Je me réveille doucement, par les rayons du soleil qui me caressent le visage. Il fait chaud. Le bout de mes doigts gelés parce que j'ai gardés les mains autour d'une poche de glace se réchauffent doucement par le soleil de midi. De midi ?! Déjà ?! Je me lève en sursaut. Oh ... Oh mon Dieu ! Midi ! Déjà ! Je me lève super tard ! Honteuse, je croise les doigts pour que personne ne m'aie vue. Surtout pas un Mâton. Surtout pas. Je me force à respirer calmement. Pourquoi personne ne m'a réveillée ? Ah mais bien sûr ! Aujourd'hui et demain, ce sont mes jours de repos. Les premiers depuis des semaines ! Je soupire de soulagement. Dire que j'ai rêvé que Jonas, le mâton en chef, me condamnait pour flemme ! Et la fin de mon cauchemar s'est terminée part une vision d'horreur du visage de Nyrah, me regardant en ricanant. Ma propre sœur. Heureusement que ce n'est qu'un rêve ! Je sors du dortoir en me demandant ce que je vais faire aujourd’hui. Première idée qui me vient à l'esprit: manger. Pourquoi ? Je n'en sais rien. 'Faudrait demander à mon cerveau. Je cours au réfectoire et je m'offre une pause déjeuner : une orange bien grosse accompagnée de beurre ... Le beurre, c'est délicieux, et vous ne savez pas ce que c'est la vie tant que vous n'avez pas goûté une orange au beurre. Ce n'est pas si dégoûtant quand on observe les porcs qui se goinfre de viande, et seulement de viande. Dès que j'ai terminé pour repas, je vais débarrasser et je cours dehors. Le soleil est bon, aujourd'hui. Et comme d'habitude, pas de pluie en vue. Je commence à traînasser, de ci, de là, avant de me diriger vers les bois. J'ai envie de me faire un thé à la menthe. Ne me demandez pas pourquoi aujourd'hui je ne fais que manger : J'ai une faim de Griffeur. Je suppose que les Griffeurs ont faim, si ils poursuivent les Coureurs et les Trappeurs. En marchant dans le bois à la recherche de plants de menthes, j'entends des éclats de voix. Je dois me trouver à côté des champs, où les Sarcleurs bossent. Je me penche pour ramasser une jolie fleur. Je la lâche et continue de me promener. La forêt résonne de craquements, des gens, des bruits ans importance. Soudain, un craquement beaucoup plus alarmant et proche que les autres me fait lever la tête. Une grosse branche me tombe dessus. Tétanisée, je n'arrive pas à bouger. La branche arrive vers moi à toute vitesse et mes jambes ne veulent pas s'animer ...
Comme à tous les midis, le soleil tapait sur le Bloc. Les Blocards présents devaient crever de chaud ; surtout les Coureurs et les Trappeurs, qui ne faisaient que courir dans le Labyrinthe. Daniel, lui, était avec les autres Sarcleurs, en train de travailler la terre.
Il s’essuya le front et jeta un œil à l’Infirmerie. Les Medjacks devaient avoir moins chauds qu’eux ; bien sûr, s’occuper des blessés devait demander de la patience, mais au moins, ils ne crevaient pas de chaud. Quoi que… Ils devaient sûrement courir dans toute l’Infirmerie pour s’occuper des malades. Dans tous les cas, ils crevaient tous de chaud.
Daniel s’appuya sur sa bêche pendant quelques secondes, avant de se remettre au travail. Être Sarcleur lui était bénéfique ; il n’avait pas besoin de faire des efforts. Il agissait naturellement, et ça le soulageait.
Daniel passa sa main dans ses cheveux. Il prévint un Sarcleur qu’il allait dans le Bois quelques minutes, lui tapotant l’épaule. Il faisait ça avec ceux qu’il aimait bien. Il posa sa bêche dans un coin et se dirigea vers les Bois.
Puis le Sarcleur entendit un bruit sourd. Il regarda autour de lui, avant de voir une grosse branche tomber sur une fille. Et cette fille… ne bougeait pas. « Qu’est-ce qu’elle fait ? » se dit-il.
Il courut vers elle et sauta sur la fille. Ils roulèrent dans l’herbe et la mousse, jusqu’à ce que Daniel atterrisse sur le dos. Cette fille avait l’air d’avoir son âge ; elle avait des cheveux bruns bouclés et des yeux de la même couleur. Enfin, sa peau était bronzée.
- Tu vas bien, tu n’es pas blessée ? demanda t-il, les pommettes légèrement roses.
Il n’était pas habitué à ce genre de contact, au Bloc. Mais bon… Il avait en quelque sorte sauvé une vie.
La branche va s'écraser sur moi et je ne bouge toujours pas, le regard tendu vers elle. Soudain, sans savoir ce qui s'est passé, je me retrouve face contre terre, quelque chose qui m'écrase les deux jambes, la respiration sifflante. Le poids s'écarte et je peux enfin me retourner. Un garçon de mon âge se tiens allongé par terre, sur le dos. Il se redresse et me détaille avant de me dire, gêné (enfin, il est un peu rose, quoi):
- Tout va bien, tu n'es pas blessée ?
Toujours sonnée, l'information parviens à mes oreilles quelques secondes plus tard, et je sursaute.
- Hein ? Oui, euh, je veux dire n-non, ça va.
L'autre semble gêné. Je me redresse et m'époussette. Ce que je peux être couverte de mousse, moi ! J'attends deux trois secondes avant de remercier l'autre, hésitante.
- Eh bien, merci de m'avoir poussée, je préfère ça que ... que me prendre une branche dans la figure,je dis, en rigolant timidement.
Il m’impressionne avec ses muscles, sa tête et tout. Ça doit être un Sarcleur, mais j'ai l'impression d'être une fourmi à côté de lui. Fugitivement, je ressens une impression de danger avant de la chasser.
- Tu es un Sarcleur, non ? Ça se voit. Tu t'appelles comment ? je demande timidement. J'espère qu'il ne me trouvera pas trop curieuse.
Je commence à m'appuyer contre le tronc de l'arbre qui a lâché cette branche sur moi en éludant ma question. Et je détaille la branche en question : noire, pleine d'épines. Heureusement qu'elle n'est pas tombée sur moi ... Aurais - je été défigurée ? Je frissonne.
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