Date d'inscription : 13/12/2014 Age : 26 Messages : 984 Points : 117 Localisation : Quelque part caché dans les ténèbres du labyrinthe... Emploi : Maton des coureurs
Du sang. Il y en avait partout. À genoux près de lui, mes larmes se mirent à couler à gros flots. Qu'avait-il fait ce monstre ? Ou plutôt qu'avais-je fait ? Ce pisteur. Il avait éventré mon ami sans la moindre pitié et voilà qu'à présent, j'étais, ici près, de lui à ne pouvoir rien faire. Pendant de longues minutes, j'avais appuyé sur sa poitrine dans l'espoir de le faire respirer à nouveau. Durant quelques secondes, j'avais sentis un léger pouls, j'avais donc souri et murmuré que tout irait bien, mais quelques instants après mes belles paroles avaient tournées au cauchemar. Plus rien. Non plus rien du tout. Ses yeux s'étaient fermés et il avait plongé dans l'obscurité pour être emporté par le monde de la mort. Mon bras me brûlait, j'avais été griffé moi aussi par ce pisteur à la noix, mais peu m'importait pour le moment. La douleur de la perte de mon ami était bien plus grande. Hurlant de colère, je tombai en avant sur son corps inerte. Plus jamais je n'allais le revoir debout, c'était fini. Fini pour lui. J'avais échoué à le défendre. Lui et moi nous nous étions battus dans l'espoir d'éliminer la créature, mais le dernier coup de la bête sur mon ami avait été fatal.
Mes poings se mirent à frapper le sol avec force. C'était injuste si injuste. Je restai avec lui pendant de longues minutes qui me parurent des heures entières. Mais pourtant, je savais que je devais bouger de là. Je devais continuer mon chemin. Mais mon ami ? Non, pas question de le laisser ici, je ne voulais pas qu'il demeure à jamais prisonnier de ce foutu dédale même dans la mort, c'était comme le punir et je ne voulais pas être responsable d'une telle action, car je savais que jamais je ne me le pardonnerais. Jamais. Mais tout à coup, les larmes dégoulinèrent à nouveau sans jamais s'arrêter. Cette douleur immense. L'on m'arrachait le cœur par petits morceaux. Puis soudain, saisi d'une violente nausée qui me retourna tout entier, je le reposai, me penchai en appuyant ma main contre le mur et je vomis tout ce que j'avais dans l'estomac. Je repris ensuite ma respiration et le soulevai de nouveau. Je devais me barrer de là avant de tomber sur un monstre. Avec mon ami dans les bras, je me mis à courir et je me rendis compte que la vitesse faisait du bien à ma peine. Elle me permettait de laisser aller toute cette rage.
Puis sans m'en rendre compte toujours en courant, mon inconscience fit quelque chose que ma raison aurait trouvé tout simplement stupide. Un hurlement s'échappa de ma gorge. Isaac, le fou furieux qui courait avec un mort dans les bras en hurlant. Tout le monde allait m'entendre. Je m'en perçais même les tympans. Les larmes qui ravageaient mon visage m'aveuglaient si bien que je trébuchai pour finir tête la première sur le sol. Je toussai et crachai la terre qui était rentrée dans ma bouche. Me relever. Il le fallait. Où allais-je ? Je ne le savais même pas. C'était ma faute s'il était mort, je voulais mourir aussi, je le méritais. Mais il ne l'aurait pas voulu !, me cria mon autre petite voix. '' Ta gueule, ta gueule, ferme-là !!!” hurlais-je à mon tour. Je me rendis compte que je l'avais carrément crié dans le labyrinthe. Je repris mon ami dans mes bras et courus à nouveau toujours aussi dingue.
Et cette douleur, cette peine qui ne s'enlevait pas. Brusquement, toujours aussi aveuglé, j'entendis des bruits de fond. Qu'était-ce ? Sans réfléchir, je fonçai droit où mes jambes m'emmenaient. Je m'effondrai avec mon ami au sol et me mis à hurler de nouveau. Mes épaules tapèrent violemment contre d'autres.
- C'est pas juste, c'est pas juste, c'est pas juste, je vous déteste tous !!!
Rien ne pouvait me calmer à cet instant-là. J'étais complètement dans un autre monde. Je revoyais le pisteur planter ses griffes dans le ventre de mon ami. Mort. Il était tombé mort. Tout ça parce que je n'avais pas réussi à le tuer avant. Bloc 5. Maudit bloc 5. Voilà où j'étais à présent. Il continuait encore à faire souffrir avec encore plus de malheurs. Il voulait encore me faire payer.
- Bloc 5 !!!
(c) AMIANTE
Dernière édition par Isaac Welligton le Mer 2 Sep - 20:53, édité 1 fois
Comme tous les jours, je cours dans le labyrinthe. Hier avait été une horrible journée et je m'en souviens encore aujourd'hui. Mon trappeur et meilleur ami Oliver, s'était fait attaqué par un griffeur, j'ai réussi à le sortir du labyrinthe en vie en traversant deux blocs en le portant à moitié, mais aujourd'hui il ne peut plus courir pendant un long moment. Il n’arrête pas de me répéter " Tu es blessé aussi, évite d'aller là-bas encore" ou alors il me répète toutes les 3 secondes qu'il va bien, mais je sais qu'il va mal, mais qu'il aurait pu y rester, je devrais plutôt penser à remercier les medjacks pour leur boulot, car je sais pas comment ils font mais ça doit être compliqué.
Bref, je suis extrêmement fatigué et sur les nerfs mais je ne le montre pas plus que ça, les autres aussi m'ont quand même conseillé de ne pas courir et de prendre une pose d'un ou deux jours à cause de mes blessures reçu à cause de cette ignoble bête mais j'ai insisté pour continuer à courir. Mes jambes sont lourdes mais je me force toujours à courir plus vite.
Je cours en binôme avec Ethan, pour une fois j'ai pas trop parlé, je n'avais pas l'humeur pour, car certaines fois je peux être un véritable moulin à parole. Je préfère me concentrer sur le labyrinthe et faire en sorte que personne ne meurt aujourd'hui. Je ne le connais pas tant que ça, mais il a l'air concentré sur le labyrinthe, comme moi.
Nous sommes dans le bloc 5, bloc réputé pour être le plus dangereux et mortel de tous. Je vois même certaines fois les murs bouger avec une légère brume et un silence de mort. Seuls les bruits de nos pas et de nos respirations viennent détruire cette atmosphère lugubre.
Cela fait plusieurs heures que nous courrons à l'intérieur du dédale meurtrier, nous commençons à ralentir un peu et le soleil n'est plus aussi haut que tout à l'heure, le ciel commence à devenir orange et l'aube approche. Il nous reste environ une demi heure avant de devoir revenir au bloc ou nous pouvons être sur de signer notre arrêt de mort.
Soudain, nous entendons un son assez lointain ressemblant à un hurlement humain. Quelques secondes plus tard un autre plus fort, c'est bel et bien un cri humain.
Je me tourne vers Ethan et lui dit : « C'était quoi ça ? Faut qu'on aille voir !»
Et c'est ainsi que nous recommençons à courir. Au fur et à mesure que nous courons, les cris se rapprochent et des pas plus rapides se font entendre. Nous nous arrêtons quelques secondes pour voir d'où cela peut venir, c'est à quelques couloirs d'ici. Je regarde le ciel un instant et il commence à faire froid, les portes vont fermer d'ici 20 minutes environ. Nous courrons à la même vitesse quand soudainement nous heurtons quelqu'un. Je tombe au sol et Ethan se rattrape. Je me relève rapidement et en sursaut, et je vois, au sol, un grand blond aux yeux bleus avec à ses pieds un homme aux cheveux bruns couvert de sang, il doit être mort car il ne bouge absolument plus. Le blond, il s'appelle Isaac je crois, j'ai du lui parler quelques fois mais je ne le connais pas trop, il vient de perdre son trappeur, comme j'ai failli perdre le mien hier. Les blessures du mort ressemblent à des morsures et des coups de griffes. Bon sang, il doit y avoir des pisteurs dans le coin. Mon sang ne fait qu'un tour à l'idée d'apprendre que des félins meurtriers rodent dans les parages. Je m'approche et lui demande, inquiet :
« Putain ! Que s'est il passé ? »
(c) AMIANTE
Dernière édition par Andy Walker le Ven 7 Aoû - 11:01, édité 1 fois
Peut-être qu'il finirait par s'y habituer. Les cauchemars et les interminables insomnies seraient sans doute toujours présents -en plus de sept mois ici, Ethan avait fini par se faire une raison- mais les attaques surprises des souvenirs ne seraient peut-être pas si horrible jusqu'à la fin de sa vie. Il commençait même à en comprendre certains. Pourtant, Dieu savait qu'il avait longuement étudié chacune des bribes qu'il revoyait, tentant de donner un sens à tout ça. En vain.
Désormais, il pouvait allier certains souvenirs avec un sentiment ou une sensation particulières. La flamme vacillante d'une bougie et des traces de sang pour la peur, un rire clair pour la joie, une larme brûlante roulant sur des pommettes rosies pour la tristesse, cette fille blonde à qui il semblait beaucoup tenir pour la douleur... C'était toujours aussi désagréable de ne pas parvenir à se souvenir clairement de tout, mais c'était toujours mieux que rien. Maintenant, son nouveau but était de comprendre pourquoi ces sentiments correspondaient à ces images. Il avait encore du travail...
Ce jour-ci, ce n'était pas avec Isaac ou sa coureuse officielle qu'il faisait équipe. Pas de discussion amicale avec Allya pour ce jour, ni de regards en coin et remplis d'amour pour son coureur. Cet après-midi là, il courait avec Andy. Il ne le connaissait pas vraiment, mais il était plutôt silencieux, et cela lui convenait amplement. Au moins, il pouvait se concentrer un maximum pour éviter de se retrouver pourchassé par une créature. Franchement, il préférait éviter. Sa dernière blessure le faisait encore souffrir, lui rappelant chaque fois l'horrible douleur qui l'avait assailli lors de la morsure de l'apophis. Pourquoi avait-il fallu qu'ils tombent sur l'espèce venimeuse ?
Alors que le temps continuait de les narguer, un hurlement résonna dans le dédale immense. Ethan sentit tous ses muscles se figer, son regard s'assombrissant brusquement. Ce ne pouvait pas être... Nouveau hurlement. Cette fois-ci plus proche, plus familier... Oh non. Alors qu'Andy annonçait qu'ils devaient aller voir, le jeune trappeur avait déjà filé en direction de la voix. Ses foulées étaient bien plus accélérées que précédemment, son cœur tambourinant dans sa poitrine. Quelques instants plus tard, les deux coéquipiers percutaient brusquement un autre blocard. Ethan se rattrapa au lier de justesse alors qu'il pouvait voir le coureur tomber au sol. Ce dernier se releva bien vite, dévoilant alors aux yeux du brun l'identité de la personne au sol. Isaac. Isaac qui hurlait comme un dément, semblant tout-à-fait ailleurs. A ses pieds gisait le cadavre d'un jeune homme, immobile et lacéré. Après être resté quelques secondes complètement pétrifié, Ethan s'approcha prudemment du blond, faisant signe à Andy de ne pas trop avancer.
« Isaac ? Isaac, c'est Ethan. Calme-toi, calme-toi. »
Ses paroles sonnaient ridicules à ses propres oreilles. Comment pouvait-on demander à quelqu'un de se calmer alors qu'un mort reposait à moitié sur lui ? Il posa doucement une main sur son épaule avant de l'aider à se relever. Sans même qu'il ne s'en rende compte, quelques larmes commencèrent à perler au bord de ses yeux, coulant ensuite lentement sur ses joues. Il se plaça face au coureur en cherchant son regard.
« Je t'en prie, calme-toi. Respire. On n'a plus beaucoup de temps pour rentrer au Bloc Isaac, il va falloir y aller, » murmura-t-il à son oreille. « Mais pour ça il faut que tu restes concentré, et que tu te calmes. »
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La mort. Voilà ce que je pouvais voir. Rien que du noir. Mes épaules avaient cogné violemment contre quelqu'un et déjà, je me mis à grogner.
- Bordel !, fis-je encore plus en colère que je ne l'étais.
Tout le labyrinthe autour de moi semblait m'étouffer et je sentais déjà mon souffle me manquer. Crise d'angoisse, j'en étais sur elle n'allait pas tarder. La chaleur avait déjà bien grimpé, plus qu'il ne le fallait. Les deux personnes face à moi semblaient totalement surprise de me voir débouler de cette manière-là. Les larmes qui coulaient me brouillaient la vision et je ne cherchais même pas à savoir qui c'était. Une voix grave me demandait ce qu'il s'était passé et je ne répondis pas, trop occupé à regarder mon ami mort plein de sang. Le sang sur mes mains me collait et tout dégoulinait. Je les regardai en les approchant de mon visage. Sale. L'autre blocard toucha mon épaule et je le repoussai sans réfléchir d'un seul coup avec brutalité. Je n'avais pas du tout envie que l'on me touche. Je l'entendis parler, mais ses mots n'atteignirent pas mon cerveau.
- Putain, fichez-moi la paix bordel !
Le rouge. Le sang. Son sang à lui. Ma faute.
- Bordel !!!
Je ne cessais de fixer mes mains et je m'effondrai à nouveau sur le corps de mon ami. J'étais totalement perdu. Puis je levai les yeux au ciel comme pour blâmer quelqu'un de là-haut, mais je savais très bien que cela ne faisait rien, rien du tout. Nous devions nous dépêcher, la couleur du ciel me le disait et pile à cet instant-là, un écho de voix résonna à mes oreilles. Elle était familière et mon visage tout ensanglanté lui aussi se tourna horrifié vers la personne. Je le connaissais. Ethan. Aussitôt que son regard croisa le mien, je détournais la tête avec rapidité et mes yeux rencontrèrent le sol. J'étais rouge de honte et de colère. Il fallait que je me relève, que je me calme, nous devions sortir et ramener mon ami. Hors de question de le laisser ici, je voulais lui donner les funérailles qu'il méritait.
Mais mon cœur était bien plus fort que ma raison. À cet instant-là, mon corps entier s'effondra sur le cadavre. Mes cris furent étouffés par ses vêtements, mais mon chagrin me pliait en quatre de douleur. La peine était insupportable, si bien que je crus que j'allais en mourir moi aussi. Tous mes membres tremblaient et mes larmes dégoulinaient à gros flots. Mes poings qui commencèrent à taper le sol finirent par mes ongles qui griffaient le sol. La douleur. Elle m'aidait. J'hurlai à nouveau et je laissai ma tête tomber vers l'arrière. La terre me rentrait dans les ongles si bien qu'ils se mirent à saigner. Je me penchai vers l'avant doucement avec des tremblements que je ne pus contrôler afin de chercher dans ma chaussure droite ce qui était caché. Ma dague. Qu'allais-je faire ? Qu'étais-je en train de faire ? Total blanc, je n'existais plus. C'était un autre moi encore bien inconnu qui avait prit possession de mon corps. Je ne pouvais plus rien faire, mes membres me refusaient le passage.
- Laisse moi, laisse moi !!! Je veux pas !!!
Possédé ? Oui probablement. Possédé par la rage et par l'immense douleur. Et tout cela n'était que l'accumulation de mes cauchemars la nuit et mes crises de panique. Cette fois-ci, c'était pire. Bien pire que tout. Ma respiration s’accéléra et bientôt je me mis à tousser, j'allais étouffer. Je tombai par terre allongé sur le ventre sur le sol, j'allais mourir. Je me sentis emporter dans le néant à très grande vitesse. Je ne parvenais pas à me ressaisir, c'était impossible.
- Je te déteste, je te déteste !!!, hurlais-je au bloc. Tu l'as pris, vous l'avez pris, laissez-moi, LAISSEZ-MOI, bordeel, AHHHH !!!
Mon cri. Rempli de douleur. Le brasier m'échauffait la peau à présent, elle me brûlait au fer rouge. Je me tordis de douleur. Mon bras. J'avais mal. Ma dague. Ma main. Ma dague. Mon regard avait vite fait le détour entre les deux. Ma main gauche avait planté ma dague dans mon entaille déjà faite par le monstre. Je gémissais, mais je sentis que cette peine m'aidait ou du moins, je savais que je le méritais. Il avait subit bien pire.. Oui bien, pire l'enfer. L'enfer. Je m'y noyais dedans et aucune échappatoire semblait se présenter à moi.
Isaac ne me répondait pas et il continua à hurler comme un fou la mort de son ami. Ethan me fit un signe de ne pas trop l'approcher, immédiatement, je décidai de l'écouter, il avait l'air de le connaitre mieux que moi et il devait savoir ce qu'il faisait. Je reculais un peu et me tournai alors dos à eux. Et je mis à penser à mon propre futur. Allais-je devenir comme lui si mon ami Oliver, blessé gravement au bloc allait mourir ? Deviendrais-je un être incontrôlable consumé par la rage et la haine, hurlant à en perdre mes poumons ? Toutes ses questions, je mettais dis de ne plus y penser mais je n'ai pas le choix, on aurait dit que le monde faisait tout ce qui était en son pouvoir pour que j'y pense. Mes yeux commencèrent à se mouiller mais je les essuyaient alors instantanément, je ne voulais pas pleurer pour ça, malgré que de penser à mon ami me faisait froid dans le dos et un gros pincement au cœur, je devais revenir à la réalité et aider, avec Ethan, Isaac qui était dans un état pas possible.
Je scrutai alors le ciel orangé et mon sang ne fit qu'un tour, l'aube était là et les portes allaient se fermer, rester dans ce dédale une nuit est totalement impossible, creuser sa tombe maintenant allait mener au même chemin : celui de la mort.
Je décidai alors de me retourner après être retomber sur terre, Isaac avait le bras en sang et il s'était littéralement planté la dague dans son bras. Il fallait faire quelque chose. Je m'approchai alors d'Ethan :
« Il va falloir faire quelque chose et rapidement, car les portes vont fermer d'ici dix minutes, voir moins ... »
L'idée de ne pas pouvoir sortir du labyrinthe me faisait froid dans le dos, il fallait faire quelque chose, sortir de là, et vite ...
(c) AMIANTE
Dernière édition par Andy Walker le Ven 7 Aoû - 11:02, édité 2 fois
Isaac l'avait repoussé instantanément, sans ménagement. Le trappeur resta un moment immobile, les yeux rivés au visage du jeune homme. Andy s'était retourné et paraissait plongé dans ses pensées. Et lui ne savait plus du tout quoi faire. Il avait mal sans savoir où ni pourquoi. Les hurlements incessants du coureur l'horrifiaient, l'empêchant de réfléchir convenablement. Il essuya instinctivement les larmes qui perlaient au coin de ses yeux.
Il aurait aimé ne pas avoir entendu sa voix et avoir continué son chemin, seul avec ses doutes. Sauf que cette simple pensée était horrible. Parce que s'ils ne l'avaient pas trouvé, Isaac aurait été capable de rester là à hurler à la mort pendant des heures, sans retourner au Bloc. Il ne l'aurait jamais revu...
Isaac tremblait de tous ses membres, son visage était ruisselant de larmes, et il continuait à crier à s'en arracher les cordes vocales. Ethan aurait voulu se mettre à hurler à son tour, afin de ne plus entendre la voix du jeune homme. Mais il restait là, pétrifié. Il ne bougea pas d'un pouce en voyant le garçon enfoncer sa dague dans son bras. Ses yeux ne firent que s'écarquiller d'horreur, et ce plus qu'ils ne l'étaient déjà.
« Il va falloir faire quelque chose et rapidement, car les portes vont fermer d'ici dix minutes, voire moins... » informa Andy en s'approchant de lui.
Mais il ne réagit toujours pas. Ses muscles refusaient de lui obéir, son regard ne pouvait plus se détacher du corps tremblant au dessus du cadavre. Voilà pourquoi il avait toujours fait en sorte de ne pas s'attacher à trop de personnes. Et surtout pas des coureurs ou des trappeurs. Chacun pouvait mourir à n'importe quel moment. Rares étaient les personnes pour qui il éprouvait une réelle affection, bravant ainsi ses résolutions. Isaac faisait parti de ces personnes. Et il n'osait imaginer sa propre réaction s'il venait à le perdre un jour. Ils allaient tous les trois mourir s'ils ne faisaient rien.
Ce fut cette pensée qui le convint d'agir, le sortant ainsi de sa transe. Voyant que le coureur ne voudrait jamais laisser son ami mort dans le Labyrinthe, Ethan prit enfin une décision.
« Il va falloir que tu le portes jusqu'au Bloc, » annonça-t-il en désignant le trappeur inerte. « Je vais m'occuper d'Isaac. »
Inspirant profondément, il s'approcha du jeune homme toujours au sol. Prudemment, il tenta de l'aider à se relever tout en essayant de couvrir sa voix ;
« Calme-toi, on vous ramène tous les deux au Bloc. Tous les deux. » déclara-t-il en faisant son possible pour garder son sang-froid. « Mais tu dois nous aider, sinon nous allons tous y rester. »
Il espérait de tout son être qu'Isaac allait enfin l'écouter et se décider à les aider. Ils avaient besoin de lui pour être sûrs d'arriver à temps.
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La douleur se répandait partout dans mon bras à présent. Le liquide rouge dégoulinait sur le sol et les deux autres ne bougeaient pas. Ils ne savaient pas quoi faire. La rage avait tout simplement pris possession de moi et elle ne semblait pas me lâcher d'une semelle. Pourquoi ce bloc était autant rempli d'horreur ? Les créateurs savaient à propos de ma peur, c'était donc ma faute. Si je l'avais mieux caché, il ne se serrait pas acharner sur moi en m'enlevant les êtres que j'aimais. C'était injuste.
- Pourquoi lui hein ? POURQUOI ??? Vous auriez dû me prendre bande d'idiots, mais non c'était le but ! M'enlever les personnes avant moi !!!
Je sentis une main se poser de nouveau sur mon épaule. La voix paniquée m'apprit que nous devions bouger et vite avant que les portes ne se referment. Ethan. Il me retira mon ami et pour le donner à Andy. C'était Ethan. Même si je n'avais pas compris ce qu'il avait dit, je devais lui faire confiance. Lui s'occupait de moi. Il avait dit "les deux" et "bloc" Était-ce une affirmation ? Probablement, mais il fallait bouger et mes doigts ensanglantés lâchèrent avec difficulté le sol.
Le brouillard. Encore ce maudit brouillard. Il me tourmentait et me narguait. Je me relevais, mais je restais plongé dans l'irréalité. Cette fois-ci, tandis que mes larmes continuaient à couler, j'attendais. Je sentis le danger et il me glaça encore plus que je ne l'étais. Nous devions partir. Je ne le voulais plus. Je voulais fuir le danger, mais j'avais une envie folle de lui balancer ma lance à la figure. La réalité était-elle en train de tenter de reprendre possession de moi ? Oui, je le sentais. Les décisions que je devais faire pour les guider.. Mais mon ami m'empêchait de réfléchir clairement. Je devais me reprendre, mais je n'y arrivais pas. Qu'était-il arrivé au précieux sang froid du coureur que j'étais ? C'était cela qui faisait mon éloge. Mais il semblait avoir été emporté. Mes prunelles regardèrent Ethan pour la première fois avec insistance depuis toute à l'heure. "Besoin de toi" "Mourir" Non. Je ne pouvais pas. Les créateurs allaient encore tuer mes amis pour m'abattre encore plus et finir par provoquer la mienne. La réelle vengeance dont mon sang brûlait ardemment d'obtenir n'était-elle pas autre que de nous sortir tous les trois sains et sauf ? Si. Le bloc. L'autre garçon qui me faisait face semblait être un nouveau dans la tâche, j'étais celui qui connaissait le mieux le bloc de mes malheurs. Toutes les nuits, il apparaissait dans mon esprit pour venir me hanter. Je regardai autour de moi. Nous pouvions arriver à la sortie en moins de cinq minutes. Je regardai ma montre. Il nous restait exactement treize minutes. Treize. Cela voulait-il signifier quelque chose ?
Je fis taper ma dague et mon poing contre le mur. J'avais toujours cette maudite rage et cette terrible nausée. Voir tout ce sang encore et encore ne faisait qu'empirer la chose. Le mien. Mon bras. Ma phobie de mon sang à moi. Mon estomac allait encore se retourner, je le savais, je le sentais. Le dégoût. Trop fort. Si intense. Les étoiles se mirent à tourner maintenant que j'étais de retour debout. Debout et j'étais tombé à terre pendant la bataille. Ma tête. Elle allait exploser en mille morceaux avec la terrible chaleur qui y régnait. Je m'appuyais pour tenter de me faire tenir contre le mur puis sur le bras d'Ethan. Mais mes genoux se dérobèrent et je glissai contre le mur. Pas entièrement car déjà, mon estomac se retourna. Mon ventre, ma poitrine, tout venait de se crisper. Désagréable. Ce fut une minute pénible qui semblait s'écouler comme trente. Tout tremblant, je me relevai. Il fallait vraiment que j'arrête de vomir de dégoût.
Je commençai à marcher tout droit à grands pas sans parler. La sortie. Ma vengeance.
- Je vous aurais je vous aurais.
Je ne cessais de murmurer des choses dont parfois je ne comprenais qu'à peine le sens. Ethan. Je me tenais à lui un petit peu et mon regard se posait toujours vers le cadavre de mon ami apparemment dans les bras du coureur. Onze minutes. J'entendais même des grandes horloges sonner notre mort.
- Taisez- vous bordel, la ferme..., chuchotais-je.
J'avais l'air d'un fou furieux tout droit sortit d'un asile, c'était clair. Je nous guidais peu à peu dans le dédale lorsqu'un mur se referma devant nous. Prisonniers. Prisonniers ? Non. Il suffisait de trouver une alternative. C'était si habituel dans ce bloc que je connaissais comme ma poche.
« Il va falloir faire quelque chose et rapidement, car les portes vont fermer d'ici dix minutes, voire moins... »
J'avais dit cela sous l'effet de la responsabilité, je ne voulais abandonner absolument personne, si j'avais l'horreur d'abandonner quelqu'un dans le dédale, j'aurai pu être sur et certains que cette décision m'aurait suivi jusqu'à mon dernier souffle. J'attendis alors la réponse d'Ethan, il fallait trouver quelque chose et vite. Perdu dans mes pensés, à la recherche d'un plan, j'écoutai la voix d'Ethan me répondant un ordre.
« Il va falloir que tu le portes jusqu'au Bloc, » me dit-il en me désignant du doigt le défunt trappeur, « je vais m'occuper d'Isaac. » .
Je lâchai alors un simple ok, en guise de signe approbateur et je m'approchai alors à petits pas du trappeur, je regardai Isaac et Ethan quelques secondes puis je m'accroupis au sol, mes genoux lâchèrent un léger craquement, je mis les bras sous le dos du trappeur et le souleva en même temps que je me relevai. Je pu voir les veines de mes bras ressortir, il était un peu lourd ; avoir dans les bras un trappeur de presque son propre poids resta une tache assez compliqué, mais je ne flanchais pas, il fallait que je reste concentré et fort, il ne fallait pas que j'abandonne, pas maintenant. Je n'avais aucune idée du temps qu'il nous restait mais chaque secondes en plus et je sentais la mort arriver à grand pas, les minutes pouvaient ressembler à des heures, laissant une sensation horrible et stressante, mais en réalité chaque minute comptaient plus que tout. Le temps, sans lui, qu'est-ce que nous serions ?
Après quelques minutes d'effort, je pu voir Isaac reprendre difficilement son esprit. Il fallait dire que cette journée allait restée graver dans nos mémoires, mais dans mon cas, cela allait être la semaine entière qui allait rester dans mon esprit. Une douleur dans mes deux avant-bras commençait à arriver, j'essayai de ne pas y penser et de me rappeler une chose qu'une de mes connaissances au bloc m'avait dit un jour, une phrase, ou plutôt une citation : "la douleur n'est qu'une illusion". Je pensais très fort à cette phrase, mais cela était dingue, comment des paroles ou des pensées pouvaient nous aider à avancer toujours plus loin ainsi qu'à vaincre nos propres peurs ou pensées négatives.
Nous nous élancions alors une nouvelle fois dans le bloc 5, le bloc mortel qui avait encore frappé aujourd'hui. Le silence de mort n'avait pas changé et les minutes continuaient de défiler nous rapprochant de plus en plus de la fermeture des portes, de la nuit dans le labyrinthe et de la mort assurée. Je chassais rapidement ses pensées et je fis preuve de courage. Nos pas résonnaient toujours à l'intérieur de cette ambiance lugubre. L'obscurité fut de plus en plus présente, le soleil se couchant derrière les murs. Courir restait une tache difficile en portant dans les mains le trappeur qui hélas, a été choisi par le labyrinthe pour en faire sa victime du jour. Ce labyrinthe mystérieux aux multiples secrets, pourquoi était-il là, pourquoi nous ? Ces nombreuses questions, cela fait des mois que j'y pensais en tentant en vain de les oublier.
Mes bras s'affaiblissaient mais je continuai à courir, toujours plus vite, mon endurance baissait mais je ne ralentissais point, bien au contraire, j’accélérai. Je m’étonnai moi même, j'allais exactement à la même vitesse qu'eux.
Mais le labyrinthe ne nous avait pas dit complètement dit au revoir, un mur gigantesque se referma en face de nous, la grande particularité du bloc 5. Au début, je croyais que c'était une simple illusion, mon esprit qui me jouait un nouveau tour comme à son habitude, mais non. Mes compagnons avait l'air d'avoir également vu ce mur, bouger le jour,ou plutôt, à la fin de la journée. Isaac avait trouvé un autre chemin, il devait être celui qui connaissait le mieux le labyrinthe de nous trois alors nous continuons de le suivre à travers les couloirs étroits et silencieux du bloc 5.
Pour la première fois depuis qu'ils s'étaient rejoints, Isaac plongea son regard dans celui du trappeur. Ses yeux exprimaient toute la souffrance qui l'habitait. S'ils n'avaient pas si peu de temps pour rentrer, Ethan aurait essuyé toutes ses larmes et l'aurait serré contre lui sans jamais s'arrêter. Mais ils n'en avaient pas le temps. Andy approuva et s'occupa de hisser le défunt trappeur dans ses bras. Isaac, quant à lui, sembla enfin se rendre compte de l'urgence de la situation. Il se releva tant bien que mal. La suite aurait pu se dérouler rapidement, sauf que le coureur se pencha soudainement pour vomir. Ethan détourna la tête avant de sentir la nausée arriver. Rester zen. Son sang-froid n'allait certainement pas persister, mais le plus longtemps serait le mieux.
Ils se mirent difficilement en route. Le jeune homme pestait contre le monde entier en s'appuyant sur Ethan. Ce dernier parvenait à ne pas chanceler, mais soutenir le garçon réveillait peu à peu la douleur dans sa cuisse. Cette blessure qui l'avait empêché de courir pendant près d'une semaine. Même s'il était presque rétabli, la douleur ne semblait pas vouloir le quitter de sitôt.
L'horloge tournait. Les minutes défilaient, faisant monter la tension au fur et à mesure de leurs pas. Ethan jeta un coup d’œil en direction d'Andy. Celui-ci portait le cadavre, comme prévu. Ses bras semblait fatiguer, mais il tenait bon. Dans un sens, le laisser là aurait pu aider les trois jeunes à s'enfuir plus rapidement. Mais le trappeur était sûr et certain qu'Isaac lui en aurait voulu à vie. Et il préférait bien évidemment éviter cela.
Un mur coulissa juste devant eux. Comme ça, sans prévenir. Le brun retint de justesse un juron, passant rapidement une main dans ses cheveux. Il cala un peu mieux Isaac contre lui en faisant son possible pour que celui-ci ne glisse pas, posant une main sur sa hanche. Ce fut le coureur qui les entraîna dans une autre direction pour atteindre la sortie. Il connaissait ce dédale par cœur. Des trois, c'était Ethan qui avait le plus de mal à s'y repérer. Il était trappeur, il faisait en sorte d'anticiper les attaques des créatures en les piégeant. Les deux autres mémorisaient le chemin.
Mais il avait tout de même un minimum de mémoire pour comprendre qu'ils approchaient de la sortie. Il ne restait plus qu'à espérer qu'aucune bête ne leur tombe dessus.
« On y est presque, tenez bon... » souffla-t-il sans savoir si quelqu'un l'avait entendu.
Date d'inscription : 13/12/2014 Age : 26 Messages : 984 Points : 117 Localisation : Quelque part caché dans les ténèbres du labyrinthe... Emploi : Maton des coureurs
Le mur. Impasse. Plus pour longtemps, car déjà j'avais trouvé la solution. Rentrer. Il le fallait. Je sentis la détresse des deux autres. Je les avais bien retardé. Je m'appuyais parfois à Ethan, mais je pouvais majeurement marcher tout seul. Mon bras était juste très douloureux et mes jambes semblaient être remplies de coton qui pouvait s'écrouler de nouveau à tout moment.
- On y est presque, fit le trappeur. Tenez bon.
Du coin de l'oïl, j'observais l'autre coureur qui portait mon ami. Je le voyais forcer sous son poids. Pourvu qu'il tienne ! Je savais que j'allais lui en vouloir à mort s'il se mettait à faire une objection. Égoïste, oui je l'étais. L'amitié, l'amour. Ma plus grande faiblesse, je le savais. Si j'avais postulé pour le titre de coureur c'était parce que j'aimais courir et que j'étais rapide. Trappeur ? Non. À l'époque je l'avais vu comme le rang inférieur. Déjà que je n'appréciais pas le fait que je n'étais pas maton, il aurait été hors de question de me faire commander par les coureurs. Idiot ? Ouais. Et coureur je l'étais et j'y excellais jusqu'à aujourd'hui où je n'avais pas été capable de sauver mon ami. Honte.
Nous continuâmes notre course. La sortie n'était vraiment pas loin. Nous allions l'atteindre. Je n'eus qu'à faire quelques foulées pour rencontrer la lumière du jour. Enfin, nous sortions de ce maudit dédale. Des monstres ? Non aucun. J'avais déjà eu ma dose de toute façon. Mais ce qui allait suivre me faisait bien peur. La rentrée au bloc. Les regards sur nous et mon ami. Nous allions devoir nous rendre au terminus pour l'enterrer. Oui car il le méritait. Je voulais être aussi celui qui rayerait son prénom sur le mur, personne d'autre. La vie était tellement injuste. Tous les prénoms méritaient de rester intacts tout comme nos esprits.
D'ailleurs, j'avais raison. Une minute. Elle passa si vite que ma respiration commença à s'affoler. Mes vertiges. Je trébuchai. Les portes. Elles commençaient déjà à se fermer, je n'eus qu'à relever la tête pour le voir. Je me relevai d'un seul bond, mourir ? Non hors de question. Je voulais ma vengeance. La réalité venait de refaire surface très vite et mes pensées semblaient avoir retrouvé de leur clarté. Je ne voulais plus mourir et je maudissais le sang qui s'écoulait de mon bas à grands flots. J'accélérai.
- Dépêchez-vous !!!, criais-je haletant.
Je regardai en arrière pour voir si les deux suivaient et j'attrapai la main d'Ethan, mon trappeur, l'homme que j'aimais. Je n'allais pas faire l'erreur de le perdre aussi, non, jamais. J'accélérai encore et ma vision diminuait au fur et à mesure. Les portes. Bientôt fermés. C'était la première fois que cela m'arrivait. D'ordinaire, j'étais toujours très carré avec les horaires. Quelle espèce d'idiot ! BOUM. Portes fermées. Mes yeux s'écarquillèrent avec surprise. Les blocards nous détaillaient totalement ahuris. Nous étions devant les portes et pas derrière. Je me retournai vers les deux. J'avais envie de les serrer dans mes bras. Puis mon regard se porta vers mon ami défunt. Mes larmes se mirent à couler et je le pris cette fois-ci dans mes bras. La folie ? Non, il me fallait une perche pour ne pas plonger à nouveau et vite. Je le voulais en paix. Déjà, mon regard regarda à tour de rôle Ethan et le coureur ainsi que le fond du bloc : le terminus.
Nous trouvions rapidement un autre chemin, les minutes semblaient si rapides et lentes à la fois. Chaque seconde de plus passée entre ses murs ne faisait qu'augmenter ma peur et ma douleur aux avant-bras. Ils commençaient à faiblir beaucoup, j'essayais en vain d'oublier la douleur. Je ne pouvais pas laisser le trappeur ici, car Isaac m'en aurait voulu à vie, mais également car je m'étais juré de n'abandonner personne dans le labyrinthe. Les morts méritent des funérailles et d’être enterrés au lieu de pourrir dans le dédale, et je pouvais pas laisser cela arriver.
Pour me motiver de plus en plus, j’accélérai plus vite en puisant dans mon endurance, pour courir à la même vitesse que mes deux compagnons, ils ne devaient pas voir que je fatiguais, mais ils devaient voir que je n'allais en aucun cas abandonner.
Les couloirs du labyrinthe devenaient de plus en plus sombre, mais je sentais que la sortie était proche. Ma respiration était saccadée et pendant quelques secondes, j'eus comme l'impression que j'allais m’effondrer au sol, je n'avais que très peu dormi et la journée d'avant avait été aussi éprouvante que celle qui se déroulait actuellement. Je me ressaisis soudainement quand j'aperçu en face les deux immenses portes, le bloc, enfin le bloc ! Elles commencèrent déjà à ce fermer, nous étions au bord de la nuit. J’accélérai alors en puisant dans mes dernières forces, le défunt trappeur était presque de mon poids alros il ne m'a pas rendu la tache facile.
J'étais à la même vitesse que mes deux compères, j'entendis soudain Isaac nous crier de nous dépêcher. En courant de plus en plus vite, mon cœur battait plus vite que jamais, je ne pu m’empêcher de hurler à mon tour :
- « Aller bordel aller grouiller-vous !! » disais-je en criant de mes dernières forces avant de passer les portes.
Soudain, mes pieds touchèrent enfin le sol du bloc. Je m’effondrai au sol à genoux en posant le trappeur au sol.
Je m'allongeai sur le dos, sur l'herbe légèrement humide du bloc. Je fermais les yeux. Le noir, c'est ce que je voyais, j'entendais encore mes battements de cœur aussi rapide qu'une voiture. Ma respiration était extrêmement rapide, j'étais presque entrain étouffer. Je mis mes mains sur ma tête en essayant de me calmer, j'avais l'impression que j'allais mourir à mon tour. Non, je ne pouvais pas mourir, ce n'était pas possible. Ma respiration ralentissait un peu, je réussi à me calmer. J'étais complètement épuisé, cette journée avait été un cauchemar, comme la précédente, sauf qu'aujourd'hui quelqu'un est vraiment mort. Je me révélai, tout en restant assis et en ouvrant les yeux. Je vis Isaac son ami le trappeur mort dans ses bras. Les blocards au tour devaient être tous étonnés de notre retour, que nous soyons presque tous en vie. Ma respiration ralentissait lentement, ma tête était chaude, je me relevai seul avec difficulté du sol, mes mains furent légèrement mouillé à cause de l'herbe sèche. Je toussai quelques fois avant de penser, que nous étions rentrés enfin, que nous étions de retour au bloc, malgré le défunt trappeur, nous étions nous quatre rentrés au bloc, en évitant alors la nuit dans le labyrinthe, et la mort assurée ...
(c) AMIANTE
Dernière édition par Andy Walker le Ven 7 Aoû - 11:02, édité 1 fois
Il se souvenait de la première fois où il était entré dans le Labyrinthe. Après de longues journées d'entraînement, il avait finalement accédé au rang de trappeur, après avoir occupé un poste de sarcleur pendant quelques mois. Les débuts n'avaient pas été simples ; il avait tendance à paniquer dès que la luminosité se faisait plus faible. Mais il avait fini par se rendre compte qu'il était assez prévoyant, qu'il arrivait à rentrer à temps. Jusqu'au jour où ils s'étaient fait courser par un pisteur, un coureur qu'il avait l'habitude d'accompagner et lui. Grâce à l'un de ses pièges, ils avaient réussi à rentrer avant. Néanmoins, Ethan avait bien cru y rester.
Quelques jours plus tard, une trappeuse rentrait avec un cadavre sur le dos. Ethan n'était pas présent, mais on lui avait rapporté l'identité du défunt coureur : celui avec qui il courait la plupart du temps. Ils n'étaient pas très proches, mais il était tout de même son camarade. Une raison de plus expliquant le fait qu'il n'était pas bavard lors des expéditions labyrinthiques -et également le reste du temps- ; il n'avait aucune envie d'apprendre à connaitre ses partenaires pour les savoir ensuite morts.
Les deux coureurs hurlaient de se dépêcher. Même s'il sentait ses forces l'abandonner progressivement, le trappeur accéléra en serrant la main d'Isaac dans la sienne. Ils passèrent enfin les immenses portes. Portes qui se refermèrent derrière eux dans un bruit sourd.
Totalement épuisé et torturé par la douleur émanant de sa cuisse, Ethan s'éloigna de quelques pas et s'effondra à moitié sur le mur. Encore une fois, la douce voix féminine de ses souvenirs s'éleva, lui conseillant de puiser la force dans son mal. Il voulut lui hurler de cesser avec ses conseils ridicules, mais souhaitait également se raccrocher à la vision de ses mèches soyeuses et se laisser bercer par sa voix. Ses doigts appuyaient vainement contre sa blessure, ses paupières se fermant en même temps.
Il ignorait combien de temps il passa ainsi ; quelques minutes, deux heures, une journée ? Aucune idée. Mais quand il rouvrit les yeux, la douleur était bien moins présente. Son regard se posa d'abord vers Andy, qui se relevait en toussant. Puis, il porta son attention vers Isaac, prêt de son ami défunt. Le coureur faisait aller son regard des deux garçons au Terminus. Le cerveau légèrement engourdi, Ethan mit quelques instants à comprendre ce qu'il leur signifiait silencieusement ; le trappeur décédé n'allait pas rester étendu sur l'herbe. Il s'approcha lentement de celui-ci avant de se saisir de ses bras, attendant que quelqu'un se propose de porter ses jambes. Il n'avait plus assez de force pour s'en occuper seul.
« Vous venez m'aider...? » souffla-t-il en ignorant du mieux possible le regard vitreux du mort.
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Lorsque nous fûmes sortis du dédale, le coureur tout essoufflé s'allongea sur le dos dans l'herbe pour reprendre ses forces. J'aurais voulu faire de même afin de me laisser emporter dans la douceur de la verdure afin de laisser tranquillement mes larmes couler, mais mon cœur tout entier me hurlait d'emmener mon ami dans le terminus. Le jeune homme mit ses mains devant sa tête comme si des visions lui prenaient soudainement et je lançai un regard inquiet rapide vers lui. Mais lorsqu'il se releva je compris que c'était juste de la fatigue. Mon ami trappeur était lui aussi sur le sol, sauf que ce dernier ne respirait plus. Injustice. J'ignorais ce que j'étais dans la vraie vie, mais j'avais le sentiment que la notion de justice et d'injustice me portait vraiment à cœur. Je cherchais toujours à plaider pour obtenir, c'était dans ma nature.
Quant à Ethan, il s'était recroquevillé contre un mur, les yeux à demi-fermés. Il avait l'air blessé. Je vis une grimace se faire sur son visage et je devinai que ce devait être des voix ou des souvenirs. Sa jambe était blessée. Je devais faire quelque chose. Je m'approchai de lui, et je déchirai alors un bout de son tee-shirt le plus vieux et je soulevai le tissu de son pantalon. Je regardai la blessure. Elle n'était pas très profonde. Je le regardai dans les yeux et posai une main sur sa joue. Je ne voulais pas le perdre. Je venais de poser une main sur son visage et je n'avais même pas pris conscience des regards portés sur nous. C'était probablement la première fois que je faisais ça en public.
- Ça va faire un peu mal, murmurais-je.
Puis je posai et serrais le tissu autour de sa jambe à l'endroit de la blessure. Je lui adressai un léger sourire toujours les yeux remplis de larmes de chagrin. Mon estomac ne cessait de se nouer à chaque instant. Je me rendis compte qu'il fallait que je fasse pareil avec mon bras qui continuait à saigner. L'on entendit un cric lorsque je déchirai encore du tissu – cette fois-ci à mon tee-shirt- et je le nouai rapidement. Je retournai vers mon ami défunt et quelques instants après, Ethan parut reprendre conscience de la réalité en se relevant. Il avait dû lire dans mes yeux. Il m'aida à porter le trappeur en lui prenant les bras.
- Vous venez m'aider ?, souffla-t-il.
J'avais anticipé et déjà, je lui pris les pieds. Il était si léger, presque autant qu'Ethan. J'espérais que je n'aurais pas à porter celui que j'aimais de tout mon cœur de cette manière-ci pour l'emmener à l'endroit où nous allions. Du coin de l'œil, je fis un signe interrogateur à Andy. Voulait-il aller avec nous ou pas ? Tel était son choix, je ne le forcerais à rien. Mais une chose était certaine, mes pieds commençaient déjà à y aller. Mon cœur battit de plus en plus vite au fur et à mesure que nous avancions, puis au moment où nous franchîmes les grandes grilles noires du chemin de la mort, mon souffle sembla s'arrêter. Mon ami allait, je l'espérais, pouvoir reposer en paix le plus loin possible du dédale.
En tant que blocards, nous ne savions jamais ce qui nous attendaient lorsque nous nous réveillions le matin, nous n'étions jamais en sécurité de ce que tout le monde redoutait : la mort. Par ailleurs, pour certains, c'était une délivrance. Par ailleurs, pour certain, c'était une délivrance. Pour moi, elle était la tragédie la plus terrible qui puisse nous arriver. Elle nous éliminait les uns après les autres, elle nous dépossédait de notre force et de notre espoir. La bougie qui avait commencé par s'éclairer au fur et à mesure de nos rencontres, de nos amitiés s'éteignait peu à peu lorsqu'un de nous partait à jamais pour un autre voyage de l'autre côté du monde, de notre monde, notre réalité. C'est avec douceur que je déposais mon ami dans un trou de terre. Je me penchai et ma main attrapa une poignée de terre et je la jetai avec lenteur sur le trappeur. Le silence resta de marbre.
- C'est une tradition.., murmurais-je plus à moi même.
Je restai de longs instants ici à me remémorer tout depuis le début. Nos bons moments, nos prises de tête qui me firent esquisser un léger sourire. Mais c'était les bons moments qui semblaient me déchirèrent le cœur. Les larmes coulèrent à nouveau et je ne les arrêtais pas. Je continuais de la regarder.
- Je suis désolé, soufflais-je. Tu seras en paix ici. Personne ne t'oubliera..Je ne t'oublierais pas.
Ma voix trembla et je me tus. Les mots ne me venaient plus alors que j'avais tellement de choses à lui dire, mais je le fis par la pensée. Il avait toujours été là pour moi et sans lui je serais bien mort une dizaine de fois. C'était un homme de parole, jamais il ne m'avait trahi. C'était ce que l'on appelait un vrai ami.
Je laissai alors la tristesse profonde m'envahir. Mon corps se glaçait. La mort. Elle était si proche de nous. Chacun d'entre nous pouvait en être sa victime. La vie n'était tout simplement que du temps compté. Un simple sablier dont le sable s'écoulait avec rapidité. Celui-ci pouvait se bloquer et s'arrêter à jamais sans pouvoir recouler de nouveau un jour. Tout se figeait et nous cessions alors d'exister. Nous n'étions plus qu'un souvenir dans le cœur du monde.
Après m’être relevé difficilement, le souffle de l'aurore me rafraîchit le visage, mais mon corps entier avait du mal à se remettre du sprint fou que j'avais entrepris quelques minutes auparavant. Mes jambes étaient lourdes, ce n'était pas possible, je ne pouvais pas souffrir à cause d'un simple sprint, non ... La fatigue, oui ça devait être cela, la fatigue devait jouer un rôle important pour me retrouver dans un état pareil. Je levai les yeux vers Ethan et Isaac, Ethan avait l'air blessé et son ami avait l'air de l'aider. Je ne pus difficilement voir la scène car ma vision se troubla. Une douleur insupportable dans la tête apparu, ou plutôt 'réapparu". J'étais encore la victime de ses visions, ses flashs et ses voix qui me hantent. J'eus envie d'hurler à celles-ci pour quels arrêtes de me tourmenter mais je me retenu. Même en fermant les yeux je continuai à voir ces foutus visions. Un arbre était proche, je pouvais le sentir car ma main droite s'était posée dessus involontairement. Une voix féminine me chuchota de me calmer, que j'étais plus fort que cela, mais je savais bien que ce n'était pas réel, et une fois de plus mon esprit me jouait un tour. En tentant de rester calme je chuchotai, les poings contre l'arbre et tête baissée :
« Bordel, ferme-là, tu comprends pas que je ne veux plus t'entendre, tu n'es pas réel, ferme-la !! »
Mes deux derniers mots, je les avait presque criés, je n'avais pas dormi de la nuit depuis les événements du jour précédent celui-ci. J'avais pensé toute la nuit à ma mort, celle de mon ami blessé et de celle des autres. Chaque jour nous courrions dans le labyrinthe, mais nous n’avancions pas, au contraire nous étions entrain de reculer. Chaque semaine les morts sont comptés, les allers sans retours aux labyrinthe plus fréquents et le terminus ne cessait d’accueillir plus de morts que de nouveau dans la boite.
Je me calmai peu à peu, mon souhait avait-il été accepté, que ses voix dans mon esprit se turent enfin ? Il semblait que oui, j'ouvris les yeux, presque rien avait changé. Je me relevai difficilement mais je me relevai, car je ne voulais plus resté à genoux au contraire. Je voulais que personne ne tombe mais que tout le monde se relève. En détournant le regard, je vis le défunt coureur se faire porter par mes deux camarades, je pu voir dans les yeux d'Isaac cette question "devais-je aller au terminus avec eux ?". Oui je le devais, je connaissais cet homme, le peu de fois auquel je lui ai adressé la parole il avait l'air d’être une très bonne personne, loyal et fidèle. Je me rappelle avoir couru une fois avec lui et mon trappeur, nous étions rentrés sains et saufs. Il fallait dire qu'hélas, c'était les meilleurs personnes qui partait en premier, et je trouvais cela injuste, débile et cruel de la part de la vie, de la part du labyrinthe. La mort ne décidait jamais de choisir ceux qu'il le méritait, mais plutôt ceux qui ne l'attendait pas.
D'un pas sur en mettant remis de mes violentes visions, je m'approchai d'Ethan et Isaac et leur dis simplement :
« Je vous accompagne au terminus les gars. »
Alors je marchai avec eux, les trois survivants enterrant celui qui n'avait pas pu s'en sortir. Les enterrements, le terminus ... ce n'était pas la première fois que je venais ici, et surement pas la dernière. Un jour, je me retrouverai surement ici, ou je me ferai abandonner dans le labyrinthe, malgré que je trouvais la deuxième option plus probable, je n'essayai de ne pas y penser. Arrivé en face du trou servant de tombe, je pu voir Isaac saisir une poignée de terre et la lançant sur son ami, les grains tombèrent lentement, j'avais déjà fait ce geste et je savais que ce n'était pas la dernière fois que je le ferrai. Je me penchai et j'attrapai une poignée de sable que je lançai doucement sur le mort. Un rite, une coutume, une simple tradition, je n'avais aucune idée d'où cela venait mais c'était devenu une habitude au bloc, celle d'enterrer, de prononcer un adieu final. Ce n'était pas dans mon habitude de prononcer un discours, ou même de prononcer quoique ce soit pendant des funérailles, alors je me contentai de finir sur une simple parole, en soupirant :
« La vie est injuste, la mort l'est encore plus ... »
L'obscurité totale. Cette impression d'être enfermé, piégé comme un rat. Elle était familière. Beaucoup trop familière. Sa main venant percuter une paroi métallique provoqua un bruit sourd se répercutant un long moment dans ses oreilles. Le pouls trop rapide et tous les sens en alerte, Ethan plaqua ses mains contre les murs froids qui l'entouraient. Il y en avait partout. Ils étaient beaucoup trop proches, renforçant ce sentiment d'oppression intense. Cet environnement était bien loin d'être rassurant...
Alors qu'il se mettait à paniquer de plus en plus, le trappeur sentit une main se poser sur sa joue. Avec tendresse. Des doigts fins et rassurants qu'il connaissait. Il ouvrit les paupières et plongea son regard dans celui d'Isaac, ses yeux parvenant à le calmer au fur et à mesure. Le coureur entreprit d'arracher un morceau de son vêtement pour l'enrouler autour de sa jambe. Ethan se crispa et serra les dents, luttant contre la douleur. Les prunelles de son camarade étaient remplies de tristesse, et le brun eut alors l'impression que son cœur tombait soudainement d'un gouffre. Seulement, le cri de douleur d'Isaac -mêlé à un autre non loin- l'aida à reprendre complètement ses esprits et à se lever, passant son pantalon par dessus le tissu pour le maintenir en place, ignorant du mieux qu'il pouvait les regards braqués sur eux.
Le coureur l'aida à transporter le corps désormais sans vie du garçon. Du coin de l'œil, Ethan perçut du mouvement du côté d'Andy.
« Je vous accompagne au terminus les gars. »
Celui-ci avait donc décidé de leur tenir compagnie au Terminus, destination au combien appréciée. Pendant quelques instants, le trappeur se demanda si c'était une bonne idée qu'il se rende là-bas. Depuis son arrivée, il avait fait en sorte de ne jamais y mettre les pieds. Seule sa visite du Bloc l'avait contraint de s'y rendre. Malgré les partenaires qui avaient péri, laissant un nouveau vide dans sa vie, il n'était jamais retourné dans cet endroit. Ni pour pleurer les défunts blocards, ni pour leur rendre hommage. Il ne parvenait pas à en éprouver la volonté. Il préférait ne pas y penser, laisser les jours passer et les souvenirs s'effacer.
Néanmoins, un seul regard en direction d'Isaac suffit à le faire accélérer légèrement. Pas question qu'il le laisse accomplir cela seul.
Les trois jeunes gens ne mirent pas bien longtemps à atteindre ce lieu empli de cadavres. Celui de la Mort à l'état pur. Isaac déposa son ami, puis commença à jeter des poignées de terre sur lui. Andy l'imita peu de temps après. C'était une tradition, comme venait de le signifier le blond. Ethan aurait donc dû en faire de même. Pourtant, il ne bougea pas. Son regard ne quittait pas le corps dépourvu de vie. Ses bras demeuraient immobiles le long de son corps. Ses membres crispés refusaient d'accomplir le moindre geste. Après un moment, il se mit à trembler. Ce n'était pas de froid ou même de colère. Il aurait pu s'énerver contre le monde entier comme l'avait fait Isaac. Pourtant, ce fut d'un sentiment de dégoût et d'horreur qu'il fut pris. En ayant pris la résolution de ne jamais venir en ce lieu, Ethan s'était en quelque sorte voilé la face. Il avait fait son possible, inconsciemment, pour nier le fait que la mort les prenait tous. Il avait du mal à s'attacher, mais certaines personnes comptaient énormément pour lui. Elles étaient rares, certes, mais il y en avait. Et maintenant qu'il se trouvait face à tous les défunts du Bloc, il comprenait qu'il pouvait perdre les êtres aimés à tous moments. Même s'ils étaient peu nombreux, ils couraient tous un risque. Et il ne pouvait rien faire contre cela.
L'atmosphère du Terminus était pesante, lourde, effrayante. Empreinte des nombreuses vies qui n'avaient plus lieu d'être. Et cette impression d'être encerclé par les âmes des morts terrifiait le trappeur. Ses bras se croisèrent sur son torse, ses membres tendus au possible alors que ses jambes tremblaient violemment. Les deux autres garçons parlèrent, mais il ne comprit strictement rien à leurs paroles. Tout ce qui lui importait, c'était le bruissement des feuilles non loin, le vent qui venait ébouriffer ses cheveux dans un souffle inquiétant. Il ne pouvait pas resté ici. Malgré toute sa volonté, il se sentait défaillir à chaque instant. Sans même qu'il ne réalise ce qu'il était en train de faire, ses jambes se mirent en route vers le Bloc, ses dents mordant fortement sa lèvre inférieure à sang. Ses pas se transformèrent bientôt en foulées, puis il se mit à courir à toute allure, s'éloignant le plus rapidement possible de cet endroit maudit. Une fois qu'il eut atteint l'herbe tendre du Bloc, il se laissa tomber contre un rocher, la tête entre les bras. Il fallait que ses tremblements cessent, ou bien il n'allait bientôt plus pouvoir respirer convenablement.
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Mes larmes. Elles ne cessaient de couler et je ne m'en rendais même pas compte. Les deux garçons m'avaient suivis dans cet endroit lugubre et Andy imita presque aussitôt mon geste lorsque je mis de la terre sur le corps de mon ami. Au moment où ma tête se tourna vers Ethan, je le vis qui tremblait. Ma gorge se noua. Bien sûr, mais quel idiot ! Ethan n'avait probablement jamais mis les pieds ici. Ce lieu regorgeait de pénombre et de mort. Ses tremblements n'étaient pas anodins. Le jeune homme ne bougeait pas, seuls ses tremblements suffisaient à m'angoisser. Je me tournai machinalement vers Andy et d'un regard interrogateur, je semblais lui demander ce que je devais faire. Mais l'un comme l'autre, nous n'avions aucune réponse peut-être à part laisser faire Ethan. Ses bras se croisèrent sur sa poitrine, je voyais qu'il essayait de se contrôler. La chute ne fut pas longue. Alors que mon bras allait se poser sur son épaule, le jeune trappeur se mit à courir loin de nous. Ses jambes lui avaient commandé de fuir cet endroit comme de la peste, et qui pouvait l'en blâmer ? Personne. Je le comprenais. Ce terminus donnait la chair de poule. J'étais donc seul avec Andy et je ne parlais pas. Je ne pouvais pas. Laissé sans voix par la fuite d'Ethan, mon estomac ne cessait de se nouer encore plus. J'avais été vraiment stupide d'avoir emmené mon ami ici.
- Je suis désolé, murmurais-je alors à Andy.
Je m'excusais à lui comme j'aurais dû le faire à Ethan. Devais-je aller voir mon trappeur ? Ou bien était-il préférable de le laisser respirer un peu ? Je brûlais de prendre la première option, mais la deuxième était ce qu'il y avait de mieux pour son bien-être. Il devait en plus se rendre à l'infirmerie, il était donc hors de question que je lui fasse perdre des minutes précieuses à cause de mes paroles. Il devait aller se soigner. Je m'assis près du trou après l'avoir entièrement recouvert de terre à l'aide d'Andy et je soupirai. Les minutes s'étaient écoulées et il était temps de revenir à la terrible réalité du bloc. Tout là-bas, beaucoup de gens nous attendaient. Nous étions en vie et nous devions continuer de l'être. Sans sécher mes larmes, je fis un dernier adieu à mon ami et sans un regard en arrière mes pieds commencèrent déjà à se diriger vers la sortie. Le soleil se couchait déjà, car je pouvais voir apparaître dans le ciel gris des lueurs orangées. Demain allait être un autre jour certes, mais jamais je ne pourrais oublier mon ami. C'était à présent une blessure qui faisait partie de moi.
J'avais imité aussitôt le geste d'Isaac, en honorant la mémoire d'un mort, une personne qui n'avait clairement pas mérité ce sort funeste. Je tournai mon regard vers Isaac, ses larmes ne cessèrent de couler. Mais je le comprenais totalement, la perte d'un être cher fait ressortir en nous des émotions que nous tentons de cacher, mais ces émotions sont si fortes à ce moment là, qu'elles ont alors le besoin d’être rejetées. La tristesse, la rage, la peur, la haine, la souffrance ... Toutes ces émotions que nous tentons de cacher par un sourire où un rire, dans ces moments là, ont besoin d’être rejetés, de sortir de notre esprit pour qu'elles arrêtent de nous tourmenter plus longtemps.
Mon regard se tourna alors vers Ethan qui tremblait. Il n'avait probablement jamais été dans ce lieu lugubre et sombre. En posant des bras croisés contre son torse, je savais qu'il essayait de se contrôler et de lutter contre sa crise. Je sentis rapidement le regard d'Isaac, me donnant un regard interrogateur, je répliquai de la même manière, car je ne savais pas trop quoi faire à ce moment précis. Le coureur s'approcha de son ami qui soudain, commençait à courir dans la direction opposée. Il avait besoin de s'en aller d'ici, cet endroit était vraiment horrible. Je me retournai vers Isaac, je cherchai son regard, essayant de voir ce qu'il allait faire et surtout, ce qu'il en pensait.
« Je suis désolé » dit-il en murmurant
Je le regardai tout en secouant la tête d'un signe négatif.
-« Tu n'a pas a être désolé pour moi. Ce n'est pas la première fois que je suis venu ici de tout de façon, et surement pas la dernière ...»
Tout en commençant à creuser, je vis qu'il hésitait à aller rejoindre son trappeur pour s'excuser de l'avoir amené ici, au terminus. Je lui dis, d'un ton normal et calme.
« Ah mon avis tu devrais le laisser un peu seul, il a surement besoin de réfléchir. »
Je saisissais la pelle et commença à enterrer le pauvre trappeur, victime de son terrible destin. Mais croyais-je réellement au destin ? Ou était-ce juste une façon de parler "c'est le destin, c'est la vie ..." ? Je ne savais pas de quel coté j'étais, celui qui pensait qu'il y avait un avenir dessiné pour chacun d'entre nous, ou juste nos actes et nos choix, qui nous mèneront vers notre propre destinée ...
Il n'en pouvait plus de ces voix, de ces flashs, de ces morceaux de souvenirs perdus à tout jamais. Il n'en pouvait plus de tous ces questionnements. Se réveiller en sursaut et la mémoire vide n'était jamais agréable. Mais au fil des jours, des semaines, c'en devenait réellement insupportable. Toujours la même rengaine ; on se lève, on court, on mange, on dort, on cauchemarde, encore et encore.
Il en avait marre d'être faible. Il jouait peut-être au gars froid et distant, maniant l'ironie et le sarcasme comme un sabre, mais il tremblait comme une fillette en contemplant un mort qu'il ne connaissait même pas. Il était incapable de soutenir l'être le plus important pour lui et l'avait laissé seul au Terminus. Et le pire, c'était qu'il ne parvenait pas à pleurer pour ça. Tous ces mois passés sans verser une seule larme lui avaient peut-être ôté cette faculté ? Et s'il n'était plus jamais capable de fondre en sanglots ? N'importe quoi ; il déraillait.
Comme pour se prouver à lui-même qu'il perdait la tête, Ethan se mit à rire. D'un rire glacial, sans joie. Ses mains se posèrent sur ses tempes et il garda la tête baissée, les yeux fermés. C'était triste de se dire qu'il avait peut-être été le gars le plus heureux du monde avant, et que maintenant il n'était qu'en voie de devenir une épave.
Pourtant, il ne croyait aucunement qu'il avait été chanceux dans sa vie antérieure. En effet, ces quelques minutes au cimetière du Bloc lui avait vaguement rappelé une scène similaire. Sauf que dans son esprit, c'était lui qui était penché sur un cadavre, pleurant toutes les larmes de son corps tandis que le chagrin lui déchirait le coeur. Le souvenir n'avait pas été assez long et clair pour qu'il ne distingue l'identité de la défunte personne. Mais il en avait bien évidemment déduit qu'il s'agissait de quelqu'un qu'il avait aimé de tout son être. Peut-être était-ce encore le cas aujourd'hui, même s'il ne le savait pas.
Cette situation était ridicule. Le seul espoir qui lui restait venait de lui être brutalement ôté ; ils seraient tous fous avant de trouver une quelconque sortie. Ou morts.