moi, des personnes qui m’attendent, dont je ne me souviendrai pas, même après la transformation.
Prise d’un doute, je me retourne et m’accroupit à côté du carton. Rien ne me rappelle quoique ce soit, rien ne m’attire réellement. J’avais raison, pas de souve… Mes doigts rencontrent une vieille chaîne, qui me semble brûlant malgré sa froideur de métal. Je tire doucement dessus, et je sens qu’elle va céder si je tire trop fort. Au pout d’un moment, un petit flacon de verre sort, traîné par la chaîne. Dans le flacon sali et poussiéreux, il y a un petit bout de parchemin qui semble abîmé.
Je m’éloigne des gens, regardant fixement le petit flacon, ne le serrant pas, de peur de le casser entre mes petits doigts. J’enlève le minuscule bouchon de liège et essaye de sortir le parchemin, les mains tremblantes… Je sens les larmes pointer au coin de mes yeux, mais je ne bouge pas, je ne les essuie pas et j’essaye de lire les lettres finement calligraphiées et presque effacées.
Je relis le papier un bon nombre de fois avant de comprendre réellement ce qu’il y a écrit. Je balaye la foule du regard. Mon plus grand souvenir, c’est lui ? J’étouffe un énorme sanglot en me dirigeant vers le grand « bouclé » qui est dos à moi. Je pose un baiser sur sa joue, rangeant le collier dans la poche de mon short, puis lui chuchote quelques mots à l’oreille.
Date d'inscription : 05/10/2014 Messages : 316 Points : 91 Localisation : Arpentant les bois aux heures perdues du jour ou dans un labyrinthe sans issue
Alek était allongé sur une branche. Il regardait les feuilles au-dessus de lui en refermant sa main sur une petite boite de bois. Les gens étaient tous en train de rechercher ce que lui avait déjà trouvé. Le trappeur était effectivement venu en aide aux autres blocards pour rapatrier les boites aux différents endroits. Les médicaments allaient dans l’infirmerie et la nourriture dans les cuisines. Tout cela était une chorégraphie dont il ne connaissait que trop bien les mouvements. La branche soutenait le poids du jeune homme avec une étonnante résilience. Il replia le bras pour observer la petite boite. Elle était de bois et rayée à de nombreux endroits. Le bois était toutefois de bonne qualité. À croire que le possesseur avait payé des centaines de dollars pour cette dernière.
Alek avait entendu le charivari des autres blocards en voyant la boite remplie de divers items. Il y avait des bijoux et plusieurs oursons en peluche auxquels il manquait une patte ou un de ces yeux brillants qui vous foutaient les jetons. Le jeune homme sourit en se disant que les « bébés du Bloc » comme les surnommait les demoiselles devaient présentement être aux anges. Tous les blocards avaient retrouvé quelque chose qui leur appartenait. Lui aussi. Cela le rendait heureux. Il avait peu de souvenirs depuis son arrivée au Bloc et ce cadeau de la part des monstres était un premier pas vers la restauration de sa personne. Il se demandait parfois comment il était avant. Était-il un homme politique ou un sportif de haut niveau ? Était-il un intellectuel ou était-il artiste ? Peu importait. Il était devenu un leader et un trappeur. Il était ainsi maintenant et il embrasserait la vie comme il est présentement. Le trappeur ouvrit la boite de son pouce pour apercevoir une bague. Elle était manifestement en argent. Il semblait y avoir des trous à de nombreux endroits. Il devait y avoir des pierres auparavant… des diamants. Alek se redressa sur sa branche et sortit la bague du petit coussin de velours pour la regarder plus attentivement. Le diamètre du bijou indiquait que celui-ci était destiné à une femme. Alek sentit son cœur faire un tour. Cette bague était la sienne… il avait certainement voulu l’offrir à une femme un jour. Il avait une copine alors. « Un beau mec comme moi n’aurait jamais pu rester célibataire. » ricana-t-il en rangeant la boite du bijou dans sa poche. Il la conserverait précieusement. Cette bague sans diamants seyait bien au roi sans couronne qu’il était présentement. La journée passa. Le trappeur se sentit mieux avec la boite dans sa poche. Comme si dans une autre vie, elle y avait toujours séjourné…
Nyrah sortit des dortoirs en se frottant les yeux, mal réveillée. Personne ne l'avait secouée ce matin. Étrange. Pourtant c'était un jour normal, elle devait travailler comme à son habitude, le lever tôt, le déjeuner puis le Labyrinthe, et rentrer tard le soir avant la fermeture des portes. Donc qu'est ce qui ... Elle se figea. Devant elle, tout le monde était affairé autour de la satanée Boîte. Mais qu'y avait-il donc ? Un arrivage de nouveaux en masse ? Des armes en plus ? De la nourriture ? Une découverte ? Elle s'approcha en hésitant, entendant de gros éclats de voix. Tout le monde était autour de la Boîte et les éclats de voix amplifiaient. C'est quand elle entendit "il est a moi" et qu'elle vit deux ou trois blocards partir le visage soir émerveillé, soit en larmes, qu'elle se décida à avancer. Tout le monde serrait un objet dans sa paume, sur son cœur. Des objets qui n'étaient ni des armes, ni de la nourriture, des objets sans importance apparente. Pourtant, en voyant le bric à brac qui l'attendait, elle sentit son cœur accélérer. Comme si ce moment était décisif. Après quelques instants, beaucoup d'instants d'hésitation, elle se joignit aux autres dans la recherche. La recherche de quoi ? Elle le sut quand quelqu'un dit "c'est à moi ça !" et pris un objet du tas. Avant de s'éloigner. Ces objets leurs appartenaient ... Des objets de leur vie d'avant ... Elle fouilla alors avec plus d'ardeur, cherchant sans répit ce qu'elle cherchait. Et elle ne savait pas quoi. Finalement, elle tomba sur une boîte en bois sculpté qu'elle ouvrit sans hésitation, mais avec beaucoup de douceur. Elle savait ce qui l'attendait, mais sans savoir comment ... Sous quelle forme ... Elle en sortit un bout de papier qu'elle fourra au creux de sa main avant de partir en courant pour que personne ne le lise. Finalement, lorsqu'elle fut loin, elle examina le bout de papier. C'était une page grande arrachée, on aurait dit une page de ... D'un objet qui s’appellerait journal intime. Elle parcourut la page du regard. Elle savait lire ces symboles, ces lettres... Elle finit par tout déchiffrer : [/size]
"Le 11 novembre C'est bientôt mon anniversaire, et aujourd'hui c'est férié, nous n'avons pas cours. Maman m'a aidé à faire ce que je voulais faire depuis que j'ai entendu Madame Grimm en parler, tu sais, cher journal, un arbre généalogique. Il est mal dessiné mais maman a dit que c'était très joli. Arbre Généalogique de Nyrah Rainbow
[size=10] Et en dessous de l'écriture penchée de la petite fille ... De Nyrah plus jeune, il y a avait un dessin d'arbre un peu chiffonné mais coloré de milles couleurs. Un trait violet partait de Nyrah Rainbow et la reliait vers le haut à deux prénoms : Stanley Rainbow et Ana Rainbow. De ces deux prénoms, un autre trait partait que celui de Nyrah : un trait bleu qui menait à ... Hermione Rainbow. Nyrah resta quelques instants tétanisée. Elle eut envie de déchirer la feuille mais se retint. Elle examina le dessin encore et encore, reconnaissant la signification de tel ou tel trait. Elle avait deux tantes, un oncle, un cousin et une cousine. La personne qui avait écrit cela - Nyrah quand elle était plus jeune - avait fait des commentaires sous chaque noms. Sous Stanley il y avait marqué "Papa est gentil mais il s'énerve trop facilement" et sous Ana, "Maman la plus douce". Enfin, sous deux prénoms, dont un qu'elle grava dans sa mémoire : Hermione est gentille et elle a même osé demander à Teryna d'arrêter de m'embêter ! Teryna a pas obéit mais Hermy est beaucoup plus sympa que je croyais. Je pensais qu'elle n'était capable que de me piquer mes stylos ... et sous un prénom de son cousin, "Samuel Rainbow" elle avait dessiné un gros cœur et marqué La personne avec qui je m'entends presque le plus au monde, à part Seena." Nyrah resta quelques instants tétanisée, encore, avant de plier soigneusement le papier et de repartir. Elle ne le montrerait à personne - surtout pas Hermione. Mais elle garderait le souvenir, celui du visage de son cousin, qui était apparu pendant sa lecture, profondément enfoui dans sa mémoire.[/i]
Ma p'tit Nyrah Rainbow a reçu comme cadeau une age de son journal intime de quand elle avait 9 ans. Ainsi que quelques sensations fortes mais c'était prévu, non ?