Une journée. Le commencement d'une nouvelle journée. Un commencement avec quelques minutes de retards, précisons. Cela faisait néanmoins plusieurs jours que le travail se faisait dur et étendu au niveau de sa durée. Il fallait être présent. Tout le temps. Les surveiller. Mais en même temps s'occuper du département de la recherche, celui concernant le cerveau. Beaucoup sollicité en ce moment mais pas plus de résultats, au contraire. C'est sans doute pour cela que tous travaillent plus. On attend des résultats. Tous. C'est peut-être une des seules choses qui nous empêche de devenir fou. Travailler et avoir un objectif.

C'est dans l'espoir - ou dans l'attente d'un miracle pouvant la conduire vers cet espoir - que Hélène se leva ce matin. C'est pour cela qu'elle se prépara et qu'après avoir effectué toutes les petites choses à faire le matin, elle s'engouffra dans les couloirs de la base du WICKED.

Quelques collègues dans les couloirs. Un regard froid, dénué d'expression. Ni dur, ni agréable. Juste un regard ; et en retour des yeux. Des yeux laissant paraître des pensées. Hélène n'avait pas compris pourquoi les gens laissaient aussi facilement ressortir leurs expressions. Pourquoi toujours montrer leur ressenti. Une sorte de vantardise ? Non, surement pas - ou du moins pas pour tous. Alors quoi ? Aucune réponse ne venait à l'esprit de la chercheuse. Pourtant ce ne fut pas faute d'y avoir réfléchi. Avec son frère souriant et riant à tout bout de champs, vous imaginez comment elle avait du y revenir.

D'ailleurs, il l'attendait ; dans la salle principale. Alors que la jeune créatrice ne dit bonjour - et d'une façon assez froide - à ces plus proches connaissances, quand elle arriva vers Loren, un large sourire ne put s'empêcher de s'étirer sur son visage. Un sourire un peu gainé. Elle salua son frère, lui faisant la bise - un sacré privilège. Et lui posa quelques questions banales comme :

- Bien dormis ? Alors on est déjà là à cette heure ? C'est que tu es vraiment ponctuel !

Toujours avec son air drôle, Loren fit un regard à Hélène, accompagné d'un léger signe de tête se voulant assuré et confiant. Hélène ne fit pas disparaître son sourire et leva un sourcil d'un air amusé comme pour douter de lui. C'était étonnant. C'était étonnant de voir comment ils arrivaient à se comprendre, rien qu'avec le regard. Ce devait être ça le lien de fratrie. Étant demi-frère et sœur, cela était à ce demander si les frères et sœurs ayant les mêmes parents pouvaient user de télépathie.

- Bah écoute, il faut bien que quelqu'un soit là à l'heure entre nous deux, hein. Puis je me suis levé assez tôt alors..., répondit Loren à la gentille réflexion d'Hélène.

Pour rompre l'accusation de son frère, Hélène s'installa vite sur son bureau et lança à son frère en amorçant un sourire débouchant sur du rire :

- Tu as raison, heureusement que je suis là !

Loren fit mine de ne pas entendre, les deux auraient pu continuer comme cela jusqu'à la pause du midi. Alors Hélène se mit au travail, elle retrouva ses travaux où elle les avait laissé la veille. Mais une chose la dérangea... Elle était certaine d'avoir envoyé les résultats hebdomadaires à son supérieur mais celui ci venait de lui renvoyer un rappel. Ignorant la question de son frère, se demandant plutôt ce qui c'était passé, si elle l'avait envoyé ou pas, elle lui répondit sans trop réfléchir :

- Attends, j'ai un problème.

Elle consulta donc l'historique de ses envoies et elle ne trouva rien. Peut-être était-elle fatiguée hier soir ? Ce qui était vraiment étrange c'était qu'elle était certaine d'avoir envoyer les données... Elle regarda derrière elle et vit ,à l'instant où elle-même se retourner, une autre personne se retourner. Tout cela n'était pas clair...

La suspicion dont fit preuve Hélène n'était peut-être pas justifiée mais elle était justifiable. Cela faisait deux fois en comptant celle ci qu'elle était certaine d'avoir envoyé les résultats de son département, et deux fois qu'en fait il se trouvait que son supérieur n'avait rien reçu. Ça sentait les manigance dans la pièce. Sans oublié ceux qui étaient encore retournés légèrement, afin de voir comment se débrouillait leur chef dans une situation qu'ils étaient censés ignorés. Mais Hélène les mis de côté quelques secondes le temps d'écouter et de répondre à son frère qui lui demanda discrètement quel était ce problème dont elle venait de faire part. Elle préféra ouvrir une boîte de messagerie instantanée afin de répondre, pour ne pas ensuite se voir accusés de ragots ou d'autres fait similaires ; plutôt mal traités dans la section. De ce fait, elle tapa sur son clavier à une vitesse qui lui était maintenant normale :

J'ai l'impression qu'il se passe quelque chose. Ça fait deux fois que mes rapports ne sont pas envoyés, complètement disparus alors que je suis certaine de les avoir envoyés. Je te connais, je sais ce que tu pense et non, ce n'est pas une coïncidence ! Je vais clarifier ça.

Et juste après avoir envoyé le message, Hélène fit de multiples manipulations afin d'accéder aux donnés avancées de l'ordinateur. Elle consulta l'historique d'utilisation de son compte et trouva la faille. Elle avait bien envoyé le rapport mais il avait été supprimé ensuite. Et surement pas par elle. Quelqu'un voulait la mettre dans une situation délicate voir même mauvaise. Un collègue souhaitant prendre sa place de Directrice ? Sans aucun doute. C'était stupide mais pas impossible. Certains humains étaient décidément des charognes ; prêts à tout pour monter de grade dans une société de sauvegarde de l'humanité, alors que 99% de cette espèce n'était plus. Hélène eu un instant un dégout profond pour celui qui avait fait cela. Mais elle ne savait pas quoi faire. Une annonce tout de suite dans le labo ? Un courrier à chacun de ses collègues ? Alors elle envoya un autre message à son frère.

C'est bien ce que je pensais, quelqu'un est venu après mon départ et a supprimé les donnés que j'ai envoyé. Cet individu veut sans doute ma place de Directrice. C'est complètement dénué de sens. Qu'est ce que je dois faire ?