Pour une fois, j'étais seul pour m'entraîner. En général, la zone d'entraînement était souvent bondée et rempli de blocards. J'avais donc toute la zone pour moi tout seul et le silence m'aidais à me concentrer. Je m'arrêtai de temps à autre pour reprendre mon souffle,histoire de ne pas m'épuiser trop rapidement, m'asseyant contre le mur puis me perdant dans de profondes pensées de longues minutes avant de m'y remettre.
Alors que je m'entraînais, j'entendis une voix derrière moi. Une voix de fille en l'occurrence. Je me retournai instinctivement. Elle recula d'un pas, ce qui m'étonna légèrement, les joues rouges. Apparemment, elle semblait m'avoir confondu avec quelqu'un d'autre. Sa réaction me fis sourire.

- Aïe… D-Désolé ! J-Je me suis trompé de p-personne !

Je continuais de sourire puis m'avança vers elle en lui tendant ma main.
Maintenant qu'elle était là, autant faire connaissance même s'il ne me semblait pas l'avoir déjà vu.

-Aucun problème. J'suis Kalis et toi ? Je sais pas si on s'est déjà vu, sinon enchanté. Tu t'es trompé de personne j'crois. Tu cherchais qui?

Elle baissais les yeux et les relevais de nouveau plusieurs fois sur moi et je lisais sur les traits de son visage qu'elle semblait s'imaginer toutes sortes de choses à mon égard. Peut être avait elle peur que je me moque d'elle ?
Je n'étais pas ce genre de mec, il fallait qu'elle se rassure.

Actuellement, mes pensées se sont totalement détachées et mon regard vitreux veut tout dire. Je devais être ridicule ainsi assise par terre, le visage empourpré comme jamais... Mon regard fait yo-yo entre ses pieds et son beau visage. Et même si le Blocard essaye de me donner une attitude rassurante, je suis de toute façon au bord de la crise d'angoisse. Il le dira et tout le monde se moquera de moi. Soudainement, je vois la main du jeune homme et ça coupe court à mes pensées. Je ne sais pas pourquoi mais je pose ma main dans la sienne pour me lever, plongeant mon regard dans le sien avant de le baisser, mes joues picotantes.

-Aucun problème. J'suis Kalis et toi ? Je sais pas si on s'est déjà vu, sinon enchanté. Tu t'es trompé de personne j'crois. Tu cherchais qui?

- Ma merci de m'avoir relevé... Enchantée je suis Lily.... Et je cherchais Ethan..... T'es  un Coureur?

Je me rends vite compte qu'on se tient toujours la main, mais je n'ose pas me débarrasser de sa main... C'est agréable comme sensation en fait... Je lui décoche un fin sourire avant de te baisser les yeux, mes joues toujours aussi rouges. Encore et toujours, je devais être ridicule... Mais Kalis ne semble pas enclin à rire de moi. Et ça, ça me rend heureuse pour une stupide raison. Mais tant qu'il sera gentil avec moi, je serais gentille avec lui , ça marche comme ça. Même si le contact est agréable, je me recule, lâchant la main du jeune homme pour cacher mes deux petites mains couvertent de coupures dans mon dos.

- J'aimerais savoir un truc Kal', pourquoi tu n'es pas en train de reprendre des forces au réfectoire après une journée dans le Labyrinthe ?

Des fois, comme a cet instant précis, je me comporte comme une mère avec certains, les obligeant presque à manger alors que moi je ne mange quasiment pas...

Ses réactions me retirèrent un sourire. Même après m'être présenté, elle semblait toujours aussi confuse et gênée. Elle attrape ma main pour s'aider à se relever et je souris un peu plus encore. Je m'attendais juste à ce qu'elle la sert comme font chaque personne qui font connaissance. Mais enfin, je ne dis rien puis je la voix plonger mon regard dans le mien et de baisser les yeux de nouveau.

-Oui, un coureur. Et toi ? Tu es déjà aller dans le labyrinthe aussi ?

Pus je la vois rougir tandis qu'elle tient toujours ma main. Je ne peux pas m'empêcher de rire tout doucement. Je ne sais pas pourquoi, j'ai tout le temps l'impression de faire cet effet là aux filles. Elle finit par reculer et je ne dis rien.
Puis elle reprend de nouveau la parole.

- J'aimerais savoir un truc Kal', pourquoi tu n'es pas en train de reprendre des forces au réfectoire après une journée dans le Labyrinthe ?

*Reprendre des forces? Je n'ai pas trop le temps pour ça, non.*

Je ne réponds pas tout de suite après. Je prend le temps de réfléchir. Puis je souris.

-Reprendre des forces ? Bah...Ecoute. Je préfère m'entraîner pour être sûr d'être prêts à la moindre menace. De toute façon, y a plus que ça à faire ces temps ci. Je me vois pas me reposer comme si il se passait rien...Faut que j'me batte et pour ça, je dois continuer de m'entraîner sans m'arrêter, jusqu'à l'épuisement même pour être toujours plus fort.

Je ne sais pas si ma réponse lui conviendrait mais moi si, et je suis décidé à continuer sur cette lancée. Me reposer ? Les temps sont trop durs pour se reposer. parfois même je suis étonné que ça soit aussi calme. S'en est presque effrayant.

-Et toi ? T'en penses quoi du labyrinthe ?

Je recule de quelques pas pour m'adosser au mur derrière moi et continue de la fixer.

J’ai l’impression que c’est un peu comme un petit jeu, je le regarde dans les yeux, je vois son sourire doux et je rebaisse les yeux, les joues devenant rouges. Mais je sais pas trop, je ne peux pas m’empêcher de le regarder de nouveau dans les yeux. Mais je peux pas garder le contact visuel trop longtemps, au risque de paniquer…

-Oui, un coureur. Et toi ? Tu es déjà aller dans le labyrinthe aussi ?

Je lui tiens la main, et je sais pas quoi faire. Je sens mes joues devenir une nouvelle fois pourpre et tout mon visage s’empourpre pendant que je baisse la tête, rien qu’en entendant le petit rire de Kalis. Il ne semble pas se moquer de moi, mais pourtant...

- N-non … Je suis juste une Cuistot complètement normale… Rien d’extraordinaire. C’est pas à moi à qui l’on fait le plus confiance en tout cas… Et ce n’est pas moi qu’on admire le plus au Bloc..

Après m’être reculée et avoir agis comme une mère, ce qui ne me semble pas du tout adaptée à la situation, je regarde le visage du Coureur, soudainement neutre et silencieux, mais peu après, il reprend son sourire doux et j’esquisse un petit sourire en retour, l’écoutant avec attention.

-Reprendre des forces ? Bah...Ecoute. Je préfère m'entraîner pour être sûr d'être prêts à la moindre menace. De toute façon, y a plus que ça à faire ces temps ci. Je me vois pas me reposer comme si il se passait rien...Faut que j'me batte et pour ça, je dois continuer de m'entraîner sans m'arrêter, jusqu'à l'épuisement même pour être toujours plus fort.

Mes yeux s’ouvrent en grand pendant que je le regarde. Ma bouche s’entrouvre à peine et j’hoche la tête. Si je devais définir ce que je ressens pour ce qu’il vient de me dire. Je pense que le mot le plus adapté à mes pensées est « Admirative »… C’est ça, je suis admirative de cet état d’esprit.

-Et toi ? T'en penses quoi du labyrinthe ?

Brutalement, je redescends sur terre en croisant le regard de Kalis qui me fixe, appuyé au mur avec son léger sourire. Je réprime un frisson de dégoût puis je mords l’ongle de mon pouce. Le seul ongle qui n’est pas rongé. C’est étrange, je me ronge les ongles, sauf un que je garde long pour le mordiller quand je réfléchis.

- J’en suis terrifiée… Jamais je n’y serais allé par moi-même en tout cas. J’ai peur de tout ce qui peut, ou non, se trouver dedans. Et c’est pour ça que j’ai tant d’estime et d’admiration pour vous, parce que je sais que si la tâche de trouver une sortie reposait sur moi, je ferais une crise d’angoisse en y entrant… Et je parle trop, ça doit pas être très intéressant…

Je baisse la tête en me mordant la lèvre inférieure… Quelle pauvre idiote, pourquoi tu parle autant !

Ce n'est pas elle qu'on admire le plus ? A qui on fait le plus confiance ? Une fois de plus je ne peux pas m'empêcher d'éclater de rire. Sincèrement, à quoi ça sert d'être le plus admirer ou celui à qui on doit faire le plus confiance ? Non, franchement, ça n'a pas beaucoup d'importance. Le but est de survivre tous ensemble, pas de jouer au concours du plus fort.

-Tu sais, ici, le but c'est pas d'être le meilleur ou de jouer à la loi du plus fort. Tu penses pas que ça a pas beaucoup d'importance? On doit s'entraider en étant tous égaux...Pour réussir à survivre et rester forts. Tu sais, pas besoin d'être au sommet pour être heureux. Et si t'as peur du labyrinthe, c'est pas une honte non plus. Je suppose qu'il n'y a pas beaucoup de gens ici qui n'a pas peur du labyrinthe.

Je marquai un court silence, un sourire aux lèvres avant de poursuivre.

-L'admiration, l'admiration...Ouais. Efnin il faut bien des gens qui se dévouent pour entrer là dedans, sinon on sortirait jamais. Et tu sais, c'est pas parce que on va à l'intérieur qu'on a pas peur!

La jeune fille baisse la tête et je ne comprend pas tout de suite pourquoi. Je me contente de sourire et de m'avancer vers elle avant de relever sa tête et de lui sourire.

-Eh, sois pas triste! Etre coureur c'est plus dangereux que les autres postes ici, mais chacun à son importance. Toi t'es cuistot, tu fais la bouffe, sans toi on  serait rien non plus. Chacun y met du sien et tout va bien. Inutile de penser que tu ne sert à rien ou je sais pas quoi. Tant qu'on s'entraide et qu'on reste fort, y a rien à craindre.

Je regrette légèrement ma dernière phrase. Rien à craindre ? Si, les griffeurs. Et ceux qui nous avaient envoyés ici. C'était sans doute ça à quoi il fallait faire attention. Car jusque là, ceux qui étaient en train de gagner la partie, c'était eux.

Le regard toujours baissé, je me demande s’il va être d’accord avec moi sur le fait qu’être Cuistot est moins admiré que les Coureurs. Nous on ne nous fait pas confiance pour sortir de cet enfer. Nous, c'est-à-dire Victor et moi, nous sommes juste là pour les nourrir et attendre que le temps passe, sans servir à quelque chose d’autre. On nous demande seulement de faire à manger… Soudain je sursaute en l’entendant exploser de rire et je relève le regard vers lui, surprise.

-Tu sais, ici, le but c'est pas d'être le meilleur ou de jouer à la loi du plus fort. Tu penses pas que ça a pas beaucoup d'importance? On doit s'entraider en étant tous égaux...Pour réussir à survivre et rester forts. Tu sais, pas besoin d'être au sommet pour être heureux. Et si t'as peur du labyrinthe, c'est pas une honte non plus. Je suppose qu'il n'y a pas beaucoup de gens ici qui n'a pas peur du labyrinthe.

Je regarde son sourire et je sens mes joues rougir un peu, mais je souris faiblement en retour. Je n’ai pas le temps de répondre qu’il parle. Après qu’il ait fini de parler et que j’ai dit mon monologue sans éprouver de gêne. A la fin je me sens honteuse d’avoir autant parlé et ma tête se baisse automatiquement. Mais une main relève mon visage et ma respiration s’accélère, voyant la proximité que j’ai avec lui et encore plus avec son sourire. Je sens que mes joues sont roses et je plonge mon regard dans celui de Kalis. Étonnamment, je n’arrive pas à détourner le regard.

-Eh, sois pas triste! Etre coureur c'est plus dangereux que les autres postes ici, mais chacun à son importance. Toi t'es cuistot, tu fais la bouffe, sans toi on serait rien non plus. Chacun y met du sien et tout va bien. Inutile de penser que tu ne sert à rien ou je sais pas quoi. Tant qu'on s'entraide et qu'on reste fort, y a rien à craindre.

J’hausse les sourcils avant de poser mes mains sur le torse de Kalis le poussant un peu puis je fronce les sourcils, ne me rendant pas compte que j’ai encore mes mains sur son torse.

- Rien à craindre ? Et les Griffeurs ? Et ceux qui nous ont enfermés ici ? Et la folie ? Les pisteurs ? La perte ? L’oublie ? Notre amnésie ? Nos passés ? Tu trouves vraiment qu’il n’y a rien à craindre ?

Oui...Bon ok, javais parlé un peu vite. C'est vrai, il n'y avait pas rien à craindre. Mais au fond, valait mieux penser optimiste et j'avais de bonnes raisons d'avoir dis ça. D'une vois toujours aussi calme, je répondis.

-Les Griffeurs ne sont pas dans le bloc. Pour le reste...Ecoute, j'en sais trop rien.Je sais pas ou est la solution, s'il y en a une ou si au contraire nous sommes destinés à rester ici jusqu'à la fin de nos jours. Mais on peut pas rester sans rien faire. Un jour ou l'autre, les choses vont se compliquées et on va devoir se battre. Alors autant être préparés.

Sur ces mots, je lui souriais pour la rassurer. Je sentis soudainement une vague de tristesse m'envahir mais aussi de la fatigue. Il faut dire que notre conversation n'était tourné que sur le malheur que nous vivions tous. Je soupirai et hochai la tête.

-Tu m'excuses, je vais devoir y aller. Mais même si cette rencontre était pas prévue, je serais ravi de te reparler de nouveau.

Sur ces mots, je la contournais, pris mes affaires et sortit de la salle d'entraînement sans rien ajouter.