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(TERMINE) The game of secrets has just begun, you better watch your backs. [Niels ft. Alexandra]

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Niels Welligton


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MessageLun 19 Mar - 0:44

Niels
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Alexandra
The game of secrets has just begun, you better watch your backs.
Un deux trois quatre cinq, six. Six fut le nombre de jours que Niels avait laissé passer avant de se dire que le jour J tant attendu mais aussi tant redouté était arrivé. Pourquoi tout ce temps ? Pourquoi ne pas y être allé dès le lendemain ou bien deux trois jours après sa fameuse rencontre ?  Parce que ces jours-là avaient résonné comme une sorte de tic tac géant pour le jeune homme assis sur une caisse en bois dans le quartier général du Bras Droit. Il avait prit le temps de la réflexion, mais surtout des heures précieuses pour s’entrainer.  Une assiette de nourriture en boite était posée à côté de lui ainsi qu’une tasse de thé, luxe que le blond n’avait pas eu depuis des années avant d’être en zone saine. Cependant, Niels n’y avait pas touché, le tout était intact et ses yeux regardèrent longuement l’assiette avant de soupirer et de se parler à lui-même.

- Je suis tellement nerveux que si je te mange chère assiette, je vais vomir. Alors on va éviter.

Son estomac était noué et il fallait que ça passe s’il voulait réussir l’épreuve du combattant qui l’attendait. Il se mordit les lèvres avec nervosité tandis que sa jambe ne cessait de trembler. Agacé, il la retint avec sa main droite et expira tout l’air qu’il avait en lui. Il ferma les yeux en s’efforçant de faire le vide dans sa tête. Il avait toujours détesté les entretiens, ce truc bien trop formel semblait tellement inhumain et la perspective de se retrouver entouré par des WICKED suffisait à lui donner la nausée. Il prit d’un seul coup son thé qu’il but gorgée par gorgée pour tenter d’éliminer cette affreuse sensation. Il allait devoir partir maintenant s’il ne voulait pas être en retard. Niels Welligton n’était jamais en retard. Mais la chose la plus amusante ici était qu’elle ne lui avait pas donné d’heure, alors le blondinet ne risquait rien ! Mais il restait le même, il détestait ça, alors il se programmait lui même une heure, car il se sentait encore plus mal quand il savait qu’il allait l’être alors il partait avec de l’avance, ce qui lui permettait de prendre son temps et d’arriver quand même avec quinze bonnes minutes d’avance pour lesquelles il se maudissait à chaque fois. « Au moins tu es à l’heure mon chéri » lui aurait dit sa mère en caressant ses cheveux blonds avec un sourire amusé mi-moqueur. Vêtu d’un tee-shirt blanc, et de son jean le moins rafistolé, le jeune homme s’équipa de son sac à dos avec son matériel vraiment de base pour des soins en urgence si jamais il lui arrivait quelque chose sur le chemin, on était jamais trop prudent. Il y mit son tee-shirt noir dedans, afin de se changer quelques mètres avant d’entrer vu qu’il savait qu’il allait arriver en sueur à cause du temps. Il cala son pistolet - il ne s’en séparait jamais - dans une poche secrète de son sac à côté et glissa son couteau de combat dans sa botte droite. Il passa sa main dans ses cheveux, se brossa les dents et expira une autre fois avant de se mettre en route.

Le chemin n’était pas si long que ça, environ quarante minutes à pied de là où il était ce qui était de la rigolade par rapport à tout ce qu’il avait déjà fait pour en arriver là. Il prenait bien son temps, histoire de ne pas courir et de provoquer l’irréparable avec son asthme. Le soleil lui tapait dessus, mais il avait pris l’habitude de cette chaleur, comme tout le monde d’ailleurs, de toute manière, ils n’avaient pas le choix. Les jours précédents avaient pour Niels été très longs et remplis de toutes les interrogations possibles et inimaginables, mais la question qui primait était probablement de savoir comment un entretien au WICKED se passait ? Il avait le ventre noué même si la marche lui faisait du bien. Il avait passé ces derniers jours à lire et relire la théorie qu’il savait sur le bout des doigts que ça en avait été ennuyant à mourir, mais rassurant. Il avait passé ces derniers jours à lire et relire la théorie qu’il savait sur le bout des doigts que ça en avait été ennuyant à mourir, mais rassurant. Les quarante minutes filèrent vite, trop vite, il était déjà arrivé et le moment d’être confronté aux monstres arrivait. Près d’un pont, le jeune homme ouvrit son sac à dos et il retira son tee-shirt blanc bien humide pour enfiler le noir qui était lui tout sec.

- Come on Welligton, tu peux le faire.

« Pour Isaac » pensa t-il dans sa tête au cas où il y avait des caméras de caché sur le pont, pensée bien parano, mais pas impossible. Cette ville était tellement gigantesque que ça lui en donnait le vertige, mais il était impressionné. Cela faisait sans doute plus du triple de Londres autrefois. Il remit son sac à dos sur ses épaules et marcha jusqu’à l’énorme tour que personne ne pouvait louper. Presque tous les gens dans la rue marchaient comme des robots qui étaient programmés à se rendre d’un endroit à un autre sans se poser de question, un peu comme lui autrefois dans le métro Londonien, une toute autre époque qui semblait bien lointaine. Ils portaient des masques sur le visage afin d’éviter tout risque de contamination. Si Niels les observait, les gens ne faisaient guère attention à lui, ce qui était tant mieux vu qu’il pu arriver à bon port sans problème. Il y était. Il y était et il n’était pas encore trop tard pour faire demi-tour, sauf qu’il ne le ferait pas. Il allait franchir cette grande porte intimidante sous les regards méfiants des gardes. Son cœur battait la chamade dans sa poitrine et il se remerciait intérieurement de ne pas avoir prit de petit déjeuner ce matin. Il se décida à monter les marches les unes après les autres et chaque pas en plus qu’il faisait cela augmentait son stress. Il allait vraiment falloir qu’il se stabilise, comme il avait l’habitude de le faire. Calme dans son esprit. Vide. Apaisement. Isaac. Non pas Isaac, ça n’aidait pas du tout car il était dans la même enceinte que lui et cela le rendait encore plus mal et à la fois déterminé. Il se concentra sur ce dernier sentiment et il put franchir la porte pour se retrouver dans un grand hall avec des gardes qui attendait le prochain qui franchirait cette l'enceinte de leur grand donjon. Voilà, maintenant, il était arrivé au point de non-retour. Il ne pouvait plus renoncer. Le jeu allait pouvoir recommencer. Était-il prêt ? Il le fallait.

 
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MessageLun 19 Mar - 12:42

The game of secrets has just begun, you better watch your backs.ft. Niels Welligton

Presque une semaine s’était écoulée depuis ma dernière virée officielle à l’extérieur pour les besoins de notre projet. Peu à peu, la routine avait repris ses droits et cela n’était pas pour me déplaire. Chaque jour qui passait était une victoire. Bien entendu, je n’aurais pas dû ainsi m’acharner dans cet espoir qu’il ne viendrait pas. Pourtant le temps semblait vouloir me donner raison et plus nous approchions de la date d’expiration de mon offre et plus le soulagement emplissait ma poitrine de ce souffle nouveau, de la satisfaction.

Mon rapport avait mentionné sa présence, celui de mes collègues également. Un coup de fil à un des recruteurs que je connaissais bien avait suffi à clarifier la situation avant que de quelconques rumeurs viennent prendre le pas sur la réalité : mieux valait être prudente, jouer cartes sur table était la meilleure des stratégies au sein de cette entreprise où votre collègue pouvait devenir votre pire cauchemar si vous vous avisiez de manquer aux règles. La délation n’était pas une tare ici, juste un moyen de survie comme un autre : prouver sa loyauté à l’organisation valait tous les discours de fidélité que vous auriez pu déclamer. Une action comptait plus qu’une parole. En cela, j’étais tout à fait d’accord.

C’est pourquoi j’aurais dû être inquiète. Son absence, sans me mettre dans une quelconque situation délicate, ne me permettrait pas de fournir une nouvelle preuve de ma bonne volonté. Les créatures que je codais à longueur de temps, les murs qui bougeaient et autres artifices du Labyrinthe que je contrôlais à partir de mon clavier et qui ne manquaient pas de provoquer des blessures infectes, voire même tuaient parfois les Blocards les moins futés,… Tout cela aurait dû suffire et peut-être me berçai-je dans un cauchemar en pensant que ce n’était pas le cas, que je devais surenchérir… Fermant les paupières devant la lumière artificielle de mon écran, je me frottai les yeux en songeant que je tentai juste d’être à la hauteur des autres Créateurs. Aussi déterminée, aussi dévouée, aussi cruelle. Si je remplissais les conditions aux extrêmes, mon dévouement aurait dû être affiché une fois de plus à travers le recrutement de ce jeune homme.

Alors pourquoi au lieu de l’énervement de ne pas avoir été assez convaincante pour le pousser à nous rejoindre, je ressentais cette quiétude interne ? Cette tranquillité qui remplace la peur lorsqu’on a fait une bêtise qu’on n’est pas prêt à assumer était plutôt grisante, même si elle me déstabilisait totalement.

Je me levai de mon bureau. 10h30. Les aiguilles métalliques de l’horloge brillaient sous les lueurs des écrans de contrôle, affichant fièrement que la journée risquait encore d’être longue.

- Je monte au laboratoire, il faut qu’on nous éclaire sur les signaux cérébraux que nous avons enregistrés ce matin pour le sujet A7, lâchai-je à l’attention d’un autre Créateur qui se trouvait dans la pièce. Puis j’ajoutai avant de sortir :Les lignes pour la nouvelle créature ne sont pas tout à fait terminées, je reprendrai la main dans mon bureau.

Sans attendre de réponse, je tournai talons pour gagner l’ascenseur. L’espace souterrain n’était pas désagréable en soi et je n’avais jamais eu à souffrir de claustrophobie, néanmoins qui aurait apprécié de passer des heures entières installés dans une salle sans fenêtre à analyser des signes vitaux. Cela aurait sans doute été différent pour moi, plus supportable, si notre but avait été de sauver tous ces jeunes au lieu de quoi la perspective de pouvoir contempler la mort de l’un d’entre eux à tout moment – comprenez quand un de mes sadiques de collègues aurait une envie irrépressible de sang frais et d’images gores – mais ça n’avait jamais été le cas.

Le tintement clair de la sonnerie de l’ascenseur me sortit de mes pensées. Un dossier à la main, j’y montai et appuyai sur le bouton du rez-de-chaussée. Autant ne pas monter dans les étages tout de suite et profiter de quelques rayons matinaux qui filtreraient à travers les larges baies vitrées du hall d’accueil plutôt que de gagner directement les laboratoires où l’odeur des instruments stériles et des substances chimiques en cours d’essai auraient cette faculté à me soulever le cœur. Un peu de douceur dans ce monde ne pouvait pas me faire de mal.

Les portes métalliques s’ouvrirent bientôt, dévoilant un large espace. Les dalles blanches, si luisantes sous la lumière chaude de l’astre du jour, semblaient n’être qu’une vaste patinoire. Mes talons claquèrent sur leur dureté miroitante tandis que je me dirigeai vers l’accueil pour continuer mon périple à pied en prenant l’escalier à l’autre bout du hall. Mon regard vaqua sans objectif précis en direction des verrières, j’étais toujours subjuguée par l’éclatante lueur qu’elle apportait : scintillement chaud et apaisant sur un endroit sombre comme la mort.

Et merde ! Rater sa crinière blonde platine aurait été impossible, même dans un si grand espace. Qu’est-ce que tu croyais Alex, il est comme tous les autres et même s’il ne sait sans doute pas tout ce qu’on trafique ici il y adhérera : pour celle d’une humanité égoïste qui ne la méritait pas et plus encore pour sa propre survie. Je me revis lui lancer le précieux médicament dont il avait tant besoin. J’avais été une sacrée idiote en faisant cela… Et dire qu’il aurait tout simplement pu la prendre et tout en serait resté là… Est-ce que ce don du ciel l’avait poussé à venir au lieu de l’encourager à faire encore de la route en gardant ces distances avec les enjeux internationaux qui se jouaient dans ce bâtiment ? Jamais je ne le saurai et il fallait que j’apprenne à n’en avoir cure.

Mes pas avaient bifurqué dans sa direction. A peine à une dizaine de mètres, un des gardes s’était empressé de s’approcher de lui et je l’entendis demander d’un ton autoritaire qui résonna sur les parois – vive l’effet cathédrale de cette architecture au haut plafond et aux parois – avec une certaine agressivité naturelle :

- Halte là ! Je vis Niels stopper sa marche immédiatement, il ne m’avait visiblement pas encore aperçue. Veuillez décliner votre identité et vous soumettre au test.

Souvent, je m’étais demandé avec ironie si cette voix grave et cinglante faisait partie des critères de recrutement ou s’ils les formaient à être des armoires à glace. Mes sarcasmes ne les faisaient jamais sourire sous leurs uniformes noirs, je crois que certains auraient même rêvé de me descendre quand j’étais trop piquante, même si c’était toujours avec humour. Après tout, moi cassante ? Jamais !

Ralentissant ma cadence, j’observai la scène avec un soupçon d’appréhension. S’il avait été infecté en venant jusqu’ici, je sais exactement ce qui lui arriverait. Les cellules étaient des endroits peu fréquentables. Exiguës et sommaires, on y cloîtrait les infectés en attendant de tester sur eux nos potentiels vaccins et, le moins qu’on puisse dire est qu’on avait remporté un succès inexistant – appelons un chat un chat, c’était un fiasco cuisant ! – malgré toutes les formules qui avaient été tentées. L’idée qu’un malheur soit arrivé entre temps et le condamne à devenir notre cobaye me nouait l’estomac.

Cependant, je n’attendis pas que l’appareil sonne le glas : il avait déjà retenti dans mon esprit à l’instant où je l’avais vu passer la porte.

- M. Welligton ! Heureuse de voir que ma proposition vous a convaincu !

Foutaise ! Mon plus beau sourire mentait avec une facilité déconcertante, de même que ma mine réjouie qui se parait d’un regard pétillant. Tout cela suintait l’hypocrisie, du moins s’il avait su.

- Il est avec vous Mlle Moore ? me demanda le garde avec sérieux. J’acquiesçai d’un simple signe de tête, il n’avait pas à savoir le reste : ce n’était qu’un membre de la sécurité. Son appareil bipa bientôt et le texte qui s’afficha tout comme le voyant lumineux qui clignota alors : C’est bon, vous pouvez passer !

Le garde avait lancé cette conclusion avec autant de réjouissance qu’une porte de prison, tellement aimable…

- Suivez-moi M. Welligton, finis-je en lui adressant un sourire engageant pour détendre cette atmosphère pesante qui aurait pu faire penser à une exécution.

Le vouvoiement avait été de mise devant les autres employés. Quand nous travaillions entre nous, dans de petites unités, l’arrivée à une détente grâce à la proximité verbale était une chose naturelle. Néanmoins, alors que le jeune homme venait à peine de débarquer pour un entretien, je jugeai plus sage d’opter pour une distance toute professionnelle même s’il la jugerait sans doute poussive.

Me dirigeant vers l’accueil, je ralentis quelque peu pour l’entretenir en aparté de manière bien moins informelle maintenant que nous n’avions plus les chiens de garde sous le nez.

- Tu as fait bon voyage ? demandai-je naturellement tout en continuant ma progression vers la réception où deux hôtesses toutes vêtues de blanc semblaient s’ennuyer à mourir. Je dois admettre qu’après ton air impatient de l’autre jour, je t’attendais plus tôt.

Ma remarque avait sonné comme une boutade, au lieu de cela elle était un reproche déguisé. Un reproche de m’avoir laissé croire qu’il pourrait renoncer, un reproche de m’avoir laissé penser que je n’avais finalement peut-être pas sacrifier un autre esprit innocent à la perversion de cette organisation sans morale.

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MessageLun 19 Mar - 18:55

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« Halte-là ». Déjà ça commençait bien fort. Quoi de mieux qu’une voix grave et autoritaire pour le détendre ? Même pas de bonjour, les gardes avaient toujours été pareils de toute manière, dans ce monde-là comme dans l’ancien. Niels s’apprêtait bien évidemment à répondre, mais une voix bien trop familière retentit un peu plus loin. Il dirigea ses yeux vers le bruit des hauts talons et reconnu Alexandra, la femme avec qui il avait pu commencer à faire ses preuves. En même temps, sous le regard impatient de l’homme de glace, le jeune homme tendait son bras pour que le garde le soumette au test, mais ce dernier lui demanda son doigt à la place. Son doigt ? Oui. La machine était, en effet, plus petite, donc différente. Cela irait mieux pour lui, même s’il détourna le regard par pur réflexe et pensa à autre chose. Il se concentrait sur la conversation que les deux étaient en train d’avoir. Oui, il était avec elle et il fut bien soulagé de voir que le test était déjà presque fini. Alexandra tombait pile au bon moment. Elle ne savait pas qu’il allait venir à cette heure-là, mais il fait fallu qu’elle fasse son entrée en même temps qu’il faisait la sienne. La machine se mit à clignoter et il la regardait, comme s’il désirait voir lui-même le résultat en avant première. Sans aucune surprise pour Alexandra sans doute, il était ok. Bien sûr qu’il l’était, mais c’était déjà un poids en moins, la vraie aventure pouvait commencer et ce n’était pas pour le rassurer. Niels salua d’un hochement de tête le garde et suivit la jeune femme qui le vouvoyait, chose parfaitement normale dans ce genre de cadre. Il aurait franchement été surpris qu’elle le tutoie ici, cela ne collait absolument pas pour lui.

- Bonjour Mademoiselle Moore, lui répondit-il avec un sourire qu’il avait grâce au sien.

Se détendre. La clé. Apparemment, elle semblait ravie de le voir ici. L’avait-elle attendu avec impatience pendant les jours qui s’étaient écoulés ? Une partie de la pression venait de s’écrouler, le garde lui avait fait penser à ce genre de mec sans pitié qui aurait prit une tâche pour couper la tête d’une personne en place publique. Il lui emboîta donc le pas, se demandant où elle allait l’emmener, mais son regard ne cessait de tout regarder. C’était tellement grand, tellement propre ici.. tellement riche au final. Cela contrastait atrocement avec la misère du monde qu’il avait connu avant d’arriver en zone saine où il fallait dire, avait aussi à niquer le système pour entrer. Heureusement qu’il était un membre officiellement inconnu du Bras Droit, car il n’aurait jamais pu entrer si cela avait été le cas. Il n’était, en aucun cas, fiché. Concernant l’endroit où elle allait l’emmener, il semblait qu’il n’aurait pas de suite sa réponse, car la brunette s’était arrêtée dans un coin hors de vue des gardes tout cela avec un pas plus lent. Ce fut là qu’il put voir à quel point sa tenue la mettait bien en valeur. Elle était élégante.

Alexandra reprit alors le tutoiement, ce qui le surprenait quand même un peu. Avait-il fait bon voyage ? Alors qu’il allait répondre - à croire qu’elle lui piquait toujours les mots pour rajouter autre chose - elle lui lança une petite remarque au sujet du nombre de jours qui s’étaient écoulés.

- Très bon voyage. Bien arrivé à bon port comme tu peux le voir, dit-il avec un sourire en se désignant. Je ne voulais pas venir trop tôt, je ne voulais pas donner l’impression de ne pas avoir réfléchi à l’offre.


Il espérait que cette réponse passerait. Venir trop tôt lui aurait donné une image d’un homme qui fonçait sans aucune réflexion, il avait voulu éviter ça, mais il avait eu besoin de se préparer, histoire de se rassurer.

- Mais je suis bel et bien là en chair et en os.


Il se demandait bien avec qui il allait faire l’entretien. Avec elle ? Cette option serait un peu étrange, car elle l’avait déjà un peu évalué à sa manière, donc il devinait que ce serait forcément avec quelqu’un d’autre ? Un monstre sadique assoiffé de sang ? Une personne avec un minimum d’humanité qui lui restait ? Il n’en avait aucune idée, mais quelque chose lui disait que plus il avançait et plus il allait le savoir rapidement. Les couloirs étaient très longs, et se ressemblaient tous les uns les autres. Comment faisaient-ils pour ne pas se perdre dans ce labyrinthe ? À cette pensée, il rit ironiquement. Un labyrinthe. Mais bien sûr. Ils étaient les pros de ça, mais il ne fallait pas que ce mot  sorte de sa bouche, à aucun moment. Il était fils unique, n’avait pas de frères ni de soeurs en vie, en bref, il était un solitaire qui désirait apporter son savoir afin d’aider l’humanité. Il s’était de nombreuses fois imaginé les questions qu’on allait pouvoir lui poser, mais rien ne garantissait qu’il aurait vu juste et que ses idées lui serviraient. Il devrait aussi improviser, chose qui lui posait moins de problèmes que la plupart des gens. Encore une fois, merci au théâtre et à l’aventure.

Mais Alexandra serait-elle présente d’une manière ou d’une autre lors de l’entretien ? Pour une raison étrange, le blond savait que ça le rassurerait un minimum, car il la connaissait déjà, alors savoir qu’un visage « familier » était là l’aidait. Il continua de la suivre tandis que ses yeux passaient d’elle en talons aiguilles aux formes des couloirs et aux salles inconnues qui pouvaient renfermer… n’importe quoi.. n’importe qui.  

 
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MessageMar 20 Mar - 19:14

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Sans doute était-ce un masque. Tout le monde en portait un, jour après jour il couvrait les parcelles de notre identité pour ne laisser entrevoir que des bribes de nous-mêmes. Nous tentions qu'elles soient les plus flatteuses possibles, selon nos propres critères. Nous essayions de présenter aux autres l'image qu'il attendait de nous, simple reflet d'un désir que nous ne serions parvenus à satisfaire en exposant nos réels atouts. Une vaste mascarade, ni plus ni moins, où le meilleur costume serait celui qui vous permettrait d'atteindre les plus hauts sommets. Malheureusement, cette faculté à dissimuler notre véritable Moi ne datait pas des éruptions solaires. Les humains avaient cette facilité à mentir qui faisait de nos journées des représentations théâtrales constantes. Si je n'avais jamais frôlé les planches, la scène quotidienne m'avait suffi à gagner ce talent de l'interprétation.

Peut-être était-ce donc le plus beau sourire qu'il avait à m'offrir, toutefois on pouvait déceler dans ses lèvres tirées ce semblant d'angoisse qu'il tentait en vain de cacher. Une apparence, rien de plus. Je me souvins de la première fois où j'avais frôlé ce sol, pénétré dans ce bâtiment qui me paraissait imprenable. Entre fascination, stress et haine, ma poitrine se soulevait dans un rythme régulier alors même que chacune de mes respirations me brûlait les poumons. Ne pas montrer la peur, ne jamais exprimer la terreur, les loups la sentent.

Quand enfin le garde le laissa franchir le seuil, ses traits se relâchèrent presque imperceptiblement. Les zébrures dorées du soleil traçaient des lignes droites sur le sol blanc dans un effet qui aurait ébloui les yeux les plus clairs. Même si je ne le regardai pas, gardant en visée le bureau de l'accueil, ses paroles me laissaient percevoir l'angoisse latente qui devait dévorer son âme. Il confessait son attente à venir nous trouver délibérée, une manière de prouver qu'il avait pris ma proposition au sérieux. L'amusement me gagnait : s'il voulait me convaincre, il n'aurait pas dû avouer son subterfuge qui, j'en étais sûre, était aussi voué à nous assurer de sa "très longue" réflexion qu'il l'était à lui donner le courage de franchir les portes de cette entreprise impressionnante. Pour tous, le WICKED dégageait une aura. Qu'ils la pensent positive ou négative, sauveuse ou destructrice, il était impossible à quiconque de rester indifférent : sa puissance et son influence s'étendaient bien au-delà des remparts de Kansas City, bien au-delà de la zone saine...

Réponse terminée, nous arrivâmes à proximité de l'accueil et je lançai à une des secrétaires :

- S'il vous plait, prévenez M. Davenport que Mlle Moore lui amène le candidat dont elle lui a parlé.

Sans une parole de plus, je me tournai pour rejoindre les escaliers. La présence de Niels ne me priverait pas de mes minutes ensoleillées, surtout pas maintenant que je sentais monter une pression dans ma poitrine. Les questions se bousculaient en effet, tranchantes et anxieuses : qu'arriverait-il s'il n'était finalement pas à la hauteur ? Bien que cela n'aurait pas de conséquence directe, il était certain que je chuterai dans l'appréciation générale et si cette possibilité ne m'avait pas effleurée plus tôt, le couperet qu'elle représentait ne me rassurait pas pour le moins du monde. Cependant, n'était-ce pas pour cette raison que j'avais entretenu Matthew en priorité ? Sur l'ensemble des employés du secteur des relations humaines, c'était sans doute lui qui était le moins carnassier.

Qu'on ne se trompe pas, son travail était fait avec méthode, application et même une note de zèle. Toutefois, là où d'autres poussaient le vice aux extrêmes, lui se contentait de pousser les potentiels candidats à la faute... Nous devions savoir qui pénétrait dans l'organisation, question de sécurité. Heureusement que mon recruteur n'avait pas été aussi fin limier qu'il l'avait cru, songeai-je avec une touche d'amusement qui vit naître une esquisse de sourire au coin de mes lèvres.

Les couloirs se suivaient, dédale implacable qui me faisait parfois songer à ceux qu'empruntaient les coureurs du Labyrinthe. Nous aussi, nous avions nos créatures : nos monstres tapis derrière chacune de ces portes. S'ils n'arboraient pas de griffes, leurs idéaux pouvaient être bien plus dangereux encore...

Une porte à double battants plus tard, nous étions dans le service adéquat. Le bruit des claviers dont les touches s'enfonçaient en rythme était doux à mes oreilles, mélodie apaisante pour mon esprit en proie au doute. Matthew nous attendait déjà.

Avec son mètre quatre-vingt cinq, sa mâchoire carrée et ses yeux d'un bleu azur, il était impossible d'ignorer que même en période d'apocalypse toutes les nanas gloussaient à son passage. Je n'avais jamais gloussé pour un mec, trop indépendante, même si je devais bien admettre que Matthew aurait été un bon plat de résistance... S'il arborait toujours un sourire en me voyant, sa mine était grave et remplie de sévérité. Il attendait beaucoup de cette nouvelle recrue et je n'y étais pas pour rien, sans doute avais-je un peu trop tartiné à propos de ses compétences... Un regard en coin vers l'intéressé qui me suivait toujours en silence : il allait assurer, enfin j'espérais !

Réajustant dans un réflexe ma blouse entrouverte qui laissait voir un chemisier pourpre marbré de noir, je saluai Matthew de la façon la plus solennelle qui soit. En se postant ainsi, il avait donné les règles et je comptai bien entrer dans son jeu pour le satisfaire. Satisfaire le WICKED.

- M. Davenport, dis-je à son attention avec un hochement de tête avant de me tourner vers Niels, - M. Welligton, voici M. Davenport, chargé des recrutements. M. Davenport, le jeune homme dont je vous ai parlé, ajoutai-je en inclinant la tête vers notre potentiel apprenti.

Matthew fit un pas en avant, tendant une franche poignée de main à Niels.

- Enchanté M. Welligton, annonça Matthew d'une voix grave mais chaleureuse qui contrastait avec sa posture sévère, ce qui ne contribuait qu'à rendre la situation plus déstabilisante. Après ce que Mlle Moore m'a raconté à votre propos il me tardait de vous rencontrer...

Et il en rajoutait le sagouin. J'étais admirative de ses techniques, il savait parfaitement jouer avec l'esprit d'autrui. Après tout, ne possédait-il pas un sacré bagage dans le domaine de la psychologie ? Doctorant avais-je entendu dire, même s'il ne devait flirter qu'avec les vingt-huit ans au plus.

- Suivez-moi, nous allons trouver un endroit au calme... Décidément, il savait jouer sur les mots et être rassurant, pensai-je avec ironie.

D'un geste de la main, j'intimai à Niels de passer devant moi pour suivre celui qui déciderait de son avenir au sein du WICKED. Seulement quelques mètres plus loin, mon recruteur favori passa sa carte d'accès dans la fente d'un boîtier de contrôle qui activa l'ouverture d'une porte en verre teintée. Coulissante, elle sembla s'enfoncer dans le mur tandis que se révélait une pièce exigüe aux murs entièrement parés de blancs. Peu de meubles la rendaient fréquentables : une table en son centre, deux chaises. Adorable. Théâtral. Tant que je m'entendis songer que mon choix avait été judicieux : même si je ne l'avais évalué que quelques heures durant Niels paraissait bien trop intelligent pour se laisser intimider par de tels artifices. A moins qu'il ait réellement quelque chose à se reprocher, un secret à cacher... Ce serait alors une toute autre histoire.

- Installez-vous M. Welligton, lui demanda Matthew en prenant place sur la chaise la plus proche de la seule porte qui déservait l'accès à la salle, obligeant Niels à se bloquer dans l'espace restreint que lui offrait l'autre extrémité de la table. Je restai pour ma part à droite de la porte, juste derrière Matthew. Si vous êtes d'accord, je souhaiterais que Mlle Moore assiste à l'entretien.

Déjà, le premier test. La façon dont il répondrait à cette simple question serait un indice pour Matthew. Un indice qui déterminerait la suite des hostilités. Alors, comme lui, j'observai la moindre de ses réactions, de ses expressions et je savais pertinemment que Matthew en était également au même stade, celui durant lequel on contemple l'animal blessé et où on se demande comment on va pouvoir tout savoir de lui... Des gens de confiance, voilà ce dont avait besoin le WICKED et ils étaient peu nombreux. Réussirait-il dans cet exercice ?



Dernière édition par Alexandra Moore le Mar 20 Mar - 23:17, édité 1 fois
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MessageMar 20 Mar - 21:59

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Bel et bien là en chair et en os, mais pour combien de temps ? Allait-il vraiment sortir vivant de cet entretien ? Il se laissait guider par les pas réguliers et gracieux de la brunette. Quel âge avait-elle au juste ? Vingt ? Vingt-et-un ? Vingt-deux ? Cela devait être dans ces eaux-là, mais bien évidemment, cela ne se faisait pas de demander l’âge aux demoiselles. Si au début, son sourire avait eu du mal à cacher son angoisse avec le garde, il se rendait compte qu’il y arrivait beaucoup mieux avec elle, sans doute que le test lui faisait plus peur que l’entretien, car il savait que le test était une chose de vie ou de mort immédiate sur lui. Si Alexandra l’avait remarqué, cela avait bien dû l’amuser, il en était certain. Les bâtiments étaient loin de le laisser indifférent. Tout était grand, spacieux et éclairé, en bref tout à l’image propre et impeccable qu’ils s’efforçaient de promouvoir dans le monde entier. Ils gardaient les portes bien fermées comme ils laissaient la crasse bien enfouie dans un endroit que personne ne pouvait trouver aux premiers abords. Intelligent. Quand il avait avoué avoir voulu attendre un peu plus longtemps, il avait senti que sa réponse l’amusait. Pourquoi ? N’avait-il pas répondu d’une manière maligne ou aurait-il dû attendre un peu plus tard pour ça ? Ils atteignirent l’accueil et Alexandra annonça son arrivé. Un certain Davenport allait donc être celui qui aurait le pouvoir de décision sur lui. Niels sourit intérieurement quand il se disait que le nom de famille sonnait assez anglais et non américain. Venait-il d’Angleterre tout comme lui ? Il le saurait très bientôt, mais en attendant, le blondinet se prépara mentalement à son arrivée. Il imaginait le type froid comme de la glace - sinon ça ne serait pas amusant - et sévère.

Alors qu’ils reprirent le chemin vers les escaliers, les questions revinrent en lui. Et s’il n’était pas à la hauteur de leurs espérances ? Et si pour eux, il n’était qu’un gamin de dix-neuf ans ? Non, ces questions devaient partir et le jeune homme ferma vite fait les yeux pour faire le vide dans sa tête. Il n’avait pas besoin d’interrogations. Il allait assez en subir en plus ! Plus ils se avancaient dans l’enceinte, plus Niels se demandait comment il retrouverait son chemin si un jour il avait la « chance » de rejoindre leur navire qui finirait par couler officiellement. Car bon, si le WICKED affirmait être le SEUL espoir pour l’humanité, il fallait bien se mettre d’accord que derrière ces belles paroles, ils galéraient. Après avoir passé une grande porte, le bruit des claviers fut un détail dans sa tête très vite interrompu par un grand type qui les attendait de pied ferme. Davenport sans aucun doute. Il était très grand, sans doute un bon petit dix centimètres de plus que lui, pas moins, la même taille que son frère. Son corps était très carré, il aurait peut-être pu être un garde aussi avec ces yeux bleus azur qui avaient ce pouvoir d’attirer aussitôt l’attention. Niels attendait que les présentations se fassent. Le petit silence installé qui avait eut pour effet de faire battre son cœur plus rapidement, fut brisé par la voix d’Alexandra qui se donna au jeu des présentations. L’homme le salua alors en s'avançant vers lui pour lui serrer la main, chose que les gens ne faisaient plus dans ce monde à cause de la maladie, mais Niels s’empressa de lui serrer aussi la main. Apparemment, Alexandra avait raconté beaucoup de choses sur lui. Quoi donc exactement ? Il était curieux, mais il se contenta d’hocher la tête tout en parlant.

- De même Monsieur Davenport, répondit-il avec un sourire.

Niels avait fait très attention à sa poignée de main, il savait tous les détails sur ce premier geste et avait gardé sa paume tournée vers le haut tout en serrant ni trop rapidement ni d’une trop manière molle. Il l’avait regardé dans les yeux tout en lui parlant. Cette approche moins froide qu’il ne l’aurait imaginé calma son pouls infernal dans sa poitrine. Niels analysait la situation dans sa tête. Un homme d’allure froide, mais à la voix assez chaleureuse. Il savait que dans tous les cas, il fallait se méfier. Au lycée et puis même pendant son aventure ainsi que durant son recrutement au sein du Bras Droit, il avait apprit qu’une personne trop sympathique pouvait cacher un côté sadique incroyable et que les personne de marbre et intimidantes étaient en fait bien plus gentilles que ça derrière, alors forcément cette espèce de mix qu’offrait ce Davenport était assez surprenant. Il allait être conduit dans un endroit qualifié de calme et il ne se demandait même pas ce que cela pouvait être vu qu’un petit silence régnait dans les couloirs. Il imaginait bien pire de leur part. Les couloirs n'étaient rien comparés aux étranges salles. Sans doute un genre de bureau tout blanc, pensa t-il. Il passa devant Alexandra qui lui faisait signe et il tenta un léger coup d’oeil vers arrière pour voir si elle suivait aussi. Davenport fit passer sa carte qui bipa pour leur annoncer l’ouverture de la porte dans une « restricted area ». Lorsqu’il vit l’allure de la pièce Niels sourit intérieurement. Il n’avait franchement pas été trop mauvais pour deviner dans quel genre d'endroit il allait subir cette interrogation et ils s’étaient clairement inspirés des salles de cellules de police d’autrefois. C’était digne d’un feuilleton américain. Tout pour mettre en scène ! Franchement, le jeune homme ne s’était pas du tout attendu à se retrouver dans une salle remplie de couleurs avec un petit thé, alors ce coup-là ne l’étonnait pas plus que ça au final. Il s’installa sur la chaise - en posant son sac à dos à côté de lui sur le sol - que lui désignait l’homme qui lui annonçait alors qu’Alexandra allait rester pour l’entretien. Première question. Son "d’accord" cachait un « cela vous dérange t-il ? » Absolument pas, au contraire, voir ce visage familier était plus réconfortant même s’il savait qu’Alexandra était aussi très forte pour les questions.

- Cela ne me dérange absolument pas Monsieur.

Allaient-ils jouer au fameux eu du « good » et du « bad «  flic ? Sans doute oui, alors le jeune homme avait prit soin d’hocher la tête en les regardant l’un après l’autre -lui, puis elle -  avec un sourire poli. Ne fixer qu’Alexandra aurait été une erreur, il l’aurait de suite désigné en tant que « good cop » alors il choisissait de montrer qu’il avait confiance aux deux à la fois en acceptant la présence d’Alexandra, mais en validant la « proposition » de cet homme qui lui était encore inconnu qui allait sans doute lui demander de se présenter dans quelques secondes. Niels ne garda pas ses mains sous la table, on lui avait toujours répété que ce n’était pas bon. Cela trahissait au contraire de la peur, alors il les posa sur la table - signe qu’il n’avait rien à cacher - sans pour autant aller plus loin. Il était hors de question de mettre ses coudes, signe bien malpoli qui envahirait l’espace de l’interlocuteur.

 
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MessageMer 21 Mar - 1:55

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Bien trop facile. Même si mon expression restait de marbre, mes pensées se faisaient rieuses alors que mon candidat venait de nous servir la réponse la plus stéréotypée possible. Matthew n'attendait rien d'autre. Il était évident qu'il n'y avait jamais eu la moindre interrogation : je serai restée dans cette pièce que ce jeune homme le veuille ou non. Néanmoins, ses paroles simples et épurées nous apprenaient déjà beaucoup. En effet, elles prouvaient qu'il était soit docile et savait parfaitement entrer dans le rang, bon petit soldat, soit qu'il était suffisamment intelligent pour nous dire exactement ce qu'on souhaitait entendre. Devinez quelle était la configuration que le WICKED préférait ?

J'entendis Matthew lâcher un petit hoquet décontracté, on n'aurait su dire s'il s'agissait d'un signe d'assentiment ou de dédain... Définitivement, il avait une aisance que je lui enviais et une prestance qui ne pouvait laisser indifférent.

Pendant que Niels s'était mis à l'aise ou du moins faisait tout pour que nous pensions que c'était le cas, posant ses mains visibles sur la table dans une attitude qui criait qu'il n'avait rien à cacher, le recruteur avait fait mine de se chercher quelque chose du regard avant de se tourner vers moi.

- Alex, la tablette s'il te plait, me demanda-t-il avec un sourire charmeur.

Voilà qu'il se mettait à jouer avec moi par la même occasion. Peut-être aurais-je dû me méfier de son attitude, de son sourire qui me rappelait tant une nuit de perdition où j'avais succombé au pétillement vivace dans son regard... Nous n'étions pas allés jusqu'au moment qu'il avait tant désiré et je savais que m'y amener était un défi dans son esprit de dragueur invétéré. Finalement, j'étais autant un divertissement pour lui qu'un moyen de pression sur Niels : si ce rôle de potiche m'aurait agacée un autre jour - ce qui aurait indubitablement fini avec perte et fracas connaissant mon caractère de chien -, il me seyait à merveille. Après tout, je distrayais celui qui allait avoir le droit de vie ou de mort sur mon petit protégé au WICKED - enfin, façon de parler ! - et j'avais dans l'idée que ça le rendrait moins attentif aux erreurs qu'il pourrait commettre. C'était mal le connaître.

Je jetai un coup d’œil dans mon dos. Un porte-document était fixé au mur, des dossiers y étaient rangés dans chacun des étages et en dépassaient légèrement. Il n'y avait rien dedans, des pages vierges ou au mieux des tests de personnalités classiques ou d'examen qui n'auraient aucune incidence sur ce que nous étions en train de faire. De la poudre aux yeux, encore et toujours. Repérant l'étui blanc, je m'en emparai avant de faire quelques pas en avant pour la tendre à Matthew avec un sourire qui se voulait sérieux. Un regard plein de défi plus tard, il se retourna à nouveau pour débuter réellement l'entretien... Enfin plutôt l'interrogatoire.  

- Très bien M. Welligton, tout d'abord j'ai besoin que vous me confirmiez votre identité. Nom, prénom, âge, ville d'origine,... dit-il sans quitter des yeux la tablette où je pouvais l'apercevoir ouvrir le fichier répertoriant toutes les personnes testées à l'entrée dans la zone saine. Tout est toujours noté à la va-vite malheureusement lors de certains contrôles.

Critiquer nos procédures d'emblée ? Il n'avait pas froid aux yeux... Je ne cillai pourtant pas, m'étant à nouveau reculée jusqu'à m'adosser contre le mur, un talon relevé et appuyé contre la plinthe aussi immaculée que le reste des parois.

- J'espère que le vôtre s'est bien passé ? embraya-t-il sans attendre.

Précis. Vicieux. Pousser Niels à nous fournir son avis sur le WICKED de prime abord dans un contexte banal était une excellente tactique, d'autant plus que je ne doutais pas que Matthew avait d'ores et déjà un plan en tête pour que cette première déclaration puisse faire écho à bien d'autres dans l'échange qui suivrait. Une simple production d'inférence serait ensuite un jeu d'enfant pour déceler le mensonge ou la sincérité, le doute ou l'engagement, l'opposition ou l'adhésion.

La partie pouvait commencer...


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MessageMer 21 Mar - 14:16

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De toute façon, avait-il vraiment le choix ? Non. Ce n’était pas une question, mais une affirmation, alors que cela lui plaise ou pas, Alexandra allait rester, donc heureusement pour lui qu’il était d’accord. Les deux semblaient aussi se mettre à l’aise devant lui, probablement pour le destabiliser, mais cette fois-ci, le jeune homme n’avait pas envie de se laisser faire aussi facilement. Il allait se comporter exactement comme ce genre de monstres attendaient de lui, alors ce n’était pas des sourires sadiques qui allaient lui faire perdre sa concentration.

* * *

- Bon sang, mais tu t’en fiches Isaac. Ils le font exprès pour te déstabiliser au cas où tu n’aurais pas encore compris, c’est comme ça que ça marche sinon ce n'est pas drôle. Alors tu prends ton courage à deux mains et tu fonces pour décrocher cette bourse, c’est clair ?

Le jeune blondinet fixait son frère dans les yeux, bien déterminé à lui faire passer le message. Aujourd’hui était un grand jour pour le blond qui avait réussi à avoir un entretien avec l’université qu’il voulait. Le monde semblait compromis, mais les deux jeunes hommes s’efforçaient à vivre de la manière la plus normale possible.

- Et c’est toi le plus jeune d’entre nous qui parle. C’est moi qui devrais te dire ça Niels, pas l’inverse, soupira Isaac.

Niels croisa les bras et lui fit un de ses sourires les plus joueurs. Décidément, son frère faisait partie de cette catégorie de personnes qui avaient beaucoup trop de fierté à porter.

- M’en fiche. J’ai déjà eu plus d’entretien que toi à l’heure actuelle, donc je sais de quoi je parle. Méfie-toi des apparences et puis donne leur ce qu’ils veulent. Fais ressortir en toi le "malin Isaac", Mhm ?

Son grand frère lui donna une tape amicale sur l’épaule en le remerciant puis lui ébouriffa les cheveux ce qui fit rire Niels. Ils étaient différents, mais de l’autre côté, chacun était capable d’apporter à l’autre.

* * *

Un sourire agaçant et charmeur ?  Il commençait à voir deux situations possibles, une imaginée par sa raison et l’autre par autre chose de moins terre à terre. Sa raison lui disait que les deux jouaient une espèce de rôle pour rajouter des feux d’artifice dans ce ciel coloré, mais qui méritait encore plus de couleurs. De l’autre côté, l’autre côté pas du tout rationnel, lui murmurait que les deux étaient ensembles. Il préférait largement la première option et se concentra dessus. Il s’était égaré, c’était mal, mais il était évident que ce mec était une chose que les femmes pouvaient qualifier « d’attirant » . Comment pouvait-il être à la hauteur face à ce type ? Mais pourquoi pensait-il à ça au juste ? Incroyable. Bien sûr que le physique ne faisait pas tout pour intégrer le WICKED, il fallait qu’il arrête de délirer deux secondes !

Le brun avait donc demandé à Alex la tablette et Niels se demandait bien à quoi ça allait servir. Les questions étaient-elles marquées dessus ? Non, ce Davenport était bien trop intelligent pour ça. Alors, il allait sans doute lui demander de la faire fonctionner pour vérifier qu’il n’était pas con et qu’il se souvenait encore de ces merveilleuses petites technologies qui semblaient maintenant bien lointaines pour le monde en perdition. Autour de lui, il y avait pleins de dossiers avec une quantité de feuilles incroyables et il se demandait bien pourquoi le WICKED s’amuserait à cacher des informations purement confidentielles dans une salle où des candidats - parfois mal intentionnés - mettaient les pieds. C’était trop stupide. Trop surréaliste. Alors cela ne faisait partie que du décor qu’ils prenaient tant de plaisir à mettre en scène. Cela le détendait bizarrement, bien plus que les sourires dragueurs par-ci par-là qui l’agaçait, mais ça il se le gardait et il était assez intelligent pour ne pas le montrer dans ses expressions.

Les questions débutèrent enfin et encore une fois jackpot ! La présentation. Niels n’avait pas encore beaucoup parlé, mais ce Davenport avait deviné qu’il n’était pas d’ici, mais d'une île autefois royale et géante à l’autre bout de l’océan. Il devinait alors que tout était noté sur lui dans cette tablette et il se demandait si son statut d’immune y était. Pour lui non, car il n’avait pas subi le mode rapide avec Alex mais.. « et merde » pensa t-il en repensant alors à son contrôle terrible à l’entrée de la zone saine. Il avait raconté à Alex ce contrôle en lui montrant même sa blessure.

- Oui, je suis bien Niels Nathaniel Welligton. Je suis né dans la paisible ville de Londres le 22 septembre 2141, ce qui fait de moi une personne âgée de dix-neuf-ans.

Le brun venait d’avouer volontairement sans aucun doute que tout était noté à la va-vite aux contrôles. Il attendait qu’il confirme ce qui serait une grossière erreur. Ne jamais au grand jamais critiquer les procédures comme eux se prenaient la liberté de le faire. Il n’était rien ici, il n’avait aucun recul pour critiquer quoi que ce soit. Niels ne parlait pas en mode « robot » comme il aurait pu le faire pour donner toutes les informations concernant son identité. Non, il préférait les plus longues phrases qui sonnaient mieux, après tout les mots lui rappelait aussi ce côté littéraire qu’il avait, alors il soignait tout jusqu’au bout tout comme il avait expliqué dans les moindres détails à Alex comment on faisait une prise de sang. Niels adorait ça. Et voilà qu’il revenait au "contrôle". Avoir dit ce mot deux fois en quelques secondes à peine confirmait qu’il voulait réellement en arriver là. Pourquoi ? « Ne pas avoir peur, ne pas avoir peur. » S’ils voulaient l’emporter, il avait de quoi se défendre. Mais que dire sur ce contrôle assez spécial sachant qu’il avait tout raconté à Alex ? Si les deux en avaient déjà parlé ou s’entretenaient tous les deux à la fin de cette entrevue, ils auraient deux versions l’histoire ce qui le décrédibiliserait. Alors il fallait raconter la même version.

- Disons que je me souviens bien plus du second réalisé par mademoiselle Moore que du premier où j’étais blessé, mais oui, tout s’est bien passé. Dans tous les cas, les testeurs du WICKED sont rapides et efficaces pour maintenir les foules.

Il voulait son avis ? Et bien, il l’avait. Il n’était pas suicidaire pour dire que les WICKED étaient des connards sans pitié qui n’en avaient rien à fiche de gosses qui hurlaient vu qu’ils étaient séparés de leurs parents ou bien emmenés pour être testé et mourir chez eux. Que croyait-il ? Il était loin d’être aussi con. Tout en parlant, le blondinet était en train de penser dans sa tête que le WICKED était doué pour rassurer les personnes de la même manière que lui l'avait fait.  Il les imaginaient en personnes à l'écoute. Tout ce qu’il disait à voix haute devait être aussi dit dans sa tête afin d’accompagner ses gestes à ce qu’il disait. S’il pensait à quelque chose avec un esprit fermé et négatif, ses gestes le trahiraient, alors il faisait l'inverse. Ici, le brun cherchait à comment il allait procéder et la moindre de ses paroles lui indiqueraient par quelle voie, il voulait continuer. Dun côté, Niels était un peu le maître de cet entretien en fait grâce ou à cause de ce qu’il disait, pensait et faisait. Sans doute Davenport avait-il cherché partout sur lui tous les petits indices d’émotions qu’il avait eus au moment où il l'avait écouté puis qu’il lui avait répondu pour savoir si le tout était en accord. Niels se remerciait tout seul d’être resté cohérent. Alors, oui, par quelle émotion le piéger par la suite ?

 
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MessageJeu 22 Mar - 2:09

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British. Son accent chantant m'avait déjà mise sur la voie lors de notre première rencontre, sans que je n'ose m'aventurer à lui demander d'où il était originaire. Les images se bousculaient dans mon esprit, des photographies d'un autre temps qui s'étalaient dans les magazines ou dans les émissions de télévision : Big Ben, le London Eye, la Tour de Londres ou le fameux Tower Bridge... Leur allure pleine de solennité et de magnificence me revenait en mémoire. Ils étaient des témoins du temps qui passait, des témoins de l'Histoire avec un grand H. Désormais, qui pouvait savoir dans quel état ces édifices devaient se trouver... Les éruptions solaires avaient dévasté bien des villes, le chaos qui avait suivi l'émergence et la propagation de la Braise avait fait le reste. Mes pensées dérivèrent et bientôt il me sembla entendre des musiques endiablées, des rires si francs qu'ils emplissaient l'espace tandis que des couleurs vives peignaient des chars d'où des colliers de perles s'élevaient avant que la foule ne les engloutisse pour s'en parer. Les mélodies du Vieux Carré avaient cette capacité à rassembler les gens, à les unir dans des bacchanales sans pareille. Aujourd'hui, le partage appartenait au passé.

Était-il aussi nostalgique que moi ? Si seulement quelques heures de route me séparaient de mon ancienne existence, que pouvait-on ressentir à des milliers de kilomètres de son pays ? Je cherchai la réponse dans son regard argenté sans rien n'y trouver à part un contrôle de soi qui poussait à l'admiration. Décliner mon identité comme il venait de le faire m'aurait arraché la langue, broyé la gorge et coupé le souffle. Les informations seraient sorties de manière mécanique, presque robotique, mais j'aurais sans nul doute senti un craquement sonore dans ma poitrine : celui d'un cœur qu'on brise et qui pleure des larmes de sang, un sang maternel qui n'était que le premier malheur d'un cauchemar dont je finissais par croire que je ne me réveillerais jamais.

Au-delà de la vitre teintée vers laquelle mon regard avait dérivé, l’horloge continuait sa progression en projetant chaque seconde davantage le monde dans les ténèbres. Les aiguilles progressaient sur le cadran dans cette rythmique impeccable qui me donnait le vertige. L’effet miroir me permettait d’apercevoir seulement le visage concentré de Matthew qui ne détournait plus son attention des lignes d’informations qu’affichait la tablette. Placée trop en arrière, ses épaules dissimulant l’écran à ma vue, il m’était impossible de lire quoi que ce soit. Toutefois, je devinai que Niels avait fait mouche : aucune raison de le contredire sinon Matthew n’aurait su se retenir.

Je penchai la tête légèrement sur le côté alors que le jeune homme répétait le scénario de son arrivée dans la zone saine, satisfaite qu’il se confie honnêtement au recruteur. Dans ma tentative de préparer au mieux cet entretien, j’avais fait part à Matthew de l’ensemble des échanges que j’avais pu avoir avec Niels – ou plutôt de l’ensemble des échanges « utiles », comprenez par là que la ventoline était toujours portée disparue et que mes collègues avaient totalement suivi ma justification quant à la raison du changement brutal de mode de contrôle de la population ! Alors quand Niels nous caressa dans le sens du poil, je ne pus empêcher une esquisse de sourire de naître au coin de mes lèvres. Si Matthew ne releva pas immédiatement, il détacha enfin son attention de la tablette pour adresser un sourire amusé à Niels, déridant ses traits précédemment bien trop sérieux.

- Efficaces et rapides ? répéta-t-il  sur un ton étonné. Alex, enfin Mlle Moore, continua-t-il pour alimenter la connivence qu’il tentait d’instaurer entre nous, tels deux prédateurs autour d’une proie esseulée dont les lamentations trop douces auraient attisé un désir sauvage, tout en embrayant avec naturel : m’a expliqué que c’est justement à cause d’un « débordement » qu’elle vous a permis d’aider l’équipe sur le terrain, m’aurait-elle menti ?

Son intonation était mêlée d’un petit rire qui paraissait si franc qu’il aurait pu me tromper. Moi-même j’avais bien du mal à savoir s’il dédramatisait cet excès de complaisance ou si… Point besoin de la formuler : cette seconde possibilité n’était pas des plus rassurantes. Instinctivement, ma mâchoire se contracta. Les muscles de mon cou se raidirent, créant deux longues lignes tendues de part et d’autre de mon larynx. Matthew tentait bien trop rapidement de le pousser à la faute : si je n’avais que vingt-et-un ans, cela faisait des années que j’avais appris à répondre ce qu’on attendait de moi. Lui n’avait eu aucune préparation aux requins qui grouillaient ici et j’avais bien peur qu’il ne sache pas qu’il empestait déjà l’odeur du sang frais.

Je lâchai un petit rire à mon tour, plus léger, avant de planter mon regard dans celui de Niels en clignant des yeux un peu plus que nécessaire pour attirer son attention vers moi. Stratagème idiot, je ressentais le besoin de le rassurer, de lui montrer que j’étais de son côté. Il allait vraiment falloir que j’arrête de songer que j’étais responsable de lui parce qu’un brin d’égoïsme m’avait poussée à lui proposer cet entretien sur un plateau d’argent…

- Jamais je n’oserai Matthew ! me défendis-je en lui renvoyant la familiarité avec une voix faussement outrée.

Connaissant son caractère, il ne m’en voudrait pas et mon intervention osée aurait peut-être l'honneur de devenir un flirt de plus dans son carnet, sans doute noté à la rubrique des originaux ou des lieux improbables.

- La question est de savoir si je n’ai pas menti sur ses compétences.  Et elles ont plutôt été étonnantes pour une personne de son âge…

Recentrer le débat éviterait que Matthew n’aille trop rapidement en besogne dans son appréciation, un simple mot de trop aurait pu lui faire penser dès à présent que Niels faisait partie de ses personnes trop dociles pour être honnêtes alors même que j’optai personnellement pour une phrase lâchée spontanément sous l’effet du stress.

- Effectivement… me répondit Matthew en m’adressant un regard en utilisant le reflet de la vitre qui lui faisait face pour éviter de se détourner du candidat. Puisque les curicculum vitae sont surfaits, je vous propose donc de m’expliquer quelles sont exactement vos qualifications. Diplômes, études,… Stage ? termina-t-il.

Voilà qu’il lui faisait le coup des questions aux réponses connues pour le surprendre et faire sentir à son interlocuteur qu’il savait déjà tout de lui. Avoir conscience que la personne qui vous toisait connaissait des détails de votre existence alors même que vous ne saviez rien d’elle n’était-il pas la pire des situations ? L’angoisse ne pouvait qu’être saisissante tant vous pouviez vous sentir vulnérable ainsi exposé comme un vulgaire mannequin dans la vitrine d’une allée passante, dépossédé presque de vos propres mots. Cependant, je ne m’inquiétai guère de cette étape : il lui suffisait de répéter le récit dont il m’avait fait part. La sincérité suffirait, sans ajout ni hyperbole.

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MessageJeu 22 Mar - 14:36

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Song here "Alexandria - Ludovico Einaudi"

Repenser à sa ville natale lui procura à la fois cette douceur familière, mais aussi ce pincement au cœur. Il avait eu du mal à se dire qu’il ne pourrait sans doute plus y retourner, mais avec le temps, la douleur avait finie par s’apaiser. Parfois, il y repensait et il se rendait compte que c’étaient les choses les plus anodines qui lui manquaient telle que regarder d’abord à droite au lieu à gauche pour traverser. Les bus rouges qui donnaient une couleur chaude à toutes ces grandes rues larges dont il était habitué lui rappelait que leur ville était unique. Voir la roue du London Eye danser au loin, les adolescents en uniforme, les bruits des portes du Subway qui se fermaient, ou encore l’odeur de la spécialité culinaire de sa grand-mère.. Oui, tous ces petits éléments-là n’étaient pas ici.. mais à l’autre bout de l’océan où aucun retour n’était envisageable ni même possible. Les pays s’étaient tourné le dos, se plongeant dans un isolationnisme inédit. Niels aurait bien voulu avoir un petit sourire nostalgique et soupirer pour libérer cette pointe de chagrin dans son cœur, mais il la retint à son plus grand désarroi. Partir de la maison pour aller au lycée avec son uniforme bleu foncé qui allait parfaitement avec ses cheveux blond platine et annoncer à sa mère qu'il partait rien qu'en criant dans le hall "c'est Niels, j'y vais! ", mais qu'il ne recevait parfois pas de réponse, car elle était déjà partie au bureau lui manquait aussi. Les touches du piano du salon qu’il caressait avec tendresse afin de faire résonner une mélodie touchante semblait aussi être le vestige d’une autre époque, un autre monde même. Depuis quand n’en avait-il pas touché ? Que se passerait-il s’il en avait l’occasion ? Aurait-il tout perdu ? Ses efforts nombreux à tout apprendre auraient-ils été vains ? Il se souvenait d’être plutôt bon et lorsqu’il allait mal, il descendait toujours au salon pour s’installer devant cette grande merveille qui lui réchauffait le cœur dès qu’il commençait à l’apprivoiser.. Ah.. si seulement il pouvait revenir en arrière.. Il donnerait beaucoup pour pouvoir re goûter à ce plaisir..

Il venait de jouer la carte de l’honnêteté en racontant son récit d’arrivée et par l’ambiance qu’il régnait pile à cet instant-là dans la pièce, il sut qu’il avait bien fait. Il jurait avoir vu un léger sourire se dessiner sur le visage de la brunette qui avait sans doute tout raconté à Matthew. Lui avait-elle dit aussi qu’il lui avait montré sa cicatrice après un strip-tease improvisé ? Ce serait assez malaisant, surtout si les deux étaient ensembles, bien qu’il fût certain que ce n’était qu’une mise en scène comme tout ici d’ailleurs. Par ailleurs, sa tentative de dire ce qu’ils souhaitaint entendre lui valu un petit échec. Il venait de se rendre compte de sa bêtise au moment où le dernier mot était sortit de sa bouche et qu’il avait vu Alex sourire et Davenport relever les yeux quelques secondes amusé. Ses dires qui mêlaient à la fois incompréhension et surprise lui faisaient savoir qu’il s’était planté. Il allait répondre à ça, se rattraper comme il le faisait toujours, mais il n’en n’eut pas l’occasion. Son petit rire "ravi de l'avoir piégé" ne le rassurait pas. Il ne pouvait pas être ce gars gentil qui s’amusait gentillement de ce qu’il venait de dire. Les gens dans les entretiens faisaient toujours ça, alors qu’à l’intérieur, ils bouillonnaient, Niels n’était pas dupe. Davenport 1, Welligton 0.

Ne pas se décourager. Il pouvait toujours faire pencher la balance. Bien faire oui, mais intelligemment et d’une manière cohérente. Oui, ce dernier mot-là semblait lui être sorti de la tête et il se maudit. Une Alex qui se raidissait n’échappa pas à son angle de vue et il en eut le cœur serré. Avait-il autant merdé que ça ? Elle aussi allait sans doute l’expédier. Il fallait qu’il se concentre et qu’il ne les laisse pas créer cet effet de malaise, car c’était justement ça qu’ils désiraient, le déstabiliser. Mais pourquoi clignait-elle des yeux bien trop de fois pour que ce soit naturel alors ? Elle désirait qu’elle le regarde, mais il avait du mal à comprendre pourquoi. Il faisait comme si de rien n’était, car un trait froncé à cause de la surprise de l’incompréhension et Davenport aurait saisi. À moins que ce soit fait exprès, un autre piège peut-être ? À qui pouvait-il faire confiance ? Personne… Pourtant, son cerveau bugua à l’instant où la brunette se mit à agir très familièrement avec Davenport. Que faisait-elle ?! Était-elle en train de… non ? Pourquoi !? Détournait-elle son attention en redirigeant la conversation vers ses compétences, chose plus familière et moins dangereuse pour lui ? C’était exactement ce que la brunette venait de faire et tout ses petits clignements des yeux prenaient tout un sens, elle avait voulu le prévenir et elle avait rattrapé la chose, mais pour combien le temps ? Le brun se laisserait-il berner ? Et au grand Merlin pourquoi le soutenait-elle alors qu’elle était censée être du côté de Matthew ? Cela était suicidaire, qu’aurait-elle fait si Davenport l’avait chopé en train de lui faire le signe ?! Cette femme était étrangement folle.

Au moment où Davenport semblait confirmer ce qu’elle disait, il sut qu’elle lui avait sauvé la mise pour le moment et que ça allait être à lui de jouer. Ici, c’était plus facile, mais lorsqu’il se mit à énumérer plusieurs propositions, il sut déjà qu’il savait tout, mais comment ? Juste à cause d’un test, il était capable de savoir tout son parcours ? Étrange.. Non, ils avaient sans doute dû avoir accès à toutes les informations privées enregistrées en Grande-Bretagne. Les Américains avaient toujours été de grands paranoïaques, il se souvenait que lui et son frère avaient été tellement surpris par toutes les formalités. L'apocalypse n'avait pas arrangé ce comportement excessif. Il avait l’habitude des anglais toujours assez stricts et carrés, mais les américains eux vivaient sur une autre planète alors en suivant ce raisonnement il n’était même pas surpris. Il allait donc lui « confirmer » simplement que ce qu’il avait sur sa tablette était juste et peut-être que par chance il lui apprendrait des nouvelles choses non répertoriées dessus.

- Et bien pour commencer, j’ai obtenu à la Westminter School * mon « A-Level » with honors, l’équivalent du « High-School Diploma » ici, commença Niels en étant précis. J’ai choisi l’anglais, l’informatique, la psychologie ainsi que bien évidemment la science qui comprend biologie, physique et chimie. En dernière année, j’ai justement choisi de me spécialiser en science.

Il n’était pas obligé de parler de ses matières complémentaires comme le théâtre, ce n’était pas spécialement une faute ici de ne pas le mentionner et puis il ne voyait pas en quoi ça l’avancerait à part leur dire qu’il était bon comédien. Il y reviendrait sans aucun soucis si jamais il lui demandait, mais chez eux quand ils énonçaient ce qu’ils faisaient, c’était toujours les quatre grosses matières principales des A-L.

- J’aurais voulu aller étudier à l’université d’Oxford, mais l’apocalypse ne m’a pas laissé le temps, mais je n’ai pas perdu mon temps au lycée, car j’ai en effet eu un stage dans un cabinet médical qui s’est très vite transformé en formation à cause d’un manque de personnel.

Encore ici, le manque de personnel n’avait pas besoin d’une raison, tout le monde savait pourquoi.. Les gens décidaient de se casser dans d’autres pays en espérant trouver mieux ailleurs, mais souvent, ils trouvaient pire.. à leur plus grand désarroi.

- J’y ai donc passé beaucoup de mes soirées et tout les week-end afin d’apprendre de prime abord la théorie de la médecine générale avec l’un d’entre eux avant de passer aux bases pratiques, toujours en médecine générale. C’était un cabinet de plusieurs médecins spécialisés dans des domaines différents et il m’arrivait très souvent, une fois que j’avais les bases, d’apprendre leurs bases pratiques à eux avec chacun d’entre eux, c’est-à-dire la chirurgie, la cardiologie, l’odontologie et la neurologie.

Niels ne savait pas si dans un monde sans apocalypse, il aurait eu cette opportunité-là qui semblait assez surréaliste dans un monde de privilégié. Son nom avait été la cerise sur le gâteau, mais ici, son nom ne valait plus rien, alors pouvait-il être recruté pour le jeune homme talentueux qu’il était réellement ?  


* Ecole prestigieuse Number 1 à Londres.

 
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MessageSam 24 Mar - 2:42

The game of secrets has just begun, you better watch your backs.ft. Niels Welligton

Si j'avais eu une imagination plus fertile, le son sec du claquement d'un fouet aurait résonné à mes oreilles tant je me flagellais mentalement pour mon imprudence. Une fois de plus, je m'étais laissée porter par un élan que je n'avais pas su maîtriser. Il pourrait me coûter cher. En effet, quoi que j'ai pu penser dans un premier temps pour calmer la voix qui me répétait que cette envolée impétueuse était une énorme erreur, mon intervention ne s'était pas conclue à l'instant où j'avais enfin cessé de prendre la main sur cet entretien. Elle se poursuivrait dans l'esprit de Matthew et seule sa conclusion compterait...  

Je devais pourtant exclure de mes réflexions ce couperet invisible suspendu au-dessus de ma tête. Le remplacer par une implication sans concession dans ce qui se jouait devant moi, analyser le moindre des échanges qui avaient lieu et surtout éviter de m'impliquer à nouveau : car, s'il y avait bien une chose que ces dernières années m'avaient apprise c'est que rien ne servait de regretter ce qui était fait. Au pire j'assumerai, au mieux je passerai entre les mailles du filet. J'étais une anguille depuis si longtemps, me faufilant entre les récifs sans jamais m'y retrouver piégée mais si le courant m'avait portée, il pouvait aussi refluer. Cependant, sans que je ne sache l'expliquer, l'absence de rebond de Matthew sur mes dires m'avait rassurée. Un unique regard reflété m'avait suffi à percevoir un pétillement rapide, celui-même qui me permettait de compter sur son assurance charmeuse pour minimiser mon acte fougueux. Il avait peut-être du pouvoir sur les femmes, mais ce caractère de séducteur pouvait indéniablement se retourner contre lui. Un bon point qui me permit de centrer à nouveau toute mon attention sur l'échange qui s'annonçait.

Bien qu'en recruteur parfaitement à l'aise avec le maniement du verbe Matthew en ait profité pour appuyer ma demande de passage à un interrogatoire utile, ses paroles n'eurent absolument pas l'effet escompté sur Niels. Son ton posé et assuré prouvait que tel un poisson autrefois perdu dans un désert aride, il venait de plonger dans des eaux douces où il ondulait avec aisance. C'était complètement idiot mais je devais admettre que j'éprouvais un soupçon de fierté à l'idée qu'il ait pu rebondir ainsi grâce à ma petite prise de risque. Un poids se souleva de mon cœur, l'oppression se dissipait même si je ne cessais d'être alerte aux moindres réactions du trentenaire qui écoutait Niels avec sérieux.

En effet, sans lâcher la tablette, il avait entrepris d'observer Niels durant tout son discours pendant que sa main maniait un stylet qu'il déplaçait rapidement sur l'écran. Je pouvais en conclure que malgré le temps alloué, mon recruteur favori n'avait pas pu réunir la totalité des informations concernant la scolarisation de notre potentielle recrue et d'ailleurs comment lui en vouloir ? Il était devenu de plus en plus difficile d'en apprendre suffisamment sur le passé des personnes qui se présentaient. De nombreuses bases de données n'avaient pu être sauvées lorsque les principales villes du pays étaient tombées, sans compter tous les systèmes informatiques qui n'avaient supporté la chaleur des éruptions, faute d'une ventilation suffisante, et dont les serveurs étaient désormais irrécupérables.

L'intérêt de Matthew était contagieux, tout comme lui je buvais les paroles de Niels. Ses révélations s'enchaînaient même si rien que le nom de l'établissement dont il était diplômé avait suffi à m'impressionner. École on ne peut plus sélecte - et dont il était de notoriété publique qu'elle était réservée à une élite anglaise fortunée -, son diplôme bien que seulement du secondaire ne pouvait qu'attirer l'attention et confirmer une bonne capacité d'apprentissage.

Un instant, je m'interrogeai sur la vie qu'il avait pu avoir avant que le monde ne parte en vrille. Vivait-il réellement dans une richissime bicoque londonienne avec des parents acharnés de travail ou héritiers d'un empire ? Je m'égarai, je l'humanisai. Néanmoins, il m'était impossible d'éviter ce biais maintenant qu'il évoquait ce stage, ou plutôt cette "formation" qu'il disait avoir reçue. Si j'aurais douté de la véracité de ses propos, Matthew n'en parut pas étonné le moins du monde et continuait à permettre à Niels de monopoliser la parole. Ses qualifications s'enchaînaient à en donner le vertige et je me pris soudain à songer que les miennes avaient dû faire pâle figure lorsque j'avais intégré le WICKED.

Point d'école dorée pour moi, un lycée public. Basique. Tout ce que j'avais appris, je le devais à ma mère et aux heures innombrables que nous passions à partager sa passion pour les systèmes informatiques. Son travail consistant à coder des programmes - dont j'imaginais que certains étaient destinés au gouvernement, comme elle l'avait plusieurs fois laissé entendre -, elle en effectuait une grande partie sans quitter notre domicile. Je me souvenais sans peine des lignes entières qui défilaient sur ses écrans alignés en quinconce, de son rire quand j'avais commencé mes premiers essais de codage et des résultats plus qu'aléatoires. Je me souvenais aussi de son sourire tendre quand nous partagions des heures de tapotement sur nos claviers, sous la lumière bleue jusque tard dans la nuit. Je me souvenais qu'elle me disait qu'elle croyait en moi et qu'elle me soutiendrait que je veuille suivre sa voie ou en emprunter une autre. Je me souvenais aussi du coup de feu...

- Je comprends mieux que Mlle Moore vous ait proposé cet entretien.

La voix grave du recruteur m'avait sortie de mes pensées avec un petit sursaut. Visiblement, j'avais manqué la fin des explications de Niels sans que je doive toutfois m'en inquiéter vu la mine satisfaite de Matthew que j'apercevais dans la vitre teintée.

- Toutefois, je dois admettre que ce sont des choix intéressants pour vos matières principales... lâcha Matthew avec un sourire au coin des lèvres. On aurait pu attendre tout autre chose de la part d'un fils d'avocats réputés.

De mieux en mieux ! Apparemment, Matthew n'avait pas fait chou blanc sur l'ensemble des informations à retrouver pour parvenir à construire son discours ! Étant donné la fluidité avec laquelle il enchaînait les piques, les glissant à l'instant précis où elle pourrait déstabiliser notre candidat, il semblait évident qu'il avait parfaitement préparé cet échange et qu'il comptait bien juger également de la capacité du jeune homme à gérer ses émotions.

- J'ai cru apprendre qu'ils étaient décédés... embraya-t-il sans prendre plus de pincettes. La Braise, n'est-ce pas ?

De la cruauté, ni plus ni moins. Là où peu de temps auparavant j'avais cru pouvoir apaiser mon ressentiment quant à la fourberie dont mon collègue pouvait faire preuve, je constatai désormais qu'il était bien plus vil encore... Ses parents étaient morts. Malgré ma révolte interne que je dissimulais derrière une expression la moins crispée possible, je ne pouvais empêcher une pointe de compassion d'émerger dans mes prunelles sombres. Et, ce qui me faisait encore plus souffrir intérieurement était de savoir ce qui allait se passer ensuite... J'avais vécu la même expérience des années plus tôt, les mêmes paroles qui poussent au vice. C'était la première étape, la première d'une longue série de tentative pour anéantir sa morale. Une première étape à laquelle aucun cœur, même aussi pur que la lueur diaphane de la lune, aussi bienveillant que celui qu'il avait montré face à ses inconnus possiblement infectés, ne pouvait résister...


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Niels Welligton


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MessageSam 24 Mar - 4:20

Niels
&
Alexandra
The game of secrets has just begun, you better watch your backs.


Song here "Walk - Ludovico Einaudi"

À ce moment-là, plein de souvenirs resurgissaient dans la tête du blondinet. Vêtu de sa blouse blanche dont il était à chaque fois fier de porter, il se voyait réaliser chacun des exercices pratiques qu’il avait appris sur un ou une cliente d’un des médecins avec lequel il était à ce moment. Le blondinet se souvenait sourire à la personne en face de lui qui n'était pas très à l’aise.

- Oh mais non, ça va aller, rassurez-vous. On me l’a déjà fait, et c’est allé tout seul !, fit l’adolescent avec un petit rire sympathique. C’est juste disons désagréable, c’est tout. D’accord ?

Il rassurait comme d’habitude et quand il avait réussi l'exercice en entier, il n’était pas rare de voir le médecin en question s’exclamer « Ah mon apprenti n’est-il pas magnifique ?! » ce qui avait pour effet de le remplir de fierté à chaque fois. Il avait une sorte de récompense morale à chaque réussite. Cela lui manquait aujourd’hui. Manier tous ces ustensiles et parler aux gens tout en les aidant. Il avait retrouvé ce plaisir à quelques rares occasions pendant son aventure, mais c’était toujours dans l’urgence, et jamais d’une manière aussi formelle et posée. Certes, dans les cinq spécialités médicales qu’il avait découvertes dans ce cabinet, il y en avait eu deux bien plus difficiles que ce soit au niveau de la pratique où des choses à retenir. L’odontologie et la chirurgie lui avaient souvent bien cassé la tête.

- Ça rentre pas bon sang !, s’exclamait-il souvent chez lui tard dans la nuit, épuisé, pour au final se rendre compte qu’au petit matin il connaissait plein de choses.

Son esprit était incroyable et il pouvait retenir une quantité plaisante d'informations. Pendant longtemps, ses parents avaient voulu qu’il choisisse le droit dans ses options, mais il avait refusé. C’était une chose pour son frère ça, mais certainement pas pour lui et ses parents avaient finalement fini par se résigner, ayant bien compris que leur second fils avait trouvé sa voie et qu’il y excellait. Encore une fois, c’était grâce à ce « stage-formation » qu’ils avaient compris.

Quel effet ses paroles avaient-elles eu ? Il avait surpris une Alex impressionnée. Il avait eu du mal à le voir clairement, mais il l’avait capté dans l’air d’une manière ou d’une autre et il sentait bien qu’au moment où Davenport lui annonçait qu’il comprenait mieux pourquoi Alexandra lui avait proposé cet entretien, il venait de marquer un point. Davenport 1 - Niels 1. La balance était maintenant équilibrée. Cela lui faisait du bien, et l’encourageait. Il avait eu l’opportunité de montrer ce qu’il savait grâce à la diversion magique d’Alex. Mais le « toutefois » qui commençait déjà cachait un truc qu’il allait vite entendre. Une première remarque. Oui forcément, dans un entretien, même le plus positif devait comporter un petit hic, c’était une règle d’or non ? Ou s’il n’y avait pas de petit hic embêtant, on agissait autrement. On se débrouillait, mais on trouvait et Davenport semblait être un expert en la matière. La profession de ses parents arriva alors dans le game et Niels sourit légèrement en hochant la tête. Celle-là, il avait eu énormément d’entraînements. Ces grandes réceptions dont il était fort habitué depuis sa naissance avaient été le parfait champ de bataille.  «C’est fabuleux tout ça jeune homme, mais ne serait pas plus judicieux de prendre la relève de vos parents, de leur faire honneur et de vous mettre au droit ? » Le droit. Le Graal pour sa famille. Il s’en était tellement bouffé de ce genre de remarques et il avait toujours appris à répondre avec calme et un sourire poli. Toujours prendre sur soi. Ne jamais au grand jamais les énerver, ni même les contredire. Il leur expliquait qu’il avait fait un choix différent et qu’il était fier d’y être brillant. Après cela, il se tournait vers le buffet pour offrir un toast à la tante en question. Hypocrisie totale, mais dans ce monde-là, tout n’était qu’hypocrisie avec un grand H.

- Oui, c’est exact. Ma famille tenait à ce que je choisisse au moins un sujet ayant rapport avec le droit, mais je ne l’ai pas fait. Ils ont fini par accepter la voie que je me suis faite.

Ce Davenport connaissait tout de lui. C’était flippant, mais pas étonnant vu dans le pays où ils se trouvaient, alors il tentait de relativiser jusqu’au moment où son cœur se serra littéralement lorsque Davenport annonçait de la manière la plus naturelle possible, le sujet le plus douloureux qu'il puisse exister en ce monde :  la mort de ses parents. Il avait l’impression que Matthew était dans un salon de thé et qu’il lui demandait si c’était vrai que le thé Earl Grey était plus approprié pour l’après-midi que le Chai. Le ton avait été simple, trop simple même et totalement.. cruel pour le coup. Le couteau venait de se planter dans sa poitrine si bien qu'il sentit son cou se crisper sous le choc. Son cœur qu'il s'était forcé de réparer au moins de l’extérieur montrait que l'intérieur était bien l'inverse. L’impact de la lame venait tout simplement de le faire se re-briser. Tout venait de voler en éclats et son visage redevint ce visage de marbre. Il avait perdu son sourire léger pour remettre son masque. C’était difficile. Très difficile. Il avait l’impression qu’on était en train de lui broyer la poitrine. Les souvenirs n’étaient pas des souvenirs heureux, mais remplis d’horreur. Son sang s’était glacé à l’intérieur de lui. Il était incapable de bouger ses jambes, ni même ses bras. Le monde semblait s’être paralysé durant cet instant d’effroi. Le passé venait de surgir violemment, bien trop subitement. Il avait mis son armure afin de ralentir tout les coups qu’il recevrait, mais ici, elle tremblait. Elle menaçait même de s'effondrer. Il se sentait impuissant, vulnérable, misérable.

Alors oui. Il en avait la confirmation. Le WCKED était vraiment un énorme monstre tout comme cet homme qui prenait un sale petit plaisir à remuer le couteau dans une plaie bien trop fraîche. À l’intérieur de lui-même, il se voyait pleurer et hurler de souffrance et cette image-là ne devait pas exister. C’était un putain de test. Ses doigts lui commandaient de refermer ses poings afin de faire rentrer profondément ses ongles dans sa chair pour l’empêcher de céder à la colère ou aux pleurs imminents. À la place, ce furent les muscles de ses bras qui se raidirent et ses dents qui mordaient ses joues jusqu'à en sentir clairement le goût familier du sang dans sa bouche. Son père.. Le coup de feu.. Tout ce sang. Il jurait qu’il était devenu plus pâle et que son estomac s’était noué. Pitié. Et sa maman.. non.. non.. il ne voulait pas y penser, il ne pouvait pas.. Il fallait répondre à Matthew. Isaac. Se focaliser sur lui. Oui, ses parents étaient morts et il ne pouvait rien changer, mais pour Isaac, il n’était peut-être pas trop tard, alors les paroles lui vinrent alors. Combien de temps avait-il mis ? Assez pour qu’il ne lui coupe pas la parole.

- C’est exact. De la Braise.

Allait-il le questionner sur le "comment" ils étaient décédés exactement ? Ou bien irait-il jusqu'à lui demander de mettre des mots sur les images qu’il voyait ? En serait-il capable ? Il n’en était pas certain car ces cinq derniers mots lui avaient requis une force surhumaine, mais il fallait se battre jusqu’au bout. Faire le vide. Prendre sur soi. Penser à autre chose. Répondre à la question ne lui vaudrait pas de point, mais aller au-dessus d'une simple réponse comme il allait le faire lui en vaudrait. La boule dans sa gorge et le noeud dans son estomac refaisaient monter cette espèce d’envie de vomir, sans compter que sa respiration pouvait décider de lui jouer un sale tour à tout moment. Il avait chaud. Bien trop chaud ici et la tête lui tournait. Il cligna des yeux, mais il y avait eu bien trop de clignements en une minute. Il devait se rattraper. Il fallait tendre les bras et remonter à la surface. Il prit toutes ses forces et son courage restant pour avancer ses mains sur la table et fixer Davenport avant de sortir d’une voix qui se mariait incroyablement bien avec son visage qu’il venait de masquer de nouveau en sentant tout à coup cette pointe de détermination le gagner. Une pointe magique. De l’adrénaline. Tout comme avec ses tantes, c'était la haine qui lui donnait des ailes, sauf que la haine était un sentiment qui se mêlait à la perfection dans son armure et ici, on ne pouvait voir qu'un Niels de marbre même si ses prunelles, elles, ne mentaient pas. Le chagrin était présent, mais il restait un être-humain.

- Ils sont malheureusement morts tout les deux avant même d’avoir pu découvrir l’Amérique avec moi.

À cet instant-là, Niels venait de s’auto-poignarder et sentait la douleur jaillir de sa tête jusqu’à ses pieds. Il sentait le goût du sang devenir plus intense dans sa bouche, mais cela avait pour effet de l'empêcher de crier sa souffrance. Il avait l'impression qu'on était littéralement en train de brûler sa peau si sensible au fer rouge. Ça faisait tellement mal nom d'un chien ! Ses pieds étaient fixés au sol comme du béton et le jeune homme s’y accrochait pour ne pas flancher comme s'il se sentait attiré par le fond de l'océan à chaque seconde. Le regard de Davenport était aussi quelque chose à quoi Niels s’accrochait. Il avait envie de voir cette satisfaction, car il allait pouvoir la lui donner pour frapper d’une manière éphémère cette peine qu’il contenait, car il n’y avait aucun doute qu’une fois franchi les portes du WICKED, ses larmes exploseraient pour l’entraîner dans une crise de larmes incontrôlable. Le pierre feuille papier ciseau était lancé. La pierre sur une feuille emprisonnait le bout de papier jusqu’à ce que le vent ne décide de souffler trop fort. Pour certains, c’était la feuille qui s’enroulait autour de la pierre, mais le jeune homme ne trouvait pas ça réaliste. Non, il fixait ses propres règles dans sa tête. Il était la pierre victorieuse et Davenport la vulgaire feuille qui se faisait écraser.

 
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MessageDim 25 Mar - 3:14

The game of secrets has just begun, you better watch your backs.ft. Niels Welligton

La voix posée de Matthew avait ce ton froid et distant qui présageait d'une personnalité forte, le genre qui ne laissait aucune place à l'imprévu et encore moins au hasard. A vrai dire, il cadrait avec excellence dans le décor du WICKED. Tout ici était si aseptisé, l'émotionnel était banni au profit des connaissances que nous mettions au service de la nation. Les sentiments ne pouvaient pas entrer en ligne de compte quand le dessein était aussi grand... Le WICKED m'avait appris à faire taire cette part de moi qui, autrefois, se laissait prendre au jeu : ma respiration s'accélérait parfois, mon cœur s'emballait souvent mais je me sentais vivre. Désormais, plus rien ne semblait avoir de couleurs. Les teintes de mon quotidien se dessinaient sur une palette de gris et sépia, comme les photographiques ravagées par les années qui s'écoulent. C'était troublant, sentir la volonté qui transcendait toutes mes décisions et dans le même temps ce vide intense...

Pourtant, je ne pouvais m'empêcher d'apercevoir cette étincelle, cette lueur qui se posait sur mon monde terne depuis que j'avais baissé la garde. Durant trop longtemps je n'avais fréquenté que des membres de l'entreprise. Je me tenais à distance des personnes extérieures comme si elle pouvait propager un poison encore plus atroce que la Braise : un désir de liberté. M'émanciper du passé et abandonner la culpabilité pour renaître, or je m'y refusais. Les vieux comics de mon frère, éternellement réédités, sortaient des phrases idiotes comme "un grand pouvoir implique de grande responsabilité". Combien de fois avais-je pu le charrier à ce propos ? "De belles paroles", "des idéaux si caricaturaux",... Les désignations ne manquaient pas. Je pouvais presque encore entendre ses soupirs et sa voix exaspérée quand il me lançait que je ne pouvais pas comprendre, que je vivais trop au jour le jour. Carpe diem. Il n'avait pas tort, avant que tout se casse la gueule, ça avait été ma devise. Maintenant, je sais que ces stupides bouquins ne mentaient pas tant : lorsqu'on décidait de se jeter à corps perdu dans une cause qui nous tenait à cœur, il fallait savoir tout donner, tout sacrifier. Tout. Absolument tout.

Alors pourquoi, malgré les enseignements du WICKED et ma détermination farouche à éliminer la moindre parcelle sentimentale qui pouvait encore se cacher au plus profond de moi, me laissais-je grignoter par mon instinct de protection dès que mes yeux se posaient sur ce mec au regard clair ? Il faut croire que des deux maux qui me rongeaient, la culpabilité était encore plus puissante que la résignation.

Doucement, je déglutis avant d'entrouvrir les lèvres pour respirer une bouffée nouvelle sans un bruit. Je devais rester discrète, ne rien montrer des courants internes qui me bousculaient. Le regret n'avait pas sa place dans cette pièce, je devais assumer derrière un masque immobile mon intervention et prier pour que ma recrue en profite pour continuer à exposer son potentiel. Et il le fit admirablement.

Matthew sembla apprécier autant que moi sa façon de nous indiquer qu'il était capable de prendre des décisions, de saisir des opportunités en choisissant lui-même quel chemin il désirait emprunter. Dans cette pièce, c'était exactement ce qu'on lui demanderait de faire si l'entretien se révélait concluant. Une nouvelle voie, bien moins rassurante et tranquille que le défi d'une autorité parentale ou de la défiance d'une voie familiale toute tracée. Nous lui demanderions de l'abnégation, d'oublier toute forme d'éthique au profit du bien commun. Il ne le saurait pas tout de suite, il en arriverait seulement à la conclusion qu'il faisait le "bon choix" en nous rejoignant et cette certitude l'entraînerait peu à peu dans des lieux où les ténèbres se feraient de plus en plus abyssaux...

Néanmoins, avant d'en arriver à être sûr qu'il nous suivrait jusqu'en Enfer, Matthew avait décidé qu'il était temps de le plonger dans le sien. Ses parents étaient morts. Cette phrase se répétait inlassablement, comme un écho. La cruauté de mon collègue m'avait figée, ma mine implacable n'offrant sans doute aucun réconfort à Niels. Un silence s'installa, un silence que je n'eus pas le courage de briser. Les murs mettaient du temps à s'ériger autour de lui, si bien que Matthew s'inclina progressivement vers la table, dans une posture qui pouvait aussi bien être interprétée au premier abord comme un élan de compassion ou une attitude pressante à peine voilée. Les deux restaient indéchiffrables et j'appréhendais les mots qui franchiraient leurs lèvres.

La Braise. Matthew avait eu raison. Il savait. Il savait précisément comment il allait pouvoir s'assurer de la loyauté de cette nouvelle recrue si ses compétences le convainquaient, s'il parvenait à faire ses preuves... Je pouvais imaginer mes mains agripper son col pour le tirer à moi et le gifler pour avoir oser une telle bassesse. Un professionnel de la manipulation qui traquait ses victimes avant de les mettre à terre pour mieux les brises, il n'était finalement pas mieux que les autres. Je baissai les yeux quand Niels renchérit, prouvant qu'il était capable d'encaisser. Il voulait se montrer à la hauteur et cela n'avait pas échappé au regard de Matthew qui, pas un seul instant, ne lui avait accordé le répit qu'il méritait.

- La Braise... Je crois pouvoir dire qu'elle a volé à tous ceux qui ont survécu beaucoup trop de proches. Alex ne me contredira pas je pense, commença-t-il sur un ton lent, empli d'une compassion que je devinai étrangement sincère avant de veiller à me punir pour ma précédente intervention par une pique savamment placée que je reçus sans broncher. Et elle nous en volera encore si nous ne mettons pas toutes les forces disponibles à la recherche d'un vaccin.

La propagande débutait, faites de paroles préconçues que je connaissais sur le bout des doigts. Matthew émit un soupir, hochant la tête dans une démarche visant sans doute à montrer qu'il était lui-même totalement convaincu de ses dires. Quant à moi, je relevais le regard pour apercevoir leurs visages qui, à l'un comme à l'autre, s'étaient fermés dans une expression qui cachait bien mal leur douleur. Plus humain. Voilà ce qui me vînt à l'esprit en contemplant les traits du recruteur qui gardaient pourtant leur aspect de glace. Sans m'en rendre compte, j'avais croisé les bras dans un réflexe de protection, d'éloignement vis-à-vis de ces histoires qui se répétaient et nous martelaient que nous étions faibles face à la menace qui s'étendait chaque jour pour nous voler les âmes de ceux que nous aimions. A cet instant, Matthew dut partager mon questionnement car il embraya en laissant son dos revenir contre le dossier de la chaise, retrouvant sa distance de sécurité avec l'affect de notre candidat.

- La Braise est si insidieuse, si cruelle... Encore plus douloureuse pour ceux qui y survivent que pour ceux qu'elle transforme, osa-t-il avant de de terminer d'une voix maîtrisée :Étaient-ils votre seule famille ?

En bon employé du WICKED, Matthew ne perdait jamais le Nord. Il avait cette faculté à garder son sang froid et sans doute était-ce pour cette raison qu'il avait été nommé à un tel poste. Outre ses connaissances concernant l'humain, sa prestance naturelle et sa faculté d'adaptation lui permettait de faire le tour des interrogations principales en un temps record. Bien souvent, ses analyses étaient très justes et je m'étais surprise à penser à bien des reprises qu'il voyait juste en moi. Il devinait ma personnalité, mes réactions, sans en percevoir les implications.

Comme à cet instant. Ses questions n'avaient rien d'anodin : deviner qu'elles attendaient de déclencher un comportement quelconque qui pourrait permettre d'en apprendre davantage sur le caractère de Niels était aisé, en connaître les véritables objectifs bien plus complexe. En effet, savoir si ce jeune homme avait encore de la famille permettrait de définir son degré possible d'implication dans l'entreprise : un lien extérieur trop fort pourrait le pousser à se détacher de nous au profit de cette tierce personne, rien de souhaitable en somme.

- Mais peut-être avez-vous également rencontré d'autres personnes depuis votre arrivée ? L'adversité peut pousser à nous attacher très vite, ajouta bientôt Matthew. D'ailleurs, depuis combien de temps êtes-vous ici ?

Maintenant, qu'il avait conscience d'avoir déstabilisé le jeune blond qui lui faisait toujours face malgré les paroles dérangeantes, Matthew venait de passer dans une nouvelle phase : celle des questions qui s'enchaînaient sans même laisser un répit. Le but ? Obtenir des réponses rapides, qui ne lui laisseraient pas le temps de chercher à enjoliver quoi que ce soit. Le recruteur désirait tester sa spontanéité et par là même son honnêteté. S'il avait eu le droit à un instant tranquille après l'évocation de la mort de ses parents, cette largesse ne lui était plus permise. Venait désormais la pression et l'imprécision dans ses propos, elles monteraient encore d'une mesure dans les moments à venir pour le pousser à la faute. Le pousser à fêler ce contrôle qu'il affichait tant bien que mal... Le pousser à nous montrer ce qu'il était vraiment et jusqu'où il était prêt à aller pour un remède.

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Niels Welligton


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MessageDim 25 Mar - 14:00

Niels
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La détermination était en train de chauffer son corps dans le but de faire fondre la glace qui le paralysait et qui le faisait souffrir. Elle était mortelle pour lui, car elle avait ce pouvoir énorme de le faire basculer dans ses sphères les plus sombres de son passé. Alors lui parler de ses parents avait été la chose la plus vicieuse à faire et sans doute la plus douloureuse. Il espérait que les questions sur ce sujet se stopperaient même s’il trouverait ça.. trop beau.. trop gentil de sa part. Alexandra semblait assez absente, elle ne guettait plus la moindre de ses émotions comme au début, comme si le sujet ravivait aussi des douleurs bien enfouies. Tout le monde avait dû en perdre, même cet homme infâme, alors pourquoi le torturer ? Niels avait cette vision de lui en train de lui sauter dessus pour l’étrangler et lui faire payer ce qu’il venait de dire en inversant les rôles. De la famille ! Cet imbécile en avait forcément eu une ! Alors pourquoi vouloir le lui faire payer à lui ?! Il ne lui avait rien fait à part être là pour un entretien ! Et voilà qu’il laissait le « Isaac inside thoughts » pointer le bout de son nez. « Ta gueule putain ! » , répliqua Niels dans sa tête pour le faire disparaître aussi vite qu’il était venu.

Discrète. Voilà ce qu’Alex était depuis qu’elle lui avait sauvé la mise. Cela n’avait peut-être pas plu à Matthew qui avait perdu une chance de tester son honnêteté. Il avait cherché à la regarder aussi pour y voir quelque chose qui pourrait l’aider comme un sourire, semblable à celui qu’elle lui avait fait tout à l’heure, mais rien du tout. Était-elle blessée et gardait-elle ses propres pensées pour elle ? Ou bien était-elle comme Matthew et s’en fichait-elle ? Depuis son sauvetage, il n’avait pas envie d’envisager la deuxième option, cela lui faisait mal. Mais, oui, Niels avait touché un bon point quand il avait pensé que cela ne s’arrêterait pas là. Davenport voulait vraiment voir des larmes couler et entendre des mots remplis de rage. Cela n’arriverait pas, il pouvait toujours rêver ! Niels ne désirait pas lui offrir cette satisfaction qu’il attendait sans doute bien trop. S’il laissait ses émotions parler, tout était mort, et même aucune intervention de la brunette ne fonctionnerait cette fois-là, il en avait bien conscience, alors mieux valait souffrir encore pendant de longues minutes que de supprimer à vie son unique chance de le retrouver, lui.

Voilà que Davenport s’attaquait à Alex en lui disant qu’elle aussi avait perdu plein de proches. Niels était certain qu’elle n’avait franchement pas besoin de ce rappel et la jeune femme en face de lui ne broncha pas ce qui ne sembla pas déplaire à Matthew. Ici, elle lui montrait comment il devait continuer à agir. Rien ne devait le toucher. Pas évident, surtout, quand il sentait toujours la lame du couteau massacrer un à un les morceaux de son cœur en cet instant-même. Décidément, la chaleur qu’il avait eue pour lui répondre devenait un peu plus tiède. Il lui en fallait d‘autre et vite ! Qu’il le provoque un peu pour que le chaud l’emporte sur le froid ! Ce furent des paroles dignes du WICKED en pleine publicité qui sortirent de sa bouche. Un vaccin. Toutes les forces de leurs côtés. Aucune autre solution pour arrêter ce massacre. Oui, de la pure propagande quoi et Niels hocha la tête. Il se montrait d’accord.

Alex, elle avait croisé les bras, signe d’enfermement et de repliement sur soi-même. Elle avait beau affiché un masque neutre, mais Niels devinait alors qu’elle avait bel et bien été blessée ou du moins émotionnée par le sujet de la famille. Matthew n’avait pas dit son dernier mot là-dessus et il lui demandait si ces morts-là étaient sa seule famille. Que faire ? Leur dire que ces monstres détenaient son frère ? Le Bras Droit lui avait assuré qu’ils avaient tous renommé leurs petites victimes et qu’ils n’étaient plus que des numéros tels de vulgaires petits objets. Crier haut et fort qu’il avait un frère ici serait directement se jeter dans la gueule du loup. Pourquoi serait-il là alors ? Qui n’aimait pas son frère ? Il serait démasqué sans même avoir le temps de dire WICKED IS GOOD. Inventer une histoire farfelue comme quoi il voulait sa mort serait tellement trop prévisible. Mais s’il y avait une mention dans ce fichier qui disait qu’il n’était pas fils unique ? Devait-il jouer sur la surprise ? Acter comme s’il venait d’apprendre qu’il avait un frère était-il crédible ? Franchement qui avalerait ça ? Il prit la décision d’opter pour quelque chose d’assez dangereux, mais d’écarter toutes possibilités de lien, il devait rester vague.

- J’avais un frère, pas mal de tantes infernales aussi, des cousins, des cousines. Je ne les connaissais pas tous évidemment. Pas tellement. Il y a trop de monde dans les repas de famille aussi grands que les miens. Tous emportés par la Braise de l’autre côté de l’océan
, répondit simplement Niels qui venait de retrouver la chaleur grâce à l’angoisse.

Noyer le poisson dans de l'eau remplie d'autre poissons. Voilà ce qu'il venait de faire avec cette petite énumération. Par ailleurs, la chaleur lui permettait d’oublier le mal de chien qu’il ressentait à l’intérieur de lui-même. Il pleurerait ses parents plus tard, un point c’était tout. Une autre question s’enchaîna alors directement, ne lui laissant maintenant aucun répit et Niels reconnaissait très bien le jeu. Ils entraient dans une nouvelle phase. Après l’intense douleur, venait la rapidité qui était là pour lui faire perdre la tête et les pédales par la même occasion. Celle-ci allait être difficile avec ce Davenport, mais il était au moins bien entraîné sur le principe. Durant ses épreuves orales, et même lorsque n’importe quel médecin lui demandait de répéter la théorie de la journée tard le soir, les questions s’enchainaient toujours à toute allure pour le pousser à une seule chose : la faute. Ici, Davenport voulait cette faute. Niels préparait déjà son esprit en mode « marathon ». Alors avait-il rencontré d’autres personnes ? Depuis combien de temps était-il ici ? Il fut surpris de ne pas avoir une troisième question, car jamais deux sans trois, n’est-ce-pas ?

* * *

« Réponds simplement à la question Niels. Ce n'est pas un exposé de littérature que je te demande pour le coup. Je m’en fiche que tu saches bien parler. Enfin, non je ne m’en fiches pas, mais là oui. On ne te demande pas de montrer ton petit côté « amoureux des mots » mais juste.. l’essentiel, ok ? »

Le sourire du chirurgien en face de lui le rassura, car il lui donnait des conseils tellement utiles sans même s’énerver contre lui. Il était bienveillant et les infos rentraient bien dans la tête du blondinet.

« Donc quand je te demande de me « résumer » les étapes, tu me dis juste les noms, sans te soucier d’autre chose. On reprend. » , ajouta-t-il.

L’essai suivant fut un peu mieux au grand soulagement de Niels qui n’était pas habitué à ça. Mais cela viendrait avec le temps, car il venait de commencer avec eux, alors il était normal qu’il découvre d’autres manières de faire. Le médecin commençait à aller plus vite pour tester ses connaissances et à la fin, il eut un air satisfait.

- Bon, tu es bon sur la vitesse. Tu connais très bien, du coup ça t’a bien aidé. C’est un bon début. On reprend.

Et ce fut comme ça encore pendant une quinzaine de minutes. Exercice épuisant mais bien satisfaisant.

* * *

- Quelques-unes oui. Des gens que j’ai soigné principalement alors aucune attache particulière. Trop compliqué. Hors de question de souffrir à cause d'inconnus. Trois semaines et trois jours.

Le blond était précis et il n’avait pas pris longtemps à calculer ça. Il n’oublierait jamais le jour où il avait découvert qu’il était un immune. En pensant ça, le blond avait murmuré le dernier dans sa tête encore d’une voix plus basse, comme s’il avait peur que Davenport puisse lire dans ses pensées, ce qui n'était évidemment pas possible, mais il devenait assez parano.

- Les seules attaches que j’ai pu avoir sont à l’autre bout de l’océan. Et encore. Il ne doit rien rester du magnifique Londres, j’imagine ?

Sa question n’en était pas vraiment une. Elle sonnait plutôt affirmative, mais qui demandait quand même confirmation d’une manière ou d’une autre. Il ne pouvait pas savoir vu qu’ils étaient tous coupés du monde, mais peut-être que Davenport lui savait. Comment était sa ville chérie ? Il avait à la fois envie de savoir et ne pas savoir. Ce serait trop douloureux.

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MessageDim 25 Mar - 21:46

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Une souris piégée entre les pattes moelleuses et griffues d'un chat, ainsi pouvait se résumer la situation précaire de ma recrue. Il prenait un malin plaisir, le matou, à voir la pauvre bête fragile tenter de se montrer plus forte que sa frêle carcasse ne le lui permettait. Il lui ébouriffait les poils, lui entortillait la queue, lui arrachait les moustaches... C'était une joute qui ne se déroulait pas à armes égales, inéquitable et violente. L'odeur du sang excitait le prédateur qui ne comptait pas laisser sa proie s'en tirer à si bon compte, il repassait à l'attaque ignorant son teint pâle et ses yeux secs derrière lesquels on l'imaginait sans peine se noyer dans les larmes.

Moi aussi je me sentais dériver au large, dans un océan sans éclat. L'ancrage n'était pas suffisant pour lutter contre les souvenirs qui menaçaient de m'engloutir dans mes pensées. C'était la façon que mon collègue avait choisi pour me remettre à ma place, me rappeler que je n'étais là qu'au pire en observatrice, au mieux comme complice dont il pouvait user à sa guise. Connaître ses méthodes ne les rendaient pas plus acceptables, cela les rendait seulement plus gérables. La crispation qui s'étendait dans l'ensemble des muscles de mon corps me permettait de conserver ma prestance et mon immobilité. Au bord des crampes, la douleur aussi physique que psychique m'aidait à rester dans cette pièce au lieu de claquer la porte. Si ce candidat réussissait à garder son calme, il était hors de question que je n'y parvienne pas également. Peut-être était-ce de la fierté mal placée, toutefois cela n'avait pas la moindre espèce d'importance : tout ce qui comptait était les résultats. Tout comme avec le Labyrinthe. L'art et la manière importait peu si nous parvenions à nos fins, tel était le dur enseignement qu'inculquait cette entreprise à l'ensemble de ses employés et d'autant plus aux Créateurs. Tout cela parce que WICKED est bon.

Fuyant le regard des deux hommes, j'espérais intérieurement que Niels saurait adopter une attitude aussi discrète et docile que la mienne. Ne pas broncher outre mesure était la seule option fiable pour éviter une surenchère dont il n'avait aucun besoin, car briser la dynamique positive dans laquelle il avait réussi à se placer depuis mon intervention était trop belle pour tomber dans un piège aussi sournois.

Une pause furtive et voilà qu'il parlait de sa famille, du nombre incalculable de proches que la Braise lui avait volé. Si la multitude voilait son chagrin dans une infinité de pertes, une seule mention retint mon attention : un frère, lui aussi avait eu un frère. Se pouvait-il qu'inconsciemment ce soit ce fait qui m'ait poussée à éprouver tant d'empathie à son égard ? Une manière de se comporter, une expression particulière qui aurait pu me mettre sur la voie d'une souffrance partagée ? Mes réflexions n'avaient rien de rationnel. Elles ne faisaient qu'empirer ce désir de ne le pas voir faillir, tout en m'inquiétant de ce qu'il deviendrait au contact du WICKED. "Avant, c'était quelqu'un de bien", me dirai-je sans doute dans quelques mois si cet entretien s'avérait concluant.

Un frère mort de la Braise. Étrangement, je ne pouvais m'empêcher de songer que Niels ne réalisait pas la chance qu'il avait eue. Il m'était arrivé de m'effondrer, tard le soir, sur les douces couvertures de mon lit. Les larmes ne chutaient plus depuis longtemps, j'avais trop pleuré. Seul mon cœur criait ma haine, réclamait vengeance, brûlait d'envie de sauver ceux qui pouvaient encore l'être. En silence, je m'étais souvent demandé ce qui aurait pu être pire que le sacrifice idiot de Roman dans ce putain de Labyrinthe. Il aurait pu mourir au cours de nos pérégrinations, être tué par des survivants désespérés, être contaminé par la Braise... Cette dernière possibilité aurait été considérée comme tellement moins souhaitable par beaucoup, je n'étais pas d'accord. Si cela avait été le cas, il aurait pu passer ses derniers instants en compagnie de quelqu'un qui l'aimait. J'aurais pu le serrer une dernière fois dans mes bras, poser sur son front un baiser magique comme lorsqu'il était petit et que sa vue imparfaite le faisait chuter, lui égratignant les genoux et déclenchant des pleurs que seule l'étreinte de notre mère et la mienne pouvait apaiser. Même si j'avais dû répéter le terrible geste, même si la balle aurait dû être logée dans son crâne sous l'effet de la pression de mon doigt sur la gâchette, cela aurait été moins pire que de savoir qu'il était sans doute mort seul, dans des couloirs mornes et ternes aux griffes d'une créature immonde et dotée de l'âme d'un Créateur maudit.

Aujourd'hui encore, je n'avais jamais eu le courage de regarder les enregistrements de son décès. Ils figuraient dans son dossier informatique, relégué dans des archives que nous n'étudions plus depuis des mois, que je n'avais jamais étudiées. "Décédé" tamponné en lettres rouges sur la chemise grise contenant des pages et des pages de rapports me suffisait pour unique conclusion d'une vie gâchée, volée, oubliée. A jamais enterrée, sauf pour moi.  

- La Braise n'épargne personne, conclua sobrement Matthew suite à la triste liste du candidat, sans une once d'affect dans la voix.

Niels était parvenu à donner une réponse acceptable apparemment. Du moins, c'est ce que j'avais cru avant que les lèvres du recruteur ne se rouvrent tandis que son doigt faisait défiler les informations sur l'écran lumineux. Aucun son ne s'en échappa et bientôt elles furent à nouveau closes. J'avais relevé le regard, observant son manège dans le reflet de la vitre. Une nouvelle tentative pour déstabiliser notre potentielle recrue, sans le moindre doute... Tellement prévisible, tellement imbécile, tellement caricatural... Du moins, c'est le type d'adjectifs que j'énumérai durant les premières secondes avant de me rendre compte que le silence s'installait et que la durée commençait à être bien trop longue pour n'être qu'une stratégie de plus.

Sa main avait stoppé ses va-et-vient et bien qu'il contrôlait ses mimiques, je pouvais presque deviner un tremblement nerveux d'un de ses sourcils : le même qui s'activait toujours lorsque la ride qui barrait son front menaçait de s'étaler d'un instant à l'autre. Il réfléchissait... Mais à quoi ? Niels avait-il pu dire quelque chose qui ne fallait pas ? Ignorer une information cruciale volontairement ? Les interrogations s'enchainaient et me glaçaient, je m'imaginais les pires scénarios. Mieux valait se préparer plutôt que d'être poussée dans le ravin abruptement.  

- Trois semaines et trois jours ? répéta Matthew paraissant soudain réellement pris au dépourvu par la seconde réponse de Niels. Il le regarda un instant, cherchant sur son visage une réponse avant que ses pensées ne paraissent enfin reprendre leur ordre et qu'il puisse ajouter : Oh vous parlez de la zone saine ? Je voulais dire, en Amérique, depuis combien de temps êtes-vous aux États-Unis ?

Je dus mettre toute ma concentration dans la maîtrise de moi-même pour ne pas laisser entrevoir ma surprise. Matthew qui se mélangeait les pinceaux ? Qui ne suivait plus la conversation qu'il avait lui-même initiée ? C'était du jamais vu ! Son trouble avait quelque chose d'inquiétant, une aura que je ne savais interpréter. Pas une fois je ne l'avais aperçu douter, ni vu perdre sa répartie. Pas une fois. Et si je devais admettre quelque chose, c'est que c'était carrément flippant...

Ou bien tentait-il de me tester ? S'il essayait de me pousser à intervenir à nouveau mais pour voir comment j'allais interagir avec cette recrue ? Je savais qu'il devrait lui choisir un référent s'il intégrait l'organisation et s'il souhaitait définir si je pouvais représenter une bonne option ? Mon cœur s'accélérait, des spasmes parcouraient les muscles de mon bras, ce n'était pas le moment que le stress vienne déclencher quoi que ce soit : pas devant ces deux-là. Il était temps de prendre les choses en main puisque Matthew continuait à parcourir diverses fenêtres que je ne parvenais à lire à la recherche de je ne sais quoi - de rien du tout si ça se trouvait !

- Pour ce que nous en savons, toutes les principales villes de la planète ont rudement souffert des éruptions solaires et de la décadence qui a suivi... Vous avez sans doute pu le constater au cours de votre séjour aux États-Unis, nous n'avons pas été épargnés,repris-je en voyant que Matthew continuait à observer sa tablette, un air perplexe sur le visage et visiblement trop occupé pour rebondir sur les paroles de Niels. Heureusement, la zone saine a été créée et désormais nous avons besoin de toutes les personnes suffisamment qualifiées pour contribuer à la préserver définitivement.

Aussi brusquement qu'il avait quitté l'entretien en se plongeant dans ses réflexions, Matthew releva la tête pour me regarder. Il ne m'adressa aucun sourire mais je lus dans ses yeux une espèce de satisfaction étrange. Rien de cela n'était naturel.

- Je vais aller droit au but M. Welligton, votre profil correspond à nos recherches actuelles mais demeure une question, annonça-t-il soudainement comme s'il était parvenu enfin à reprendre contenance, Quelles sont vos motivations ?

Flûte et zut, que s'était-il donc passé ? Pourquoi en venir à ses motivations aussi rapidement ? Bien sûr, les compétences qu'il nous avait décrite suffisaient à elles seules à justifier une embauche, pour peu que Niels soit capable de surmonter les tests théoriques que Matthew était déjà en train de tirer d'un des dossiers. Toutefois, je ne parvenais pas à m'enlever les images d'un collègue dont l'expression indéchiffrable ne pouvait que cacher bien des secrets.

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MessageDim 25 Mar - 23:45

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Cette maudite Braise avait en effet emporté énormément de gens. Elle ne pouvait épargner personne, à part les immunes - chose qu’il était - et peut-être les gens les plus protégés, ceux qui travaillaient au WICKED donc. Matthew n’avait pas la moindre pitié dans sa voix qui était si neutre. Aucune émotion ne s’affichait sur son visage et Niels devinait que cet homme était le type de personnes à ne jamais perdre le contrôle de lui-même. Il était redoutable et il fallait continuer d’être le plus vigilant possible. Il ne l’avait pas contredit et à son plus grand bonheur, ne semblait pas vouloir lui poser de questions sur son frère. C’était déjà un point en moins dont il avait à s'inquiéter, mais Niels se rendit compte qu’il avait peut-être parlé trop vite. Alors que Davenport semblait vouloir ouvrir la bouche pour rajouter quelque chose, Niels, très observateur, avait clairement vu ses lèvres se refermer pour s’intéresser à .. la tablette. Le mouvement de ses doigts s’était soudainement stoppé bien trop de secondes sur quelque chose. Sa main était tendue d’une manière pas aussi naturelle que quelques instants auparavant. Jouait-il la comédie pour le déstabiliser ? Très possible, alors il attendait la prochaine question avec angoisse. Il croisait les doigts et priait intérieurement pour qu’on en vienne pas à la partie qu’il redoutait : pourquoi était-il vraiment là ? Son frère. Il pensait tellement à ce détail qu’il en avait oublié un autre : sa condition d’immune lui avait totalement échappé depuis qu’il avait passé le test à l’accueil. Sa garde, là-dessus, était retombée alors si les gestes de Matthew n’avaient toujours pas repris après un silence bien trop long pour qu’il soit calculé, c’était forcément qu’il avait tilté pour son lien fraternel. Et merde.

Il avait un flingue dans son sac, et un couteau dans sa botte droite. Pourrait-il se défendre si jamais ? Honnêtement, il se doutait qu’un seul signal enclenché et boum ! Des fous en blouse blanche pouvaient se ramener avec des tasers, des flingues ou encore des énormes seringues pour le faire dormir en deux-deux. Il se voyait se débattre et leur dire d’aller se faire foutre. Ces images d’horreurs hantaient sa tête et il espérait de ne pas avoir à en arriver là. Pourquoi Matthew ne parlait-il plus ? Ce n’était pas à cause d’une parole qu’il avait dite ou pas dite. Il venait de se focaliser sur cette maudite tablette et ses sourcils étaient maintenant plus froncés. De la réflexion. Que faire ? Passer à une étape suivante alors qu’il venait à peine de débuter l’épreuve de rapidité ? Cela ne collait pas. Niels, petit détective dans l’âme ne pouvait pas s’empêcher de tout analyser. Il semblait presque nerveux et le fait qu’il lui répète la réponse qu’il avait fourni était en train d’inverser le portrait du mec sûr, bien organisé qui savait déjà tout sur lui. Il n’avait pas compris ce qu’il avait dit, trois semaines ne semblaient pas coller, mais pourquoi ? Était-ce donc ça qui le dérangeait tant ? Les secondes s’écoulèrent, Niels avait pu en compter quelques-unes avant que Davenport ne précise qu’il parlait des Etats-Unis. Cela devenait plus clair pour le blondinet, mais mettre autant de temps pour ça alors qu’il venait d’instaurer lui-même cette phase paraissait totalement aberrant, voir même du gâchis !

- Un an. Je suis parti pas longtemps après d’avoir eu dix-huit ans. Plus rien ne me retenait de toute manière et je pouvais donc voyager tout seul.

Il était sûr que quitter son pays pas encore majeur aurait été difficile, mais il l’aurait fait si Isaac n’avait pas insisté pour qu’ils restent encore un peu en Angleterre. Son grand frère avait eu l’espoir que les choses se tassent, s’améliorent contrairement au cadet qui était plus.. réaliste. Au final.. c’était lui qui avait eu cette idée de partir pour la terre promise du rêve Américain où tout était mieux pris en charge. Au fond, c’était à cause de lui que son frère était ici. Tout était de sa faute et il avait conduit à la perte de son propre frère ! C’était aussi pour cette raison qu’il désirait se rattraper, réparer ses erreurs pendant qu’il en était encore temps, il l’espérait.. Oui, il espérait de tout cœur qu’il ne soit pas trop tard. Sinon, il ne pourrait jamais se le pardonner et il se foutrait sans doute une balle dans la tête.

Mais même après sa réponse, Davenport ne réagissait pas avec autant de brio. Pourquoi ne rebondissait-il pas sur ses paroles pour continuer de le piéger comme il le faisait ? Non pas qu’il voulait encore plus de coups de fouet - il n’était pas non plus maso ! - mais la situation commençait clairement à devenir lourde… oppressante.. flippante.. ! Il tenta alors un coup d’œil vers Alex, car Matthew avait les yeux rivés sur sa tablette et Niels mettait clairement dans ses yeux clairs une lueur d’interrogation qu’elle seule pouvait voir. Que faisait-il ? Était-ce normal ? En savait-elle quelque chose ? Était-elle dans le coup ? Tant de questions se posaient.. Elle restait totalement neutre, il n’arrivait pas à la lire, mais il fut soulagé de l’entendre embrayer sur sa réponse. Elle gagnait clairement du temps et il avait un mal fou à se concentrer sur elle cette fois-ci. Lui aussi était maintenant perdu et tandis qu’elle lui apprenait que sa ville était réduite en miettes par ces maudites éruptions solaires, ses yeux dérivaient pendant quelques fractions de secondes sur la fameuse tablette dont il n’était habilité qu’à en voir le dos.. Ca n’allait pas l’aider, mais maintenant Davenport avait cessé d’être en arrêt sur image devant son écran. Il remarquait ses doigts très actifs et encore tendus, signe qu’il « cherchait » clairement quelque chose, mais quoi ? Devait-il s’inquiéter ? Respire Niels… ! Il le saurait sans doute dans quelques secondes quand le brun allait décider de se remettre à ouvrir la bouche. Il fit mine de se re-concentrer sur la brunette.

- Je vois. Plus rien. Mais il est très probable qu’une zone saine soit mise aussi brillamment en place là-bas.

Par son espoir, il était en train de lui formuler qu’il espérait que le WICKED anglais ait créé une zone hors de danger pour protéger les autres comme ici. Puis Davenport remonta à la surface d’un seul coup, -si brusquement que le coeur de Niels manqua un battement - comme s’il venait de prendre la plus grande décision de sa vie. Après tant de réflexion et de recherches sans doute abouties sur sa tablette, Davenport reprit la parole d’une voix maîtrisée. Oh oui.. cette voix contrastait affreusement avec l’autre quand il s’était « perdu ». La chose fut claire comme de l’eau de roche et Niels ne s’attendait pas à ça, en tous les cas pas déjà et pas après ce sacré coup de théatre bien flippant. Il était  en effet en train de lui faire comprendre que l’entretien se révélait pour le moment positif et qu’il désirait connaître .. ses motivations. C’était la question de fin normalement, pensa Niels en se référant à son expérience. Mais peut-être que les Américains n’avaient pas la même manière de faire, n’est-ce-pas ? S’il avait découvert un truc affreux sur lui, Niels ne voyait qu’une seule option : un Matthew qui se serait brusquement levé pour déclencher une alarme d’urgence en criant un « Embarquez-le ! ». Peut-être que le blond était fort pour tout dramatiser, mais il n’imaginait aucun autre scénario. Il ignorerait pour toujours la raison de ce malaise.

Se re-concentrer. Oui, il le fallait. Matthew attendait maintenant de lui la chose qui allait être une étape déterminante, encore une fois. Les idées se bousculaient dans la tête du jeune homme qui ne devait pas le faire trop patienter, mais ne pas non plus répondre à la râche. Ici, il sentait que son interlocuteur ne jouait plus sur la vitesse, jeu auquel Davenport avait lamntablement perdu, alors s’il vérifiait bien la balance, il était fier d’annoncer dans sa tête : Welligton 2 - Davenport 1. Il devait être structuré et parfait dans ses arguments. Se mettre dans la tête d’un WICKED. Pas trop sadique, mais pas trop gentil non plus.

- De prime abord, je pense qu’il est essentiel de réunir le plus de personnes compétentes autour de l’élaboration d’un remède pour sauver l’humanité, pouvoir la relancer, lui donner une autre chance. Faire vivre la nouvelle génération n’est pas un droit, mais une obligation. Si certains sur cette terre possède les connaissances, il ne faut pas prendre ces connaissances du bout des doigts pour aller les enterrer vulgairement sous terre. Nous ne vivons plus dans l'époque où la science faisait peur, non aujourd'hui, la science est l'avenir. Il faut au contraire, aller prendre une bonne pelle pour creuser, creuser et encore creuser afin d’avoir tous les éléments possibles en mains pour être en mesure de former un puzzle. Dans ce puzzle-là, on ne peut même pas compter le nombre de pièces tellement il y en a, la science en présente des milliers voir des milliards, mais dans un avenir très proche où on verra qu’elles sont au complètes, on saura que la solution aura jailli.


Niels avait parlé de sa voix grave et posée qui résonnait lentement dans la pièce. Les Anglais avaient toujours eu cette réputation de bien amener les choses pour se faire bien comprendre et il avait sans doute quand même hérité ce petit côté éloquent de ses parents. Il pouvait capter l’attention rien qu’en se posant et en expliquant les choses. Niels n’était souvent pas du genre à parler beaucoup, - en tous les cas moins que son frère, alors tout était relatif -  il faisait tout dans l’utile, mais lorsqu’il s’agissait d’entrer dans ses explications, il partait dans de longs monologues. Il était de retour sur les planches du théâtre avec la chose qui le faisait le plus frémir de joie : les monologues devant tout un public.

- Deuxièmement, le monde a besoin d’être soigné en attendant que le remède soit trouvé. Les mains expertes chez vous travaillent dessus, cela prend du temps, comme tout parfait et puissant remède. Le WICKED s’occupe aussi des autres personnes, ces gens qui ne doivent pas empirer la situation en contaminant les dernières zones. Prévoir et agir sont à mon opinion les mots clé pour ce deuxième argument. J’ai donc envie d’aider le WICKED à maintenir un périmètre de sécurité pour ces dernières personnes encore en vie, pas encore atteintes par le virus, comme j'ai eu la chance de le faire l'autre jour à cos côtés.

Au "vos côtés", il avait fixé Alex une seconde en plus avant de rebasculer son regard vers Matthew, puis Alex, puis Matthew. Il prenait grand soin de leur parler à tout les deux.

- Et troisièmement, je ne pourrais pas continuer de vivre tout en sachant que j’ai les compétences médicales pour aider. Ce serait égoïste pour l'humanité qui en a besoin. Apporter ma pierre à ce grand édifice afin de pouvoir redonner au monde ses belles et vives couleurs d'antan semblables aux radieuses cartes postales que nous avons tous connu. Parce que si les gens guérissent, ce sera aussi le monde.

Oui, remettre le monde debout. Et voilà que Niels le littéraire, un poil poète venait de pointer le bout de son nez dans cette fin de discours qui était sortie tellement facilement alors qu’il n’en croyait pas une seule parole. Il s’était bien entraîné pendant ces cinq jours depuis sa rencontre avec la brunette, et il s'était surpris à parler, parler et encore parler avec légèreté, mais avec cette ambition qui s'entendait dans sa voix. Avait-il convaincu ? Niels regardait Davenport avec cette lueur pétillante d’excitation et de détermination dans son regard couleur argentée.  

 
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MessageLun 26 Mar - 2:10

The game of secrets has just begun, you better watch your backs.ft. Niels Welligton

J'étais peu exigeante dans la vie. Faisant partie de ces personnes qui aiment aller à l'essentiel, les détours ne m'intéressaient pas. Un lieu sécurisé, de quoi me nourrir et un parfait masque pour éviter de me faire tuer avec mes manigances, c'est tout ce que je désirais. Bref, je vous le disais : je ne suis pas une nana compliquée, je veux simplement que ce qui m'entoure ait du sens. Or, Matthew avait totalement dérapé et, bien que ma petite cervelle - peut-être pas assez endoctrinée finalement pour percevoir les aboutissants de son blanc insensé - tournait en boucle pour tenter de percer le mystère, ce dernier restait on ne peut plus opaque.

Cette incertitude était pire que tout. Son regard presque gratifiant à mon égard n'avait d'ailleurs rien arrangé, pas plus que celui que m'avait jeté Niels un peu plus tôt comme s'il espérait que je pourrais éclairer sa lanterne à propos du bruyant silence qui avait figé l'entretien. Des dizaines de secondes qui nous avaient paru être une éternité. Personne ne désirait rester dans le flou, en gens de science nous ressentions le besoin pressant de savoir. Nous pouvions que poser des hypothèses, mettre à l'épreuve, les démontrer : toutefois l'humain était un sujet si obscur qu'il en devenait risqué de s'aventurer dans des suppositions crédules. Surtout lorsqu'elles portaient sur des êtres tel que Matthew Davenport.

Jouait-il avec nos nerfs à changer si brusquement de comportement ? Était-ce une nouvelle technique d'interrogatoire qu'il essayait sur ce jeune homme dans une vaine tentative pour briser la monotonie de son quotidien ? Il se complaisait pourtant, ce beau brun ténébreux, dans son confort tranquille. Il profitait de la sécurité que lui procurait le WICKED et des faveurs qu'entrainaient indubitablement son sourire ravageur couplé au bleu azur de ses prunelles. Combien de secrétaires de cet étage avait déjà goûté à la douceur de ses draps ? Oui, Matthew Davenport était de ces hommes qui aspiraient à bien des choses dans la vie : montrer une faiblesse quelconque, même pour les besoins d'une tâche importante, n'en faisait pas partie.

Alors, qu'était-ce cet élément qui l'avait tant interpellé ? Cette ligne qui avait requis toute son attention et l'avait happé dans une réflexion si minutieuse qu'on aurait dit qu'il y jouait sa vie ? Je dramatisais peut-être, trop nerveuse intérieurement pour m'avouer que cette suspension n'avait sans doute pas été aussi longue que ce qu'elle avait parue... Dans ce cas néanmoins, Niels n'aurait pas eu cette même lueur d'interrogation dans le regard. Lui aussi c'était trouvé pris de court par l'évasion de Matthew et son attitude qui jonglait avec les extrêmes.

- Le WICKED fait son maximum pour mettre à l'abri le plus grand nombre, m'étais-je contentée de répondre à propos de la possibilité que d'autres zones saines aient vu le jour, volontairement vague dans un réflexe qui n'aidait pas Niels à décrypter mon degré de connivence avec le recruteur.

En effet, rien ne me laissait à présager une bonne issue au comportement de mon collègue et je ne comptais pas devenir un dégât collatéral à cause d'une information que je n'aurais pas eue en ma possession lors de l'offre. Certains auraient dit que j'étais lâche d'ainsi prendre mes distances avec Niels, de le laisser dans le flou et de me couvrir sous des paroles qui n'étaient là que pour meubler l'espace : je préférais songer qu'il s'agissait plutôt d'un instinct de survie efficace. Ce même instinct m'avait permis de conserver ma place - et accessoirement ma tête - dans cette organisation maudite pendant quatre longues années. Il était hors de question que je cesse de l'écouter aujourd'hui. Il y avait trop d'enjeux, même si un pincement au cœur ne cessait d'attiser le feu ardent de ma culpabilité à l'avoir amené jusqu'à ce moment...

Ce moment où Matthew s'anima à nouveau comme un diable bondissant de sa boîte ! L'entretien continuait finalement, presque comme si de rien n'était. Au contraire, finies les questions bateau, place à l'apogée de cet échange on ne peut plus succinct mais apparemment hautement concluant puisque Matthew venait de lui demander ses motivations. J'aurais dû me réjouir, c'était vrai après tout : n'était-ce pas ce que je désirais, qu'on recrute ce jeune homme et qu'ainsi je puisse prouver ma loyauté sans faille ? Vivre dans le mensonge avait fini par me rendre paranoïaque en fin de compte ou pas tant que ça si j'en croyais la mine aussi perplexe que la mienne qu'affichait Niels. Il avait tenté de dissimuler son étonnement, sans beaucoup plus de succès que moi. Décidément, j'aurais donné des bien des choses pour pouvoir avoir l'occasion de découvrir ce que Matthew avait découvert... Entre un vilain petit secret et un renseignement crucial, mon cœur balançait.

Pendant que Niels rassemblait visiblement ses arguments, je me pris à visualiser la structure et l'agencement des données que contenaient les dossiers informatisés. Il y avait les indications relatives à l'identité de la personne, puis le résultat de nos investigations quant à sa vie passée. Les rubriques à ce propos se succédaient toujours dans le même ordre : dernière adresse connue, famille, études et formations diplômantes,... Puis venaient les documents divers et variés qui faisaient mention de leur existence, allant des coupures d'un petit journal de quartier à des actes notariés. Ce n'était qu'en dernier lieu qu'étaient récapitulés les différents passages aux points de contrôle et les tests aléatoires effectués dans la zone saine et au-delà de ses murs. Tant d'éventualités et si peu de pistes quant à ce qui avait pu déclencher ce décrochement soudain.

Mon raisonnement en était au point mort quand les paroles résonnèrent à nouveau dans la pièce exigüe. La voix de Niels était posée, grave et d'une mélodie qui rendait chacune de ses phrases plus saisissantes que la précédente. Un orateur hors pair qui m'agaçait profondément. Un peu comme lorsqu'il avait étalé sa science lorsque je lui avais demandé de me dépeindre le protocole d'une prise de sang, moins d'une semaine auparavant. Ce jour-là déjà, il nous avait fait perdre un temps précieux à discourir de long en large, allant jusqu'à évoquer les angles d'inclinaison de l'aiguille... "La culture, c'est comme la confiture : moins on en a, plus on l'étale !", ne puis-je m'empêcher de songer en luttant pour ne pas me trahir avec l'air blasé qui menaçait de montrer le bout de son nez. J'aimais qu'on aille à l'essentiel. Les longs discours, c'était pour les rats de bibliothèque, les rêveurs idéalistes et les utopistes. Bien entendu, je n'avais jamais rien eu contre la littérature et les rhéteurs ! J'étais une grande lectrice avant que la moitié de notre patrimoine littéraire ne serve plus qu'à alimenter les feux dans des camps de réfugiés survivants. Non, ce qui m'agaçait, c'était d'y aller par quinze chemins et en utilisant pléthores de belles tournures de phrases pour signifier quelque chose qui aurait pu être dit clairement sans fioriture !

Matthew n'était pas de mon avis. C'était une de ses faiblesses qu'on remarquait rapidement chez lui. En bon dragueur, il usait et abusait du verbe. Il aimait aussi qu'on le lui rende. Plus je tartinais lorsque je voulais obtenir quoi que ce soit de lui, plus j'avais de chance de parvenir à mes fins ! Cela m'avait mis les nerfs en pelote à tant de reprises que je ne pouvais qu'imaginer à quel point ces longues et belles paroles - ne manquait que la musique triste, devenant progressivement triomphante, d'un violon en arrière-plan - devaient avoir un effet jouissif sur le recruteur... D'ailleurs, notre candidat semblait désirer un assentiment de ma part : son regard oscillait entre nos silhouettes pour prouver qu'il s'adressait à chacun de nous deux. Sympathique attention qui, faute d'avoir eu l'effet escompté sur moi, eut au moins le loisir de dérider mes angoisses quant au manège de Matthew.

Avec le recul, j'en venais presque à me demander avec amusement ce qui était le pire : le précédent silence de Matthew ou le discours interminable de Niels.

- Très bien, annonça Matthew sans réprimer un petit sourire en coin dont il avait le secret et qui ne signifiait ni plus ni moins que ce discours avait revêtu un aspect littéralement jouissif pour son esprit littéraire - comme quoi je le connaissais vraiment trop sur le bout des doigts -, Vous semblez faire partie de ces personnes qui ont pris la mesure de la situation actuelle et votre envie de participer à l'élaboration d'un remède est louable.

Mon collègue n'avait pas encore prononcé la suite que j'en devinai déjà la teneur, le carnassier était de retour et le "mais" qui suivrait n'aurait qu'une perspective : mettre à jour la seule qualité qu'il n'avait pas encore eu l'occasion de tester.

- Toutefois, poursuivit-il si bien que je ne pus tout à fait retenir une ridule de se former à mon tour au coin de mes lèvres, vous devez avoir conscience qu'avant de pouvoir travailler sur un tel projet nous aurons besoin de vous pour d'autres tâches. Mlle Moore m'a parlé de votre facilité à approcher les personnes à tester lors du contrôle que vous avez effectué sous sa supervision, néanmoins le fait de travailler au risque d'être infecté par la Braise ne vous pose-t-il aucun problème ?

Il avait marqué une pause, bien nette pour mieux plonger ses prunelles dans celles figées de Niels. Désormais, c'était la dernière aptitude et non des moindres qui était jugée : l'abnégation. Serait-il prêt à risquer sa vie jour après jour pour une cause supérieure ? Bien entendu, Niels savait quoi répondre, n'importe quel imbécile aurait su quoi répondre et c'est bien ce qui me gênait ! Niels était tombé une fois déjà dans le piège des répliques préconçues, une fois de plus et nous pourrions le cataloguer au choix dans la catégorie peu flatteuse des lèche-bottes parvenus, la catégorie des hypocrites, la catégorie des imposteurs aussi... Sincère, la seule chose que nous lui demandions c'était la sincérité.

Car, il nous l'avait exposé : il était un humain, un humain avec une forte envie de vivre vu tout ce qu'il avait enduré pour arriver jusque dans cette salle, un humain qui avait perdu bien trop pour concevoir de perdre la vie bêtement. Il allait devoir laisser se fissurer la façade du parfait candidat, nous prouver une dernière fois qu'il était capable de se sacrifier sans nous laisser croire à une résignation qui n'aurait pas collé à son profil. Il allait devoir être vrai. L'exercice était difficile, mais pas impossible. Me prouverait-il que j'avais eu raison, plus tôt, de lui donner une seconde chance ?


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Niels Welligton


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MessageLun 26 Mar - 17:45

Niels
&
Alexandra
The game of secrets has just begun, you better watch your backs.
La brunette devant lui avait tout de même prit la peine de lui répondre en assurant que le WICKED faisait son maximum pour mettre les gens à l’abri. Niels avait bien évidemment entendu sa réponse, mais il avait été bien trop distrait par Matthew en pleine réflexion. Serait-il capable de lui sortir la chose qui semblait le tracasser même après un merveilleux et concluant moment de l’entretien pour pouvoir le recaler encore plus vicieusement ? Vu le personnage qu’il lui avait montré jusque-là, oui, clairement. Alexandra n’avait pas eu la moindre émotion sur le visage tandis qu’elle lui avait brièvement parlé. Davenport allait-il de nouveau lui en vouloir ? Cette fois-ci, il n’y avait rien à interrompre, elle avait même « sauvé » le coup, la « gaffe » même du brun. Cependant, il aurait tellement voulu avoir une petite explication, rien que par un regard, mais aucun signe n’était venu cette fois-ci. Sans doute en attendait-il trop d’elle. Elle avait peut-être déjà épuisé son quota de gentillesse en le sauvant tout l’heure.

Par la suite, il s’était laissé vendre par son instinct et toutes les paroles qu’il avait prononcé avec naturel et avec une détermination élégante, il était certain qu’il donnait l’air d’y croire à 1000 %. Durant tout le long de son monologue, le jeune homme avait capté une bonne aura venant de la part de Matthew qui semblait boire ses paroles grâce à la manière dont il le faisait. Peut-être qu’il pouvait se tromper après tout, mais c’était ce qu’il avait ressentit sur le coup. Il était comme ça, et rien ne pourrait le faire changer là-dessus. De l’autre côté, lorsqu’il regardait Alex toujours aussi monotone, son corps ne ressentait pas cette sorte de reconnaissance, d’admiration ou de joie grâce aux mots qui sortaient de sa bouche. De plus, sa posture paraissait plus fermée que celle Matthew et il se rappelait de cette même aura quand il lui avait expliqué comment faire une prise de sang.  Coincidence ? Non, probablement pas. Qui devait-il convaincre ici en priorité ? Matthew. C’était lui qui posait les questions, qui menait le jeu dès le début. Alors quand il mit le point final tout en douceur à son beau monologue qui méritait des applaudissements et un salut de sa part, il vit un léger sourire - même très léger qu’il fallait l’observer avec attention tel Holmes - sur le visage du brun. Positif ? Négatif ? Admiratif ? Ou bien moqueur ?

Niels eut sa réponse avec le "très bien" et les paroles qui ne tardèrent pas à s’enchainer. Cependant, Niels préssentait que ça n’allait pas s’arrêter là car sa voix avait semblé monter d’un petit octave en fin de phrase, signe qu’il s’apprêtait déjà à embrayer sur autre chose Pas manqué ! Oui, il faisait partie de ces personnes qui avaient pris compte de la situation actuelle et qui désiraient participer à l’élaboration d’un remède, mais Matthew le fit redescendre de son pied destale. Au WICKED, il n’y avait pas qu’une seule tâche, mais des quantités d’autres et il était évident qu’il ne pourrait pas se mêler à l’élaboration du remède seulement quelques jours après son entrée. C’était logique même, il devait faire ses preuves ailleurs. Niels allait bien avoir le temps d’observer les différentes tâches dont ceux qui s’occupaient de.. faire de la vie de son grand-frère en enfer. Ceux-là, quand il parviendrait à mettre un visage sur eux, il savait d’ores et déjà qu’il les détesteraient encore plus. Le plus dur allait être de faire semblant de devenir « ami » avec eux afin de plus les approcher, et même avoir accès à des informations concernant Isaac. Il allait devoir se retenir de ne pas les tuer..

Voilà que Matthew faisait de nouveau référence à ce moment-là, où il avait pu faire ses premières petites preuves aux côtés d’Alexandra. Niels ne peut s’empêcher de sourire intérieurement. Davenport revenait pile à ce moment-là. Il voulait le faire couler, mais le jeune homme commençait à comprendre comment il fonctionnait. La question qui pointa très vite le bout de son nez fut à la fois logique, mais pas aisée. Ici, il avait plusieurs options. Faire le lèche botte comme il l’avait fait tout à l’heure en racontant n’importe quoi si bien que la brunette avait du voler à son secours, ou bien dire une vérité qui n’existait même plus, car non, le jeune homme n’avait pas peur, mais la fausse vérité désirait qu’il soit angoissé. La première option où il pouvait affirmer que cela ne le dérangeait pas du tout paraîtrait trop suspecte. Il n’était pas censé être immune, alors il grillerait son secret. Or, il en était hors de question. Il ne pouvait pas dire ça. En revanche, si de leur point de vue, il disait la « vérité », qui était pour lui un mensonge, peut-être qu’ils le trouveraient trop peureux et qu’au final, il ne valait pas le coup.. Alors que faire ? Il n’y avait pas d’autre options à part faire un mix de tout ça. Il ne voulait pas passer pour le mec qui abandonnait, mais il n’était pas question d’être vu comme un menteur non plus, car ce serait trop beau de foutre en l’air son beau discours que Matthew avait eu l’air de fortement apprécier. Faisant un effort dans sa tête pour garder sa posture ouverte et ne pas croiser les bras, Niels se donna alors un air de l’homme en pleine réflexion avant de reprendre la parole lentement et d’une hésitation parfaitement calculée vu que dans tous les cas possible il ne pourrait pas être sincère. D'un, s’il savait pour son immunité, sa réponse qui suivait ne pourrait pas être juste. De deux, s’il n’était pas au courant de son immunité, la réponse paraîtrait sincère, alors qu’il ne l’était toujours pas, car non, il n’avait pas peur.

- Et bien.. personne n’est à l’abri de la Braise, même ici, j'en ai bien conscience. J’imagine que vous avez toutes les protections possibles vu que cette enceinte est très bien protégée, mais.. me frotter aux infectés ne me laisse pas indifférent. J'imagine que si je suis seul contre une armée d'infectés, ce serait assez disproportionné et un trop grand risque.

Il laissa un petit blanc et reprit avant qu’on ait le temps de lui couper la parole.

- Cependant, comme je l’ai dit précédemment, je n’ai pas envie de d’enterrer mon savoir égoïstement, alors si je peux aider à sauver les gens en faisant cette action-là, je le ferais pour des situations proportionnées , mais pas sans angoisse. Je suis une personne assez réfléchie, alors je sais ce qui est faisable ou non.

L'angoisse dont il parlait était un sentiment humain, et il priait de tout son coeur pour avoir joué les bonnes cartes dont il n'était franchement pas sûr. Coup de poker. Il espérait qu'un minimum d'angoisse n'était pas un sentiment que le WICKED rejetait car il n'était pas totalement fou non plus. ll avait sûr tout de même mettre sa réflection en avant en affirmant qu'il prenait le temps d'analyser les choses et qu'il ne se jetait pas comme un idiot fini dans la gueule du loup. Après tout, c'était bien ce qu'un scientifique était censé être, une personne un minimum raisonnable. Voilà comment le jeune homme avait trouvé comment mixer la chose. Il était certain que tout les gens ici n’étaient pas des immunes - sinon ils seraient tous dans le labyrinthe - alors, aucun employé du WICKED qui ne ressentait pas la peur près de ces « créatures » était tout simplement fou et.. pas humain. Car derrière toute la monstruosité inhumaine que le WICKED avait, s’il y avait bien une chose qu’ils n’avaient pas perdu, c’était l’ambition et la détermination pour se trouver ce remède pour eux coûte que coûte. L’être humain était égoïste de nature, alors, qu’on le veuille ou non, le WICKED était humain.. dans le plus sale des termes.

Niels attendait et se mit à regarder les deux de nouveau. S’il était prit, il se doutait que les tests ne s’arrêteraient pas ici, car il fallait bien vérifier qu’il pouvait prouver d’une manière pratique tout ce qu’il savait. Combien de temps durait cette période d’essai ? Peut-être qu’il lui en parlerait juste après.. Il l’espérait, car cela prouverait que sa bonne étoile l’avait suivie jusque là.

 
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MessageMar 27 Mar - 17:43

The game of secrets has just begun, you better watch your backs.ft. Niels Welligton

Il y avait quelque chose de plaisant dans l'interrogation de Matthew. Une touche d'un piquant bien moins sordide que lors de ses précédentes répliques. Non pas que son ton ait changé ou que son attitude ait gagné une once de bienveillance vis-à-vis de notre potentielle recrue, mais il y avait dans les mots choisis une espèce de tentative de réellement atteindre Niels. Peut-être me faisais-je des idées, cependant mes souvenirs me présentaient un recruteur bien plus direct, moins précieux, lorsqu'il avait posé cette même question à d'autres personnes venues proposer leurs compétences. Sans compter que, pour une fois, je ne décelai pas cette fascination perverse qui semblait naître dans ses traits à chaque fois qu'une nouvelle parole franchissait ses lèvres.

Bien sûr, je continuais à espérer secrètement que mon candidat s'en tirerait avec les honneurs, plus par pure fierté désormais que pour prouver quoi que ce soit à l'organisation à laquelle je prêtais mes talents. J'aimais les défis. J'aimais cette touche d'adrénaline quand un destin incertain pointait le bout de son museau et jouait avec mes nerfs. L'exaltation que pouvait provoquer sur moi le sentiment de danger était étrange : il m'aidait à masquer cette peur permanente qui ne me quittait plus depuis trop longtemps. Elle avait fini par faire partie de moi, comme une vieille amie dont la présence silencieuse en devenait presque rassurante. Les années de solitude m'avait changé en un triste oiseau, une colombe blessée devenue oiseau de mauvais augure vu les monstruosités qui naissaient chaque jour sous mes doigts.

S'il prit son temps pour répondre, j'imaginais sans peine la nouvelle tirade qu'il allait déclamer et je ne pus m'empêcher de craindre qu'on assiste à autre déconvenue par la faute de son verbe aux envolées lyriques ! Agacée, j'en venais même à songer comment je pourrais lui faire payer de m'être mise en péril pour des émotions idiotes s'il venait à gâcher tout son potentiel une fois encore. Le WICKED m'avait rendu créative à ce propos, même s'ils prétendaient que cela soit une tendance naturelle seulement mise à jour et exploitée grâce à leurs soins. Pourtant, l'expression de Niels avait légèrement variée. Son air précédemment plus assuré, bien qu'encore sous la surprise des changements d'humeur de Matthew, avait pris des teintes plus pâles. On pouvait presque apercevoir dans ses prunelles argentées les rouages de ses réflexions, ce mécanisme si complexe qui se mettait à bâtir une forteresse dont j'espérais sincèrement qu'il parviendrait à faire tomber les murs le temps d'une allocution franche. De l'authentique, c'était l'unique étape qui lui manquait avant que ne vienne le temps de la moisson. Et, s'il s'avérait doué, les récoltes pourraient être excellentes vu la patience de mon collègue ténébreux qui lui accorda sans broncher le temps nécessaire pour que ses lèvres s'agitent à nouveau et que sa voix lente et hésitante tinte à nos oreilles.

S'il divaguait en parlant d'armée d'infectés - le jour où ces machins décharnés commenceraient à former des gangs pires que ceux des motards, nous aurions bien du mal à nous défendre de quoi que ce soit -, le reste de ses propos posait les faits avec tact et mesure. Chacun de ses mots étaient soigneusement choisis, à n'en pas douter par les secondes qui s'écoulaient encore chaque nouvelle idée. Il avait compris qu'il était dans la dernière ligne droite, celle qui pouvait précipiter sa chute ou le conduire tout droit vers l'arrivée. Restant à savoir s'il la jouerait à l'endurance - et je priai de toutes mes forces pour que ça ne soit pas le cas - ou s'il se déciderait enfin à piquer le sprint de sa vie.

Alors oui, il y eut les tournures de phrases savamment choisies et l'intonation peut-être un peu trop marquée pour être tout à fait naturelle. Toutefois, l'angoisse transparaissait sur son visage qui cherchait des yeux un soutien. Dans une vivacité argentée, ils passaient de l'un de nous à l'autre dans un mouvement qui manquait de fluidité. Il ne feignait pas la peur, il la ressentait et c'est pour cette raison que ses paroles avaient sonné si justes.

- Oh ça je n'en doute pas un instant, M. Welligton... finit par annoncer Matthew avec un sourire en coin dans lequel on percevait la pointe amère d'un sous-entendu tranchant.

Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ? Depuis sa précédente évasion, mon collègue avait une longueur d'avance sur moi. Or, si je devais admettre une chose, c'était que la maîtrise de mon environnement et des personnes qui y évoluaient était la seule raison qui faisait que je n'avais encore jamais eu à payer un quelconque prix pour toutes mes manigances. Contrôler était la clef de la survie en zone hostile : le centre du WICKED était la pire de toutes ! Derrière ses cheveux légèrement décoiffés par la main qu'il passa dans quelques mèches rebelles pour les repousser en arrière, Matthew avait réussi à entretenir le mystère et même à l'épaissira. Il me manquait bien trop d'éléments pour que je puisse saisir ce dont quoi il retournait et je me prenais à songer qu'il y avait là un espace d'incertitude où le danger pouvait surgir à tout moment sans que je ne puisse avoir le réflexe de voir venir le coup.

Une seconde plus tard à peine, la tension subtile était retombée comme un soufflet. Décidément, j'avais le sentiment étrange d'avoir manqué un épisode : à croire que mes vagabondages mentaux m'avaient privé d'un tour crucial de cette partie d'échecs...

- Vous apprendrez que nous savons prendre soin de nos employés et qu'ils ne sont jamais mis en danger inutilement, conclua sobrement Matthew pendant que ses mains frappaient contre la table la tranche inférieure d'un paquet d'une dizaine de feuilles. Enfin... Vous l'apprendrez si vous réussissez ce dernier examen.

D'un geste assuré, mon collègue fit glisser le sujet vers notre candidat. Des lignes entières s'y étalaient, décrivant des cas cliniques mais aussi des questions précises quant à certains protocoles que nous pratiquions régulièrement et qui représentaient une base de connaissances non négociable à tout recrutement.

- Vous n'avez qu'à cocher sur la feuille de marques les cases correspondant à vos réponses au questionnaire à choix multiples. Nous vous accordons une demi-heure, vu vos compétences cela devrait suffire, compléta-t-il avant de se lever pour se tourner vers moi. Alex, dit-il simplement en m'indiquant la porte d'un petit mouvement du menton.

Venait l'heure du débriefing, celui durant lequel j'aurais sans doute le droit à bien plus d'interrogations naissantes que de réponses révélatrices. Cependant, j'étais bien décidée à ne pas le laisser me perdre et à démasquer son avis derrière le masque parfait qu'il laissait traîner sur ses traits transpirant la confiance. Tournant le dos aux deux mâles,, non sans jeter un dernier regard un peu plus encourageant à Niels, ma main attrapa déjà la clenche pour l'abaisser quand un murmure me parvint derrière moi.

- Vous verrez la plupart des questions ne devrait pas vous poser le moindre problème, venait d'indiquer Matthew avant d'ajouter en se penchant au-dessus de la table pour laisser échapper un murmure que je ne parvins pas à entendre : Même celles-ci ne devraient pas être bien compliquées vu votre niveau de qualification... ajouta-t-il sur un ton railleur à l'attention exclusive de Niels, en indiquant du doigt les items traitant du système immunitaire.

Lorsque Matthew me rejoignit, je devinai au coin de ses lèvres ce demi-sourire qui trahissait ses pensées fourbes. Que s'était-il donc encore passé dans mon dos ? Un ou deux pas dans le couloir pour laisser sortir le recruteur et voilà que la porte se fermait avec ce bruissement si particulier. La plupart ici était muni d'un amortisseur pour éviter les claquements qui auraient pu nous surprendre - renverser les gouttes d'un possible remède parce qu'un courant d'air aurait franchi une fenêtre ferait sans doute bien tâche - mais je soupçonnais surtout que cela assurait un meilleur hermétisme en cas de blocage volontaire d'une salle. Je pivotai pour lui faire face dès qu'il se fut placé derrière la large vitre sans teint qui donnait sur la salle, sans pouvoir me retenir de jeter un regard vers la silhouette de Niels à travers la lucarne rectangulaire d'une transparence parfaite qui occupait la partie supérieure de la porte.

Avec sa mine satisfaite, taire mon énervement devenait de plus en plus insoutenable. Il restait silencieux, toutefois je savais que d'ici une poignée de secondes il me parlerait de mon petit écart. Une inspiration plus tard, j'avais décidé de fondre sur ma proie : la meilleure des défenses n'était-elle pas l'attaque ?

- Toujours aussi "théâtral"... C'était quoi cette mascarade ?

Roman m'aurait tuée pour ce genre de remarques. J'étais la fonceuse - même s'il avait été loin d'être blanc comme neige concernant ce trait de notre personnalité, ça devait être familial même si maman ne l'aurait jamais admis ! -, celle qui résolvait les problèmes en mettant les pieds dans le plat, l'éléphant dans le magasin de porcelaine qui détruisait tout sur son passage puis demandait la facture. Cela faisait mon charme, n'est-ce pas ?

- Hein ? Visiblement, il ne s'était pas attendu à ce que je lance les hostilités vu ce gémissement manquant de style : j'étais ravie de mon coup d'état ! Il rétorqua pourtant si naturellement que je lui aurais aisément arraché les yeux pour son aisance si rapidement retrouvée : Oh tu parles de mon charisme ? Je sais ça leur fait à tous le même effet !

- Matthew... ne puis-je m'empêcher de poursuivre sur un ton qui trahissait clairement mon exaspération. Tu sais très bien de quoi je parle...

- Avec toi, on ne sait jamais vraiment, me répondit-il sur un ton si détaché que je devinai immédiatement l'importance de sa réplique. Comme la raison qui t'a poussée à nous amener celui-là...

Je ne comprenais pas où il voulait en venir. Était-ce sa façon d'évoquer mon intervention déplaisante pour son petit manège ? Comment aurais-je pu alors entrevoir qu'il cherchait à savoir si j'étais également au courant de ce qu'il avait découvert au cours de sa fouille du dossier informatisé de notre potentielle recrue ? Totalement perplexe, je n'en montrai néanmoins rien. Moins je ferai de zèle et plus ma dévotion au WICKED passerait pour authentique. Mes pupilles virèrent instinctivement vers la vitre de la porte et mon visage suivit. Niels noircissait les cases, le stylo mit à sa disposition en même temps que la liasse de feuilles bougeant si nerveusement que je me surpris à me demander s'il était une machine. Ça n'aurait pas été si surprenant d'ailleurs, il était déjà un manuel de soins infirmiers ambulant et un bouquin de rhétorique au style suranné. Non, vraiment ça n'aurait pas été étonnant, riais-je intérieurement avant de focaliser à nouveau mon attention sur Matthew.

- Tu sais qu'on a besoin de monde dans les laboratoires et sur le terrain, les personnes qualifiées se font rares et on ne peut pas dire que la situation à l'extérieur nous permettent d'ouvrir un centre de formation, tranchai-je froidement : il avait atteint le seuil critique de mon capital sympathie pour des mois.

A peine perceptible, sa carrure s'affaissa légèrement. Ses épaules carrées ressortait soudainement moins sous son costard et démontrait qu'il avait été bien plus anxieux qu'il n'avait voulu le montrer. Ou alors, il me prenait pour une idiote et tout était calculé, une fois encore. L'impulsivité prenant le dessus, on se doute du sentiment qui émergea...

Il me menait en bateau et s'il y avait une chose qui m’insupportait plus que tout c'était qu'on se paye ma tête ! J'avais passé suffisamment de temps à prendre sur moi dans cette pièce, impossible de me taire plus longtemps bien que j'avais pertinemment la conscience que tout dans mon attitude était une mauvaise idée. Sans doute était-il du même avis car il me coupa la parole avec un sourire resplendissant, si éclatant même qu'on aurait dit un de ses types qui apparaissaient dans les publicités pour du dentifrice. N'aurait manqué plus que le slogan à deux balles et le tableau aurait touché le fond !

- Tu me dois un verre au fait !

- Qu... Quoi ? manquai-je de m'étrangler, complètement prise au dépourvu.

- Tu croyais pas que ta présence allait être gratuite ? me taquina-t-il sur un ton rieur; mais à voix suffisamment basse pour que les autres employés des bureaux adjacents n'en entendent rien, faisant apparaître de petites ridules fines au coin de ses paupières. Plus sérieusement, il me paraît être un bon candidat. Il a les pieds sur terre et n'a aucune attache. Et surtout il partage notre conviction.

Qu'un remède puisse être trouvé, terminai-je en pensée.

- C'est cela qui m'a interpellée quand je l'ai croisé. Il me paraissait avoir un profil intéressant, qui pourrait combler notre manque de personnel qualifié : de la main d’œuvre qui nous permettra de nous délester des tâches les moins cruciales tandis que nous pourrions accélérer nos recherches sur le vaccin...

Il fallait que je sois encore plus convaincante, implacable.

- On pourra également facilement le tenir, il est asthmatique : on peut lui fournir les médicaments et rien que pour ça il nous mangera dans la main. La reconnaissance est une émotion puissante, prononçai-je d'une voix posée alors que nos regards s'étaient plongés l'un dans l'autre avec une intensité telle qu'aucun de nous ne parvenait à rompre le contact. Mais tu as raison, l'espoir est encore meilleure et, miraculeusement, il pourra ressentir les deux parmi nous...

- Bon boulot, conclua-t-il sobrement en détournant lentement la tête pour mettre à nouveau dans son angle de vue le jeune homme qui s'affairait sur les tests qui lui avaient été donnés.

Nous restâmes ainsi, silencieux et attentifs, pendant le reste du temps imparti. C'est seulement alors que je repérai le cadran de l'horloge au contour argenté qui trônait sur le mur de droite, affichant bravement que nous approchions l'heure du déjeuner, que Matthew se décida subitement à reprendre la parole.

- S'il réussit ce test, tu auras la joie de superviser, me lança-t-il avec détachement, même si je sentais une pointe d'amertume dans la voix.

Sans le vouloir, mes bras s'étaient enfin décroisés dans un mouvement de rejet. Si j'avais voulu apporter de la chair fraîche pour renouveler notre équipe médicale en perdition ce n'était pas pour qu'on me le colle dans les pattes !

- Pardon ? bégayai-je presque, trop énervée pour m'embarrasser des règles de convenance. -Tu n'es pas sérieux, j'ai des choses autrement plus importantes à faire que jouer les chaperons !

- Alors prie pour qu'il se soit planté, mais vu ce qu'il nous a montré je n'y crois pas vraiment... Chère référente !

J'étais en train d'ouvrir la bouche dans un excès de vivacité pour répliquer aussi sec qu'étant donné mon travail au sein du WICKED avoir un tel fardeau ne ferait que nuire au projet du Labyrinthe, quand Matthew se projeta vers la porte, me forçant à m'écarter subitement et entra dans la pièce avec son parfait masque de recruteur.

Je le haïssais de toute mon âme.

- Temps imparti écoulé, précisa-t-il simplement en allant récupérer la feuille cochée qui récapitulait donc toutes les réponses de notre candidat.

Je m'étais approchée à sa suite, me plaçant plus près de la table que précédemment autant dans un espoir d'apercevoir quelques unes des marques et en évaluer la justesse - après tout, les réponses correctes dessinaient toujours le même schéma et si celles de Niels y correspondaient je pouvais déjà regretter ma fausse bonne idée de l'avoir amené ici -, cependant Matthew avait des réflexes vifs et venait déjà de se reculer d'un pas pour rejoindre la porte.

- Je vais de ce pas le faire contrôler dans mon bureau, je ne serai pas long !

Pas un signe à mon égard. Ce n'était même plus de la haine que je ressentais à ce stade mais une envie farouche de l'expédier dans la section chirurgicale ! Mes mains tremblèrent un instant sous le coup de la colère, s'il me laissait là c'était pour une unique raison : me voir interagir avec celui qui, d'ici quelques instants - s'il ne nous avait pas arnaqué de bout en bout à propos de ses réelles connaissances - deviendrait une nouvelle recrue à l'essai du WICKED. Et mon boulet, par-dessus le marché. Je me promis alors que si je lui accordai d'aller boire ce verre qu'il désirait tant, Matthew goûterait au liquide qui le remplirait bien plus que moi !

Malgré tout, je ne devais pas perdre de vue une réalité on ne peut plus primordiale : ce que le WICKED voulait, je devais lui donner. Matthew était le WICKED. Tout comme je l'étais également. S'il avait décidé de m'accrocher celui que je tenais tant à protéger par avant et qui, désormais, revêtait l'aspect d'une sangsue dont je rêvais de me défaire, alors je n'avais d'autre choix que de prendre sur moi et assumer cette tâche. Avec le sourire en prime ? Il ne faudrait pas exagérer.

- Qu'avez-vous pensé de ce test, M. Welligton ? demandai-je après qu'au moins une minute ait creusé un fossé entre nous. Appréciez-vous ce qui pourrait devenir votre futur cadre de travail ?

Je devenais comme Matthew. Non. Je devenais comme "eux". Comme tous ces employés stéréotypés qui valsaient au sein de cette entreprise : polluée par leurs manières et leur facilité à tenter de percer les secrets. Pourquoi avais-je repris avec lui sur ce ton si distant ? Nous avions dépassé ce stade trop vite lors de notre rencontre peu orthodoxe et peut-être avais-je besoin d'éviter un amalgame fâcheux maintenant que je savais que ce pion que je venais de sacrifier à une organisation sans âme risquait de se mouvoir sous mon regard jour après jour, me rappelant à quel point j'étais si peu différente de tous ceux qui se trouvaient dans cette tour imprenable.

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Niels Welligton


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MessageMar 27 Mar - 21:10

Niels
&
Alexandra
The game of secrets has just begun, you better watch your backs.
Coup de poker réussi ? Coup de poker raté ? Le jeune homme sentait les battements de son cœur lui dire qu’il était nerveux et qu’il fallait qu’il le laisse trembler comme il le voulait. Or, le contrôle du blond était toujours en train de faire des piqûres de rappel à son cerveau pour qu’il ne fasse justement pas ça. Quelque chose avait changé depuis que Matthew s’était paumé dans sa petite tête. Il avait envie d’en arriver à la fin. Cela signifiait qu’il avait probablement dû voir une information qui lui plaisait bien, ce qui était temps mieux. Alex, elle s’était faite toujours plus silencieuse et plus fermée, sans qu’il ne comprenne la raison. Sans doute était-ce un petit jeu ou alors au fait qu’elle soit stressée. Ses sourires et sa proposition de lui faire passer cet entretien devaient lui tenir un minimum à cœur, alors s’il échouait, ce serait aussi un petit échec pour elle. Matthew pourrait alors lui demander pourquoi au grand merlin, elle avait ramené un petit incapable. Situation dans laquelle le blondinet ne voudrait pas être. Quand il travaillait encore dans le cabinet londonien, il faisait toujours en sorte de ne pas paraître inutile, il avait bien horreur de ça.

Alors oui, Niels avait senti qu’il restait une dernière petite ligne droite pour obtenir la satisfaction de ce grand brun qui aurait sans doute fait tourner la tête de son grand frère. Il n’était pas aveugle, Niels était sans doute la seule personne qui avait remarqué qu’Isaac regardait aussi discrètement les hommes quand il était ado. Et puis pourquoi pas ? Peut-être que les hommes avaient quelque chose en plus que Niels ne s’était pas encore rendu compte. Mais là n’était pas le sujet, il s’éloignait complètement et les hommes ne lui déclenchait pas d'excitation particulière contrairement à certaines femmes.. Il avait donc pris son temps pour formuler et choisir ses mots avec soin, même s’il n’avait pas eu non plus dix minutes pour les sélectionner. De l’improvisation calculée comme d’habitude. Il ne savait même pas si ce terme existait, mais il venait de se l’inventer, car il avait ce besoin satisfaisant que ça existe. Il avait clairement apprécié que Matthew lui laisse le temps de s’exprimer sans le couper, à croire que le brun s’était laissé entrainer dans ce doux rythme. Peut-être avait-il un chouilla exagéré en parlant carrément "d’armée d’infectés", mais il n’avait rien trouvé d’autre qui lui vienne à l’esprit.

Matthew se mettait maintenant à dire qu’il n’en doutait pas ce qui plut beaucoup au blond. Il aimait bien qu’on reconnaisse qu’il était une personne réfléchie. C’était de nouveau bon signe et il devina que sa réponse avait été la bonne. S’il était tombé dans le panneau en ne disant qu’il n’avait pas peur, il aurait sans doute tout foiré aussi vite que l’éclair. Mais le son de sa voix avait été étrange. Que sous-entendait-il exactement ? Qu’il était suffisamment réfléchi pour savoir qu’il ne risquait quand même pas grand chose vu qu’il savait bien réfléchir ? Ou pour .. une autre raison ? Le blond fut tenté de se mordiller la lèvre légèrement, mais réprima le tic de justesse. De quelle manière devait-il le comprendre ? Pourquoi autant de vice dans sa voix ? Peut-être qu’il délirait et que c’était juste quelque chose de naturel chez le brun. Le fait qu’il se mette ensuite à le rassurer concernant le danger et les employés lui confirmait bel et bien que ses paroles avaient eu son effet escompté et puis qui aurait pu manquer le « vous l’apprendrez » , temps du futur proche ? Décidément, Matthew commençait enfin à se montrer positif, mais il ajouta une dernière petite chose qui paraissait logique. Un examen. Sans doute de la théorie pensa t-il aussitôt. Cela ne lui faisait pas spécialement peur, mais dire qu’il n’était pas du tout angoissé aurait été un mensonge. Il y avait derrière tout ça la joie de la réussite ou l'horreur de l’échec. Isaac ou pas Isaac. Était-il le seul dans cette immense enceinte qui ne voulait pas la condamnation de son frère et de plein d’autres ? Il en doutait. Ce serait franchement surréaliste et bien trop beau pour être vrai. Non, une fois qu’il aurait réussi, il serait tout seul dans son petit bateau dont il devrait prendre soin afin de ne pas laisser l’eau s'infiltrer pour éviter que le paquebot coule au fond de l’océan.

Les yeux du jeune homme descendirent alors vers la feuille remplie de petits ronds qui lui sautait aux yeux. Evidemment. Un Questionnaire à choix multiples. Une pure invention tordue des Américains incapables d’écrire des dissertations ! Ce système avait fait longtemps débat dans son pays natal, un coup le gouvernement voulait les instaurer et un coup non. Au final, le blondinet n’avait que très peu connu ça, et certainement pas pour son A-Level. Il avait donc une demi-heure, et alors que le brun allait le laisser prendre connaissance de ce qui serait la dernière chose à décider de sa victoire ou pas, le doigt du brun lui montra une section qui provoqua chez lui un battement de cœur raté. « Système immunitaire ». Pourquoi lui montrer ça alors que Matthew n’était clairement pas le type à lui accorder une avant-première d’une question avant d’avoir lancé les chronos. Et au grand Merlin pourquoi ça ? « Le système immunitaire » ? Non, mais plus sérieusement ? Dans « immunitaire », il n’était pas con, il y avait bien le mot défendu : « Immune ». Niels était incapable de parler à cet instant-là et il tenta alors de relever les yeux vers le brun. Il voulait voir dans ses prunelles ce qui se cachait derrière cette phrase pas si anodine que ça, mais son regard le figea. Il savait non ? Alors pourquoi ne pas l’embarquer ? Les lèvres de Niels bougèrent légèrement d’un millimètre, comme s’il s’apprêtait à parler, chose qu’il ne fit pas. Rien ne pouvait être une coïncidence. Matthew, comme satisfait de maintenant le laisser ici face à ce test, dans cet état de stress atroce à vouloir s'en tirer une balle, referma alors la porte qui fit un petit bruissement. Il était maintenant seul dans une pièce toute blanche heureusement d’équipée d’une vitre. Le simple « Alex » assez sec laissait entendre que Davenport allait passer à la fameuse chose dont Niels aurait temps voulu entendre : le débriefing sur lui et rien que sur lui. Quand on parlait de lui, c’était plus fort que tout, il devait écouter ou deviner. Il allait pouvoir encore user de ses petits dons vu qu’il se rendait compte que les deux n’allaient pas aller plus loin que cette vitre. Il pouvait voir Alexandra, son visage était pile à la bonne hauteur, ce qui n’aurait peut-être pas été le cas avec Matthew alors elle s’était bien placée. Mais avait-il du temps à perdre avec ce qu’ils leur diraient après le test ? Non, absolument pas, mais s’ils disaient une information importante qu’il lui fallait connaître ? Et s’il était en danger ? Et s’ils le gardaient, car Matthew avait deviné son statut ? C’était OBLIGÉ qu’il en informe Alexandra, alors il allait devoir faire les deux.


Il prit le crayon que Matthew lui avait donné et commença à lire la feuille. Des petits cas et plusieurs réponses assez semblables apparaissaient. Maudits américains. Vicieux comme pas possible. Les questions avaient des pièges alors il fallait procéder par raisonnement et élimination, mais il ne put s’empêcher d’aller directement capter ce que disait la brunette, mais il ne comprenait pas tout, sans voir Matthew. Le blondinet avait toute sa concentration réunie et réussit à choper de prime abord « très bien de quoi je parle » , « personnes qualifiées rares » et « profil intéressant ». Son cœur fit ce bond désagréable si commun depuis qu’il avait mis les pieds ici. Alex trouvait donc son profil intéressant ? Il se mordit les lèvres, tenté de continuer, mais il devait répondre à ce test. Dans le premier cas, un seul élément vraiment optionnel mais très utile apparaissait dans la dernière proposition. Si la A avait pu sonner tout à fait possible, la D était mieux. Il y avait tout simplement plus de confort pour le patient avec le dernier petit item mentionné. Il avait toujours eu l’habitude d’écrire des essais, mais au cabinet, il avait pris à prendre ses notes, être bien plus bref, alors en fait ici, il était à son avantage. Il réfléchissait plus vite. Il était capable de répondre. C’était de la pure théorie et il se mit même à sourire à une question en prenant le soin de tout de même relire plusieurs fois toutes les propositions pour ne pas se planter. Dans chaque cas qui lui était exposé, Niels parvenait à se remettre dans un contexte purement pratique où sa théorie le guidait. Par la suite, la section de « terminologie médicale » lui apparaissait la plus simple. Le vocabulaire aussi, car il avait tellement galéré avec ça alors quand il voyait « Que signifie une coxarthrose ? » il répondit automatique « La dégénérescence de l'articulation de la hanche. » Pareil pour une « amyotrophie », son stylo coloria la case « la diminution d’un muscle » . Les autres catégories, dont les spécialités qu’il avait vues étaient assez simples, car les questions restaient tout de mêmes assez générales. La biologie alla plutôt assez vite. Il se rappelait qu’il y avait bien environ 100 milliards de neurones chez l’homme, que la mitose se divisait en 4 étapes : prophase, métaphase, anaphase et télophase ou encore qu’un chromosome qui possédait un centromère au milieu se disait métacentrique.

Niels reprit sa respiration et releva les yeux vers la vitre, voyant que les deux étaient toujours en pleine discussion. C’était maintenant où jamais, car il n’était pas regardé. Le mot « asthmatique s’était clairement lu sur les lèvres de la brunette, aucun doute là-dessus. Et merde.. cela posait-il un problème ? Le stress n’avait pas un bon effet sur ses capacités. Il avait en plus l’impression d’étouffer dans cette salle. « Ressentir les deux parmi nous ». Ressentir quoi bon sang ? Il avait loupé toute la phrase ! Il fallait arrêter et se replonger dans le test ! Il ne pouvait pas se permettre de le louper, mais en tous les cas, il ne pensait pas avoir chopé un grand moment de « révélation », alors Matthew ne savait rien sur son statut, mais voilà qu’Alex semblait contrariée. « Jouer les chaperons ». D’accord.. pourquoi ? Avec lui ? Il soupira et se reprit.

Vint alors la fameuse partie sur le système immunitaire sur la feuille de papier. Matthew avait eu raison, ses connaissances lui permettaient de répondre à ça. Oui, Les Ig étaient des glycoprotéines et non des estérases. Il fallait être stupide pour répondre l’inverse. Il existait aussi trois classes principales d’Ig et il fut capable de cocher la bonne. Il fronça les sourcils lorsqu’on lui demandait quelle Ig avait la demi-vie la plus courte. Il se mit à murmurer, comme il le faisait toujours. Il apprenait ses cours en parlant, alors forcément, quand il réfléchissait, il le faisait à haute voix.

- La IgM est une macromolécule. Il existe deux classes présentes à l’état de trace dans le sérum normal, soit IgD et IgE. Blablabla… ! Par la suite l’IgG a la demi-vie la plus longue et l’IgM la plus courte.. la plus courte ! Oui ! l’IgM. OK. L’IgM. Suivante. Les Ig sont formées de chaînes polypeptidiques au nombre de… 4. Ouais 4. C’est logique.

Il passa à la dernière section avant de regarder des nouveaux les deux. Ils ne parlaient plus. Au final, il avait réussi à ne capter que quelques mots et avait évité de trop s’attarder, il avait eu l’essentiel, assez pour savoir qu’ils n’avaient probablement pas parlé de son immunité, ce qui l’importait le plus. Ce test était la chose à ne pas louper.

- Sérieusement ?, ne put s’empêcher de murmurer Niels en voyant une question assez historique, très surpris de voir ça dans les questionnaires du WICKED. Mais qu’est-ce qu’on s’en fiche de savoir quand l'utilisation des résines synthétiques pour les obturations a été mise en place.. C’était forcément avant la deuxième guerre mondiale.. chose qui remontait à si longtemps pour le blondinet.1935, 1938 ou 1950 ?35 ou 38 sans doute..?

Il soupira et finit par cocher 1935 - alors qu’en vérité c’était 1938.

- Et .., recommença t-il en ayant le besoin de lire à la question tellement il n’en avait aucune idée. La dent de porcelaine voit le jour au XVIIIe siècle : elle est perfectionnée, à Paris, par le dentiste..

Plusieurs propositions s’offraient à lui.

- "À Paris".. en France.. le premier fait trop espagnol ou italien, j’arrive jamais à faire la différence. L’autre fait trop allemand y a un « sch » , et l’autre j’en sais rien et l’autre.. arf ça fait bien français ça « Dubois de Chémant » ! « De Chémant » , répéta-t-il avant de cocher ça directement et de s’intéresser à des terminologies dentaires bien plus parlantes, pratiques, et UTILES.  

Ce fut quand le jeune homme se relut en quelques secondes chrono - vu qu’il avait quand même bien relu à chaque fois - que la porte s’ouvrit. Davenport lui annonçait que le temps était écoulé. Niels n’en pouvait plus et avait l’impression d’avoir couru un marathon. Il avait chaud et il était certain d’avoir pris des couleurs. Il lui tendit la feuille - ou plutôt, ce fut Matthew qui se servit - et reposa le crayon sur la table. Il disait qu'il allait faire contrôler ça dans son bureau. Allait-il le faire de lui-même, demander à quelqu’un d’autre ou bien était-ce une machine automatique ? Voilà qu’il se retrouvait seul avec la brunette dont les dernières paroles se mariaient à la perfection avec ses mains qui tremblaient. Niels s'autorisa alors une grande expiration, pour évacuer toute sa pression. Pourquoi avait-elle du mal à se contrôler soudainement ? Et pourquoi commençait-elle une conversation en le vouvoyant alors qu’elle avait essayé de le rassurer avec un léger sourire encourageant avant de quitter la pièce. Il se perdait totalement. Les femmes et leurs fameuses hormones agaçantes ou bien.. cette histoire de chaperon ? Qu’avait-il pensé du test ? Il se répéta la question deux fois dans sa tête, épuisé d’être interrogé et il se disait que si les recruteurs voulaient émotionnellement épuiser les recrues avant de les cuisiner, le test était la meilleure des solutions. Évidemment, il n’allait pas lui dire qu’il n’était pas certain que sur une ou deux réponses, ça ferait trop prétentieux. Appréciait-il ce qui pourrait devenir son nouveau cadre de travail ? Parlait-elle de l’endroit où des questions bien familières dans le test ? Il essuya la sueur qui perlait à son front. Il se rendit compte qu’il avait quand même maintenant vachement soif. Il avala sa salive dans sa gorge sèche avant de répondre.

- C’est un test que mes professeurs auraient adoré nous donner, répondit-il avec un petit sourire poli. Pour ce que j’ai vu de l’enceinte pour le moment, je la trouve très sécurisée, c’est rassurant et lumineux. C’est encourageant. Je ne suis pas du genre à aimer les pièces sombres, du genre, les vieux tribunaux, si vous voyez ce que je veux dire.

Il n’était pas à sa place dans le domaine du droit comme ses parents l’avaient été, non ici, il était bel et bien "à sa place" dans le domaine scientifique et il lui faisait comprendre. Le jeune homme avait repris le « vous » qui contrastait avec l’ambiance de détente et peu formelle du début. Peut-être qu’elle gardait ses distances, car Matthew pouvait revenir d’une seconde à l’autre tel un lion bondissant sur la gazelle, sa proie. Il mourrait d’envie de lui demander, si elle pensait qu’il avait réussi, mais « début amical » ou pas, il savait pertinemment que c’était Isaac qui aurait cédé à la tentation de demander sans savoir que cela ne se faisait absolument pas, alors à la place, histoire de repousser ce genre de questions similaires, il opta pour plus simple et chose dont il avait bien besoin sur le coup.

- Je me demandais, Mademoiselle Moore, s’il était possible d’avoir un verre d’eau s’il vous plaît ?

Il mourrait de soif. Ce questionnaire l’avait épuisé et toutes ses émotions l'étaient aussi. Elles ne pouvaient pas retomber, car il n’avait pas fini et le stress du grand verdict le tenait, telle une petite marionnette. Trente minutes pour un marathon étaient peu, mais bien faisable. Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas eu de la théorie sur table, mais il mettait ça sur le compte du chagrin, de l’angoisse, mais encore du questionnement. Alexandra s’était elle aussi montrée de plus en plus étrange. Peut-être qu’il se faisait des illusions. Il le saurait peut-être plus tard, mais il regardait le sourire qu’elle affichait. Un sourire trop parfait pour être réel par rapport à avant. Pourquoi donc ? Tant de mystères… Oui, des mystères qui eux avaient bien plus que quatre choix possibles sur une feuille de papier.


 
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MessageMer 28 Mar - 22:35

The game of secrets has just begun, you better watch your backs.ft. Niels Welligton

Tout dans cette journée paraissait être bien décidé à me laisser un goût amer... D'abord, l'arrivée de Niels que je n'attendais plus, puis les méthodes toujours aussi compatissantes de Matthew, et pour finir je me retrouvai là : debout comme une pauvre cloche à un pas à peine d'une chaise sur laquelle je n'avais aucune envie de m'asseoir. Je n'étais d'ailleurs pas certaine que mes muscles aient encore la capacité de se détendre pour me permettre ce mouvement, tant leur crispation se faisait sentir dans l'ensemble de mes membres. J'imaginais sans peine les crampes que je me paierai le soir même, ou plutôt le lendemain si mon organisme avait toujours le même fonctionnement qu'à l'époque où j'avais fait brièvement partie de l'équipe d'athlétisme de mon lycée...

Ce souvenir donnait l'impression de sortir d'une autre époque. Il s'inscrivait en noir et blanc, muet dans une galerie dont les œuvres n'avaient aujourd'hui plus la moindre importance. Parfois, seule dans mon lit le soir, je m'égarais. L'image de la piste de terre rouge qui défilait sous mes pieds, la cadence qui me portait toujours plus loin, le rythme de ma course et de mon cœur qui battait à l'unisson,... Toutes ces petites choses du quotidien, si futiles et qui vous manquaient cruellement lorsqu'on vous les retirait à jamais. Alors oui, parfois, seule dans mon lit le soir, je m'égarai en imaginant un autre destin. Dans ce rêve, les éruptions solaires avaient été maîtrisées ou n'avaient jamais eu lieu, le nom de Braise ne signifiait rien de plus que ces charbons roussis qui envoyaient leurs étincelles ardentes dans l'âtre d'une cheminée, l'apocalypse était encore un terme réservé au dévots. Je n'y menai pas une existence parfaite au sens commun - le job stable, le mec constant et le joli p'tit appartement où tout était bien à sa place n'étaient pas pour moi dans ce quotidien qui m'aurait tant correspondu -, mais j'y vivais au lieu de ne faire que survivre ici...

Le visage encore un peu rougi sous l'effet du stress, Niels m'observait avec intensité depuis que Matthew avait quitté la salle. Cette désagréable sensation d'être observée me crispait davantage, me déstabilisait aussi. Il y avait une espèce d'attente dans ses yeux et elle m'effrayait, alimentait mon rejet. Je n'étais pas la personne qu'il semblait croire : je n'étais pas cette employée si bienveillante qu'elle lui avait donné une occasion de gagner en sécurité en rejoignant la plus grande organisation encore debout. Je n'étais qu'une salope manipulatrice qui n'avait même pas réussi à venir en aide à la seule personne qui me restait.

Je ne me résumai qu'à ça. A cela et à cette colère dévorante qui ne se taisait jamais.

La clarté de la lumière des néons éclairait vivement ses traits fins, tandis qu'à contre-jour les miens étaient bercés dans un jeu de clair-obscur. Si j'avais l'air sévère, je ne m'en rendais pas compte. J'aurais dû pourtant, puisque tout soudain chez lui m'insupportait : sa grande inspiration, sa déglutition légèrement bruyante et même son petit sourire poli. Comment faisait-il pour paraître aussi bien sous toutes les coutures ? Enfance dorée sans doute, éducation hors de prix sûrement et je pariai même sur l'effet petit prodige : voilà les informations qui me revenaient à son propos, bafouant les souvenirs de sa dévotion envers les inconnus que nous avions testés et même cette fragilité qui m'avait interpellée. Les ténèbres des préjugés étaient plus puissants que l'éclat de la bonté.

D'abord, il convoqua les souvenirs de professeurs : évocation inutile qui ne répondait en rien à ma question. Puis vinrent les pièces sombres… S’il avait su. Mes journées se déroulaient dans l'ombre, aussi bien au sens propre qu’au figuré. Sous la terre, plus aucune lumière ne pouvait nous atteindre si ce n’est celle tellement artificielle de nos écrans qui tapissaient la pièce de leurs données morbides. Peut-être ne voyais-je pas ce qu’il voulait exactement dire à propos des tribunaux, même si je saisissais sans peine l’allusion à ses parents. C’était sans nul doute pour cette raison que, malgré la colère qui grouillait toujours dans chaque parcelle de ma chair, un pincement douloureux se joignit à l’énervement qui écrasait ma poitrine. J’aurais été incapable d’évoquer mon passé à sa manière. En bon psychologue, Matthew avait déjà tout tenté pour délier ma langue quant à ma famille : si j’avais d’abord préféré me bercer d’illusion, me répétant que ce rejet à aborder le sujet se résumait à un réflexe de protection envers mon frère, j’avais saisi il y a longtemps maintenant que cela allait plus loin que ça. La vérité, c’est que mes souvenirs étaient précieux : ils m’appartenaient comme un trésor inestimable, ils me permettaient de mettre un pied devant l’autre chaque jour sans gémir sous le poids des images ternies. Ils étaient des reliques inestimables, des joyaux irremplaçables qu’il était hors de question de livrer en pâture même succinctement à un inconnu.

Le monde était anonyme à mes yeux. Personne donc ne pouvait partager ses images d’un bonheur fané et je me plaisais parfois à songer qu’elles disparaitraient avec moi, éteignant pour toujours la mémoire de Roman Grandière et Ashley Moore.

Pas même une bribe d’émotion n’avait filtré dans mes traits neutres. Rien d’étonnant quand dissimuler vos états d’âme était devenu une seconde nature au point que vous vous mettiez parfois vous-mêmes à croire en vos mensonges.  

Doucement, je sentais le calme revenir. La crainte que mon collègue ne joue les voyeurs derrière la paroi vitrée diminuait au fil de mes pensées tristes, j'aurais presque pu rendre son sourire à Niels s'il n'avait pas choisi ce moment pour me prendre pour une serveuse. Franchement, j'avais la tête de l'emploi ? Matthew s'était-il tellement amusé à me faire apparaître comme une possible subordonnée que cet idiot l'avait cru ? Et j'allai devoir me le coltiner pendant des semaines, voire des mois s'il était finalement affecté à la même unité de recherche, vraiment ? Alors qu'il me demandait un verre d'eau ?

Mes lèvres s'étaient entrouvertes comme lorsque j'avais voulu rétorquer à Matthew qu'il était hors de question que je m'occupe des chats errants dans le genre de ce blondinet. Moi, je les ramassai au bord de la route et je les ramenai à la fourrière : libre à eux ensuite de les soigner, en prendre soin ou de les euthanasier ! Ok, j'étais infecte là. Décroisant les bras en laissant ma bouche se refermer sans qu'un seul son n'en soit sorti, je fourrai mes mains dans les poches de ma blouse dans l'espoir d'y trouver n'importe quel objet ou papier à triturer, froisser, mettre en pièces. Mieux valait eux que lui si je ne voulais pas devenir la Créatrice la plus fêlée du mois à la place de la plus dévouée.

- Je ne peux vous laisser seul en attendant le retour de M. Davenport. Pas de non clair, juste une énonciation pure et dure des faits. Vous n'avez pas été prévoyant à ce propos ? ajoutai-je en jetant un coup d’œil vers le sac posté au pied de sa chaise.

A nouveau, je passai à l'offensive pour m'éviter d'être encore plus brute - je savais bien que si ça avait été le cas, je l'aurais regretté tôt ou tard, enfin plutôt tard que tôt vu comme j'étais remontée - et le moindre détail pouvait assouvir ce besoin de le mettre dans l'embarras, pour ne pas dire le malmener.

- Il a l'air bien rempli pourtant... Qu'y a-t-il à l'intérieur ? demandai-je en faisant un pas sur le côté pour observer plus nettement la forme épaisse du sac à dos en me souvenant que le garde à l'entrée ne lui avait pas demandé de l'ouvrir pour le fouiller puisque j'avais annoncé qu'il était sous ma responsabilité. J'avais imaginé que pour quelqu'un si longtemps errant, vous étiez plus...préparé.

Et il ne l'était pas. Personne n'était préparé à découvrir ce qui se tramait ici. Bien sûr, certains le prenaient avec philosophie et même avec une admiration malsaine dans le regard. D'autres au contraire restaient figés perplexes avant que leur reviennent à l'esprit la terrible vérité : nous avions besoin de sacrifier des personnes pour le bien de l'humanité, pour leur bien à eux. On pouvait accepter beaucoup de choses quand il s'agissait de préserver notre intérêt. Serait-il de ceux qui acceptent sans broncher ou de ceux qui s'y résignent ? Je n'étais pas sûre de vouloir le découvrir alors que, déjà, les pas du recruteur se faisaient plus proches dans le couloir : prêt à apporter la sentence.


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MessageJeu 29 Mar - 17:11

Niels
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Ce test avait eu pour effet de lui rappeler beaucoup de scènes précises de son passé qui lui manquait terriblement. Il avait cette hâte de retrouver des responsabilités de ce genre, et même si c’était pour ces monstres, il voulait aider du mieux qu’il pouvait les gens à qui il aurait à faire. Il aimait bien arriver le soir après le lycée où il s’était senti assez seul toute la journée. Au cabinet, il avait réellement sa place et n’avait aucune difficulté à parler que ce soit avec les médecins ou encore les patients. Il était un différent Niels, un Niels bien plus sociable. Le week-end, au petit matin, il adorait arriver dix minutes avant les autres rien que pour profiter de l’espace tout entier, se faire des petites scènes dans sa tête et se rappeler que malgré les moments difficiles dans sa vie, cet endroit l’avait toujours bien accueilli. Le blondinet se mit à replonger dans un souvenir assez spécial qui remontait à l’époque où il n’adressait plus la parole à personne. Pendant quelques mois, suite au décès de son père, il s’était renfermé pour ne pas prononcer un seul mot. Déconcertant pour sa famille.. et presque anodin ici.. Au contraire, ils ne l’avaient pas rejeté, mais l’avaient aidé à trouver de nouvelles solutions à son mutisme. Rien n’était perdu et comme il était toujours avec un médecin étant donné qu’il avait le rôle d’assistant, les gestes et le savoir suffisaient. C’était même cette acceptation qui l’avait aidé à se sentir mieux au fur et à mesure que les semaines s’écoulaient.

Mais pourquoi pensait-il à ça là maintenant ? Sans doute parce que Matthew venait de lui chambouler la cervelle en le faisant passer d’émotions en émotions.. Le passé resurgissait tellement plus rapidement si bien que son esprit traitait certains thèmes en particulier. Niels se souvenait aussi la première fois qu’une de ses patientes avait capté son mal interne. Elle avait relevé les yeux vers lui avec un sourire que le blondinet lui avait aussitôt rendu avec douceur. La femme avait alors placé sa main droite devant sa bouche pour la ravancer vers le devant. Il avait alors senti son cœur se remplir de chaleur avant d'avancer ses deux mains, paumes vers le ciel, pouces sur le côté pour ramener à deux reprises tout ses doigts vers ses paumes. Elle lui disait "thank you" et lui lui répondait "you are welcome". Niels avait dialogué avec elle. Cela avait été quelques secondes, mais elles restaient marquées dans son esprit. Il en avait eu d’autres opportunités et cette première femme semblait lui avoir offert cette envie d’oser prendre les devants sur ses gestes. Aujourd’hui encore, il lui en était très reconnaissant.


Niels en avait alors oublié la Alex assez crispée qui se tenait face à lui depuis que Matthew avait quitté la pièce. Devait-il lui demander ce qu’il se passait ? La chose était bien tentante et il était aussi inutile de préciser qu’il avait répondu à sa première question d’une manière abstraite, ne s’exprimant pas vraiment sur le comment il avait trouvé ce test. Niels avait fait le choix de rester mystérieux temps qu’il n’aurait pas sa note. Il n’était pas du genre à crier haut et fort qu’il avait possiblement fait "un presque sans faute". Cela avait coûté beaucoup à son frère autrefois lorsque ce dernier s’amusait à s’avancer et à faire des paris qui s'avéraient souvent foireux.

« Et toi frangin ? Ton premier AS-Level ? », avait demandé Isaac lorsque Niels avait passé un premier examen de sa première année de A-Level.

« On verra Isaac. À ce que je sache, on n'a pas encore les résultats devant les yeux alors à part te donner des hypothèses sur quelque chose de plus parlant, c’est non. »

Son frère ne cherchait pas à le contredire et la plupart du temps, il haussait les épaules pour lui faire comprendre que c’était comme il voulait et qu’il ne le forcerait pas, chose qu'il n'aurait pas fait avec ses propres amis. Son petit frère était l'exception. Alors, c’était pour cette raison qu’il avait esquivé et redirigé sa réponse à Alex qui ne semblait pas très satisfaite de la chose inutile et bâteau qu’il venait de sortir. Tant pis, elle s’en remettrait. Au moment où sa question - encore plus stupide - était sortit de sa bouche, il la regretta presque aussitôt en ayant remarqué la réaction quasi-instantanée d’Alex qui venait d’ouvrir les lèvres avant de les refermer. Lui faisait ça quand il s’apprêtait à sortir un reproche ou quelque chose de négatif qui nécessitait du contrôle de sa part. Il avait donc deviné que ça ne lui plaisait pas et ce qu’elle s'apprêtait à dire allait serait une autre version plus soft de ce qu’elle aurait voulu cracher d’instinct. Quand la réponse parvint à ses oreilles, le blond savait qu’il ne s’était pas trompé et derrière le masque sans émotions d’Alex, il sentait cette aura pesante dans cette pièce. L’agacement. Voir même de la colère. Pourquoi donc ? Ce fut alors que ses yeux d’observatrice se posèrent sur son sac. Avait-il été prévoyant ? Bien sûr que oui et cette histoire d’eau l’avait dépassé étant donné qu’il ne partait jamais sans une gourde. Il n’était pas fou. Il était asthmatique et quand il marchait, le blondinet avait besoin de s’hydrater. Il en conclut que c’était le stress et l’épuisement moral qui lui avait fait sortir une telle annerie. Il avait maintenant une chose en plus pour laquelle il devait s’inquiéter. Son sac. Son pistolet. Certes, il était bien caché alors même s’il l’ouvrait, elle ne verrait rien du tout, mais on était jamais trop prudents, car on pouvait toujours le sentir à un moment donné.

Décidant d’agir avec naturel pour pas qu’elle ne devine qu’il avait quelque chose à cacher - même s’il avait bien senti son petit cœur battre plus rapidement - , il s’approcha de son sac, le posa sur la table avec délicatesse et l’ouvrit.

- J’ai été prévoyant. J’ai en effet une bouteille d’eau. Autant pour moi, annonça t-il d’une voix grave et posée qui se voulait pacifique face à l'agacement qu'il pouvait capter chez elle. Je ne voyage jamais sans une trousse de secours, un de mes livres, une carte, un tee-shirt de rechange et quelque chose à manger.

Ici, avec cette petite énumération véridique, il noyait encore une fois le poisson dans l’eau. Tout était logique au final, alors il n’avait rien à craindre. Son pistolet était et resterait bien secret. Il ouvrit sa bouteille et en but de longues gorgées avant de la refermer et de la reposer dans son sac. Il ferma la fermeture tranquillement et le reposa au sol avant de regarder de nouveau Alexandra.

- Voyager non préparé serait du suicide dans ce monde-là. J’imagine que vous faites aussi beaucoup de voyages, affirma t-il pour s’éloigner en douceur du sujet du « sac à dos trop rempli ».

Les oreilles de Niels entendaient alors quelques agitations dans le couloir. Les pas lents et réguliers de Davenport. Déjà ? Voilà qu’il allait avoir la réponse qu’il attendait avec grande angoisse. Avait-il réussi le test ? Manquait-il quelque chose dans son profil qui serait pour lui éliminatoire ? Il repensait à cette histoire d’asthme qu’il avait perçu sur les lèvres de la brunette. Cela serait-il trop risqué pour eux d’avoir ce genre de problème sur le dos ? Niels allait le savoir vite… même très vite si Matthew n’était pas du genre à le faire languir. Mais sadique un jour, sadique toujours, n’est-ce-pas ?


 
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MessageVen 30 Mar - 4:54

The game of secrets has just begun, you better watch your backs.ft. Niels Welligton

Difficile de savoir si j'étais satisfaite ou profondément blasée... D'un côté, Niels me prouvait une nouvelle fois qu'il avait du potentiel, d'un autre il exposait à nouveau une facette bien plus fragile qu'il avait jusqu'alors dissimulé à merveille. En effet, s'il s'excusait à demi-mot de m'avoir prise pour le petit personnel, ce moment où il avait dû avouer son erreur sonnait comme la fin de l'impeccable image qu'il avait reflétée pendant presque tout l'entretien. Bien sûr, il y avait eu d'abord le faux pas, mais la performance qui avait suivi revêtait des allures de sans faute. Il m'avait paru si à même de jongler avec ses attitudes et ses paroles que peu à peu le souvenir de ce garçon en train d'étouffer dans la foule s'était dissipé pour laisser la place à un simple jeune homme aussi commun que tous les autres qui s'étaient assis là. Désormais, avec cet oubli imbécile qu'il venait d'avouer, je l'apercevais à nouveau au-delà du voile écarlate qui obstruait toujours ma vue : il refusait d'ailleurs de partir ce bougre, préférant m'avertir à sa façon que malgré l'empathie qui pointait déjà en moi, le voir comme autre chose qu'un pion était dangereux.

Sa voix grave avait des accents apaisants avec sa mélodie chantante en toutes circonstances, alors pourquoi mes doigts trituraient-ils encore plus nerveusement la clé USB et le vieux post-it qui étaient fourrés dans ma poche ? Niels pouvait-il remarquer mes petits mouvements à travers le tissu blanc de la blouse ? Il était inconcevable qu'il puisse remarquer ce stress qui me dévorait intérieurement et cela même si je devinai qu'il le partageait vu sa précédente inattention. Une seule solution s'offrait à moi, canaliser mes pensées pour éviter de me rappeler plus longtemps qu'une part de moi l'appréciait quelque peu ou plutôt trop en réalité pour que je puisse ignorer que c'est cela qui me faisait le plus peur. Si j'avais orgueilleusement souhaité sa réussite, le même égoïsme m'obligeait désormais à renier ma brillante idée et à l'envoyer au diable à grand renfort d'espoir qu'il ait perdu ses moyens devant la feuille blanche ou ait fait n'importe quelle bévue - qui n'avait jamais décalé toutes ses réponses d'une ligne dans ces fichus questionnaires à choix multiples ? - qui le ferait reconduire directement à la porte. Allez en prison, ne passez pas par la case départ, ne recevez pas les deux cents dollars... Fin de partie.

Voilà que mes pensées vagabondaient à nouveau tandis qu'il avait soulevé son sac au tissu qu'on devinait légèrement élimé par le temps : il fallait à tout prix que je me raccroche à n'importe lequel de ses propos, que j'arrive à libérer la pression qui me rendait si instable et menaçait de voir la Créatrice de marbre devenir une vraie bombe à retardement. L'explosion avait déjà commencé à ravager ma poitrine et paraissait décidée à broyer mes côtes, l'impact y résonnait jusque dans mes cervicales qui diffusaient l'onde de choc jusque dans mon crâne. Je me bénis d'avoir avaler mon traitement ce matin, moi qui l'oubliais régulièrement - ou plutôt jouais les super-héroïnes en m'en passant volontairement afin d'en mettre de côté dans l'éventualité d'un jour où la fuite serait ma seule option si le risque d'être démasquée devenait trop important -, sans lui la scène eut été bien différente...

Une trousse de secours, un livre, une carte,... Niels énumérait les différents objets qui constituaient sa panoplie du parfait scout ! On l'aurait dit sorti d'un de ses camps dont les enfants aux familles aisées avaient la presque exclusivité, ceux-là même où on vous apprenait à faire griller des marshmallows au coin d'un feu que vous aviez allumé vous-mêmes et à l'ombre des tentes que votre dextérité vous avait permis de monter en maniant des nœuds tous plus complexes les uns que les autres. Y avait-il le même genre de camps d'été en Angleterre ? Question futile, mais ô combien distrayante ! D'ailleurs, à cette liste trop sage, je ne pus m'empêcher d'ajouter mentalement quelques autres items dont nous n'avions su nous passer pendant mon voyage avec Roman : un briquet, une lampe torche, une arme... Il faut croire que selon notre vécu, les besoins différaient.

Le bruit filant de la fermeture éclair brisa sa pause silencieuse avant que son sac ne rejoigne sa place sur le sol, bien calé contre le pied de sa chaise, à l'ombre de sa silhouette fine. Encore une dernière réplique, comme s'il tentait réellement de me convaincre de sa bonne capacité à gérer l'aspect survie de son existence, comme s'il avait besoin de se justifier encore et encore, comme si j'étais Matthew. Je m'en sentis immédiatement monter une nausée : il fallait se rendre à l'évidence, s'il réagissait autant sur la défensive, c'est que quelque part en chemin je m'étais changée en harpie.

- J'ai beaucoup voyagé à une époque, lâchai-je pensive alors que l'image de mon frère dansait devant mes yeux en me répétant que je n'étais pas cette fille froide et sévère, pourtant il se trompait puisque sitôt dit sitôt regretté et j'enchaînai pour éviter de m’appesantir : Mais oui, nous allons régulièrement au contact de la population pour apporter notre aide grâce aux contrôles dans le but de préserver les groupes de survivants partout dans le pays.

Jamais. Ne jamais parler de ce qu'il s'était passé avant le WICKED. C'était une règle d'or personnelle que tous mes collègues connaissaient et attribuaient à des souffrances indicibles. Bien sûr, certains s'y risquaient mais ma réponse les décevait toujours par sa banalité effarante, un récit bien rôdé et sans une once d'éléments vérifiables car ainsi naissaient les meilleurs mensonges. Malheureusement, pour un certain nombre des employés, le passé était un sujet de conversation tout à fait banal : ils échangeaient leurs expériences à la cafétéria comme autrefois les ragots dans les beaux quartiers, sauf qu'au lieu de causer tricot ils discouraient sur le nombre d'infectés qu'ils avaient croisés avant d'arriver jusqu'à la zone saine et cette embauche miraculeuse par l'entreprise qui allait tous nous sauver. WICKED est bon. Le pire, c'est qu'il y croyait.

La porte qui s'ouvrit sans surprise dans la continuité des bruits de pas annonçant la fière démarche de Matthew sonnait la conclusion de tout ce petit jeu. Sans me tourner vers lui, je dévisageai son reflet dans la vitre teintée derrière notre candidat. Si mon amour-propre avait besoin d'entendre que mon pion avait effectué un déplacement parfait sur l'échiquier de mes manigances, mon humanité espérait qu'il venait d'être pris par le cavalier : ce cavalier de l'apocalypse brun à la carrure qui semblait remplir tout l'espace lorsqu'il pénétra dans la pièce, laissant la porte se fermer derrière lui. Sa mine ténébreuse se trahissait pourtant d'une discrète ridule au coin de ses lèvres et je sus immédiatement lequel de mes deux souhaits contraires avait été entendu par le génie de la lampe.

Tenant dans une main un dossier au carton dont la couleur variait entre marron et orange et dénotait avec le noir profond de son costard, il s'avança vers la table pendant que, dans d'un pas en arrière, je lui cédais la place. Je retrouvai mon rôle d'observatrice qui - et je le sentais de manière très nette et amère à la façon dont il me sourit avec ce soupçon d'amusement qu'il avait toujours lorsqu'il essayait de me conduire dans son lit comme toutes les autres - allait obtenir une promotion que je ne désirais d'aucune façon !

- Nous y voilà M. Welligton ! dit-il dans une tirade d'introduction inutile qui ne faisait qu'entamer davantage ma patience qui menaçait déjà de s'écrouler comme un château de cartes. Je ne peux que vous féliciter pour l'ensemble des compétences théoriques dont vous venez de nous prouver la véracité. Votre examen compte sans doute parmi les meilleurs que nous avons eu à analyser depuis longtemps.

Il était sérieux ? Cet adolescent à peine sorti de la puberté venait réellement de nous servir un examen presque parfait ou disait-il juste cela pour avoir le plaisir de me sentir bouillonner en même temps qu'il caresserait Niels dans le sens du poil ? L'épaisse brume rouge semblait vouloir reprendre le dessus sur les couleurs claires qui avaient progressivement refait leur apparition, teintant mon champ de vision de nuances moins violentes. Toutefois à cet instant, je ne refoulai pas l'envie de maudire cette recrue trop parfaite, de me maudire moi surtout pour avoir réussi à me mettre dans de sales draps !

Dans mon esprit résonnaient des noms d'oiseaux, aussi bien adressés à ces deux hommes dont la simple vue m'horripilait, qu'à moi-même pour ma crétinerie. Pourquoi n'avais-je pas pu dégoter un type qui aurait été moins humain, rongé par les abominations de la dévastation de notre monde au point d'en faire un être détestable et irrécupérable ? Car là était la vérité, rendre Niels méprisable était la seule solution pour m'éloigner du danger qu'il représentait : le risque que j'avais senti à son contact dès notre rencontre de voir ressurgir des désirs appartenant à un passé que je n'avais plus le droit de goûter.

Matthew avait retrouvé sa chaise. Avec des gestes sûrs, le dossier avait été ouvert et de nombreux feuillets en avaient été extirpés. Ils tapissaient désormais la table en deux paquets distincts.

- Il ne me reste donc qu'une question à vous poser M. Welligton, souhaitez-vous rejoindre notre entreprise et apporter votre pierre à l'édifice de la construction d'un nouveau monde ? poursuivit-il dans une propagande bien rodée alors que je complétai en pensée "un nouveau monde sans immune en vie et sans plus aucun humain à priori".

Mes sarcasmes internes m'aidaient à me détendre. Connaissant la suite des évènements, il était presque plus facile de les attendre sans pour autant les accepter.

- Si c'est le cas, voici les formalités qu'il nous reste à remplir. Il poussa vers Niels une première liasse :Même si notre pays sombre dans le chaos un peu plus chaque jour, nous tenons à faire les choses "dans l'ordre" : vous trouverez dans ce contrat de travail tous les renseignements relatifs à votre emploi. Les termes sont classiques, quarante heures par semaine même si les congés sont restreints en raison de l'urgence de la situation dans laquelle nous plonge le virus Braise : j'imagine toutefois que vous comprenez cela, n'est-ce pas ?

Son discours avait été des plus réussis, comme à chaque fois même si je pouvais remarquer qu'il s'améliorait au fil des représentations. Tel le tableau d'une pièce qu'il maîtrisait sur le bout des doigts, les fins d'entretien n'avaient plus aucun secret pour lui alors pourquoi sentais-je une espèce de légère tension dans ses mouvements ? Je devais me faire des illusions parce qu'il reprit sur un ton naturel :

- Petite précision toutefois puisque vos parents étaient avocats et que vous avez sans doute quelques notions de droit, sachez qu'ici les périodes d'essai n'existent pas : si vous faites votre travail, vous restez, sinon...vous disparaissez, déclara mon collègue plus abruptement qu'à l'accoutumé, ce qui eut pour effet d'attirer davantage mon attention. Son sourire que certains auraient sans hésiter qualifié de menaçant s'effaça dans la seconde qui suivit pour reprendre : Enfin, nous assurerons votre sécurité ainsi que vos besoins, Mlle Moore me parlait de quelques problèmes de santé : nous pourrons vous aider à les garder sous contrôle afin que vous puissiez vous consacrer à vos entières compétences médicales. Nous compléterons également votre formation pendant les premiers mois et vous serez sous la tutelle d'un référent hiérarchique. C'est pourquoi nous vous demanderons également de signer ceci...

Le second paquet venait d'être poussé sur la table : bien moins épais que le premier, il ne comprenait que deux feuilles au bas desquelles je me souvenais avoir un jour apposé ma signature. Elles avaient été les premières à assister à la naissance d'Alexandra Moore.

- Nous avons également besoin de nous assurer de votre totale adhésion et c'est pourquoi nous vous demandons également de signer cet avenant instaurant la clause de confidentialité. Le recruteur reprit sur un ton léger qui contrastait tant avec les horreurs que tentait de dissimuler ces quelques lignes : Non pas que nous ayons peur que d'autres entreprises découvrent un remède avant nous ! Toutefois, nos méthodes doivent être préservées.

Simple, clair, net et efficace. Point besoin d'ajouter quoi que ce soit. Ne restait plus qu'une unique question qui n'allait pas tarder et si, dans la plupart des autres entretiens, on pouvait vous demander si des questions subsistaient ou si vous souhaitiez des éclaircissements, au WICKED il n'en était rien. Moins vous en saviez, mieux on pourrait remodeler votre raisonnement pour que tout vous devienne "tolérable", "acceptable". Encore une fois, n'oublions pas que WICKED est bon.

- Alors M. Welligton, qu'en dites-vous ?

Presque de l'art. C'était la pensée qui m'avait traversée tandis que, terminant ses explications par cette interrogation laissée en suspens, Matthew avait tendu un stylo à Niels. Comme un chasseur qui appâtait sa proie avant de lui coller une balle dans le cœur et de le rayer de la surface du globe, mon collègue venait de si bien exposer les faits qu'il était improbable qu'un homme ayant fait tant de chemin et ayant souffert de la perte de tous ses proches par la faute du cruel virus ne succombe pas à la tentation.

Un pacte avec le diable, résumé réaliste d'une scène qui se grava instantanément pour toujours dans mes souvenirs. Souvenir de la seconde où une vie bascule du côté obscur parce qu'un artisan pensant être dans le juste a préféré faire le choix d'un sacrifice. Un sacrifice dont il ne s'était rendu compte trop tard qu'il pourrait le conduire à sa perte.

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Niels Welligton


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MessageVen 30 Mar - 12:19

Niels
&
Alexandra
The game of secrets has just begun, you better watch your backs.
Le jeune homme devait l’admettre, il avait vraiment été stupide avec cette histoire d’eau et il se disait que c’était mieux pour lui que Davenport n’ait pas assisté à cette scène. Heureusement qu’il n’avait pas pris tout ce qu’il prenait d’ordinaire, car Alexandra aurait trouvé son sac encore plus gros. Il se trimballait toujours avec une corde, un briquet, une lampe, une boussole et il en passait. Pour une escale au WICKED, il n’avait pas trouvé ça utile et avait laissé ses affaires au QG du Bras Droit qui était devenu sa nouvelle maison. Ah le Bras Droit.. si ici ils le savaient, il était cuit. Il n’y avait rien de pire pour eux que d’accueillir ce genre de personne ici, et Niels se disait que s’il réussissait à être embauché, il serait le premier et le leader du Bras Droit serait fier de lui. Il allait pouvoir leur servir sur un plateau d'or toutes les informations qu’il allait avoir, et chercher de lui même en toute discrétion. Ce point-là n’avait jamais été un problème pour lui. Avec sa tête d’ange au lycée, personne ne se méfait de lui, mais ça ne l’avait pas empêché - bien au contraire - d’utiliser cette fameuse discrétion à son bon profit.

La pression de cette pièce le rendait encore plus stressé, à croire que la nervosité mystérieuse et interne d’Alex qu’il ne voyait toujours pas, mais sentait clairement ne faisait que renforcer la sienne. Comme s’il avait besoin d’un stress en plus, sérieusement ! Il se souvenait aussi de ses débuts dans ce pays, certaines personnes semblaient avoir été agacées par ses simples mots, comme s’ils étaient totalement allergiques à son fort accent londonien de haute société. Bien sûr il avait perdu ce côté Posh depuis quelques années, mais le londonien basique restait bien encré. Alors il pouvait comprendre que c’était peut-être dû à ça, après tout ici, peut-être pas dans cet état-là en particulier, certains sautaient tellement de mots que ça lui tapait profondément sur les nerfs aussi..

Soudainement, la brunette avait lâché avec un air adouci et pensif qu’elle avait beaucoup voyagé à une époque. Ce mot-là lui fit deviner qu’elle parlait de sa vie d’avant et au moment où il s’apprêtait à lui demander où, elle enchaîna de retour à sa voix plus dure qui l’énervait. Comme s’il avait commis un crime ! Voilà qu’elle rentrait à nouveau dans cette espèce de personnage coincé et antipathique qui faisait de la publicité gratuite pour le WICKED. Qui était vraiment cette femme ? Parfois, il se le demandait, mais il ne la connaissait que très peu pour en arriver à toute conclusion. Niels s’était rassis entre temps, et ils attendaient maintenant tout les deux Matthew. Niels avait simplement hoché la tête aux paroles d’Alexandra, ne trouvant rien d’autre à ajouter, puis il n’était pas sûr que reparler de nouveau avec elle était une bonne idée. Il allait la laisser se « calmer ». Isaac lui aurait sorti en guise d’explication un brusque « cherche pas frangin, c’est une femme. » et Niels l’aurait regardé avec un froncement de sourcils bien marqué « Ouais et…alors ? » . Certes, les hormones des femmes les agaçaient tous, aucun doute là-dessus, mais Niels lui le comprenait, alors que son frère s’en servait comme une sorte de petite solution attaque.

Le grand brun qui était encore plus grand debout quand lui était assis se ramenait avec deux dossiers. Qu’étaient-ils ? Un dossier de son frère pour lui montrer qu’ils n’avaient pas été stupides ? Il chassa cette pensée stupide et regarda les deux se rasseoir pour reprendre leur rôle. Au début, il avait pensé au « good cop » et « bad cop » , mais en vérité, c’était « big cop » et « assistant » . Voilà ce qui agaçait sans doute la brunette ! Mais oui ! Il l’avait bien vu donner des ordres à cette trentenaire l’autre jour, alors passer d’un poste à l’autre devait quand même être douloureux pour sa fierté. Ils y étaient enfin comme l’annonça alors Davenport. Allait-il être le roi du suspens ? Non. D’ores et déjà, il laissa place à un Matthew direct. Il lui disait que son test avait été brillant, même parmi les meilleurs depuis longtemps et Niels ne put s’empêcher de sourire légèrement. Il s’en était douté, il devait avoir une ou deux fautes, mais pas plus. Les dates historiques étaient sans doute pour la bonne fierté du WICKED afin que personne ne parvienne à la note maximale. Il se sentait bien de ne pas du tout avoir perdu sa théorie et d’avoir réussi à lui prouver que ses paroles n’avaient pas été des mots en l’air. Contrairement à tout à l’heure, Niels évitait de regarder Alexandra qui le mettait mal à l’aise. Bien sûr, il le faisait quand même quelque fois pour ne pas paraître suspect, mais beaucoup moins souvent, et puis de toute manière, c’était à lui que s’adressait Matthew. Il écoutait pour le moment et n’avait encore rien à dire. Le brun avait organisé ses feuilles en deux sur la table et vu la quantité de feuilles, Niels pensait savoir ce que c’était. S’il avait raison, il avait réussi. Mais avant ça, il lui reposa la même question que tout à l’heure par le biais de d’autres mots comme pour vérifier que sa motivation était la même alors sans hésiter Niels répondit de savoir posée :

- Absolument Monsieur Davenport. Je maintiens ce que j’ai dit tout à l’heure concernant mon désir de rejoindre votre entreprise pour contribuer au bien de l’humanité.

Il n’avait pas besoin de refaire tout un discours ici, il avait bien deviné que c’était juste une formalité pour s’assurer qu’il ne reculait pas. Il glissa alors vers lui un premier paquet de feuilles. Les quarante heures par semaine qu’il lui annonçait lui semblaient normales. En Angleterre, ça pouvait aller jusqu’à quarante-cinq heures voir même quarante-huit, même si en majorité, les employeur restaient dans la moyenne du trente-huit heures. Il lui précisa que les congés étaient réduits et il se demandait si en contre-partie les heures supplémentaires étaient toujours payés d’un taux de 1,5 en plus que le salaire basique.

- Je comprends tout à fait. En Angleterre, aucune distinction n’est faite concernant les heures basiques et les heures supplémentaires qui existent pourtant vu qu’elles peuvent aller jusqu’à sept-dix heures. Qu’en est-il ici ? En droit américain, la loi veut que les heures supplémentaires soient rémunérées 1,5 fois plus que le salaire standard, mais cela remonte à avant. J’ignore ce qui a été changé ou non depuis l’apocalypse.

Il ne faisait qu’admettre cela avec naturel et il était bien normal d’avoir des questions. Le monde avant et après l’apocalypse embrouillait souvent les esprits. Les choses auxquelles on se référait avant étaient-elles pareilles ou bien au contraire tout avait-il basculé ? Après avoir répondu à sa question, Matthew avait enchaîné en s’attaquant aux périodes d’essai et encore une fois Niels sourit légèrement. Davenport connaissait-il réellement le droit britannique plus sérieusement ? Oui, en théorie, il existait une période d’essai en Angleterre, mais c’était franchement une énorme blague vue qu’en réalité selon la Common Law, l’employé pouvait être licencié sans aucune raison pendant les deux premières années, alors bien évidemment, tout le monde considérait qu’il n’y avait pas vraiment d’essai. Sa mère, spécialisée en droit administratif européen, avait toujours répété que les Français avaient carrément un code du travail alors tellement de textes que tout était carré. Chez eux, tout reposait sur des textes de loi adoptés par le Parlement et le régime de lois coutumières érigé par la jurisprudence. Alors contrairement au droit français où il existait une promesse d’embauche, ce n’était pas le cas chez eux, alors cette fameuse période d’essai était beaucoup plus avantageuse pour l’employeur que l’employé. Niels hochait la tête aux paroles du brun, signifiant qu’il avait bien compris et il fut ravi d’apprendre que sa formation serait complétée par un référent hiérarchique.

- Officieusement, c’est pareil en Angleterre
, précisa Niels. Je suis ravi d’apprendre que ma formation sera complétée, continua Niels avec reconnaissance.

Matthew continua avec une clause de confidentialité qui était assez logique, mais aussi « drôle » dans le sens où il était évident qu’il ne fallait pas que leurs méthodes ressortent. « Échec mes cocos. Au Bras Droit, on en sait bien qu’assez sur vos méthodes. On pourrait vous punir de crime pour l’humanité si vous n’aviez pas pris en dictature ce pays. »

- Évidemment, cela a du sens. J’imagine qu’il n’existe pas de clause de non-concurrence dans ce cas ?

En Amérique, ce genre de clauses connaissaient pas de réglementation uniforme concernant la valeur de cette clause, contrairement au droit britannique. Le pire était en France, selon sa mère, il y avait également une sorte d’obligation de contrepartie financière. Niels écoutait Matthew lui donner ses réponses afin que tout soit plus clair dans sa tête. Ne jamais signer un contrat sans poser de questions ou bien de regarder. Cependant, tout lui semblait clair et il n’allait pas refuser cette offre après tout le chemin qu’il avait fait. À n’importe quel prix, le blondinet prendrait ce contrat, c’était clair.

- J’en dis que c’est parfait Monsieur Davenport. Je me ferais un plaisir de signer tout ça afin que le contrat soit valide. Est-il possible de regarder les feuilles avant pour éviter les questions inutiles de ma part ? Je sais que mes parents m’étrangleraient si je ne le faisais pas.


Situation tellement ironique quand il disait ces mots. C'était vraiment arrivé malheureusement avec son père. Comment faisait-il pour ajouter ça devant Matthew ?Cela lui fit mal, son coeur s'était serré de nouveau, mais il ne laissait rien paraitre en prenant encore une fois sur lui, mais il commençait à saturer. Il aurait du remord s’il ne jetait pas au moins un coup d’œil aux feuilles, mais il demandait évidemment la permission de Matthew. Pendant tout ce temps, il avait eu l’impression qu’il n’était qu’avec Matthew dans la pièce car il avait fait en sorte de ne pas se torturer l’esprit avec la jolie brunette.


 
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MessageVen 30 Mar - 22:51

The game of secrets has just begun, you better watch your backs.ft. Niels Welligton

D'une certaine manière, j'avais retrouvé ma place, même si elle n’était pas glorieuse. A quelques pas de la table, j'abandonnai les chaises aux deux hommes tandis que mon dos se posait contre le soutien rigide du mur blanc. J'avais la désagréable sensation d'être une plante malmenée, trop longtemps exposée au soleil et qui tentait maintenant de se raccrocher à la stabilité d'un tuteur. Comme si j'étais le genre de personne à avoir besoin d'une béquille, rien que cette pensée alimentait le grondement sourd de ma colère et contribuait à laisser peser sur leur échange un regret que je ne parvenais pas à extraire de mon esprit.

Si Matthew venait de se perdre dans des questions rhétoriques, je ne quittai pas des yeux notre candidat qui venait de nous sortir une réponse tout aussi caricaturale que la propagande dont nous lui avions battu les oreilles auparavant. Il apprenait vite, trop vite même. Bien entendu, il nous avait prouvé qu’il était capable de faire preuve de bien des compétences et que ses connaissances avaient cette richesse que seule l’expérience permet d’acquérir et de conserver. Malgré tout, quelque chose me semblait sonner faux. « Le bien de l’humanité », ainsi avait-il défini notre rôle : celui qui serait le serait également s’il venait à signer les papiers qui déjà lui étaient tendu. La couleur ivoire du contrat reluisait sous les néons dont la lumière vive leur donnait un ton bien plus clair, comme si la simple impression d’une pureté étincelante pouvait rendre les lignes de qui y étaient écrites moins sombres.

Si j’avais eu l’audace d’espérer que notre future recrue puis enfin se résoudre à entrer dans les rangs, à faire preuve d’un minimum d’esprit scientifique en se contentant d’un discours concis, je m’étais fourré le doigt dans l’œil jusqu’au coude ! Après la tirade aux envolées lyriques insupportables, nous avions le droit à un cours de droit anglais interminable ! Une fois encore, mes pensées s’égarèrent autour de la culture et la confiture, songes au moins aussi inutiles que de se demander si son vocabulaire british le poussait à utiliser le terme marmelade plutôt que celui de confiture. Oui, j’en étais réellement réduite à me contenter de pensées aussi futiles pour éviter que mon agacement de ne me pousse à prendre la parole. Les mots qui auraient alors franchi mes lèvres n’auraient rien eu d’amical. Et alors que je pensais que nous ne pourrions pas assister à pire remarque, il vînt à s’attarder sur les heures supplémentaires et la façon dont elles étaient rémunérées. Mes poings se serrèrent dans mes poches, j’aurais pu me frapper le crâne contre le mur tant cela me dépassait qu’il puisse penser à ce genre de considération matérielle tandis que la plupart des survivants en étaient réduits à compter leurs maigres affaires en espérant avoir assez le lendemain pour se payer un repas ridicule ! Finalement, il n’était peut-être réellement qu’un gosse de riche que la rudesse de l’apocalypse qui se jouait au-delà de ce bâtiment n’atteignait pas… Du moins, elle n’enlevait pas de sa bouche cette cuillère en argent qui le poussait à se raccrocher à des considérations économiques détestables… A cet instant, il m’écœurait profondément et je me pris à penser qu’une légère moue de dégoût avait sans doute traversé une seconde mes traits inexpressifs.

Plutôt que de continuer à observer sa silhouette qui accentuait chaque instant l’envie de meurtre qui grouillait en moi, somme de toutes les frustrations et paroles hallucinantes que je subissais depuis le début de cet entretien, je virai mon regard sur celle de mon collègue. Il venait de basculer dans l’arrière de la chaise et peinait bien à dissimuler son irritation et, s’il était aussi doué pour cacher ses émotions que je le pensais, il s’agissait alors davantage d’une exaspération grandissante au vu de ses doigts qui venaient de commencer à battre une rythmique silencieuse sur le bord de la table.

- Vous comprendrez, M. Welligton, dit-il à peine la tirade de Niels finie, son ton grave et légèrement tranchant contrastant avec sa pointe d’enthousiasme précédente, que les règles et les lois en vigueur auparavant n’ont plus guère de sens dans un monde comme le nôtre et plutôt que de satisfaire des envies financières égoïstes, voyez les possibles heures supplémentaires comme des chances de gagner des secondes, des minutes, voire des années de vie lorsque nous parviendrons à découvrir la formule d’un remède.

Lui qui avait si souvent utilisé les charmes de la séduction pour tenter de me faire succomber avait soudain beaucoup plus d’attrait que jamais auparavant, me pris-je à penser avec un soupçon d’amusement. Matthew paraissait bien plus humain quand il se laissait dépasser par la situation que lorsqu’il ne faisait que réagir de manière stéréotypée. A peine voilé, on sentait le reproche dans sa voix et cela me réjouissait : je n’étais pas la seule à me contenir et m’arracher les cheveux derrière une façade presque impeccable. Cela ressemblait à une petite vengeance plaisante pour ses précédentes cachotteries et le couperet qui tomberait bientôt en me collant un novice aux basques.

S’il avait remarqué que mon collègue était désormais bien moins disposé à se laisser amadouer par ses élans de premier de la classe que lorsqu’il nous l’avait joué poète anglais, je n’étais pas aussi magnanime. Il essayait pourtant, notre cher Niels, une dernière comparaison avant de nous servir des remerciements pour ce que nous pourrons lui enseigner. Alors d'où venait sa nouvelle tirade sur une clause de non-concurrence ? Sérieusement, tout ce cirque juridique me dépassait.

- Pourquoi donc  cette question ? Vous comptez vous associer à une autre organisation ? fit mine de demander avec un rictus au coin des lèvres pendant que ses phalanges battaient toujours la mesure. Mais pour vous répondre, elle figure néanmoins au contrat initial, simple paragraphe qui n’a jamais été modifié après la propagation de la Braise. Vous conviendrez qu’il n’y avait plus urgent que supprimer les termes d’un contrat : je suis certain que même vos parents l’auraient compris.

Ok, c’était moche ce que venait de faire Matthew mais je n’arrivais pas à lui en vouloir. Niels devenait particulièrement pinailleur et je me prenais à croire qu’il nous menait en bateau depuis le début, voire se moquait de faire partie de l’entreprise. Franchement, quel crétin aurait pu faire autant d’histoire pour deux pauvres passages dans un contrat quand la Terre entière partait en vrille ? C’était incompréhensible.

Enfin, je ne pus m’empêcher de lâcher un léger soupir lorsque notre recrue demanda à prendre le temps de lire le contrat. Matthew, quant à lui, écarta les paumes, en lui lançant d’une voix qu’il voulait maîtrisée :

- Je vous en prie, faites…

Il était en pleine ébullition et s’en était presque drôle à voir, ça l’aurait été si je n’avais pas été la même cocotte-minute ! C’est ainsi que passèrent les longues minutes suivantes à l’observation d’un fils d’avocats décortiquant un contrat en pleine apocalypse. Il y avait tellement d’éléments qui sonnaient faux dans cette phrase que je ne parvenais pas à savoir ce qui était le pire. Cependant, je me promis intérieurement d’ajouter la profession des parents à la liste des questions à poser en cas d’envie de redevenir ambassadrice du WICKED en mission de recrutement improvisé ! L’ambiance devenait de plus en plus lourde à chaque bruissement de feuilles qui tournaient entre les doigts fins et pâles du jeune homme. Si Matthew avait pour habitude de ne jamais quitter sa proie des yeux, sa patience devait être aussi élimée que la mienne car bientôt son regard vient se plonger dans le mien et la moue tirée qu’il m’offrit ne laissait aucun doute sur le fait qu’il arrivait au terme de ce qu’il était prêt à accorder, à supporter. Pour tout réconfort, il n’eut le droit qu’à un sourire des plus radieux de ma part : je n’avais pas cessé de vouloir le punir pour ce cadeau qu’il désirait si ardemment me faire en m’affiliant cet apprenti dont je ne saurais que faire.

Sans doute cela précipita-t-il la fin, car Matthew sortit un stylo de la poche plaquée sur la poitrine de sa veste de costard et le posa sur la table dans un claquement un peu trop sonore pour avoir été involontaire.

- Avez-vous encore des réticences, M. Welligton ? demanda-t-il plus pour la politesse que réellement pour savoir ce qu’il en était. Je vous proposerais bien d’étudier tout cela et de revenir demain mais…notre offre est à durée limitée et Mlle Moore comme moi-même avons bien des choses à faire, comme vous vous en doutez…

Quel bien fou cela faisait que Matthew prenne les choses en main et accélère ce processus ridicule. Même si je doutais que Niels puisse refuser, le désir d’en finir quitte à écoper d’une peine pire que le bagne était puissant. Encore une parole et il ferait partie du WICKED. Encore une parole et le garçon bienveillant commencerait déjà à disparaître…

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Niels Welligton


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MessageVen 30 Mar - 23:51

Niels
&
Alexandra
The game of secrets has just begun, you better watch your backs.
Si le jeune homme avait posé autant de questions durant ces quelques minutes, c’était que sa curiosité maladive l’avait contrôlé. En réalité, il aurait pris le poste même en statut de bénévole. Il n’était pas stupide et savait pertinemment où en était le monde, mais toutes ses questions avaient été.. mal interprétées et il l’avait senti dans l’air. Il allait devoir trouver un moyen de se rattraper tandis que la gêne l’avait gagné au fur et à mesure en même temps que les remords. Davenport lui avait répondu que pour les heures supplémentaires en Amérique tout avait changé et ce n’était plus le cas aujourd’hui. En même temps, c'était compréhensible. Cela coulait de source même. Sa réponse possédait une pointe glaciale qu’il parvenait à capter aisément, mais pourtant, il avait eu l’idiotie de continuer avec ses questions, comme s’il pensait qu’à la fin on aurait compris sa curiosité. Le mot « égoïste » avait eu un effet bien radical chez le jeune homme. Il venait clairement de déclencher la sensation bien désagréable que l’on nommait « culpabilité ». Matthew venait de le mettre dans la catégorie qu’il haïssait tant : les égoïstes de ce monde. Il avait merdé, mais avait été poussé et cette envie-là avait été bien plus forte que sa raison. Un vrai poison. Pouvait-on se laisser guider aussi aisément par ça ? Il avait peur. Le monde avait changé et ce genre d’envie de savoir.. n’avait plus sa place ici. Trop de curiosité n'était pas toujours bénéfique. Dommage. Il n’avait rien répondu d’autre, laissant cette terrible conversation se poursuivre sous un angle de plus en plus dégradant. Le dégoût pour lui. Voilà ce qu’il venait de gagner. La sensation était si vieille… Cela ne lui était jamais plus arrivé depuis l’époque où il ne parlait plus au lycée. Ces regards en coin à la cafétéria ou dans les couloirs. "Ce mec est étrange.." "Il parle pas. Il n'est pas dans la norme." "Ca me fait flipper". Et il en passait..

Les deux se regardaient maintenant étrangement, avec des espèces de rictus ? Non, pas des rictus à proprement parler, mais des regards.. Bizarres. Alexandra s’était réveillée cette fois-ci et certainement pas du bon pied, car elle le fixait totalement. Elle semblait même jouir de cet instant et il ne comprenait plus. Qu’avait-il fait pour qu’elle soit comme ça avec lui d’une manière indirecte ? Fini les sourires qui avaient l’air assez sincère ou sa bonté. Cela n’aurait pas dû l’attrister vu qu’il la connaissait à peine et que c’était une WICKED, mais pourtant son cœur ressentait un pincement qu’il n’avait jamais ressenti auparavant. Comptait-il s’associer à une autre organisation ? Sa question était clairement moqueuse et ça ne plaisait pas au blond qui en vérité était déjà chez le Bras Droit.

- Pas du tout Monsieur Davenport. C'est juste que je suis curieux.

Mais il ne pouvait pas comprendre ses délirs chelous d’en savoir plus. Pourquoi au Grand Merlin le domaine qui ne l’intéressait pas était venu à lui aussi soudainement ? Il avait la réponse au fond.. C’était ses parents.. il venait de se recevoir des milliers de couteau dans le cœur quand Matthew en avait fait référence et, ici, agir comme il les imaginait faire lui procurait une sensation de soulagement, tel un petit enfant apaisé. Il avait besoin de tout laisser sortir, sauf qu’il ne pouvait pas encore s'échapper de cette pièce pour respirer et laisser exprimer sa peine. Alors jouer les petits cons d’avocats ? C’était ce qu’il avait trouvé à faire et lorsqu’il entendit le « je vous en prie, faites » et qu’il captait leurs regards sans même les regarder, il referma les papiers et leva les yeux vers eux deux. Comment leur dire qu’il était désolé d’avoir agi comme il avait imaginé les avocats le faire ?

Avait-il encore des réticences ? Non. Pas le moins du monde et il se rendait vraiment compte de sa connerie. Aussi bien, Alexandra qui avait basculé contre lui en plein milieu de l’entretien pour il ne savait quelle raison était une chose, mais Davenport ? La balance était maintenant à 2-2 et non plus à 2-1 pour lui. Ils étaient à égalité. Ils avaient beaucoup de choses à faire, tout comme Alexandra et il en déduisait qu’aucun des deux ne serrait son référant.

-  Agir comme quelqu’un que je ne suis pas, un avocat donc, ne rime à rien et rien ne les fera revivre, dit alors Niels avait une voix apaisante pour calmer l’atmosphère.

Il leur expliquait d’une manière étrange ce qui l’avait poussé à agir aussi curieusement. Cela allait être une chose à contrôler à l’avenir et si cet entretien l’avait bien détruit moralement, il lui avait aussi appris des choses : ses blessures qu’il pensait réparées qui ne l’étaient en réalité pas, ses faiblesses, ses points forts, mais aussi le plus important : les choses à améliorer, à contrôler et à supprimer. Le blondinet attrapa alors le crayon sûr de lui et son regard se posa sur l’endroit où il devait signer et y posa la pointe de son crayon dessus. Son air du garçon qui réfléchissait et qui était agaçant l’avait quitté pour laisser place au scientifique déterminé. Il y traça alors sa signature de manière soignée et releva les yeux vers Matthew en lui tendant le contrat, en le regardant dans les yeux sans aucune prétention dedans. Niels voulait juste que ça se passe bien pour lui à l’avenir avec ces monstres qu’il allait bien observer.. Il était maintenant un employé du WICKED. Cela venait d'arriver. Le moment tant attendu. par cette signature, il venait de réaliser la première partie de son aventure, de son plan, de sa future réussite il espérait.

- Le passé est le passé, et le futur est le futur. C’est à nous d’agir en rassemblant tous nos meilleures idées, finit-il pour boucler son « explication. »

Il se sentait mieux de l’avoir fait, car il n’avait jamais été ses parents et ne le serait jamais. Encore une fois, il l’avait bien compris et il devait être ce que lui voulait et non pas ce que ses parents auraient voulu qu’il soit. Lui seul était le maître de son propre destin.

 
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