Les voitures. Elles allaient et venaient à toute allure. Mes paupières s'ouvrirent doucement et la lueur des premiers rayons du soleil vinrent à ma rencontre. Des yeux secs. Je fermai de nouveau les yeux pour les rouvrir une fraction de seconde après. C'était le matin et je devais me lever. Je restai immobile, et regardai le plafond. Je sentais ma tête lourde, comme si je venais seulement de m'endormir, mais pourtant non. Mes doigts vinrent effleurer mes joues. Sèches elles aussi. Des larmes. Ah oui, je me souvenais à présent. Le sommeil ne m'avait rien ôté, et doucement mais sûrement, les sensations se mirent à refaire surface dans mon corps et bientôt, je vis à nouveau les images. Mes yeux se dirigèrent vers la porte. Fermée. Évidemment. Fallait-il vraiment que je me lève ? Le courage ne me venait pas et ma tête se recolla contre le doux oreiller. Cela dura quelques minutes, puis lorsque j'en eu marre de cette douleur, je me levai presque d'un bond, peut être dans l'espoir que la peine allait passer. C'était incroyable, mais en même temps si familier. Le sommeil éclipsait de la réalité, mais s'évaporait très vite pour finalement réussir au réveil à se sentir aussi mal qu'avant. Je frissonnai. Il ne faisait pas spécialement froid, mais soudainement je me revis dans ma chambre chez moi au petit matin, toujours blessé. Le sommeil n'avait jamais réussi à guérir mes..coups aussi. Le réveil. Voilà le réel moment que je détestais. S'être cru sauvé par Morphée pour ensuite retomber dans les filets de Satan, quoi de pire ?
Je pris les habits que j'avais laissés au pied de mon lit et les enfilai rapidement pour ensuite allez dans la salle de bain. Mes yeux scrutaient l'évier et n'osaient pas remonter vers le haut, mais au même moment où je pensais cela, je vis mon reflet. Ce fut un jeune adolescent sans aucun sourire que je vis. De la tristesse ? Je n'aurais pas dit cela non plus. Difficile. Rien du tout ? Non, pire que ça. Mes mains agrippèrent l'évier et je soupirai. Dans quelques minutes j'allais devoir, descendre retrouver tout le monde et.. elle bien sûr. Mes doigts ressérèrent leur emprise à cet instant-là et je notai la colère que je ressentis. J'avais beau me forcer à penser positivement, mais rien ne venait, absolument rien. J'avais beau tenter, mais le grand nœud de la trahison dans mon estomac ne se dénouait pas. Je fixai de nouveau mon reflet et je remarquai son teint blanc inquiétant. J'y étais habitué, mais j'ignorai si c'était la cause de ma tristesse, mais ça paraissait pire que d'ordinaire.
Les minutes passèrent et j'étais prêt. Je scrutais la chambre et m'avançai vers la porte. Je fis tourner la poignée après un soupir intérieur. J'aurais préféré rentrer chez moi et me terrer pendant très longtemps pour échapper à tout cela, et surtout semer du chemin entre cette relation qui avait pourtant bien commencé. Tort. J'avais eu tort de faire confiance. De toute ma vie, je n'avais jamais révélé mon secret, et j'avais comme sentis une libération lorsque les mots étaient sortis de ma bouche, mais cela n'avait duré que quelques minutes. Choc. Bam. Boum. Désespoir. Je me retrouvais encore noyé.
Le couloir qui s'offrait à moi était lumineux, même top. Étais-je en retard ? Je regardai ma montre et ignorai si je l'étais ou pas. Je ne savais même plus quelle heure avait été fixée par les animateurs, mais je devais être dans le bon timing. En passant, un serveur portant un grand plateau me demanda si je voulais quelque chose.
- No thanks, avais-je répondu.
Un peu brutal comme réponse, surtout que je ne l'avais à peine regardé. Puis, je m'arrêtai et me plaquai contre le mur du couloir et laissai ma tête en arrière de manière à voir le plafond. Je soupirai. Tournis. Je tentais de les chasser. Pourquoi étais-je comme ça ? N'importe qui qui passerait aurait pu croire que je devais être totalement out après une soirée, mais ce n'était pas du tout ça. J'avais eu un mal fou à m'endormir, et mon sommeil avait été agité. Et puis cette douleur qui ne partait pas.
Désert. Personne dans le couloir. Tant mieux. Mais pourtant, je me sentais comme observé. Quelqu'un m'espionnait-il derrière une intersection ? Possible. Je me redressai, et poursuivi mon chemin jusque dans le hall. Je descendis les marches. J'y étais.
❝ Friendship is something that you never forget❞
made by MISS AMAZING.
Dernière édition par Jared Howe le Mer 13 Jan - 14:49, édité 1 fois
La jeune femme ouvre ses yeux violets dans un sursaut. Au dessus d'elle, une jolie rousse a une main levée, comme si elle s'apprête à la réveiller. La rousse hésite, lui offre un sourire étincelant avant d'articuler quelques mots sourds qui n'effleurent pas la jeune femme. Une grande différence d'âge les sépare La jolie rousse a 14 ans, et sa camarade, dix - neuf. De longs cheveux noirs lui encadrent le visage. Elle se redresse.
- Où je suis ? Qui es - tu ? Je ne suis plus au Bloc ?!
La rousse écarquille les yeux sans comprendre. Puis elle se met à s'effriter, comme du sable, et en quelques secondes, il n'y a que de la poussière devant la jeune femme aux yeux violets.
Nyrah se réveille en sursaut. Cauchemar horrible. La jeune femme inspira bruyamment avant de se reprendre, plus calme. Ses souvenirs lui laissaient des rêves agités et des cauchemars récurrents. Quand elle avait quatorze ans, surtout. Mais … pourquoi pas d'autres souvenirs ? Pourquoi la rendre encore plus amère en lui rendant des souvenirs heureux ? Même s'ils la rendent encore plus sombre, plus taciturne, ces souvenirs restent ses seuls rayons de soleil au Bloc. Depuis quelques temps, depuis la fin de sa convalescence, en fait, Nyrah ne parle presque plus. S'entraîne sans dire un mot. Se plaint en silence. Cours et avance sans parler. C'est une machine. La Trappeuse sort des Dortoirs et, sans prêter attention, que ce soit aux regards intrigués ou aux respirations lentes, va dans la Forêt s'adosser à un arbre. Là, en paix, elle ferme les paupières.
Impatience.
* * *
L'ancienne Nyrah, la jeune, la joyeuse, l'optimiste, l'aventureuse, sentit soudain quelque chose lui effleurer l'épaule. Elle se crispa et se redressa d'un bon, jaillissant de son lit comme une furie. Elle pivota sur ses pieds, le cœur battant, avant de se reprendre et de poser une main sur son cœur, en soufflant. Myriam la regardait d'un air choqué.
- Oh ! Ça va pas non ? Calme toi ! Je t'ai à peine touchée ! fit la rouquine, furieuse.
Nyrah sourit, gênée. Qu'est ce qui lui avait prit ? La jeune fille se creusa la tête. Elle ne voyait pas pourquoi elle avait réagit aussi violemm... Ah, si. C'est vrai. Elle faisait un cauchemar. Un horrible cauchemar où des gens squelettiques à moitié zombies envahissaient la ville … et qu'elle était prostrée dans une pièce …. Alors, forcément, quand elle avait senti une pression sur son épaule... Ouark. Myriam, encore un peu agacée, ne dit rien pendant dix bonnes minutes tandis que les jeunes filles se changeaient. Dans la salle de bain, elle se fixait dans le miroir. Sans vraiment se regarder. Perdue dans ses rêves éveillés. Aujourd'hui, elle allait le retrouver ! Et mieux, aujourd'hui, il y avait … normalement … le bal ! Gloups. Aussitôt, elle se vit blêmir dans la glace. Une voix moqueuse retentit derrière elle.
- Nyrah ? Tu fais quoi ? Arrête de t'inquiéter pour ton apparence, tu es très jolie et il le sait aussi !
Écarlate, Nyrah ouvrit la porte et fixa son amie avec ébahissement. Myriam la regardait avec un sourire espiègle. Sortant de la salle de bains, Nyrah lui passa devant avec dignité (hum) mais la rousse ne s'y laissa pas prendre, et, tout au long de leur descente vers le hall, resta morte de rire. Nyrah cherchait quelqu'un, bien sûr. Son regard survola les élèves, ignora la bande à Astrid qui la fixait avec dédain et parcourut la salle. Rien … nada. Il n'était pas là. Grosse pointe de déception. Myriam éclata de rire de plus belle devant la réaction de la jeune fille.
- Fais pas cette tête ! Il va pas s'envoler, ton chéri !
Rougissant de plus belle, son amie lui fit signe de se taire, et, avec un sourire ironique, la rouquine mima l'acte de fermer sa bouche à clef. Les yeux de Nyrah revisitèrent la salle avec plus d'inquiétude. Au secours, il n'était toujours pas là. La jeune fille se sentait bien plus vulnérable. Bien plus fragile. Myriam, sans dire un mot, leva les yeux au ciel. Elle arrivait à être exaspérante en silence. Quelle plaie. Mme. Mominsher réclama l'attention générale. Nyrah, soupirante, leva les yeux vers elle.
- Taisez vous, s'il vous plaît. S'il vous plaît. OH ! On se tait ! Je vous prie ! ...Flore ! ..Bien. J'ai quelques informations de dernière minutes ...
Nyrah soupira et se mit à chercher Jared. Sûrement des précisions inutiles. Elle demanderait à Myriam.
- J'ai deux mauvaises et une bonne nouvelle. Laquelle voulez – vous en premier ?
Nyrah reporta son attention sur sa prof dès que les élèves se mirent à crier Les mauvaises ! à tout rompre. Des cernes étiraient le visage de l'accompagnatrice qui avait l'air fatiguée … et très inquiète.
- Non, je ne commencerais pas de ce côté – là. La bonne nouvelle, c'est que notre séjour en Angleterre est prolongé.
Nyrah n'en croyait pas ses oreilles. Une telle chance ! Comment leur principal avait – il pu accepter ? Comment avaient – ils, tous, pu envisager cela ? Se retenant de sauter de joie, elle se tourna vers Myriam. Le visage serré et crispé de son amie lui appris qu'il lui restait deux mauvaises nouvelles à apprendre.
- La mauvaise, c'est que c'est à cause d'une invasion d'Infectés à l'aéroport, et que nous allons devoir filer au plus vite de Londres. Nous verrons où en chemin. Je ne donnerais pas de précisions sur cette invasion.
Nyrah blêmit. Pas à Londres ? Mais pourquoi ? Trépignant, elle finit par se mettre à chercher Jared, une nouvelle fois. Comment réagissait – il à la nouvelle ? Était – il indifférent ? Soulagé ? Ou triste ? Myriam faisait une tête d'enterrement. Elle avait un air terrifié. Nyrah faillit lui prendre le bras, se ravisa. Myriam ne l'aurait même pas senti : son regard était fixé sur autre chose … quelque chose que la jeune fille ne pouvait voir …
- La deuxième mauvaise nouvelle est que le bal est annulé.
Mominsher annonça cela au moment où Nyrah localisait Jared, dans un coin de la salle. Comment avait – elle fait pour ne pas le remar...
QUOI ?!
Annulé ?!
Nyrah blêmit de plus belle. Co – co … pourquoi ? Mais … et ? Elle ne … et Jared ? Et leur victoire ? Myriam, malgré son air hagard, trouva la force de lui serrer l'épaule avec compassion. Une seule chose sortit la jeune fille de sa torpeur : le juron qu'Astrid cria, et le savon que lui passa sa prof. Myriam la regardait d'un air inquiet. Nyrah lui fit un sourire, prit une inspiration et lança :
- Je vais voir … je vais faire un truc. Tu … tu m'attends ?
Myriam hocha la tête tandis que Nyrah filait à travers les collégiens qui étaient effarés par la nouvelle. Astrid ne prit même pas le temps que lui jeter un œil méprisant quand la jeune fille passa devant elle, signe qu'elle était choquée. Vraiment. Enfin, Nyrah arriva devant Jared. Il se tourna vers elle.
Les mots n'arrivaient pas à sortir de la bouche de la jeune fille. Sa tristesse de devoir partir, son angoisse … Le fait qu'elle soit complètement dingue de l... qu'elle ait un faible pour lui … Ses beaux yeux bruns …
- Ça … ça va ? demanda Nyrah, remarquant l'air fatigué, les cernes violettes et le teint pâle du jeune homme.
Elle se tenait un peu crispée, hésitante. Un simple « Ça va » après l'annonce de Mominsher. Elle se sentit nulle.
Ce que j'entendis alors me glaça d'horreur. Un voyage annulé, une alerte de fondus. Oh bordel. Ce n'était pas possible, si ? Et bien si, pourtant ! Des fondus. Je fus parcouru d'un frisson. Cela devait arriver un jour ou l'autre, mais je gardai mon calme. Ce n'était pas la première fois et j'avais commencé à.. m'habituer. Et si.. et si un jour je devenais moi aussi un fondu ? Mais non, fit-une voix dans ma tête. Impossible, les médecins allaient trouver une solution, jusque-là ils avaient toujours réussi à nous sauver avec des vaccins qu'ils faisaient très vite, alors pourquoi pas cette fois-ci ?
* * *
Je ris. Ou plutôt mon rire fut moqueur. J'avais été bien naïf à l'époque. C'était vrai, jamais je n'avais pensé une seule seconde adolescent que j'allais finir et bien.. fondu, même zombie et que personne ne trouverait de remède ! Idiot.
***
Je baissai la tête. Alors nos aventures allaient se terminer comme cela ? Nyrah allait repartir après seulement deux jours passés ensemble ? Le monde était-il cruel ? Voulait-on me raccourcir ce plaisir ? Probablement oui. Mais moi je voulais continuer. Cependant, je sentais que j'étais mal. Pas à cause de cette alerte, mais sur le fait de devoir se quitter sur une note aussi... horrible. Après tout ce qui s'était passé hier soir e voulait pas s'enfuir de mon esprit. Elle m'avait blessé, voilà tout. Je relevai la tête et sursautai. En parlant du loup, voilà qu'elle était devant moi. Nyrah était face à moi, l'air inquiète à cause des fondus. Je voulais la rassurer et lui dire que c'était presque mensuel ces alertes-là, mais aucun son ne sortit de ma bouche. Une voix dans ma tête refusait de me laisser parler. Elle ne m'avait pas réconforté ni rassuré hier soir, alors pourquoi le ferais-je pour elle , Oui mais ce n'était pas sa faute, les adultes étaient là... Oui mais elle aurait pu au moins dire quelque chose, ne serait-ce une phrase. Mais non rien. Rien, ce fut aussi ce qui ne sortit pas de ma bouche. Je restai face à elle, presque le visage neutre. Je n'avais pas réellement envie de lui parler mais je ne voulais pas qu'elle parte. Le voyage devait continuer.
- Ça.. ça va ?, me demanda t-elle alors.
Comme tout autre jeune homme que j'étais, je ne fis pas jouer mes émotions et déclara d'une voix assez ferme :
- Ouais, ça va.
Mais je notais que je n'avais pas demandé si elle allait bien. Mes yeux se baissèrent sur le sol, puis remontèrent vers ses yeux. J'y cherchais une trace de culpabilité, mais je n'en trouvais aucune pour le moment. C'était bien pire et cela du se lire sur mes traits. Puis je m'écartai et me dirigeai vers la foule. Je voulais pour le moment lui échapper et je fis mine de vouloir en avoir le cœur net. En vérité, je savais très bien que l'alarme allait être levé au moins dans une heure presque comme à chaque fois. Je vivais dans un monde de paranoïa.
* * *
Encore une fois j'avais été loin de me douter que ces petites alarmes qui au début comme celle-ci étaient de la paranoïa, allaient quelques années après devenir très sérieuses. Je fermai les yeux et repensai à la première ''vraie'' alarme. Cette fois-là, j'avais vu à quoi ressemblait les fondus pour la première fois et les conséquences. J'avais vu un petit garçon se faire contaminer dans la rue. Les officiers n'avaient pas réussi à contenir la masse d'infectés et c'était à ce moment-là, à 18 ans que j'avais réalisé que je devais partir dans un autre pays, loin de tout cela. Sauf qu'ici, en Amérique, c'était la même, voir pire. Plus aucun pays n'échappait au massacre, tous perdu. Et Nyrah ? Où était-elle à présent. Je feuilletai mon journal et allait à la dernière page. Ici étaient combinées des lettres. Papier jauni mais toujours-là. Les lettres de Nyrah. Forcément après un long voyage en Angleterre la belle avait du retourner en Amérique, sa terre natale, mais nous avions gardé contact. Du moins pendant un certain temps, car cela faisait maintenant un an que je n'avais pas reçu de réponse à ma dernière lettre où je lui annonçai que j'allais venir en Amérique pour de bon. Je lui avait déjà parlé de mon projet certes, mais pour une raison que j'ignorais, aucune réponse ne m'était parvenue. J'avais retenté à plusieurs reprises, mais en vain. C'était comme si elle avait disparu de la terre. Jamais je n'avais imaginé qu'elle ne pourrait ne plus me répondre, mais pourtant si. Il lui était arrivé quelque chose, c'était sûr. Des larmes. Des larmes se mirent à couler le long de mes joues et je ne pu les contrôler. Raviver ces heureux souvenirs avec elle me faisait maintenant penser à la terrible réalité qui m'entourait. Pourquoi Nyrah ne m'avait-elle jamais répondu ? Pourquoi ne la trouvais-je nul part ? Pourquoi personne ne semblait la connaître ? Même ces WICKED que j'avais déjà rencontré ne la connaissais pas et ils étaient pourtant les plus puissants au monde au niveau des informations !
***
Je soupirai. Je n'étais pas gentil. J'avais honte. Comment allait réagir Nyrah ? Avait-elle compris ?
Je vagabondais encore dans mes pensées. Mon journal s'ouvrit à la dernière page de notre histoire, la dernière fois que j'y avait exprimé ma vraie peine. Le jour où j'avais reçu sa dernière lettre sans savoir que ça allait être la dernière. Je soupirai et me mordis les lèvres. Devais-je la relire ? Devais-je m'abstenir ? J'en avais aucune idée, mais une chose était sûre, mes yeux se mirent à lire la première ligne. " Cher Jared, "
Je souris de plus belle tandis que je sentais mes yeux picoter. Ça faisait si longtemps. Ça n'avait pas pu finir comme ça... et bien si. Nyrah était belle et bien partie vers de nouveaux horizons. Plus aucune réponse. J'ignorais si elle m'entendait ou bien si la jeune fille se souvenait encore, mais personne ne pouvait oublier d'avoir escaladé le Big Ben, ou bien d'avoir eu son premier bal avec son premier cavalier. Le bal. J'y repensais et je me mis à frissonner. Une soirée de réelle plaisir qui avait changé ma vie. L'amour, ou bien l'amitié. Tout cela avait été confus à cet instant-là, adolescent que j'étais, mais s'il y avait bien d'une chose dont je voulais me rappeler pour toujours c'était sa tendresse et sa gentillesse. La jeune fille avait été si unique et nous avions tant échangé en si peu de temps. Une semaine. Sept jours qui m'avaient paru si courts mais si précieux.
Mes larmes coulèrent. Trop tard. Mes yeux lisaient petit à petit les mots qui formaient ses phrases. De si belles phrases. Voulais-je encore trouver un dernier message codé comme j'y avais passé des heures à le faire ? Probablement. Avais-je toujours espoir de la revoir ? La réponse n'était pas évidente. Des années et des années s'étaient écoulées et le monde avait basculé dans la terreur et dans la noirceur. Des corps allongés et baignant dans leur sang, des cris de la mort et des foules entières succombant à cette maladie, le monde était détruit. Il n'existait plus. Et nous n'existions plus. Ils ne nous restaient que les souvenirs.
Si l'on m'avait dit que le temps effaçait la peine et les souvenirs, je l'aurais cru, mais aujourd'hui je savais que c'était faux. Moi, je m'en souvenais et les larmes qui coulaient soudainement sur mon visage témoignaient d'une douleur qui était restée au fond de mon coeur. Il n'était pas possible d'effacer avec un simple trait quelque chose, que ce soit les bonheurs que les malheurs. Il me restait tant de mon passé et dieu seul savait qu'il y avait des instants dont je désirais les mettre au feu. Mais ce n'était pas possible. Toute ma vie partirait avec moi lorsque mon heure viendrait, c'était tout.
Je soupirais une dernière fois et je lus les derniers mots avant de refermer le journal.