« Ce qui fait la nuit en nous peut laisser en nous des étoiles. C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière. » - Victor Hugo
C'était un soir. La raison pour laquelle Hélène se trouvait près du lac était confidentielle. Et elle devait le restait. Elle y était cependant. Vêtu d'une robe noire, faisant ressortir son teint pale. Avec de hauts talons, de hautes chaussures à talons noires. Elle revenait de Chicago et venait d'essuyer un échec. Elle avait donc ordonné qu'on la dépose ici, son berg se trouvait plus loin, elle, elle était au bord de l'ancien lac. Un lac qui maintenant n'existe plus. Alors qu’auparavant, avant les éruptions solaires, des milliers de personne venaient d'y baigner, alors qu'avant la couleur bleue de l'eau émerveillait chaque visiteur. Maintenant c'était une couleur, une seule, qui dominait : le rouge du coucher de soleil.
Hélène marchait, lentement autour de la terre sèche et craquelée par la chaleur de la journée. La journée, elle ne préférait pas imaginer la chaleur qu'il devait faire ici pour toute l'eau en vienne à s'évaporer. Certes cela faisait des années, mais l'eau avait quitté son lit depuis que Hélène connaissait l'endroit. Et ça, ça remontait à plus longtemps. Lorsque que la créatrice était arrivé au WICKED, alors qu'elle avait un peu plus de vingt ans. Elle avait grimpé la hiérarchie, était maintenant bientôt une des plus anciennes membres de l'organisation, et paradoxalement une des plus jeunes.
Un pas devant l'autre, laissant les empreintes sur le sol. A cet endroit, à ce moment, Hélène de craignait pas le venue d'infectés. Ceux ci préféraient rester en groupes dans les villes, comme Chicago ou alors les villes dévastées de la Terre Brûlée. Des villes qui comme ce lac s'évaporèrent en quelques années, ne devenant plus rien, plus qu'un amas de vide.
Un bruit. Peut-être un effet de la fatigue ? Un second. Hélène sortit vite son arme, un pistolet qu'elle avait rechargé avant de descendre vers le lac. Il était prêt à abattre quiconque viendrait. Tout ennemi, bien entendu. Elle fit aller son regard derrière elle, vers les petites herbes, vers les arbres morts. Mais rien. D'où venait donc le bruit qu'elle avait entendu ?
Jared se souvenait des anciens temps, où sa mère l’amenait au lac avec un piquenique. L’on dit piquenique ; mais le jeune homme ne pouvait se souvenir avoir eu plus qu’une pomme et un sandwich. Il n’empêchait que c’étaient de souvenirs précieux maintenant sa mère décédée et tout les amis qu’il y amené mort, fou ou entrain de l’être. Il attrapa un long manteau en cuir qu’il avait à présent pour habitude de porter contre une partie du sable, puis partie. Le lac n’était pas loin, et si peu il l’était, Jared avait tout le temps au monde, pour mourir.
Il pausa un instant dehors pour regarder un haut. Pour mourir. Il lança un sourire au ciel couvert. Pourquoi il ne savait même pas, mais d’un coté il supposait qu’il marchait sur le principe de : Mieux vaux moi que quelqu’un d’autre. Il suivait encore les cinq étapes de perte et de deuil. Isolation, colère, marchandage, dépression puis acceptation. Il ne sait pas réellement qu’il est encore dans son étape de marchandage. Il cherche des moyens de passer le temps, d’oublier, de se dire qu’en faisant ceci ou cela, ca passera ; s’il offrait autre chose, peut-être qu’il y gagnerait. Pour le moment il n’y perd seulement.
Il secoua la tête puis continua son chemin. Le lac avait bien changé depuis. L’eau resplendissante, attraction pour tout l’entourage, était tout simplement partie, évaporée par les rayons du soleil ravageur. Il s’approcha du rebord, sur le coté d’un buisson puis s’asseya. Il tira les jambes contre son torse en passant ses bras autour de ses genoux. Tout partait, comme si ce n’était plus important. Tout partait, comme s’ils ne valaient plus le coup. Et lui… partait peu à peu avec.
Son bras eu un spasme et tira vers le coté rapidement, frappant contre le buisson à coté de lui. Il commençait à s’y habituer. C’est la destruction graduelle de son cortex moteur, il n’y fit même pas attention. Sa jambe tomba quand son bras la lâcha, et il changea de position. Son bras refit une même manœuvre et percuta le buisson. Puis il l’entendit. Un souffle. Il y avait quelqu’un. Il se tourna et se mit sur les genoux, passant des petits doigts à travers les branches pour les décaler. Il vit une personne, une femme parfaitement saine et lâcha un souffle rassurer. Il se leva et sortit de son enclos comme un tigre sauvage. Il lui lança un sourire :
« Excusez moi, j’espère ne pas vous avoir fait peur. On croise si peu de personne en bonne état » Il fit une pause le temps de regarder la personne en question. Puis bam… c’est-elle ! Sa bouche s’ouvrit. Puis il secoua la tête et ajouta rapidement :
« Oh pardon pardon, je ne voulais vous fixer ! Simplement… vous êtes Doctor Lopez n’est-ce pas ? Je vous ai croisé à WICKED durant un stage »
« Ce qui fait la nuit en nous peut laisser en nous des étoiles. C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière. » - Victor Hugo
Après quelques secondes faites d'un silence long et sourd, une personne jaillit des maigres buissons qui l'avaient pourtant camouflés. Hélène brandit immédiatement son arme, changea brutalement de direction, dirigeant son regard vers l'homme qui se tenait devant elle. Elle fut étonné mais ne se relâcha pas pour autant. Cet homme lui disait quelque chose, un visage déjà croisé peut-être, il s'agissait là de choses bien peu probables. Aussi, l'étonnement se fit également sentir quand, après être totalement sortis des végétaux, l'homme engagea une discussion d'un air normal, presque innocent, malgré ses propos si forts :
- Excusez moi, j’espère ne pas vous avoir fait peur. On croise si peu de personne en bonne état...
Un petit moment de pause s’installa. Alors que Hélène cherchait quoi répondre à quelque chose d'aussi banal, d'étrange dans ce que le monde était devenu. Adresser la parole à quelqu'un avant d'essayer de la tuer, c'était un acte exceptionnel. Aussi, les deux ouvrirent la bouche au même moment, la créatrice se retint cependant, laissant continuer l'illustre inconnu, peut-être pas aussi inconnu que ça :
- Oh pardon pardon, je ne voulais vous fixer ! Simplement… Vous êtes Doctor Lopez n’est-ce pas ? Je vous ai croisé à WICKED durant un stage.
En même temps qu'une réponse apparaissait - celle qui concernait l'aspect de déjà vu - une question apparaissait aussi, outre le fait qu'il se trouvait là, qui était donc cet homme qui connaissait Hélène, et qui apparemment avait déjà travaillé dans les rangs du WICKED ? Cette dernière ne manqua donc pas de lui faire remarquer, en pointant toujours son pistolet vers le cœur de l'homme, elle prit donc la parole à son tour :
- En effet, votre mémoire est efficace apparemment, plus que la mienne qui n'arrive pas à remettre un nom sur vous ; pourriez vous l'aider dans sa difficile tâche ? Aussi, pourriez vous également m'éclairer dans mon questionnement, que faites vous donc ici perdus, membre du WICKED ?
Baissant petit à petit son arme, plus par fatigue de la part de son bras que par confiance, elle rangea celle ci dans la ceinture de sa robe noire. Cela devait paraître d'ailleurs étrange, de voir ainsi une jeune femme habillée d'une manière élégante, dans cet endroit. Hélène se trouva à ce moment aussi étrange que son interlocuteur.
PS :
Désolé pour le retard, j'ai eu quelques semaines bien chargées
Hélène ne baissait pas son arme et Jared se sentait d’autant plus inconfortable. Il s’était toujours sentit comme le maillon faible dans sa relation avec les pistolets. C’était une barre si puissante qu’on plaisait entre nous et notre entourage. Les armes tuent, et autant que s’en sont bien le but primaire, c’est un défaut si puissant que Jared se sentait pendant très longtemps coupable d’en porter un à la ceinture. Le feu ne se contrôle pas, et les humains dans leur ignorance, juge qu’une telle « boite » pourrait le contenir… mais c’est impossible.
Il leva les mains pour s’innocenter un minimum, comprenant dans la situation la réaction de son chef qui n’est jamais devenue son chef. Son mini interrogatoire semblait d’autant plus justifié qu’il connaissait son identité. Il ouvrit son manteau pour montrer sa ceinture et ses poches, avec un petit sourire il dit gentiment :
« Vous n’avez pas à vous inquiéter, je n’ai pas d’armes, je refuse d’en porter » Il rebaissa les bras puis fit une pause à ses paroles. Membre du Wicked ? Il lâcha un petit rire.
« Oh non je ne suis pas un membre de Wicked » Dit-il et sent un picotement dans son jambe, l’articulation sous son genou. Il fit une roche cassée et mal taillée, mais elle fera l’affaire. Il s’asseya dessus en croisant ses jambes sur le sol aride, posant une main derrière son dos. Puis il enleva une mèche errante de son visage et ajouta :
« Je me nomme Jared Jameson. Je faisais un doctorat neurologie mention pathogénie virale, et dans ces études il y a une visite à Wicked planifiée au dernier mois avant les examens. C’est à ce moment que je vous ai rencontré, vous nous avez fait une présentation si ma mémoire est correcte » Il regarda le ciel, une touche de nostalgie dans les yeux, passant ses doigts sur sa cuisse dans une caresse vague.
« Et j’avais un entretien d’embauche avec vous il y a… deux semaines il me semble. J’ai d’ailleurs oublié de m’excuser pour mon absence ce jour là. Toutes mes excuses »