Brusquement, William ouvrit les yeux. La lumière du soleil qui venait tout juste de se lever le surprit. Allongé dans l'herbe fraîche du matin, le jeune homme se sentait à la fois détendu et angoissé. Quelques secondes lui suffirent pour se remémorer tout ce qu'il a vécu au Bloc. De sa première journée jusqu'à celle-ci. Plus que quelques jours avant qu'on ne l'emmène à l'intérieur du Labyrinthe. Penser à cette idée l'excitait mais il avait peur aussi. Beaucoup de questions et presque aucune réponse. Même lui qui était quelqu'un de très calme ne le supportait pas.

Tout doucement, il tenta de se lever. Mais la fatigue et la faim le clouait au sol. Après plusieurs secondes d'efforts il arriva cependant à s'assoir, s'adossant alors sur une poutre en bois non loin de lui. William entreprit alors d'observer ce qu'il y avait autour de lui. Il se rendit compte qu'il n'avait pas dormi dans le dortoir, comme on lui avait conseillé. Dormir à la belle étoile était bien plus relaxant. Il n'était de toute façon pas le seul à avoir choisit l'air frais de la nuit et la douce herbe en guise de matelas. Le camp était encore endormi mais le jeune homme devina que les coureurs étaient déjà partis à la chasse. L'étrange porte au loin était ouverte. Pourquoi les portes se ferment-elles la nuit ? Pourquoi dit-on que personne ne survit une nuit dans le labyrinthe ? Qui est derrière tout ça ?

Trop fatigué pour réfléchir. songea le nouvel arrivant. Un vent tiède redonna un peu de force au jeune homme, assez pour réussir à se lever. Une fois debout, il s'étira longuement en commençant par le bras, puis le dos et les jambes. L'esprit encore embrumé, il commença à se mettre en route. La destination lui était inconnu. Tout ce qu'il voulait c'était se dégourdir les jambes, penser à autre chose. Quelque chose de bien. Mais c'était impossible pour lui, son côté pessimiste reprenait le dessus. Tu ne va pas survivre. dit une voix au fond de lui. Survivre ? Survivre à quoi ? La vie au Bloc n'est pas si terrible au fond. Je ne devrais peut être pas être coureur... non. Je dois le faire, je ne peux pas les décevoir, qu'est-ce qu'ils diraient si je leur disait que j'abandonnais ? On m'a nommé coureur, je ne changerai pour rien au monde... pour rien au monde... Les voix se chamboulaient dans sa tête, il n'arrivait pas à y faire face, à les faire taire.

Le silence revint petit à petit. Une fois que William pu enfin remettre de l'ordre dans son for intérieur, il observa une nouvelle fois autour de lui. Il n'était pas loin de la "Boîte". Les souvenirs de son premier jour refit surface. Les voix, les rires et les sarcasmes. La main qu'on lui avait tendue. William en reconnut une autre totalement différente. Ce n'était pas celle de l'adolescent qui l'avait aidé à sortir. Non. William n'avait plus les mots pour décrire ce qu'il avait vu. Tout était passé très vite. Agacé, il se remit en route. La destination lui était toujours inconnu mais il entreprit de s'éloigner de la Boîte. Ses souvenirs lui faisait mal au crâne.

Plusieurs minutes s'écoulèrent. William s'arrêta juste devant les enclos du Bloc. Il posa ses deux coudes sur la barrière puis il scruta les animaux et le dur labeur des Sarcleurs qui venaient tout juste de se réveiller.
Devant lui, se trouvait quelques vaches. Elles étaient plutôt discrètes et elles ne semblaient pas remarquer le jeune homme qui les observaient. Toi, tu iras à l'abattoir, songea le jeune homme en regardant une qui était couché sur l'herbe. Et moi, j'irais dans le Labyrinthe. On peux dire qu'on est quitte. Il secoua alors brusquement la tête pour chasser ses idées noires. Il ne pouvait cependant cesser de fixer la créature. Je sais qu'elle sera destinée à l'abattoir. Elle fera face à la mort et moi je serais là en train de regarder... au fond, ceux qui nous ont emmenés ici, ils font la même chose.